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Jean Pascal Fournier : 10 ans d'illustrations au service du Metal

Interview

Jean Pascal Fournier : 10 ans d'illustrations au service du Metal Entretien avec Jean Pascal Fournier (2007)
Dans le monde des illustrateurs pour la scène Metal, la France abrite un de ses représentants les plus inspirés, Jean Pascal FOURNIER, qui a notamment travaillé pour des groupes de renommée internationale (Immortal, Edguy, Impaled Nazarene) ainsi que pour des formations françaises talentueuses (Heavenly, Nightmare, Benighted).

Thrashocore a souhaité s'entretenir avec lui afin qu'il nous présente son univers.


Salut Jean-Pascal. Tout d'abord, merci d'avoir répondu favorablement à notre requête. Question classique pour commencer : peux-tu te présenter ainsi que ton parcours jusqu'à aujourd'hui.

Tout le plaisir est pour moi. J'ai 35 ans, je vis et je travaille à Grenoble en tant qu'illustrateur free-lance depuis environ dix ans et j'interviens principalement dans la création de visuels pour des pochettes de CD de Metal, des logos de groupes, de labels ou d'associations, ainsi que pour quelques couvertures de livres, illustrées pour le marché étranger.


Pour en arriver là, as-tu suivi une formation artistique spécifique ou es-tu autodidacte ?

J'ai suivi une assez longue formation artistique, pendant et après mon bac, mais je considère ne rien y avoir appris d'essentiel, à part peut être l'émulation qu'il peut y avoir avec les autres étudiants, qui par comparaison ou encouragements réciproques, peut devenir instructive à long terme. Sinon on peut dire que je suis autodidacte car je dessinais et peignait déjà de façon régulière avant même d'intégrer une quelconque formation artistique et ce depuis mon enfance…


Qu'est-ce qui t'as poussé à devenir illustrateur dans le milieu du Metal. Es-tu fan de cette musique à l'origine et, si oui, de quel(s) genre(s) ou groupe(s) en particulier ?

La toute première couverture d'album qui m'ait donné l'envie d'exercer cette profession, est la pochette d' « Open the gates » de Manilla Road, j'en connais les moindres détails et l'apprécie toujours autant plus de vingt ans après. Elle a été réalisée par Eric Larnoy, un illustrateur et dessinateur de Bd français malheureusement disparu trop tôt et auquel je voudrais rendre un hommage particulier ici…
Je viens très récemment de réaliser que cela fait maintenant très exactement 25 ans que j'écoute du Heavy Metal et du Hard Rock, et ce tous les jours et à raison de plusieurs heures, a tel point que la peinture et le Heavy sont les deux axes principaux qui régulent ma vie, réunis en une seule activité pour mon plus grand bonheur.
J'écoute tellement de choses différentes que la liste serait trop longue, mais mes groupes préferés sont Black Sabbath, Saxon, Riot, Diamond Head, Kick Axe, Judas Priest, Saracen et des centaines d'autres, je suis particulièrement friand de tout ce qui a été produit dans les années 80 , et plus particulièrement la NWOBHM, le Heavy allemand, le Hard Rock mélodique et FM, ainsi que le Doom 70's ou classique… la liste est infinie…


Si mes sources sont bonnes, à tes débuts, tu as fait beaucoup d'illustrations pour des groupes de Black-Metal. Depuis quelques temps, tes travaux se sont plutôt orientés vers des formations évoluant dans un registre plus mélodique. Cette orientation s'explique-t-elle par une évolution de tes goûts musicaux ou y'a-t-il une autre raison à cela ?

Comme certains le savent peut-être, le Metal extrême actuel me gonfle à tous les niveaux, et pas seulement musical. Je trouve qu'il y a beaucoup trop de frime, de cinéma et finalement plus du tout de mystère, ce qui faisait tout le charme du black scandinave au début des années 90. Il n'y a qu'a constater l'évolution pitoyable de Darkthrone par exemple, qui a aujourd'hui bien plus d'un groupe de Punk camé de 3ème zone que d'un groupe de Black Metal nordique fier et droit…
Il faut lire leur interview dans le dernier Rock Hard pour se rendre compte à quel point ce « groupe » devrait être dissout de force…
J'aime fondamentalement et plus que tout le Hard Rock et le Heavy Metal classique, ce sont mes racines, mais si je continue toutefois de travailler pour des groupes de Black ou Death, ce n'est absolument pas par opportunisme, sinon il est certain que j'aurai déjà trouvé une autre manne pour m'enrichir éventuellement, en fait, je crois qu'il doit y avoir encore un peu de cette fibre païenne, anticléricale, libertaire et polémique qui vibre parfois en moi, et ce sont des sujets qui m'interpellent encore, mais parmi une multitude d'autres…
Après c'est certain, je ne peux plus désormais soutenir l'audition d'un Cd de black, même le plus mélodique de tous, plus de 3 minutes d'affilée.
J'apprécie pourtant parfois avec nostalgie quelques réminiscences de cette période, j'y étais d'ailleurs au tout début puisque j'écoutais déjà VENOM en 1984 et Darkthrone en 1991, et puis j'ai gardé pas mal d'amis que je respecte et qui sont encore en activité dans ce milieu, mais pour ma part, je suis hors course et pas mécontent de l'être.
J'ai gardé quand même quelques Cds, on ne sait jamais, SATYRICON c'était quand même super bien…


