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Ed Repka : le Grand Ancien de l'illustration metal

Interview

Ed Repka : le Grand Ancien de l'illustration metal Entretien avec Ed Repka (2008)
Vous avez tous un CD illustré par Ed Repka ... Ou alors vous n'avez aucun des premiers albums de Megadeth, Death, Massacre, Atheist - et vous n'êtes donc pas dignes de cet auguste webzine, vil mécréants !! Dehors, allez ouste! A force de supplications et autres compromissions avilissantes - :) - nous avons réussi à convaincre Ed de nous consacrer un peu de son temps pour revenir sur son parcours et son travail. La suite ci-dessous ...

Salut Ed, et merci d'avoir accepté cette interview! C'est d'autant plus sympa qu'il semblerait que tu es hyper occupé ces temps-ci. Quand l'idée nous est venue sur Thrashocore d'interviewer certains des illustrateurs les plus connus de la sphère metal, tu as immédiatement été l'un des tous premiers auxquels j'ai pensé. Est-ce que tu réalises à quel point tu es devenu une icône qui fait intégralement parti de la "mythologie du metal"?

C'est seulement récemment que j'ai vraiment réalisé l'impact que j'ai pu avoir. Ca fout un peu les jetons, mais c'est vraiment gratifiant de savoir que mon travail est apprécié par tant de personnes.
Quand je bossais dans les années 80s, je ne pensais pas vraiment au fait de pouvoir devenir une légende. Je ne faisais que créer le type d'images que j'aimais. Des images qui aient un impact fort, des couleurs vives et un contenu agressif.
J'ai entendu dire que mon travail a poussé certaines personnes à devenir elles-mêmes artistes. Tout comme moi même qui étais à l'époque inspiré par d'autres.


Comment es-tu venu à l'illustration, et quand as-tu commencé à gagner suffisamment d'argent pour vivre de cette activité ?

Il semble que de tout temps, j'ai dessiné ou fait quelque chose de mes mains. Quand j'étais gosse, j'avais l'habitude de dessiner toutes sortes de monstres dans des petits carnets. Puis j'ai vite découvert les comics et j'ai alors commencé à dessiner mes propres histoires d'horreur. Au collège, quand j'ai du opter pour une orientation, je me suis naturellement tourné vers l'art. Après le lycée, j'ai été accepté à Parsons School Of Design (NDLR: plus d'infos ici) où j'ai obtenu mon diplôme (un BFA – Bachelor of Fine Arts). Je n'avais alors aucunement idée que les pochettes d'albums de metal prendraient tant d'importance dans ma vie.
Avec mon diplôme de Parsons en poche, je me suis lancé en tant que freelance dans la réalisation de couvertures de livres de science fiction, avec assez peu de succès à vrai dire. Une amie de Parsons avait alors bossé en tant que freelance pour Relativity Records à NY, et elle m'a dit que je correspondrais parfaitement à leurs besoins. Elle m'a alors organisé un rendez-vous avec le label. Je leur ai montré mon portfolio, ils ont aimé ce que je faisais et une semaine plus tard ils me confiaient la réalisation du coffret "Here Lies Venom". J'en ai donc conçu le design global et réalisé la pochette, l'arrière et l'intérieur.
Mon job suivant a été la pochette de "Peace Sells" qui a été celle qui m'a vraiment propulsé sur la planète metal. L'album est sorti chez Capital Records au final, d'où il a découlé une large exposition de mon œuvre, ce qui permit de faire connaître ma patte et de laisser entrevoir aux éventuels intéressés ce dont j'étais capable. Par la suite, j'ai réalisé encore bien d'autres travaux pour Relativity: design d'albums, posters, logos, mise en page et maquette de nombreux livrets, illustrations. Au bout d'un certain temps, ils ont fini par me proposer de devenir leur directeur artistique, ce que j'ai du refuser étant donné que j'étais déjà employé en temps qu'infographiste et que je voulais vraiment continuer à réaliser des illustrations. J'ai continué à bosser pour eux en tant que free-lance, mais j'ai aussi accepté de réaliser un certain nombre de travaux pour d'autres labels, majors et indépendants, tout en jonglant avec mon boulot principal. Etre un artiste free-lance, en particulier dans le monde de la musique, est vraiment trop instable pour être la source principale de mes revenus.


Y a-t-il des artistes qui ont influencé ton travail au cours des années ?

Frazetta, les frères Hildabrandt, des dessinateurs de comics comme Steve Ditko, Wally Wood, Jack Kirby et John Romitta, des illustrateurs comme Boris, Michael Whelan, Basil Gogos, H.R. Geiger, James Bama, les affiches de films de Reynold Brown et Robert McGinnis, en fait tous ceux qui peignaient le genre de trucs qui me bottait. Je ne les ai pas copiés mais j'ai analysé leur travail et en ai retiré ce qui pouvait s'appliquer à mon domaine.


