Misanthrope + T.A.N.K. + Fury Kane + Synthetic Waterfall + In Trails
Live report
Misanthrope + T.A.N.K. + Fury Kane + Synthetic Waterfall + In Trails Le 18 Septembre 2010 à Chevreuse, France (Espace Ferdinand Léger)
Tarifs réduits ? Diantre, un concert subventionné ? Quoi, un festival sur plusieurs jours ? Quelle drôle d'idée que de dédier une soirée de concerts metal à un festival communal comme le festival Magnifik 4 de Chevreuse ! Charmante bourgade des Yvelines qui sent bon les vieilles pierres, les complexes sportifs flambant neufs, l'argent et la tranquillité, Chevreuse serait sans doute la dernière destination juste après Neuilly que je choisirais pour attirer un groupe de metalleux moyens avec leurs mauvaises manières et leurs costumes rigolos. Mais ce n'est pas le groupe de metal moyen qui est la tête d'affiche en ce samedi soir : c'est Misanthrope, apôtre de la classe à la française, exemple en matières de bonnes manières si tant est que l'on ne lise pas les paroles du « Haras d'Amazones » trop en détails, et surtout groupe à l'originalité telle qu'il représente un style à lui tout seul : l'extrême avant-garde metal (ça ne veut rien dire certes, mais c'est quand même vachement bien). Remarquez ce n'est pas non plus le metalleux moyen qui composait le public : tout au plus étions-nous (oui, je me compte dedans) 30 ou 40, le reste étant composé de quelques riverains curieux de tous âges (de l'école primaire à la pension de retraite, et je n'exagère pas), ainsi que de pas loin d'une centaine de jeunes gens à la voix en pleine mue et au faciès vallonné. Précisément le genre de foule où je passe pour un géant du haut de mon mètre quatre-vingt et un vieillard du haut de ma vingtaine fraîchement entamée. Je ne vois que deux explications au phénomène : soit les jeunes écoutent les horreurs qui composent la première partie de l'affiche et ne m'ont pas fait regretter mon heure et demi de retard sur l'heure d'ouverture des portes (retard que malheureusement, le concert avait similaire…), soit la prof d'art de la 5e du collège de Chevreuse avait donné comme devoir une rédaction à faire sur le festival. Franchement, la deuxième explication reste la plus plausible.
En pénétrant dans le hall d'entrée tout heureux d'être arrivé avant le début du show de Misanthrope, je vis un flot de nains pré pubères et de jeunes filles en fleur que n'aurait pas renié Yann Barthès sortir de la salle de concert : j'étais arrivé suffisamment en retard pour rater le premier groupe, In Trails, ersatz de The Haunted légèrement teinté de hardcore et de death metal d'après ce que j'en ai entendu jusqu'alors, et qui s'annonçait malgré cette description peu flatteuse comme le meilleur groupe d'ouverture de la soirée. Pas de photos, désolé pour eux, mais ça leur évitera une critique qui aurait probablement été acerbe, même si leur technique promotionnelle à base de fille sympa fringuée comme une figurante d'un film de Tim Burton qui distribuait des démos à qui en voulait (pas moi, donc) avait de quoi séduire. J'avais déjà sauvé de précieuses minutes de ma vie, mais malheureusement pour moi, je n'étais pas arrivé assez en retard pour rater les groupes suivants.
Le temps de faire connaissance avec les lieux et Synthetic Waterfall commençait déjà son set. J'avais eu l'impression à leur myspace d'écouter du mauvais Dark Tranquillity, mais cette vision d'horreur était encore incomplète : j'avais oublié le mauvais Opeth, Katatonia et tous ces autres groupes de metal mélancolico-romantique pour pleureuses qui expliquent sûrement une bonne partie de l'audience féminine de la soirée. Bon, au-delà de mon dégoût stylistique hautement subjectif, il fallait bien avouer que leur prestation était globalement bancale : problèmes de mise en place avec un batteur qui peinait à se relancer en même temps que les autres dès le troisième morceau (jouait-il au clic ? J'en doute !), chant clair parfois passablement faux, et parties de violoning sans doutes les plus maladroites et mal jouées que j'ai entendu, pas de doute, tout ça fleurait encore bon l'amateurisme. Certes, c'est un groupe de jeunes, ils ont deux ans et demi d'existence, donc je ne leur jette pas la pierre, ils ont largement le temps de s'améliorer et de devenir plus pros, mais quand leur chanteur a harangué la foule d'un air joyeux en disant « c'est la première fois qu'on joue devant autant de personnes », étrangement, ça ne m'a pas franchement étonné…
Puis vint le pompon de la soirée, le clou rouillé du spectacle, la cerise fermentée sur le gâteau de l'horreur : Fury Kane. Je pensais sincèrement que ce genre de groupes avait cessé de voir le jour il y a dix ans, avait été oublié, enfermé dans une boîte et jeté au fond du premier puit venu, mais… Fury Kane existe bel et bien. En 2010. Le néo metal était déjà une mode pour attardés mentaux pas encore doués de raison à son âge d'or, alors son croisement avec un hardcore jumpy pour « dj ‘zeuns » qui braille de sa plus horrible voix sur des gros beatdown que même un autiste manchot arriverait à reproduire avec une semaine d'entraînement reste le spectacle le plus éprouvant qu'il m'ait été donné de voir en concert à ce jour. Tous vêtus de blanc de pied en cape (« et ouais, le noir c'est mal, c'est négatif, t'as vu… maintenant reprends une latte, t'es pas encore assez défoncé »), sautillant comme des poux sur le crâne d'un gitan (pardon, d'une minorité ethnique visible itinérante), ils ne m'ont pas facilité la tâche pour les photographier, mais j'ai quand même réussi à prendre une photo potable de la chanteuse avec son t-shirt rock'n'roll (je ne sais pas s'il y avait « Lucie, Amour & » noté derrière, mais j'aurais certainement préféré voir les Beehives), vu que c'est la seule chose susceptible d'intéresser nos lecteurs. Bande de pervers.
