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Botanist à l'occasion de la sortie de Ecosystem

Interview

Botanist à l'occasion de la sortie de Ecosystem Entretien avec Otrebor (2019)
Bonjour ! Bien que Botanist soit un groupe à la discographie conséquente, vous restez relativement peu connu en France. Pouvez-vous présenter le projet ?

Botanist est le premier groupe au monde (et peut-être toujours l’unique) qui emploie le dulcimer martelé (hammered dulcimer) au sein d’un contexte « metal » – l’instrument est équipé de senseurs magnétiques qui transmettent le son par un amplificateur comme s’il était une guitare électrique, et présenté sur scène et sur les albums avec une batterie agressive et des cris tourmentés, entre autres.

Les morceaux de Botanist sont racontés du point de vue du Botaniste, un homme de science fou vivant dans un isolement volontaire, aussi loin que possible de l’humanité et ses crimes contre la nature. Dans son sanctuaire de fantaisies et merveilles, qu’il appelle « le domaine verdoyant », il s’entoure de plantes et de fleurs, trouvant un réconfort en compagnie du monde de la nature, imaginant la destruction de l’Homme. Ici, assis sur son trône de « Veltheimia », le Botaniste attend le moment où l’humanité s’éradiquera d’elle-même, ce qui permettra aux plantes de verdir la Terre de nouveau.

Botanist prend un parti-pris unique dans la scène, aussi bien en termes d’instrumentation que de thèmes abordés. D’où vous est venue l’idée de faire du black metal avec un dulcimer ? Comment se sont construites vos thématiques en lien avec les plantes ?

Ma première connaissance avec l’instrument était à Tokyo, où j’habitais. Il y avait un musicien américain qui était venu pour visiter et pour gagner de l’argent en jouant en public dans la rue. J’ai trouvé ce qu’il jouait très intéressant et je lui ai acheté un CD. Il s’appelait David Neiman et son album s’intitule Early Works.

Onze ans plus tard, je voulais créer plus de musique que pouvaient produire les humbles groupes dont je faisais partie à l’époque. Ma base est la batterie, et je ne pouvais pas bien écrire des albums qu’avec ça, donc j’ai du trouver des options qui permettaient que j’applique mes compétences musicales à un instrument mélodique, et je me suis rappelé du dulcimer...

L’origine thématique de Botanist vient de ma passion pour l’art botanique classique (des 18e -20e siècles) et de la nomenclature de cette science. Comme je suis également passionné par le black metal, et surtout le rayon du genre qui se concentre sur la vénération de forêts, j’ai trouvé évident de rassembler ces passions au sein de la narration racontée dans la question ci-dessus. Que Carcass ait fait une chose similaire avec la nomenclature médicale pathologique ne m’a qu’encouragé davantage.

Quand on consulte votre site internet (http://www.botanist.nu), on trouve beaucoup d’informations sur certains thèmes, certains concepts, propres à Botanist et abordés dans vos paroles. On a l’impression de pénétrer une cosmogonie particulière, avec ses rites, son lexique, une vision du monde où l’humain est destiné à disparaître. Cette création d’un imaginaire vous est-elle venue dès la constitution du projet ou au fur et à mesure ?

Un peu au début, un peu au fur et à mesure. Je cherche et reste ouvert à développer de nouveaux thèmes sans les forcer.

Cette vision très scientifique et obsédante que vous développez dans votre musique me donne parfois l’impression de rencontrer une version florale de ce qu’a pu faire un groupe comme Carcass avec le gore. Comment écrivez-vous vos paroles ? Avez-vous une formation particulière, des sources, qui vous aident dans leur composition ?

Oui, je dois beaucoup à Carcass thématiquement, bien que je ne sois par particulièrement un fan de leur musique.