Travailles-tu uniquement pour des groupes de Metal ?

Heavy metal ou assimilés oui, je considère par exemple que le groupe espagnol de dark folk pour lequel je travaille actuellement, bien que n'ayant absolument rien de heavy ni même de rock dans leur musique, étant plus proche de groupes comme Dead Can Dance ou Arcana, à tout de même énormément de similitudes avec par exemple bon nombre de groupes de folk/viking metal, et ce par les thèmes et l'imagerie qu'ils véhiculent…
C'est donc dans tous les cas, quel que soit le style pratiqué, un univers tout à fait familier pour moi… mais je n'ai jamais réellement dévié de ces styles, aucun faux-pas à déclarer, ma fidélité indéfectible au heavy metal est encore toute entière…


Parmi tes réalisations, laquelle est ta favorite ? A contrario, celle dont tu es le moins fier ?

Je pense que mes meilleurs travaux ont étés créés très récemment, en particulier MAGICA, ANGELCORPSE ou OLYMPOS MONS.
Il n'y a en fait très peu de mes anciens travaux que j'apprécie vraiment, à tel point, que lors d'une prochaine refonte de mon site internet, je ne vais plus en conserver qu'une vingtaine, parmi les plus représentatives de cette époque (AVANTASIA, EDGUY, POWERQUEST, RAIN , IMMORTAL , YEARNING…) et faire l'impasse sur beaucoup d'autres, même si je souhaite garder un lien vers ces travaux, mais en aparté dans une autre rubrique…
Je pense que le meilleur est à venir, je veux sans cesse faire mieux que ce que je considère comme étant mon meilleur travail, en cela la cover de Nightmare « Dominion Gate » est assez emblématique, il s'agit de l'avis général et personnel, d'un de mes tout meilleurs travail, mais ce groupe ne la méritant absolument pas sous bien des aspects, je vais désormais me consacrer à faire de mon mieux pour la reléguer, voir l'enterrer qualitativement parlant à un plan secondaire, en tentant de produire des travaux bien meilleurs, cela me donne un but tout à fait louable à poursuivre, en tous cas une volonté de bien faire très affirmée.


Dans un même ordre d'idée, y'a-t-il une pochette réalisée par un de tes confrères dont tu aurais aimé être l'auteur ?

Je pense que la meilleure synthèse que l'on puisse trouver a l'heure actuelle entre le média numérique et le traditionnel est produite par cet artiste polonais, au nom imprononçable, je m'excuse, responsable des dernières couvertures de Grave Digger et surtout d'Elvenking, laquelle couverture pour leur dernier album « the Scythe » est pour moi un modèle du genre et c'est vraiment tout frais puisque le Cd vient juste de sortir, vraiment du très beau travail, plein de détails, de points d'accroche, des couleurs magnifiques, sincèrement superbe.
Ça m'ennuie d'autant plus d'avouer cela que, peut-être, il connaît mon travail, me hait et me pourrit secrètement, qui sait, ahaha
Sinon j'essaye régulièrement de soudoyer Kai Hansen de Gamma Ray dans des coulisses d'après concerts, mais rien n'y fait…
Je vais me rabattre sur Saxon ou Pretty Maids. Ahah mais je suis assez pessimiste la-dessus…



Au sein de tes confrères, quel est celui dont tu apprécies le plus le travail ?