En ce qui concerne tes travaux pour le monde du metal, tu bosses principalement avec des groupes allant du thrash (Megadeth, Evil Dead, Vio-lence ...) au death (Death, Massacre, Atheist ...): est-ce un choix personnel de ne pas collaborer avec des groupes de black, de hardcore ou de heavy par exemple ? Peut-être n'es-tu branché que par le thrash et le death et tu peux te permettre d'être sélectif et de ne choisir que les groupes dont tu aimes la musique ? ... Mais le minimum serait avant tout de te demander si tu écoutes du metal pour ton plaisir ?

Je peux bosser pour n'importe quel groupe qui viendra me voir sans appliquer aucune discrimination stylistique. J'ai réalisé des pochettes pour des groupes pratiquant tous types de musique extrême. Mon sentiment est que s'ils viennent me voir, c'est qu'ils apprécient mon style et ma démarche et que ça correspond à ce qu'ils cherchent. Je n'écoute vraiment pas des masses de metal. Ce qui m'attire dans cet univers c'est l'imagerie, l'attitude, et la liberté de représenter des trucs vraiment dingues.


Comment procèdes-tu quand tu dois réaliser la couverture d'un nouveau CD ? Te faut-il apprécier la musique contenue sur cette galette ? Ou bien peux-tu te contenter de travailler à partir d'un concept ou des paroles des chansons ? Dans quelles limites acceptes-tu d'être dirigé et contraint par les musiciens et l'idée qu'ils ont en tête ?

Premièrement, j'espère toujours qu'on m'embauche parce que le groupe apprécie ma façon de voir les choses et que ça correspond à la leur. S'ils sont juste à la recherche d'un pinceau sans âme qui puisse donner corps à leur vision, qu'ils aillent voir ailleurs.
Quand on fait appel à moi, la plupart du temps le groupe me donne un titre ou de vagues bribes d'un concept et de là j'essaie de partir sur quelque chose d'intéressant visuellement qui colle bien avec le titre. Il arrive que les idées du groupe soient vraiment mauvaises et que j'aie à les guider vers quelque chose de meilleur. Le mieux est qu'ils me laissent faire ce qui me semble bon. Je n'écoute jamais la musique ni ne lis les textes, je ne reste pas collé à ce point à l'album. J'aime vraiment pouvoir livrer ma propre interprétation d'un sujet en improvisant plus ou moins. La réalisation de pochette est sans doute le dernier domaine de l'illustration où on laisse une véritable liberté de créer à l'artiste. Je pense qu'il faut vraiment se battre pour continuer à garder les choses ainsi parce que n'est-ce pas cela qui est à la base de tout ? La liberté.


As-tu eu l'occasion de devenir un proche de certains des artistes pour / avec lesquels tu as travaillé ?

Je me suis fait beaucoup d'amis et j'ai vraiment apprécié pouvoir discuter des concepts développés avec des gens comme Dave Mustain, Chuck Schuldiner, Jerry Only etc. Néanmoins, je pense qu'il est toujours préférable que ces relations de boulot se développent dans un cadre qui demeure purement professionnel.


Combien de temps te faut-il en général pour réaliser l'artwork d'un album ?

Vu que je fais toujours plusieurs choses en même temps, j'ai en général besoin de 4 semaines pour finir une peinture en y consacrant le maximum de temps possible. La peinture est une activité qui demande vraiment beaucoup de temps.


Un peu comme Derek Riggs avec le Eddie de Iron Maiden, tu as donné naissance à l'un des personnages les plus emblématiques de la scène metal: Vic Rattlehead, la mascotte de Megadeth. Comme le vois-tu: plutôt comme ton bébé, ou comme une contrainte avec laquelle tu dois forcément composer quand tu bosses pour Megadeth?

Je suis propriétaire à 100% de Vic et j'ai toujours fait ce que j'ai voulu de lui. Dave adorait ce que je faisais et ne m'a jamais imposé aucune restriction. Ce personnage est un peu devenu comme une extension de moi.


Peux-tu nous dire pourquoi tu ne collabores plus avec Megadeth?

C'est très simple. Je suis titulaire du copyright sur toutes les images de Vic. Toutes les utilisations que Dave peut faire de mes illustrations sans me demander mon accord sont des violations pures et simples de droits d'auteur. Je ne bosse pas avec les gens qui ne respectent pas mes droits d'auteur. Pourquoi est-ce que je lui fournirais encore plus de matière à exploiter sur mon dos?
De plus, j'ai tellement donné avec eux que j'ai fini par devenir « l'illustrateur de Megadeth ». Je préférerais être reconnu comme un artiste à part entière. Le business de la musique a change dans les années 90's et Vic a connu une période pendant laquelle il n'était plus le bienvenu sur les pochettes. Maintenant que le thrash est de retour, voilà que Vic est à nouveau demandé. J'ai d'ailleurs récemment fait une nouvelle peinture représentant celui-ci pour illustrer un article dans Revolver magazine.


Quelles sont tes limites: les choses / les sujets à propos desquels tu n'accepterais pas de réaliser une illustration ? Des trucs politiques ? Des artworks très gore ? Du porno ? Des nouilleries à la Walt Disney ?

Je ne m'impose pas de limites mais j'évite évidemment tout ce qui est stupide et de mauvais goût. Le gore explicite est de mauvais goût; il est bien plus efficace quand il est utilisé avec parcimonie. C'est la même chose avec tout ce qui est orienté cul. Quoiqu'il en soit, les sujets politiques, gore, porno, pop, tout ça peut servir à partir du moment où cela est mis au service d'un concept. Il faut qu'il y ait un sens plus profond derrière la simple représentation artistique. Au final ce dont est fait l'oeuvre importe peu. Quel que soit le matériau de base, je me l'approprie afin d'en faire quelque chose de cool.


Y a-t-il des musiciens / des groupes pour lesquels tu aimerais réaliser une couverture ? Peut-être y a-t-il aussi certains albums dont la couverture a déjà été réalisée dont tu aurais apprécié te charger ?

J'adorerais bosser avec Rob Zombie et Electric Frankenstein parce qu'on est dans le même style de trip à base d'univers peuplés de monstres kitch typés 60's.


Y a-t-il certaines de tes réalisations qui au final ne sont pas du tout ce que tu aurais voulu en faire au départ ? Peut-être quelques commentaires à propos de déceptions ou de déconvenues de ce type ?

Non, tout ce que j'ai réalisé est fabuleux. Il est vrai que certaines illustrations auraient pu être un peu améliorées mais j'y ai toujours mis le meilleur de moi-même au vu du temps qui m'était alloué, de l'argent qui m'était versé et du concept à partir duquel je devais bosser.


J'imagine que tu t'exprimes aussi à travers d'autres formes d'arts que la réalisation de couvertures d'albums de metal ... Pourrais-tu s'il te plaît nous parler de cet autre Ed Repka que les lecteurs (moi y compris) ne connaissent peut-être pas ?

J'adore et collectionne les figurines de personnage. Au début des années 90's, j'ai découvert le monde des « garage kits ». Des fans nostalgiques des figurines en plastique de leur jeunesse se sont mis à réaliser et vendre eux-mêmes des versions en résine de leurs personnages préférés. J'en suis moi-même devenu fanatique et j'ai commencé à concevoir mes propres figurines à mes instants perdus. Il se trouve que j'ai même réalisé une série, les « Monstrous Magnets », que j'ai vendue par VPC. J'ai petit à petit réalisé que j'appréciais non seulement la réalisation du produit, mais aussi le processus global de conception allant de l'idée originelle jusqu'à sa publication sur le marché. Cette passion m'a conduit à prendre un boulot dans une fabrique des jouets afin d'acquérir une expérience pratique du métier, puis j'ai été embauché par Mcfarlane Toys afin de me spécialiser dans les figurines d'action, et j'ai enfin atterri chez NECA où, en tant que directeur artistique, je dirige des projets et développe des concepts créatifs dans le monde de la figurine d'action et de collection. Je bosse actuellement sur une série de figurines de kung-fu fighters dotées de très nombreuses articulations.
Parmi mes créations favorites au sein de NECA, il y a les figurines "Kill Bill" - l'une d'elles pouvant se voir amputée des bras, ce qui résulte en un chouette jet de sang -, « La tanière du Cenobite » qui est un diorama composé de quatre figurines, la série des figurines « The four Pirates of The Caribbean » qui peuvent être « assemblées » pour former un grand diorama. Et le coffret « Halloween » avec Dr. Lomis et Michael Myers sur un diorama représentant la maison de Myers.


Pour autant que je sache, tu travailles avec des outils « classiques » (crayons, pinceaux, ...). T'es-tu essayé à l'informatique dans la cadre de ton art?

A vrai dire, dans le domaine qui nous concerne, je suis l'un des pionniers dans l'utilisation des ordinateurs. J'ai réalisé une pochette en 1989 pour Napalm avec cette techno. La couverture de leur album, "Zero to Black", est intégralement créée par informatique.
Au fil des ans je suis passé d'un usage classique de la peinture à une utilisation du pistolet pour faciliter le mélange des couleurs, puis à une utilisation exclusive du pistolet pour revenir enfn à une utilisation quasi nulle du pistolet. Désormais, je commence à « peindre » exclusivement sur ordinateur. En fait j'utilise les outils dont j'ai besoin pour réaliser le boulot que j'ai à faire.


Merci beaucoup de nous avoir accordé cette interview Ed. Les derniers mots sont les tiens!

Je voudrais remercier tous mes fans qui m'ont fait savoir combien ils aimaient mon travail. Un artiste aime toujours savoir que son œuvre a un impact.

---
Traduction par cglaume

DOSSIERS LIES

Illustrateurs de metal (partie 1)
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Février 2008
  

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