Insane Vesper - Layil
Chronique
Insane Vesper Layil
Malgré des qualités indéniables on ne peut pas dire que les toulousains jouissent d’une grande notoriété au sein de la scène Black hexagonale, pourtant la formation emmenée par le guitariste Arggon n’est pas une nouvelle venue, car depuis ses débuts en 2002 elle a déjà sorti plusieurs EP, un Split avec TRIUMFALL et un premier opus intéressant intitulé « Abomination Of Death ». A l’instar de MALEPESTE celle-ci préfère l’ombre aux lumières parfois trop tentantes dans le milieu, et du coup continue sa mission loin des tentations mais avec force, obstination et surtout talent malgré les nombreuses embûches qui se sont dressées sur son chemin. Car bien qu’en boîte depuis pratiquement deux ans il aura mis le temps pour enfin atteindre nos oreilles, et a des airs de collector puisque désormais on compte deux nouveaux membres à la basse et la batterie qui ne figurent pas dans le line-up de ce « Layil » qui est une des plus belles surprises nationales de cette année qui se termine bientôt.
En effet il possède de nombreux atouts dont notamment une production impeccable qui gère habilement la froideur extrême du chant et de la guitare, conjuguée à la chaleur de la basse ronflante et de la batterie, le tout avec une grande musicalité et variété des rythmes. Car c’est l’autre point fort du disque puisque le trio de l’époque a su donner dans tous les tempos possibles afin d’aérer au mieux ces compositions, ce qui vu leur durée importante n’est pas négligeable du tout. Dès le début de « Blood Of The Moon » on s’aperçoit de cela, ainsi que du culot des gars qui nous pondent d’entrée leur titre le plus long avec ses neuf minutes intenses et très noires, qui démarrent avec une longue introduction en mid-tempo avant d’accélérer doucement et régulièrement en attendant l’explosion au bout de cent quatre-vingt secondes. A partir de ce moment-là les blasts se font entendre de manière discontinue car à plusieurs reprises l’ancien batteur alterne entre parties rapides et passages bien lourds où la double a le droit de cité, et font de cet ensemble une vraie réussite (même si le début aurait gagné à être légèrement raccourci).
La suite sera du même acabit avec d’abord « Of Serpent's Embrace » qui laisse un peu plus respirer l’auditeur grâce à de nombreux moments écrasants où la vitesse est mise de côté, afin d’offrir plus de feeling et d’obscurité, avant que ne déboule « Seed Of Inanna ». Ici on a droit à toute la panoplie musicale que sait offrir le groupe, entre des moments au ralenti et d’autres joués pied au plancher qui se calent avec des breaks réussis, l’ensemble nous replongeant joyeusement dans les années 90 (l’ombre des premiers ENTHRONED n’est d’ailleurs pas très loin). « Scorned Ascension » reprend à peu près le même schéma que précédemment, car ici on a droit à deux parties distinctes, la première assez lente qui donne envie de remuer la nuque et les bras, avant qu’un passage tout doux où ne subsiste que la guitare et la basse ne se fasse entendre, et qu’enfin la suite ne se termine par une déferlante de blasts ultra-rapides.
Si « Sink the Ark Of Knowledge » se révèle être plus simple et légèrement en dessous du reste, il est quand même fort accrocheur et puissant, il sert de tremplin idéal pour « The Circle » qui va clôturer les débats avec force et conviction, via une place plus importante laissée aux ambiances hivernales et gelées, et aussi par beaucoup de lourdeur où l’ancien frappeur de la bande nous dévoile tout son groove et son jeu imparable. Peu de furie mais plus de peur chez ce dernier qui termine parfaitement ce disque d’une grande cohérence, qui durant près de trois-quarts d’heure nous confirme tout le bien que l’on pensait auparavant des sudistes. Ca ne révolutionne pas le genre et ça n’est d’ailleurs absolument pas le but, car ici ils cherchent juste à faire ce qu’ils aiment et ils y arrivent impeccablement et avec une très grande sobriété. Nulle trace ici de modernisme à outrance, ni de son caverneux inutile et de mauvais goût (servant souvent à masquer un manque de maîtrise instrumentale), puisqu’on est plongé à l’aube du changement de millénaire avec des compos en apparence simples mais exécutés avec beaucoup de maîtrise, confirmant s’il y’en avait besoin tout le potentiel du quartet (notamment le boulot de Vanitas derrière le micro qui est à saluer). Espérons désormais qu’il fasse plus parler de lui dans l’avenir, car ça serait dommage de passer à côté et de ne pas écouter attentivement cette galette qui mérite le détour.
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