Le rêve entamé par
The Shape of He to Come se poursuit. Les songeurs ont changé, toujours menés par la tête pensante Otrebor, le line up étant cette fois constitué des membres ayant enrichi Botanist lors des années 2017 et 2018. Mais
Ecosystem semble s’inscrire comme suite directe à l’album marquant un détour dans la numérologie du projet, où le parti-pris particulier du one man band s’alimente d’énergies extérieures pour rendre plus puissante sa religion végétale.
Car oui, il convient de le rappeler à chaque fois tant la formation reste méconnue malgré une discographie conséquente : Botanist part du black metal pour le transformer, par une instrumentation originale (le dulcimer et la batterie restent les outils principaux, malgré l’ajout de basse, harmonium et effets) ainsi que des thèmes auxquels il s’assujettit. La nature comme divinité vengeresse, ses apôtres attendant la fin de l’humanité comme une libération ; c’est cela que transmet la bande à Otrebor, par une atmosphère vitale, des sons clairs et stridents, une mélodicité entre fragilité et prolifération, tirant sa force de l’envahissement de notes, d'une exécution ayant un penchant pour la frénésie (rappelons qu’à l’origine cette musique-ci se voulait influencée par le grindcore).
Seulement,
Ecosystem, bien que s’inscrivant dans la lignée de
The Shape of He to Come en terme de compositions, n’est heureusement pas un décalque de son prédécesseur. Certes, on entre en lui comme dans un bain, sa forme reprenant les chœurs altiers ayant marqué son religieux aîné. Mais cette nouvelle œuvre, au fur et à mesure des écoutes, finit par développer son aura propre. Moins porté sur la déclamation, l’aveuglante lumière portant sa foi, Botanist se fait plus intimiste – voire modeste, ne s’étalant pas outre-mesure – et narratif, ses nouvelles compositions étant chargées de changements de rythme, coupures, alternances de tons, donnant la sensation d’être pris dans une diction d’écritures saintes annonçant la félicité prochaine. Il y a des moments qui agrippent de joie sur ces trente-trois minutes, que ce soit sur « Biomass » ou encore « Alluvial », ainsi que d’autres qui souffrent de ne pas voir se réaliser leurs prophéties, l’ascèse sans exaltation faisant gémir « Harvestman » et « Disturbance ». Cependant, tout cela semble conté de l’extérieur, dans un cercle que l’on contemple un peu de loin (la pochette signée Førtifem prend alors un sens particulier).
Ce qui fait que l’on se situe entre plaisir à goûter la beauté de l’ensemble tout en se sentant intrus en son sein. Formellement difficilement critiquable,
Ecosystem laisse une impression d’entre-deux, poussant à y revenir régulièrement – magnétisé par ses mélodies, « Red Crown » étant un bon exemple – tout en regrettant de ne pas parvenir à plonger totalement dans son imaginaire, là où
The Shape of He to Come faisait de nous des convertis. Un hermétisme qui habite certaines réalisations de Otrebor (comme
IV: Mandragora) mais qui ne doit pas rendre hésitante l’envie d’écouter ce nouvel album, tant il y a ici, une fois de plus, matière à s’évader, s’égarer et divaguer. Rêver en somme, encore et toujours, en compagnie de Botanist.
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