Le seul que je connaisse un peu et avec qui je suis de temps en temps en contact est Kris Verwimp, c'est quelqu'un de très passionné et de très sincère, avec qui je partage beaucoup de points communs, a tel point qu'une interview de lui ou de moi pourrait être interchangeable, mais ça serait mentir de dire que j'apprécie absolument tout son travail, je n'en apprécie seulement que certaines pièces, mais elles sont superbes…
Sinon, bien sur, Andreas Marschall, Joe Petagno, Ed Repka, Paul Raymond Gregory et Derek Riggs font partie de mes héros de l'artwork metal car ce sont des précurseurs, je n'en revendique toutefois pas l'influence, mais j'ai un grand respect pour eux…


Pour en revenir à tes propres oeuvres, j'aimerais savoir où tu vas puiser ton inspiration. As-tu des thèmes de prédilection ? Reçois-tu des consignes précises des groupes ou laisses-tu libre cours à ton imagination ? Est-ce que tu t'inspires de la musique ou des thèmes abordés par le groupe ? Il me semble, par exemple, que pour réaliser la pochette de « Cosmovision » des Français de Nightmare, tu avais fait une grosse recherche en amont sur le peuple Incas, sujet central de ce concept-album.

J'étais pourvu des meilleures intentions de fidélité historique lorsque j'ai accepté ce projet et je me suis effectivement beaucoup documenté avant, mais il s'avère finalement que ce visuel est un mélange hétéroclite un peu bizarre de culture maya, aztèque et inca distribué à parts plus ou moins égales entre-elles tout au long de l'image, avec un peu de science-fiction en prime… c'est dans ces circonstances où l'aide de spécialistes, en l'occurrence ici des civilisations pré-latines et préColombiennes, aurait pu s'avérer précieuse, si j'en avais connu un…
Les membres du groupe eux-mêmes sont des beaufs qui confondent encore le Chili, le Pérou et le Panama, donc, quoi qu'il arrive, je n'étais pas le plus largué dans l'histoire… moi, au moins j'aurais fait un effort de documentation…
Malheureusement, pour des sujets à caractère historiques, le temps me manque souvent pour effectuer des recherches approfondies, j'ai toujours un peu le sentiment de rester à la surface des choses, pour des sujets d'invention ou d'héroic fantasy, les contraintes sont moindres, on peut se permettre plus de fantaisies .
Sinon, dans bien des cas, le titre de l'album seul m'inspire des visions que je tente de mêler a certains aspects des paroles, quand elles ont un minimum de sens et d'intérêt, ce qui n'est pas souvent le cas, je le déplore.


Je suis certain qu'on t'en a parlé à de nombreuses reprises mais j'aimerais mettre l'accent sur une de tes pochettes, celle de « At the heart of winter » d'Immortal, que j'adore et qui est, je crois, l'œuvre qui a popularisé ton travail. Où as-tu cherché l'inspiration pour celle-ci ? La proximité des montagnes de ta région grenobloise t'as t-elle aidé ? Car je ne vois pas quelle autre pochette aurait pu mieux correspondre à l'atmosphère dégagée par cet album. D'ailleurs, si l'on écoute l'intro du morceau titre en visionnant ta pochette, on se croirait presque transporté dans l'univers que tu as créé. On en aurait presque des frissons dans le dos tellement c'est bien retranscrit (rires).

Ah, ATHOW, je remercierai toujours les dieux du metal ainsi qu'Hervé d'Osmose de m'avoir donné l'opportunité de réaliser cette cover qui m'a sûrement bien faite avancer.
Oui les montagnes Grenobloises environnantes, même si je n'en profite jamais assez, me revigorent et m'inspirent à la fois, il y a des coins tellement magnifiques alentour, que parfois, sans être ni chauvin ni exagérer, j'en viens à penser que nous n'avons absolument rien à envier a certains paysages norvégiens ou Suédois, même, s'il faut bien le reconnaître, les hautes-Alpes sont encore plus majestueuses.
Il y a cette anecdote que j'aime à raconter, véridique, qui concerne les conditions de création de ce visuel, et qui illustre tout à fait le fait que toutes les conditions étaient réunies pour créer quelque chose de vraiment glacial, en ce mois de Décembre 1998.
Je m'étais installé un atelier dans un coin de cave au sous-sol de la maison de mes parents, mais sans chauffage ni aucune source de chaleur, il faisait donc entre 0 et 2 degrés centigrades là-dedans en permanence, je me suis gelé à un point tel que j'étais obligé de travailler en anorak de ski, avec 3 pulls en dessous, mettre des gants et les enlever juste pour donner les coups de pinceaux nécessaires et ce pendant plus de 10 heures par jour, sur 3 semaines environ.
N'en pouvant plus, j'ai fini par m'acheter un radiateur électrique à bain d'huile peu de temps après…
C'est sûr que j'aurai eu bien du mal à peindre le désert Saharien ou une plage de Malibu dans de telles conditions, ou alors avec de la neige et des glaçons sur les palmiers, ahahah…
Grenoble est généralement la ville de France la plus froide en hiver, j'ai pu correctement m'en apercevoir et confirmer cet état de fait, j'étais au cœur de l'hiver moi-même, ahahaha.