Bien qu'atténué, mon supplice n'était pas totalement terminé vu que je retrouvais avec un soupir de découragement T.A.N.K., le groupe vachement original qui propose un mélange pas du tout éculé de death scandinave, de thrash et de metalcore que j'avais déjà eu le malheur de supporter en première partie de Misanthrope à Paris. C'est cool, il y a des accords de quinte, des ralentissements, des mélodies usées jusqu'à la corde par trois générations de metalleux, et malgré mon jeune âge j'ai déjà l'impression d'être trop vieux pour prendre la moindre once de plaisir à écouter ce truc. Alors oui, ils sont plutôt pros sur scène : c'est propre, correctement joué (même si au risque de me répéter d'un live report à l'autre, l'inverse aurait été inquiétant), et le public a semblé apprécier, ce qui reste le principal pour eux vu que j'étais clairement en minorité quand je suis retourné du côté du bar. Mais maintenant les gars je vous prierais d'arrêter de jouer en première partie de Misanthrope, sinon je vais commencer à devenir aigri.
C'est avec deux bonnes heures de retard que Misanthrope débarque sur scène, au son d'un « Dandy de Bohème » qui résonne étrangement… Et oui, il est tout juste minuit et la foule de mineurs qui a passé son temps assis sur les rebords de la salle depuis l'ouverture des portes rejoint mollement le parking où les attendent papa et maman, tout de même inquiets de voir que leur progéniture a côtoyé des adultes étranges habillés en noir avec de la barbe alors qu'ils ne semblaient même pas être dans les ordres (sauf un, salut monsieur le curé !). Alors que la moyenne d'âge du public venait de prendre dix ans d'un seul coup et que l'ingénieur du son devait maudire le retard pris sur le planning, S.A.S. fêtait son premier concert en tant que quadragénaire, lui sur lequel le temps n'a visiblement pas d'emprise, au contraire du génial Jean Jacques Moréac dont le front se dégarnit un peu plus à chaque fois que j'ai le plaisir de le voir sur scène, mais dont le jeu, lui, reste lumineux. Pourtant c'est un show toujours aussi dynamique et passionné que le frontman le plus célèbre du metal français délivre avec plaisir, remerciant le public avec une set-list solide orientée vers la dernière période du groupe malgré l'apparition d'un « Misanthrope Necromancer » inhabituel que je n'avais pas entendu depuis assez longtemps ! Passés les incontournables « Eden Massacre », « Les Empereurs du Néant », « l'Ecume des Chouans » et « Bâtisseurs de Cathédrales », l'audience a eu le droit à six des meilleurs titres des deux derniers albums, ce qui suffit largement à me contenter bien qu'il ait fallu vivement réclamer un rappel dont le trop méconnu « Inspirations » fait encore office. La prestation est comme d'habitude sans faille, je m'étonnerai toujours de la restitution admirable des vieux titres avec seulement une guitare (je ne sais pas si ce sont des samples similaires à celui pour le clavier ou simplement les effets du pédalier de Anthony qui sont utilisés, mais ça sonne formidablement bien), et le son est encore une fois délectable. Pas de doute, Misanthrope reste le meilleur groupe français qu'il m'ait été donné de voir sur scène à ce jour. Au rang des regrets j'aurais aimé une set-list un peu plus historique, avec des titres de 1666 Theatre Bizarre et de Visionnaire en supplément, ainsi que des extraits différents de Irrémédiable que je n'ai pas encore vu sur scène comme « 1857 » ou « Phénakistiscope ». J'aurais aussi apprécié un guest de Jean Baptiste Boitel, lui qui habite le coin et était apparemment présent ce soir. En fait comme d'habitude j'aurais voulu qu'ils jouent deux ou trois heures de plus ! Mais bon, à partir d'un certain âge, ce n'est plus forcément évident, hein Philippe ?
Le Dandy de Bohème
Le Harras d'Amazones
Eden Massacre
Théologie du Misanthrope
Misanthrope Necromancer
Les Passagers du Hasard
La Marche des Cornus
Les Empereurs du Néant
Les Retourneurs de Pierre
L'écume des Chouans
Névrose
Bâtisseurs de Cathédrales
Inspiration
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