Absurde. Il est absurde de voir un groupe comme Botanist continuer à sortir des disques. Ce qui semble être né d'un délire alcoolisé entre amis (« Et si on faisait du black metal sur les plantes les mecs ? Et on n'utiliserait pas des guitares mais un kazoo ou ce truc qu'a mon oncle dans son grenier là, un hammered dulcimer ! Whaaaaaa ! ») ne devrait pas continuer ainsi. Otrebor s'attache pourtant à son concept comme un maniaque, perpétuant son idée d'une terre où l'humain serait attaqué par la faune et la flore, éradiqué, puis utilisé comme terreau.
Absurde... Et pourtant qui a montré un intérêt dès ses débuts, Botanist ayant signé un double-album qui reste d'une abrasivité peu commune (le duo
I: The Suicide Tree / II: A Rose From the Dead). Si la suite s'est avérée moins constante, connaissant des hauts et des bas (le mitigé
III: Doom In Bloom / Allies), le projet s'est vite repris avec la synthèse
IV: Mandragora se dirigeant timidement vers une musique moins claustrophobique et venimeuse, plus accueillante et ouverte sur l'extérieur.
Un prémisse, que
VI: Flora développe complètement. Ce cinquième album – auparavant prévu comme sixième partie, cela expliquant le chiffre romain qui lui est accolé – poursuit la vision d'un monde où les plantes ont pris le pas sur les Hommes. Utilisant toujours principalement le hammered dulcimer et ses sonorités cristallines (avec ajouts ponctuels d'un harmonium et une basse à douze cordes), Otrebor poursuit son orientation vers une musique plus délicate, touchant autant au black metal qu'au post-rock et shoegaze. Si les attaques demeurent (la vindicative « Cinnamomum Parthenoxylon »), l'émerveillement est clairement le sentiment principal que transmet cette œuvre, par de courtes plages (majoritairement entre trois et cinq minutes) où les mélodies, jouées de façon frénétiques, cherchent à emporter l'auditeur dans leur course.
Une réussite à mettre au compte de
VI: Flora, qui parvient, mieux que son prédécesseur (l'hermétique
IV: Mandragora), à attraper l'oreille par ses alignements de notes simples, harmonieuses. Ces onze compositions possèdent quelque chose de presque pop, leurs cadences souvent énergiques étant un exemple de leur efficacité. Un choix conscient et, comme d'habitude avec Otrebor, réfléchi dans ses moindres détails, jusqu'à une production mettant en arrière-plan les éléments les plus agressifs de l'ensemble (la voix stridente, volontairement sous-mixée). Tout est fait ici pour enivrer, transmettre une atmosphère de nature au repos baignée dans la lumière où, contrairement à auparavant, les mammifères ne sont plus attaqués de front mais par une beauté qui donne envie d'être plante.
Avec ses morceaux bourgeonnant et se propageant dans une multitude d'arrangements et thèmes,
VI: Flora peut donner l'impression d'être trop étourdissant, voire étrangement statique dans ses assauts naïfs pratiqués souvent de la même façon. Otrebor a tant chargé ce cinquième longue-durée de mélodies qu'elles peuvent paraître se répéter continuellement, au risque d'ennuyer plutôt qu'hypnotiser. Si sa fin (après « Pteridophyte ») me laisse un peu de côté, des titres comme « Stargazer » ou « Pteridophyte » sont si magnifiques que je ne peux que faire partie des convaincus. Et ce n'est pas ce bel artwork qui me fera poser des questions sur la pertinence à poursuivre ce trip si personnel. Car Botanist, répétons-le, est absurde. Et pourtant – cela reste toujours une surprise pour moi – je ne suis pas prêt de m'en lasser !
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