Sans aller jusqu’à faire des métaphores graveleuses (« sur ta flore intestinale ? » me susurre à l’oreille Chris, notre chef de rédaction à humour douteux – loué soit-il), ça sentait mauvais entre Botanist et moi depuis un
III: Doom In Bloom concrétisant mal les envies de lenteur d’Otrebor. J’y trouvais des ambitions trop grandes et beaucoup de superflu, aussi espérais-je rencontrer de nouveau les coups de sécateur si plaisants de
I: The Suicide Tree / II: A Rose From the Dead sur
IV: Mandragora.
Et je devrais me graver dans la tête « Ne rien attendre de Botanist » car ce quatrième album se distingue de ses prédécesseurs malgré l’impression première d’écouter une version consensuelle de ses trois ainés. Contrairement à ces derniers,
IV: Mandragora ne martyrise pas, n'est que mélodies et rêves de végétaux gagnant leur règne au détriment d’une humanité éliminée depuis longtemps. Le one-man band, en allant vers un format plus classique avec un seul disque de trente-trois minutes, offre ici ce qu’il a de plus dynamique et raffiné sans temps morts, les excès ou baisses de tempo s’insérant au sein de compositions variées et accrocheuses (oui, ce dernier mot peut paraître étrange concernant un projet aussi atypique mais un titre comme « Nourishing the Fetus » joue de structures simples pour devenir rapidement entêtant par exemple). Entre moments rappelant la lourdeur de
III: Doom In Bloom, clins d’œil aux matraquages noisy de ses deux premiers essais (servis par une production volontairement lo-fi) et passages glorieux pouvant évoquer les scènes post-black – en particulier Wolves In The Throne Room (« To Amass an Army ») – ou le black expérimental avec rythmiques trip hop de Blut Aus Nord (« Nightshade »), le Ricain paraît créer à la fois un guide de lecture de sa discographie ainsi qu’une synthèse possédant sa propre identité, l’ensemble étant marqué par une lumière, non plus coupante comme du verre, mais d’une douce froideur presqu’accueillante.
« Presque » car
IV: Mandragora est autrement imperméable que ses grand-frères. Tout est plus travaillé et tout marque moins. Ses variations font qu’une ligne directrice manque à cette œuvre qui, au-delà de l’attachement à la mandragore qu’elle présente dans ses textes, n’a pas cette homogénéité qui sauvait parfois
III: Doom In Bloom. Certes, les sept titres constituant l’ensemble sont liés par une atmosphère de victoire du végétal sur l’animal, celle-ci n’évolue pas plus loin qu’un sentiment agréable (ce qui dessert les quelques attaques composant « Arboreal Gallows » et « Sophora Tetraptera », peu douloureuses en comparaison de celles présentes sur
I: The Suicide Tree / II: A Rose From the Dead). Quand on a connu et adoré le Botanist des débuts, difficile de faire son deuil de cette ambivalence entre pureté et souffrance qui l’estampillait jusque-là.
IV: Mandragora n’en reste pas moins une réussite, en partie grâce à des parties vocales à classer parmi les plus mémorables qu’a offert Otrebor (à l’image des chœurs de « Rhyncholaelia Glauca »). Sa beauté et son accessibilité (relative) invitent ceux intrigués par la formation mais rebutés par son hermétisme à retenter l’expérience à travers lui, ses plus gros défauts n’apparaissant qu’une fois placé au sein de la discographie du Californien.
III: Doom In Bloom m’a déçu.
IV: Mandragora me laisse croire que je n’ai pas fini de tourner autour de Botanist pour chercher à le comprendre.
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