J’approche en général les paroles en premier au niveau scientifique. Je recherche les faits botaniques ou empiriques sur le sujet, je trie carrément tout de suite les éléments que je trouve banals, et je me concentre sur les aspects auxquels je pourrais appliquer un sens Romantique. Attention ! On parle bel et bien de « Romantique » avec R majuscule, c’est à dire inspiré par le mouvement du même nom fin 18e - début 19e siècle.

Une exception importante à cette approche a été pour The Shape of He to Come, où mon but était d’écrire les paroles avec un ton de prophétie religieuse, et de traiter l’album un peu comme une réponse / hommage au « orthodox black metal ». Je compte répéter cette voie encore une fois ou deux dans la discographie à venir...

L’écologie est aujourd’hui un thème fort dans nos sociétés modernes. L’homme paraît à la fois extrêmement inquiet de l’avenir – je pense aux thèses apocalyptiques annonçant des désastres à venir, comme la collapsologie qui prend de l’ampleur – mais poursuit aussi sa course effrénée à l’accumulation de richesses, l’appropriation de ressources naturelles, une surconsommation aveugle détruisant de plus en plus notre planète. Il me semble que votre projet, pourtant situé dans un imaginaire particulier, dit quelque chose sur ces sujets, en rêvant d’un monde où la disparition de l’être humain serait vue comme quelque chose de positif. Est-ce un message politique, philosophique, que vous cherchez à envoyer au travers de Botanist ? Ou alors ce que vous développez dans votre musique est complètement détaché de cela ?

Je perçois ce que fait Botanist, et d’ailleurs ce que font toutes les personnes qui plaident pour la cause de l’environnement naturel, comme un résultat des défenses naturelles de la planète qui agissent à travers nous.

Je pense qu’un élément qui manque dans l’idée de « sauver la Terre » est que la Terre sera toujours plus puissante que n’importe quel pouvoir destructeur que pourrait inventer l’espèce humaine, et que « sauver la Terre » devrait être fait plutôt pour notre meilleur intérêt. Même si l’espèce humaine parvient à tout éradiquer, et donc s’auto-éradiquer, Botanist croit que la Terre rebondira, retrouvera l’équilibre, et renouvellera là où il n’y avait rien... Ce n’est juste qu’une question de temps. La Terre sera toujours plus forte que nous, et si on l’irrite assez, elle nous passera un vulgaire coup de balai et continuera sans nous. C’est donc à nous de se connecter avec nos propres défenses naturelles et de protéger notre environnement pour notre survie propre...

Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux et semblez vous tenir informé de ce qui se dit autour de votre projet. On est assez loin du groupe de black metal misanthrope qui joue sur un certain mystère, comme on peut le voir ailleurs ! Quand on va sur votre page facebook, on peut voir que vous discutez régulièrement avec les gens qui commentent vos statuts par exemple. Ces liens sont-ils effectivement importants pour vous ? Ont-ils une place dans vos réflexions autour du projet ?

À l’origine, j’imaginais que je mènerais Botanist avec l’approche plus standard de « l’artiste black metal à l’égard du monde » qui ne parle pas au public et ne donne pas d’entrevues. Je voulais produire mon petit projet Romantique botanique black metal, et je ne comptais sur aucun succès à part peut-être une personne qui trouverait un CD dans un coin perdu d’un magasin et qui deviendra un super culte fan #1.

Mais au fur et à mesure, je me suis rendu compte que les gens faisaient confiance en l’art de Botanist, et en son message. Les gens commençaient à tirer de l’inspiration et même des raisons d’être des albums, et commençaient à percevoir véritablement que la musique sonnait comme des plantes (qui est toujours le compliment qui me rend le plus ému). Ils étaient inspirés à produire leur propre art ou à échanger leurs vices faits d’alcool ou de drogues pour un passe-temps dans le jardinage, par exemple. Comme l’acteur connu qui n’a rien à voir avec des problèmes politiques, mais à qui on demande son avis comme si il/elle l’était, je voyais que de plus en plus, on venait sincèrement me demander ce que je pensais sur des problèmes environnementaux.