T'es-t-il déjà arrivé de refuser de travailler avec certains groupes car leur imagerie ou les thèmes qu'ils abordent, aussi bien visuellement qu'au niveau des paroles, ne correspondaient pas à tes propres convictions ?

Oui, surtout concernant certains groupes de power metal mélodique chrétiens américains ou Français, j'ai fait l'erreur de collaborer avec de telles formations par le passé, et je n'ai obtenu que du prosélytisme et de la propagande de leur part, ainsi qu'une dose trop forte d'angélisme social et humain qui m'a bien vite exaspérée… bien que fondamentalement athée, je ne suis pas contre le fait de travailler pour des groupes chrétiens, j'écoute bien Lordian Guard ou Barren Cross parfois, par contre je ne veux plus traiter aucun sujet par trop biblique, idéaliste dévot ou angélique, car ce sont des vecteurs de mensonges par rapport à la place, la valeur et l'influence réelle de l'être humain aujourd'hui, cela vaut également pour son antithèse, le satanisme, le vrai, celui qui enjoint à abuser d'enfants, à manipuler physiquement ou mentalement des personnes ou encore à sacrifier des animaux, pour le reste, je fais la part des choses et je collabore encore parfois à des projets de metal extrême, dans la mesure ou leurs concepts ne m'apparaît pas comme étant trop puérils malgré tout…


As-tu déjà subi la censure sur certaines de tes oeuvres ?

Oui, à une ou deux reprises, mais ce n'était rien de bien méchant, c'était surtout plutôt ridicule pour les censeurs, et surtout un excellent vecteur de promotion pour l'album, donc un effet tout à fait contraire à l'intention initiale, à moins que cela ait été promulgué en connaissance de cause par le groupe ou le label pour justement provoquer cette situation et se faire connaître, de toute façon, j'aurai toujours pu trouver une parade quelconque …
J'aime la controverse et le scandale, c'est certain, et mes écrivains préférés sont ceux qui s'adonnent à cette discipline, car je pense que ce sont deux composantes fondamentales et essentielles d'un art qui serait vivant et qui s'affirme, mais je suis aussi pour la subtilité dans le traitement de tels sujets, et je pense en avoir quelque peu manqué, je ferais donc plus attention la prochaine fois…
Il ne sert pas à grand chose par exemple de travailler 3 semaines sur un visuel pour qu'il soit finalement caché par un bout de carton, je n'ai plus de temps à perdre pour de telles futilités…


Comment travailles-tu ? Est-ce que tu utilises des techniques traditionnelles (peinture par exemple) ou as-tu recours à l'informatique (Photoshop notamment) ?

La base de mes illustrations est entièrement réalisée traditionnellement dans un premier temps, généralement à la peinture acrylique et au pinceau, du fait de son temps de séchage très rapide, cependant je m'autorise souvent depuis un certain temps des corrections ou des ajouts de toutes sortes réalisés informatiquement, dans un but de perfection.
Les couvertures de Cd réalisées entièrement de façon traditionnelle ont désormais dans l'esprit des métaleux , et ce surtout depuis l'apparition de l'infographie il y a une dizaine d'années, une connotation « rétro » et démodée pas toujours de bon aloi, qui en ravissent certains, mais en répugne aussi beaucoup, souvent parmi les plus jeunes, les amateurs de formes de metal modernes et contemporaines qui sont nés pour ainsi dire « avec une souris dans la main » et pour qui tout ce qui est produit à partir d'un ordinateur est synonyme d'excellence.
Bien entendu, je n'ai pas à m'adapter à ces tendances, mais c'est un fait à prendre en compte, car je suis pertinemment conscient que l'informatique absorbe,ou absorbera à terme tous les secteurs de l'activité et de la création humaine.
Après, je ne suis pas prêt de troquer mes pinceaux contre une tablette graphique, mais je reste convaincu qu'un compromis esthétique entre ces deux médiums est tout à fait possible, et pour un peu qu'on sache l'appréhender de façon artistique, peut produire des résultats de grande valeur.


Pour un novice comme moi, l'approche ne semble pas du tout la même. Avec la peinture, tu n'as pas le droit à l'erreur. La dextérité de l'artiste est beaucoup mise à contribution tandis qu'avec Photoshop, tu as toujours la possibilité de retoucher ton travail. Quel est ton point de vue à ce sujet ?

La réalisation de visuels qui ont ostensiblement recours a des décors ou personnages générés dans des logiciels de 3D tels que Poser ou Bryce, comme c'est le cas pour la pochette de « Dance of death » de MAIDEN, m'horripilent certainement, car c'est froid, impersonnel, mécanique, même si je sais que tout le monde doit pouvoir s'exprimer avec les moyens mis à sa disposition car l'art n'est pas une discipline figée ni contraignante, en revanche, certains travaux réalisés conjointement ou à part avec des logiciels comme Corel Painter ou photoshop savent me séduire dès lors qu'ils savent imiter la sensualité d'un vrai pinceau ou l'esthétique d'une peinture figurative a l'huile, même virtuellement.
Photoshop est un outil merveilleux dans ce sens qu'il permet à peu près toutes les améliorations et corrections possibles, c'est pour cette raison que je l'utilise désormais à plus de 30% pour réaliser avec ce que la peinture ne peut plus faire, comme par exemple pouvoir modifier des teintes séparément les unes des autres, accentuer, diminuer des contrastes… Je regrette vraiment de n'avoir pu pouvoir retoucher certains de mes anciens travaux avant parution, notamment « Cosmovision » de Nightmare justement, car je peux vous assurer qu ‘elle aurait eu un tout autre impact… c'est typiquement le genre de travail, monté et scanné dans l'urgence qui a été gâché du fait d'avoir été improprement reproduit par des gens pressés et bordéliques, qui pourtant sont censés connaître la chaîne graphique car ils éditent un journal.


Ce que j'apprécie le plus dans beaucoup de tes oeuvres, c'est ta capacité à jouer, au sein d'une même palette de couleur, avec les différentes nuances pour obtenir une impressionnante sensation de luminosité. La pochette de « Cosmovision » justement mais aussi celles de « Frore Meadow » de Yearning ou « Natural Order » de Rain en sont de parfaits exemples. Ceci constitue, selon moi, un trait caractéristique de tes oeuvres. Est-tu d'accord avec ça et/ou y'a-t-il une « marque de fabrique » Jean-Pascal Fournier qui te distingue des autres illustrateurs ?

Plus j'avance dans ma perception de l'art figuratif, et plus je m'aperçois qu'un style identifiable quel qu'il soit est finalement un tic infime, une manie, un indice de perception personnel des problèmes graphiques, mais qui répété souvent et à grande échelle, contribue à devenir immédiatement reconnaissable et donc unique. Je joue également un peu de guitare à mes heures perdues, et dans ce domaine, la problématique du style est toute prépondérante, j'aurai beau essayer de jouer exactement les mêmes notes qu'un riff de Van Halen par exemple, je ne sonnerais jamais exactement comme lui, car je n'aurai pas les mêmes kits d'effets, la même configuration d'ampli, et surtout la même spontanéité dans le toucher qui sont l'apanage de tous les créateurs et qui n'appartiennent qu'à eux.
Après avoir un style est une bonne chose, mais le piège principal est de s'auto caricaturer par facilité et se complaire dans celui-ci, c'est pour cette raison que je cherche à multiplier les sujets différents, m'attaquer a de nouveaux défis, par exemple, je n'ai encore jamais vraiment peint une scène marine dans son intégralité, je ne sais donc pas du tout comment je pourrais traiter picturalement une vague ou de l'écume, c'est ce genre de challenges qui m'intéressent, pas forcément peindre un énième nuage ou un arbre, car je pense être déjà en mesure de le faire correctement et en très peu de temps.


Ton activité d'illustrateur t'a t-elle permis de découvrir des formations dont tu n'avais jusque-là pas entendu parler ? Si oui, lesquelles ? En as-tu à nous recommander ?

Pour être franc, je n'écoute parfois pas, ou très peu la musique des groupes pour lesquels je travaille… Superstition ? snobisme ? lassitude ? je ne sais pas encore très bien, peut-être un mélange de tout cela… ; ahaha.
Pour le black ou death metal, et je ne m'en cache jamais auprès des groupes de cette mouvance qui me sollicitent, je n'en écoute plus du tout depuis plus de 6 ans, car je n'éprouve plus aucune émotion pour ce style, en revanche, je suis toujours assez en phase avec l'imagerie voulue et développée, ce n'est donc pas un problème pour moi.
Parmi les groupes pour lesquels j'ai bossé, au niveau purement musical, je retiens particulièrement EDGUY « Hellfire Club » qui est une vraie tuerie de metal allemand, STEEL ATTACK « Predator of an empire » est également solide comme l'acier et très mésestimé, sinon POWERQUEST « wings of forever » est un bon album , J'aime aussi beaucoup KOB « strafe the Underdogs » , une excellente leçon de metal a l'ancienne, je suis d'ailleurs désolé de ne pas avoir fait un meilleur travail sur cette cover qui aurait certainement mérité mieux.


Combien de temps te faut-il pour réaliser une pochette ?

