Il y a les groupes que l’on suit depuis longtemps et dont on vit les hauts et les bas, leurs albums décevants et les coups de cœur qu’ils nous donnent, comme une histoire où l’attachement nous fait rester : on peut être temporairement déçu, on trouve toujours – dans les meilleurs cas – de quoi renouveler notre fidélité envers eux.
Et il y a un groupe comme Botanist qui, dans les années passées à le suivre (soit sept albums en presque dix ans !), donne une impression plus difficile à évaluer : celle d’un projet qui a rapidement trouvé le fond de son discours, changeant par touches ce qui l’habille. Celui-là donne à chaque nouvelle œuvre une réflexion plus complexe, faite de plaisir devant son originalité et de questionnement sur sa pertinence. Après tant de créations explorant les possibilités d’un black metal où le dulcimer remplace la guitare, après tant d’exemples d’atmosphère végétale jouées avec fureur – les débuts
I: The Suicide Tree / II: A Rose from the Dead –, ferveur – l’indépassable
Collective: The Shape of He to Come –, rêverie – les vaporeux
IV: Mandragora et
VI: Flora – pour enfin s’attarder sur une beauté naturaliste avec
Ecosystem, que peut-on encore trouver à découvrir dans cette formation si atypique et qui, étrangement, fait craindre plus d’une fois de transmettre le sentiment de tourner en rond ?
C’est dire s’il m’a fallu du temps pour me forger un avis au sujet de
Photosynthesis. Botanist poursuit sa recherche mélodique mise au premier plan lors de
Ecosystem, laissant croire au départ qu’il est un décalque aussi formellement beau que peu intéressant de son prédécesseur. Certes, les trois premiers titres mettent une jolie rouste comme Otrebor ne l’avait plus fait depuis
The Shape of He to Come : « Light », « Water » et la lourdeur magnifique de « Chlorophyll » épatent d’entrée, prenant avec elles dans ce nouveau disque. Pour autant, l’hermétisme ressenti auparavant empêche de s’impliquer totalement, les mélodies nous parcourant sans nous heurter, dans une sensation étrange d’être mis dans un état statique malgré les soubresauts (bien présents, cf. « Palisade » et sa hargne étonnamment black metal), un état de contemplation extérieure, « végétatif ».
Et voilà bien la réussite de
Photosynthesis. Apaisant et torturé en même temps, l’album résonne comme un labyrinthe de feuilles et de branches s’élevant au fur et à mesure, un disque où les notes forment un environnement. Difficile de le voir au départ, tant Botanist met l’accent sur une mélodicité exacerbée, parfaitement mise en valeur par la production de Dan Swanö et son studio Unisound. Un son ample et clair, le meilleur qui a pu servir le style du projet, faisant au départ que l’esprit s’accroche à des passages sans chercher à se laisser porter par un ensemble. Un ensemble qui finit par s’aborder une fois acceptée l’idée de se décentrer de soi et de cette quête de la jolie ligne, l’homme et sa vision de la beauté n’étant pas tant présents ici qu’une peinture d’une vitalité sereine, faisant sienne les remous de la terre et l’air. Si la pureté formelle qu’aiment travailler Otrebor et sa bande depuis quelque temps est là – toujours plus affûtée, vitrifiée –, l’intensité tranquille qui la guide désormais pousse à approfondir et répéter chaque écoute, cette musique difficile car ne parlant pas de soi, de nous, maîtrisant de bout en bout son envie de peinture organique, se nourrissant des éléments.
Malgré son charme lumineux opérant au fur et à mesure,
Photosynthesis possède tout de même quelques défauts qui restent en tête, à commencer par une brièveté et une densité le rendant difficile d’accès, là où des respirations auraient permis de laisser apparaître davantage des velléités progressives un peu coincées sur ces trente-quatre minutes (« Oxygen » et sa base rythmique raffinée laissent à espérer plus). Mais après tant de temps passé à écouter Botanist, je reste étonné d’avoir été autant questionné, déboussolé puis de nouveau conquis par une œuvre qui, en surface, ne contient que peu de choses particulières par rapport à ses aînées. Il m’aura fallu quelques semaines pour voir chez
Photosynthesis cet aboutissement d’une logique à figurer le végétal qu’il est en réalité.
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