Funeral Mist, un nom qui sonne encore aujourd'hui comme une référence – et même comme une évidence – pour la grande majorité des adorateurs de l'art noir dans ce qu'il a de plus sincère et de plus noble. L'entité menée par Arioch / Mortuus (désormais membre permanent du Marduk pour ceux qui aurait zappé l'actualité des six dernières années) aura su en un EP (le très bon « Devilry ») et deux albums se hisser au panthéon des groupes ayant fait l'unanimité quasi-absolue dans la décennie 2000-2010. Ce qui n'est franchement pas un mince exploit car dans les quinze dernières années, peu de groupes ont réussis à rallier à leur cause autant de disciples (tout juste Katharsis, Svartidaudi et quelques autres exceptions...). Et si FleshOvSatan n'est plus tellement OvSatan, c'est probablement parce que le Black Metal l'est de moins en moins, ayant une tendance désormais à s'ouvrir vers une dimension plus atmosphérique et mélodiques. Ce qui est très bien aussi, cela dit mais qui induit automatiquement le renforcement du statut culte de certains disques de années précédentes.
« Salvation » est donc le premier album de Funeral Mist, précédent l'encore plus connu
« Maranatha », véritable tournant dans le Black Metal, père d'un sacré nombre de petits groupes et référence incontournable du style Orthodoxe. Mais ce qu'il serait bon de se remémorer, c'est que « Salvation » s'il est moins lumineux est un album qui ne manque clairement pas d'arguments. Si Arioch a rencontré Satan sur
« Maranatha », alors « Salvation » est la représentation mentale de cette rencontre juste avant qu'elle ait lieu. Et on doit bien dire que c'est avec ces dix morceaux que Funeral Mist aura illustré son patronyme en musique. « Salvation » sent le caveau, et pas qu'un peu. Là où des Nightbringer, Svartidaudi et autres misent sur une aridité à toute épreuve, Arioch, Nachash et leur comparse Necromorbus (batteur pour l'occasion et propriétaire du fameux studio culte portant son nom...) ont axé le disque sur un rendu sonore humide et terreux, offrant la transcription auditive de cette sensation que vous avez quand vous plongez votre main dans l'humus forestier. Ce même mélange de froideur, d'eau et de consistance collante est retranscrit dans la production des morceaux, aussi poisseux que caverneux. Cela ce remarque très bien sur la batterie – en particulier la caisse claire – aux résonances rappelant à notre bon vouloir celles des cathédrales en pierre.
Et nous n'en avons pas fini avec les cathédrales en pierre puisque comme d'habitude avec Mortuus, le disque est conceptualisé sur une re-lecture de la Bible de King James (soit la version anglaise des écritures). Un style reconnaissable entre mille via l'artwork toujours très typé, les paroles dévouées et des éléments audios identifiables au premier coup d’œil (les chœurs sur « Realm of Plagues », le final d' « In Manus Tuas »...) même si ces arrangements sonores n'ont pas encore l'importance qu'ils auront sur
« Maranatha ». Car oui, « Salvation » est un disque nettement plus direct que son successeur. Il suffit d'écouter le démarrage d' « Agnus Dei » - qui est aussi le démarrage de l'album – pour se rendre compte que nous ne sommes pas là pour rigoler mais plutôt pour nous faire agresser tout au long de cet inquiétant périple. « Salvation » n'hésite pas à aller dans l’extrémisme, dans la violence pure et ne laisse que peu d'instants pour respirer. Ce qui ne veut pas pour autant dire que le travail présenté ici manque d'ambiance... Derrière ce bourrinage intempestif – qui marque surtout aux premières écoutes – se cache une richesse de composition peu commune. On remarquera alors la longue et épique progression de l'incroyable « Circle Of Eyes » ou le travail mélodique titanesque de « Perdition's Light ». Le moindre riff est ici créé pour rendre justice au climat général de putréfaction qui empeste l'aura de ce disque.
On n'omettra pas non plus de mentionner les parties vocales qui sont d'un niveau absolument ahurissant. Je peux comprendre que certains n'accrochent pas au style vocal somme toute assez spécial de Mortuus mais force est de reconnaître que sans son implication, sa sincérité et son dépassement de soi sur certaines parties (mais écoutez moi ce « Realm of Plagues » sur le titre du même nom...), « Salvation » ne serait pas vraiment le même album. Une performance déroutante qui confirme l'adage popularisé par lui-même à son propos : « Ma gorge sonne comme un millier de tombes ouvertes ». Pas faux.
Vous l'aurez compris, « Salvation » est un disque culte malheureusement un peu éclipsé par le monument qu'est
« Maranatha ». Il n'empêche que ce premier full-lenght des suédois emporte aujourd'hui quelques suffrages, les plus noirs de leurs auditeurs clamant haut et fort leur préférence pour ce disque plus extrême, plus terreux et plus puant. En résulte donc un album d'une densité incroyable qui se doit de trôner fièrement dans votre discothèque Black Metal tant il en impose par son aura, son jusqu'au boutisme et sa puissance mélodique sachant se faire pertinente et dévouée. Incontestablement un travail magistral.
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