La réalisation du croquis préparatoire me prend à peu près de 6 à 8 heures, j'utilise généralement un papier gris demi-teinte, ce qui me permet de souligner assez facilement le relief du motif, en traitant les parties ombrées au crayon noir et les parties illuminées au crayon ou à la gouache blanche, la teinte naturelle du papier faisant office de demi-teinte intermédiaire…
Pour compléter une illustration, il me faut en moyenne de deux à trois semaines si ce n'est pas trop urgent, en cas d'urgence extrême, il m'est arrivé de devoir rendre une peinture sous deux ou trois jours, avec des résultats heureux parfois (« damned in black » d'Immortal), d'autres beaucoup moins comme « Tales from Midgard » de The Ring… par exemple.


En moyenne, sur une année, combien de demandes reçois-tu ?

Pour ce qui est des demandes de renseignements sur mes tarifs et conditions, j'en reçois beaucoup par email et du monde entier, environ une douzaine par semaine, mais seulement moins d'1% je pense aboutissent a une commande en bonne et due forme, beaucoup doivent être effrayés par mes tarifs, et ceux qui ne le sont pas, doivent penser que c'est mérité, je me dois donc de travailler pour eux, ahaha…
Si je cumule la création de logos, qui bizarrement est une activité en pleine expansion pour moi en ce moment, l'illustration de pochettes Cd et celle de couvertures de livres, je pense que je dois aboutir a une quarantaine de demandes par an…
J'aimerais beaucoup avoir un comparatif avec d'autres illustrateurs sur ce point, je pense qu'un illustrateur qui « tourne » un peu se doit de se situer un peu dans cette moyenne…


Comment se passe le processus créatif, du premier contact avec le groupe ou label à la présentation finale de l'œuvre ?

Malheureusement je n'ai pas le temps de prospecter auprès des groupes et des labels, donc le plus souvent ceux-ci prennent contact directement avec moi par email, me demande mes tarifs, conditions et délais de livraison, je leur réponds en leur donnant ces informations le plus précisément possible pour éviter tout malentendu futur, en insistant notamment sur le fait que je ne cède que les droits de reproductions de l'œuvre et en aucun cas l'original de celle-ci dont je reste le propriétaire exclusif, ainsi que mon travail est réalisé avec des techniques traditionnelles, au cas où ce client voudrait un résultat en 3D par exemple, pensant à tort que j'utilise ce médium. Ensuite si accord, j'envoie le fameux contrat et un devis du travail qui devra m'être retourné, accompagné d'un acompte, il me donne ensuite ses idées, ses concepts et je m'en inspire pour un croquis préparatoire détaillé qui figure ma propre interprétation du sujet. A partir du moment ou ce croquis est validé, je débute l'illustration en elle-même, je m'inspire du croquis pour en tracer l'ébauche agrandie au crayon, je travaille ensuite par lavis et couches successives en commençant toujours par le traitement du fond et des plans secondaires, en remontant ensuite jusqu'aux premiers plans…l'illustration terminée, je la vernis de 2 couches en aérosol pour raviver les couleurs, surtout acryliques, qui ont tendance à devenir mates et ternes en séchant. Une fois sec, j'emmène l'original dans un laboratoire photographique pour qu'il puissent développer des ektachromes a partir de celui-ci, ce sont des diapositives transparentes produites à partir de l'œuvre, qui sont destinées a être scannées. Ce processus prend de 2 à 3 jours.
Je possède depuis peu mon propre scanner de films, ce qui me permet d'éviter désormais des massacres comme auparavant, ou mes œuvres étaient dénaturées par des changements de couleurs etc…j'ai donc toute la latitude voulue pour préparer mon image au mieux, je la retouche dans photoshop si nécessaire, et une fois prête, j'en envoi une prévisualisation en basse définition au client par email, il aime ou pas, souvent on ne sait pas du tout, l'image en haute définition est ensuite envoyée au client sur CD, je n'ai ensuite plus aucun contrôle sur le résultat, son traitement graphique, son impression… pour cette raison, quand j'en ai l'opportunité, je préfère faire le montage du logo et du titre moi-même et gratuitement si le groupe est d'accord, ça évite pas mal de mauvaises surprises futures… je peux aussi réaliser parfois la création graphique du Cd entier, mais c'est beaucoup plus rare… Voilà à peu près comment cela se passe…


As-tu une obligation de résultat vis-à-vis des groupes ou labels pour lesquels tu travailles et t'es-t-il arrivé de voir ton travail refusé au moment de leur être présenté ? Et si oui, quelles étaient les raisons évoquées ? (si bien sûr, cela n'est pas trop indiscret).

