Il aura fallu patienter longtemps, très longtemps, jusqu'à ne plus espérer, il aura finalement fallu oublier, presque, et ne plus rien attendre pour que la sortie de « Maranatha » soit soudainement annoncée à la grande surprise de ceux qui s'étaient fait laminer il y a maintenant 6 ans par le premier effort longue durée, devenu suprêmement culte depuis, du groupe.
« Salvation » avait violemment secoué une scène Black Metal en constante quête de nouvelles sensations extrêmes et laissé une trace indélébile dans l'histoire du style. Difficile donc d'imaginer mieux, ou pire devrais-je dire, plus ultime, plus suffocant, plus intense et pourtant…
Dès les premières mesures la griffe Funeral Mist déchire le silence, « Sword Of Faith » déboule sur ses blast infernaux aidé par une production qui, si elle reste bien raw, se révèle beaucoup plus claire que celle qui permit de bâtir la légende chaotique de
« Salvation ». Nul besoin de s'user l'oreille durant 35 écoutes, cette fois-ci les riffs s'offrent facilement et le plaisir n'en est que décuplé.
Première accroche, la prestation vocale d'Arioch, remarquable, particulièrement impressionnante et possédée, l'homme parviendrait presque à faire peur par moments. Rarement vocaliste aura été aussi expressif, à la fois haineux, revendicatif, vindicatif et douloureux. Usant mais n'abusant jamais de quelques effets qui renforcent encore l'emprise grandiose des vocaux sur cet album.
Evidemment le reste n'est jamais à la traîne, Funeral Mist triomphe en s'appuyant sur une partition de batterie simplement parfaite et sur des charges de 6 cordes irrésistibles, efficaces et vicieuses distillant des riffs imparables qui n'auraient pas entaché la plus belle réussite d'Immortal (non je ne parle pas d'At The Heart Of Winter)
« Maranatha » évolue dans un univers énigmatique et même si les voix ensorcelées de « Living Temple » libèrent un souffle malsain qui habite tout l'album, Funeral Mist n'hésite pas à varier les ambiances pour construire une œuvre complète, monstrueusement dense tout en restant facilement, (tout est relatif), assimilable. Cette fois-ci Arioch prend son temps pour répandre intelligemment des atmosphères prenantes conférant au voyage sonore un côté dangereusement étrange et souvent inattendu. Si les magnifiques chants religieux de « A New Light » ne déstabiliseront pas l'auditeur rassuré d'errer en terrain connu il n'en sera rien avec le très déconcertant « White Stone », ersatz délicieux de vieux blues crasseux au son poussiéreux qui dégage une aura putride et se termine bêtement sur un accord raté. Idem pour la fin psychédélique, apaisante et totalement envoûtante de « Jesus Saves » que l'on pourrait laisser tourner pendant des heures.
Arioch ne laisse pas sa créature se reposer sur le confortable lit de lauriers qu'avait tressé
« Salvation », l'obligeant à changer brutalement sa trajectoire en cours de morceau, à freiner violemment, à changer de ton pour dévoiler des desseins plus spirituels à la face du monde et même à se traîner douloureusement sur les 12 minutes assommantes et fascinantes de « Blessed Curse » sur lequel Funeral Mist, tout en puissance, se fait épique et change progressivement de dimension.
Magistral !
Nombreux sont les détails qui changent la donne, ces détails qui font la différence face à une concurrence de toutes façons dépassée par l'évènement. Chaque titre s'impose à discrets renforts d'ornements géniaux, d'agréments talentueux, d'arrangements superbes. Chaque nouvelle écoute apporte son lot de découvertes savoureuses rendant l'œuvre totalement fascinante.
Funeral Mist signe un très grand album, impérieux, absolu, magnifiquement profond et d'une richesse trop rare. La comparaison avec son illustre prédécesseur n'a finalement pas lieu d'être, le projet avance avec talent et délivre des travaux uniques, accomplis, à très fortes personnalités.
Hautement recommandable donc, évidemment !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo