Deux ans ont passé depuis la sortie de l’excellent
Forgotten Rites qui après une première démo encourageante avait permis de lever le voile sur cette nouvelle entité belge baptisée Saqra’s Cult. Bien que ce lapse de temps soit tout ce qu’il y a de plus acceptable entre la sortie de deux albums, je ne m’attendais pourtant pas à un retour aussi rapide de leur part. Sauf que le groupe est bel et bien revenu faire parler de lui grâce à la sortie en janvier dernier, toujours chez Amor Fati Productions, d’un deuxième album intitulé
The 9th King. Un titre qui fait référence, d’après mes maigres recherches sur le sujet, à un certain Pachacuti Inca Yupanqui considéré par les historiens comme l’un des leaders les plus emblématiques du royaume de Cusco pour qui aurait d’ailleurs été bâtie la fameuse citadelle de Machu Picchu.
Le groupe n’a donc pas renié ce folklore sud-américain sur lequel il a basé toute son identité depuis ses premiers balbutiements en 2015. D’ailleurs, l’artwork est une fois encore suffisamment évocateur pour savoir que rien n’a véritablement changé du côté de Saqra’s Cult. Tant mieux diront les plus avisés d’entre vous-même si, en ce qui me concerne, cela n’a pas du tout suffit pour me convaincre. Du moins jusqu’à aujourd’hui. Car j’étais pourtant parti pour rédiger une chronique évoquant ma cruelle déception face à des titres que je jugeais jusque-là nettement moins réussis que sur son prédécesseur. Des titres bien plus fades dont je ne retenais pas grand-chose et qui surtout me paraissaient bien moins marqués par tous ces attributs qualitatifs ayant fait de
Forgotten Rites un album aussi réussi et donc de Saqra’s Cult un groupe alors à part dans le paysage Black Metal actuel. Oui, rien que ça... Sauf que finalement, en rédigeant ces quelques lignes au son de l’album je viens comme par miracle d’avoir ce déclic tant attendu, me surprenant alors à trouver plusieurs passages particulièrement savoureux là où jusqu’à présent, chaque nouvelle écoute s’était soldée par un échec cuisant. Comme quoi, il est toujours bon d’insister...
Un fait qui me surprend d’autant plus que les quelques desiderata exprimés en guise de conclusion à ma chronique de
Forgotten Rites n’ont pas du tout été entendus (en même temps...). Ainsi, on ne trouve toujours aucunes véritables traces de sonorités typiquement sud-américaines dans la musique du groupe belge (pas ou peu de samples ni même d’instruments folkloriques), juste de subtiles réminiscences évoquées par ces riffs lugubres et vibrants et ces incantations maléfiques dispensés tout au long de ces trente petites minutes. Même chose côté chant puisque Destroyer G. n’est pas beaucoup plus démonstratif que par le passé malgré ses talents déclamatoires évidents que l’on (enfin « je ») aurait aimé voir davantage mis en avant. Et pourtant,
The 9th King est bel et bien le digne successeur que l’on était en droit d’attendre après un premier album particulièrement réussi. Car à vrai dire, il n’y a bien que sur la durée tout de même un petit peu limité sur laquelle on pourrait pinailler aujourd’hui.
Son identité, Saqra’s Cult la tire donc une fois de plus de ces riffs ondulants toujours aussi saisissants dont la principale force et d’être capables de nous transporter dans ces décors d’Amérique du Sud qui ont vu naître et évoluer la civilisation Inca à partir du 13ème siècle. Des sonorités distordues qui, en toute franchise, suffisent amplement pour évoquer dans notre imaginaire ces mystérieuses cités d’or perdues dans les hauteurs de sommets escarpés et inaccessibles pour le commun des mortels. Il suffit juste de fermer les yeux et de prêter attention à ces mélodies vibrantes pour se laisser happer dans cet univers et voir ainsi défiler dans sa tête les images nettes et précises de ces pyramides Incas, de ces rites sacrificiels, de ces bijoux dorés absolument somptueux, de ces masques inquiétants, de ces danses exotiques, de ces montagnes verdoyantes et pourtant pleines de dangers… Une translation du corps et de l’esprit sans pour autant bouger de son canapé. Cette sensation d’ailleurs est également renforcée par les capacités vocales de Destroyer G. dont la diversité est certainement son plus gros atout. Du growl aux hululements en passant par ces cris incantatoires haut-perchés et autres déclamations possédées et menaçantes perdues dans le lointain, ce dernier invite implicitement les auditeurs à le suivre les yeux fermés dans ses pérégrinations mystiques à travers l’histoire riche d’un peuple lointain aux rites et aux croyances puissantes.
Mené le plus clair du temps le couteau entre les dents,
The 9th King est un album qui, pris à la légère, semble relativement convenu ou en tout cas ancré dans une tradition versant dans un registre pour le moins balisé. Sauf que si le groupe n’invente rien, il parvient tout de même à créer quelque chose qui n’appartient qu’à lui. Un univers atypique abordé intelligemment (quoi que je pense ou quoi que j’ai pu dire, il est chouette de voir un groupe capable de nous embarquer dans son monde sans pour autant faire appel à des éléments sonores et/ou visuels trop faciles ou attendus) qui donne un réel intérêt à découvrir ce projet qui sort quelque peu des sentiers battus (notamment ce riffing si particulier). Cela m’aura demandé un peu de temps et d’effort mais me voilà enfin sous le charme de ce nouvel album qui mérite au moins autant de louanges que son prédécesseur.
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