Non, car je prends soin de stipuler dans un contrat préliminaire que je fais signer au client, une clause selon laquelle je ne peux aucunement être tenu pour responsable de mauvaises ventes d'un disque, ou de sa mauvaise réception par le public sur des critères moraux ou éthiques par exemple… c'est une couverture nécessaire selon moi, si jamais je dois être attaqué judiciairement par exemple, et ce notamment pour quelques-uns de mes travaux antérieurs un peu « déviants » et quelques-uns peut être à venir encore, ahah…
Oui certains travaux ont déjà, soit étés refusés complètement malgré un accord sur les croquis préparatoires, soit sabotés avec des logos et des titres d'albums complètement inappropriés, par incapacité graphique ou sabotage volontaire, ou pire encore, retouchés dans mon dos ce qui est inacceptable…
Dans chacun de ces 3 cas, je préfère encore nettement que le projet soit refusé, c'est beaucoup plus transparent pour tout le monde…


Vis-tu de ton activité d'illustrateur ou, comme beaucoup d'autres artistes, as-tu un métier « alimentaire » à côté ?

En « vivre » est parfois un bien grand mot en ce qui me concerne, j'essaie en tous cas souvent de me persuader moi-même que percevoir parfois un peu plus, souvent un peu moins que l'équivalent du SMIC pour un travailleur non-salarié, est vivre de sa passion ahahah…
Mais j'imagine que c'est la même chose pour certains musiciens ou dans d'autres disciplines artistiques.
Je cumulais une activité salariée « alimentaire » à celle d'illustrateur il y a 5 ans de cela, mais c'était invivable, épuisant, j'ai donc démissionné de la première avec la ferme intention de ne jamais avoir à y revenir, j'essaie de faire en sorte depuis lors de pouvoir survenir un minimum aux nécessités quotidiennes, car revenir à un emploi salarié subalterne comme auparavant serait pour moi un aveu d ‘échec. En fait le plus difficile, n'étant pas salarié mais travailleur indépendant, est de ne percevoir aucune rémunération mensuelle fixe, si l'on ajoute les délais fréquents de paiement de 65 jours, les retards de toutes sortes, je suis pratiquement tout le temps obligé de courir après l'argent,. Cependant, pour que je puisse commencer un travail, j'exige la remise d'un acompte 40 % du montant total de la facture en tant qu'avance sur paiement, c'est ce qui me permet de tenir un peu financièrement jusqu'à la livraison du produit fini, jusqu'à que je sois entièrement rémunéré et que les impôts m'en prélèvent alors jusqu'à 70%.


Information qui intéressera certainement les groupes qui liront ces pages : quels prix pratiques-tu ? Cela dépend-il du temps passé sur l'œuvre, des exigences en terme de détail, de la notoriété des groupes qui te sollicitent ?

Je prends surtout en compte le degré de notoriété du groupe en question, par contre pour les projets plus modestes, et même si certains ne s'en aperçoivent pas forcément toujours, j'essaie de faire des efforts, parfois même très conséquents, car je tente de me mettre a leur place et je ne perd jamais vraiment de vue que pour certains, non encore sous contrats, 400 ou 500 euros sont un investissement considérable… le marché du disque a chuté, les prix avec, c'est une évidence, là ou je demandais 600 ou 800 euros pour une cover il y a 3 ans, je n'en demande plus que 500 aujourd'hui, ou pour 700 euros TTC, je réalise aussi la backcover dans la foulée, ce qui me serait paru impensable il y a encore peu de temps…
Ceci dit, même pour une cover a 400 euros, je ne tiens jamais compte du prix initial et je me donne à fond sur le projet quoiqu'il arrive, d'autres n'ont peut-être pas autant de scrupules…mais c'est mon tempérament qui veut ça.
Après, si le travail est vraiment mauvais, ce qui arrive aussi, c'est que le sujet n'était pas taillé pour moi, et j'en éprouve parfois des remords, mais ce n'est jamais dans une optique intéressée ou passéiste si ça se produit…
Certains ne comprennent pas non plus que c'est ma seule et unique source de revenus et que par exemple. 2 covers à 500 euros par mois ne font jamais 1000 euros dans ma poche, car si j'enlève les taxes, les impôts, je peux m'estimer heureux s'il m'en reste la moitié, et puis chaque illustration, quelle qu'elle soit, me coûte, entre la reproduction sur support ektachrome, le choix du support, la peinture, les vernis, entre 60 et 80 euros à produire de ma propre poche, ce qui n'est pas négligeable.
Dans ces conditions, il ne reste souvent pas lourd…


Pour quels artistes travailles-tu actuellement (si cela n'est pas trop secret) et quels sont tes projets/ambitions pour l'avenir ?