Ce fut à ce moment que j’ai vu que ce que j’avais commencé était devenu un véhicule beaucoup plus puissant et important que je n’aurais jamais pu imaginer, et que si je voulais, non, que le devoir dictait que j’avais la chance de le rendre beaucoup plus puissant en le voyant comme un moyen de bosser pour une cause qui serait à jamais plus grande et importante que moi. Cette volition est ce qui continue à me mener. Au début j’avais une sensation que la musique naissait à travers moi, comme si j’étais le conduit d’une force que je ne maitrisais qu’à peu près. J’ai toujours cette sensation.

Donc l’approche « artiste à l’écart du monde » n’existe qu’au niveau du personnage titulaire du groupe, le surnommé « The Botanist » à travers qui les paroles sont écrites de son point de vue. Comme artiste, je suis Otrebor, je parle au monde et j’ai une vie « normale » et privée. Otrebor est le conduit de « The Botanist », qui est l’être spirituel qui mène le groupe. Cette approche a été reformulée dans le but d’inspirer les gens au moins de pouvoir ralentir et d’apprécier le monde naturel autour d’eux, même si ce n’est qu’une plante le long d’une autoroute. Pour faire ça, il faut que le groupe croisse en popularité. Faire partie des discussions dans les réseaux sociaux aide en promotion, en connections, ventes, et donc à promouvoir la cause. Et puisque mon métier est d’être artiste, il faut que le support financier y soit aussi...

En lisant vos différentes interventions sur les réseaux sociaux, on voit aussi que l’évolution de Botanist est planifiée pour ce qui semble être plusieurs années à venir. Il est par exemple impressionnant de lire que vous avez de nombreux albums déjà écrits ! Pourtant, vous semblez suivre une logique autre que chronologique (je pense au cinquième album qui n’est pas encore sorti, alors que le sixième, VI : Flora, est paru en 2014). De plus, vous prenez depuis deux ans une direction autre que celle entamée à vos débuts, vous centrant sur des sorties collectives plutôt que celles où vous êtes majoritairement seul. Comment réfléchissez-vous l’ordre d’enregistrements et de sorties de vos albums ? Quelle est la prochaine étape pour Botanist ?

A un niveau, Botanist est et sera toujours un projet solitaire : je produirai toujours des albums tout seul, et il y en a plusieurs en cours.

A un autre niveau, je trouve très limitant de ne produire de l’art que tout seul, donc je crée des albums avec d’autre musiciens, ce qui est particulièrement pertinent tant que Botanist est un projet qui joue sur scène. C’est à ce niveau qu’on a produit Ecosystem : un album conçu par un groupe dédié à jouer cette conception entièrement sur scène. À voir si on le jouera...

Il y aura au moins 3-4 autres albums dans le rayon « collective » à venir.

Les albums solo sont dénommés par les chiffres romains ou par « Epx » et sont chronologiques. « V » existe depuis 2011 (et a été la raison pourquoi Botanist a été signé par le label Flenser, d’ailleurs). Il n’a pas été publié car « VI » existait en même temps, et tout le monde (sauf Flenser) pensait que « VI » était le plus fort d’entre eux, donc on a sauté « V ». On ne pourrait pas nommer « VI » « V », car que serait « V » alors ? Je compte absolument présenter « V » au public, mais il sera bien, bien hors de série. Aussi, je ne ferai aucune promesse que je ne recommencerai pas à produire des albums hors de série non plus, bien au chagrin des fans obsessifs compulsifs.

Ecosystem est un album « collective », mais j’ai laissé tomber cette dénomination car je la trouvais inélégante.

Vous semblez avoir un lien particulier avec l’Europe – dans laquelle vous avez effectué une tournée récemment – mais aussi avec la France, dont vous semblez apprécier la scène. Je pense par exemple à vos collaborations avec Førtifem ou encore Business for Satan. De plus, vous vous exprimez à l’écrit dans un français impeccable ! Quels sont vos liens avec l’Europe et notre pays ?