Alors, du point de vue des couvertures Cd, je travaille actuellement sur une série d'illustrations pour un groupe espagnol de Dark folk du nom de Trobar de Morte, c'est un travail colossal car je suis en charge des illustrations pour les 3 panneaux d'un digipack, (couverture avant, arrière, et livret), plus deux autres éditions différentes du même Cd avec les mêmes composantes pour les deux… soit 9 illustrations différentes au total, je viens à peine de terminer les 3 panneaux de la 1ère édition, c'est une commande intéressante car des posters, des T-shirts seront édités à partir de mes illustrations, et une telle exposition est toujours valorisante pour mon travail…
Sinon, AFM records, un label allemand très réputé pour lequel je n'avais plus travaillé depuis 2001, m'a récemment commandé une couverture pour un groupe de metal symphonique du nom de Neverland, j'ai tout de suite accepté car le concept me passionne, et je voudrais réengager une collaboration a plus long terme avec ce label…
En marge de cela, je travaille aussi sur la couverture du 3ème album de Pharaoh, un groupe américain pour lequel j'ai réalisé leurs deux visuels antérieurs, je suis un peu devenu leur Derek Riggs, ahaha, pareillement, le sujet me passionne, une forêt vierge, avec le cristal des 2 précédents albums, mais cette fois-ci figé dans la roche, au milieu de ruines…j'adore…je pense que ce sera assez proche de Rain « natural order » en un peu plus détaillé…
Sinon, j'ai également 3 logos à réaliser, un pour le groupe américain Fefolt, un autre pour Nervecell, un groupe de death, et le 3e pour Gaia Epicus car ils souhaitent en changer…
C'est probablement une des périodes les plus chargées pour moi depuis que j'ai commencé, mais je ne m'en plains pas, bien au contraire, pourvu que ça dure…


A l'heure où le mp3 règne en maître et où les supports musicaux se dématérialisent, n'as-tu pas peur de voir notre bon vieux CD disparaître et, avec lui, le métier d'illustrateur ?

C'est en effet une éventualité à laquelle je pense souvent, mais j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n'arrive pas à imaginer une seule seconde que toute identité visuelle, surtout dans le metal qui en a tant besoin, puisse disparaître aussi subitement, je ne vois pas du tout par exemple, des couvertures d'album toutes noires avec le nom du groupe et le titre de l'album marqué sobrement dessus comme cela peut être le cas pour certaines couvertures de livres, les policiers de chez fleuve noir par exemple…. Je n'arrive pas à me faire à cette idée, car le metal repose et a toujours reposé sur une communication visuelle prépondérante qui le distingue, en mieux bien sûr, des autres styles…
Peut–être que le format des supports va changer, le format DVD par exemple pourrait prendre le dessus, ce qui ne serait pas un mal en soi, car on est quand même énormément limités par le format carré 12 x 12 cm du Cd, que ce soit dans les choix de composition ou de cadrages, et passer a un format en hauteur permettrait plus de variété en cela, pour peu qu'on en ressente vraiment les avantages d'un point de vue graphique et esthétique…
Apres, si l'activité disparaît, ce qui est aussi une éventualité plausible, je me suis un peu préparé à cet état de fait, c'est pour cela que je tente d'ajouter des cordes a mon arc, et si tout s'effondre, il est fort probable que je me consacre à la peinture de chevalet en vue d'être exposé en galeries, ou encore concrétiser un vieux projet de bande dessinée, ou encore faire du custom painting sur guitares ou autres à l'aérographe…
Mais bon, l'idéal serait de pouvoir continuer dans cette voie, si l'évolution du marché le permet bien entendu…


Si tu souhaites ajouter quelque chose, je te laisse le champ libre pour le mot de la fin. Encore merci à toi de t'être livré à cet exercice.

Merci pour l'interview, c'est toujours très gratifiant, pour ceux qui auront eu le courage de lire cette interview en entier, j'espère ne pas avoir été trop long, intéressant, et surtout que cela les aura éclairés sur les réalités du métier d'illustrateur, c'est un boulot difficile mais toujours passionnant.
J'espère que les circonstances seront favorables a la poursuite de celui-ci mais, aussi longtemps que le metal vivra, je pense que l'imagerie qui l'accompagne perdurera aussi…
Rassurez-vous, je suis loin d'être un tel moulin à paroles dans la vie de tous les jours. ahah

Rendez vous dans dix ans, longue vie au metal.

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Illustrateurs de metal (partie 1)
Illustrateurs de metal (partie 1)
Février 2008
  

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Jean Pascal Fournier
Jean Pascal Fournier
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