Je suis moitié français, j’ai beaucoup de famille française, et j’ai grandi en parlant le français à mi-temps aux États-Unis. Business For Satan et Førtifem ont produit des pièces superbes pour Botanist et j’en suis fier. Pierre Périchaud nous a produit le t-shirt émouvant qu’on a nommé « The Reconciliation of Nature and Man » (l’image nous a inspiré pour écrire les paroles de la chanson du même nom sur The Shape of He to Come) et la couverture pour le Rehearsal 2014, dont le stock est épuisé depuis longtemps. On a rencontré les Førtifems en tournée à Paris, où ils ont crée le poster pour notre concert (qu’on a réutilisé pour un T-shirt). Je pense qu’on est d’accord pour que Adrien et Jesse produisent encore une couverture pour Botanist (et il y a encore des T-shirts en cours) ! Celui là promet d’être une « collective » mais bien à part !

Concernant la France, je trouve votre démarche assez proche de Blut Aus Nord sur bien des aspects, notamment en ce qui concerne le caractère à la fois fluctuant et cohérent de vos créations – chaque album de Botanist est différent des autres, tout en s’inscrivant dans une certaine logique – ou encore le fait que votre line up change selon les besoins, pouvant passer d’un one man band à un groupe de personnes en fonction des albums. Que pensez-vous de cette formation, qui a sorti pour moi un grand album cette année avec Hallucinogen ? J’avoue qu’une collaboration entre Botanist et Blut Aus Nord m’intriguerait beaucoup...

Ce fut un grand compliment d’être nommé par vous « le Vindsval américain », et merci. J’en suis toujours ému. Blut Aus Nord à été une forte inspiration pour faire ce que vous avez décrit dans votre question : produire des albums ayant une voie commune reconnaissable, mais qui sont différents en une manière importante l’un de l’autre.

Je suis d’accord que Hallucinogen est un album excellent, et il sera sans doute parmi mes choix des meilleurs disques de 2019 ! Je pense que c’est l’album de Blut Aus Nord en tant que collectif le plus accompli. J’ai apprécié Memoria Vetusta III mais j’ai trouvé personnellement que sa renommée dépassait son contenu (le premier est toujours mon préféré de la trilogie). Aussi, l’album précédent, Deus Salutis Meæ, me paraissait trop comme du recyclage d’un artiste qui avait établi une voie importante et unique, mais qui repassait les mêmes idées. J’ai l’album dans ma collection car je suis grand fan du projet (et surtout de la progression des premiers 4 albums en particulier), mais Hallucinogen est ce pas dans une voie qui continue dans un esprit progressif, tout en restant clairement Blut Aus Nord. Ma seule critique, et c’est entièrement subjectif à mes préférences, et que je pourrais me passer des un ou deux solos plutôt « blues » sur l’album. Mais l’art, la musique, le ton... c’est très bien.

Ce détour fait, je répète que le plan avec Botanist est de produire consciemment des albums qui sont en une façon particulière différents l’un de l’autre, mais dans un contexte très strict d’être à base de dulcimer, et avec pour thème les plantes. Pour moi, je trouve qu’avoir des bords très limités permet une concentration efficace pour pousser ces bords dans des directions intéressantes.

La fin de l’année approchant, quelles œuvres vous ont marqué cette année, en musique mais aussi de façon plus générale (livres, films...) ?

Il faudra attendre ma liste annuelle de mes albums préférés pour le savoir ! Je la publie sur le facebook de Botanist en janvier/février.

Les derniers mots sont vôtres.

Merci pour votre intérêt et pour votre soutien ! Les œuvres de Botanist sont toutes disponibles à écouter, et la marchandise à acheter, sur www.verdant-realm-botanist.bandcamp.com. Le facebook est www.facebook.com/verdant.realm.botanist. Il y a aussi une page Patreon sans niveaux exclusifs, où pour $1 le mois on peut recevoir des demos, videos, infos, et recommandations.

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