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Thrashfest

Live report

Thrashfest Kreator + Exodus + Death Angel + Suicidal Angels
Le 13 Décembre 2010 à Paris, France (Elysée Montmartre)
Tournée événement dans le monde du thrash metal, le Thrashfest 2010 réunis effectivement pour quelques dates qui s'annoncent d'ores et déjà monumentale cet admirable line-up : les pionniers de Kreator, les dinosaures californiens de Exodus, les trop méconnus mais tout aussi talentueux américano-philippins de Death Angel et enfin l'avenir pour certains de cette scène renaissante Suicidal Angels. Hormis ces derniers c'est donc une affiche cent pour cent old school que nous proposent les teutons de Kreator à l'occasion de l'anniversaire des vingt cinq ans de l'inégalable et culte au possible Pleasure To Kill. Un fort beau moment en perspective, qui saura rameuter même les plus aigris des chevelus puisque une foule faisant plaisir à voir s'entassera au fil des prestations dans la magnifique salle de l'Elysée Montmartre. Du thrash new-school des Hellènes, aux accents heavy des anges morts, sans oublier évidemment les produits certifiés made in Bay Area et rien de moins qu'un des trois fers de lance du thrash germanique : secouage de crâne et futures heures à rafistoler votre précieuse veste en jean sont au programme.

Premier groupe de cette soirée qui fleure à l'avance la bière hors de prix, la sueur sous la veste à patchs et l'haleine fétide mais trve des quelques papys thrashers de sortie, Suicidal Angels débute son set comme son dernier opus sur le calme mais assez chiant instrumental "Damnation" devant une salle à moitié vide (faut dire que c'est pas très pro de commencer à l'heure). Mené par l'impassible chanteur-guitariste Nick Melissourgos, les Grecs nous offrent comme à leur habitude un show carré, rapide et sans réel temps mort pour l'auditeur chahuté entre des titres comme le solide "Reborn In Violence" ou l'entraînant "Dead Again", donnant ainsi l'impression d'une prestation intense et tout à fait respectable. Mais ce serait sans compter sur le manque de folie déprimant qui écrase littéralement chaque concert des anges suicidaires qui font toujours preuve d'aussi peu d'enthousiasme et d'authenticité. La sauce a surement pris sur les néophytes du groupe puisque le retour de la part du public est loin d'être foncièrement négatif, mais je vous promet qu'après avoir assisté involontairement à trois de leurs prestations en moins d'un an, voir trois fois d'affilée la même chose à deux morceaux près, c'est très vite lassant. D'autant plus quand les musiciens nous gratifient d'un jeu scénique certes énergique mais immanquablement inexpressif. Le groupe sait pourtant ce montrer efficace par moment et est loin d'être réellement mauvais, mais ma saturation envers lui et les défauts récurrents à ses lives sont bien trop présents pour être occultés et ne peuvent que me laisser compter les minutes avant la fin. En gros, Suicidal Angels c'est déjà pas ultime sur album malgré quelques bons passages, mais c'est vraiment gonflant sur les planches.

C'est désormais au tour bien plus attendu de Death Angel d'investir la scène devant un public plus qu'imposant (je ne sais pas si la salle était pleine mais elle le semblait). Mené par l'énergique Mark Osegueda à la bonne humeur incroyablement communicative, c'est sur le tout nouveau et décidemment meilleur en live que sur album "I Chose The Sky" que le groupe se lance pour plus de quarante minutes d'un pur thrash aux touches heavy délectables. Les musiciens font tous preuve d'énormément de charisme notamment la paire de guitariste Ted Aguilar et Rob Cavestany qui joue en permanence avec le public, sans oublier bien sûr l'impressionnant vocaliste qui porte presque à lui tout seul le show sur ses épaules. Les riffs font toujours mouche et sont tous plus entrainants les uns que les autres et ce des cultes "Evil Priest" et "Mistress Of Pain" aux plus récents "Buried Alive" et "Truce", les vocaux criards et agressifs ou clair et heavy de l'homme aux longues dreads sont on ne peut plus justes et le jeu scénique est tout simplement époustouflant. Ajoutez à ça un plaisir d'être là qui se ressent aussi bien sur les planches que dans la fosse et vous obtenez un pur moment de bonheur. Une fois de plus le relatif manque de reconnaissance qui les suit depuis leur début paraît bien injuste face au succès grandissant du groupe précédent. Cependant le quintette va me décevoir sur deux points : le premier étant le choix du plus que chiant "Claws In So Deep" qui s'avèrera être le seul gros point faible de cette setlist puis sur la très frustrante initiative de ne jouer que l'intro du joyaux de plus de dix minutes de thrash old school alambiqué et dévastateur qu'est "The Ultra Violence". Laisser présager le meilleur en entament la clef de voute de son répertoire et le tronquer pour le bon mais incomparable "Thrown To The Wolves" : quelle malheureuse manière de clôturer son set… Dommage de terminer sur cette déception car à part ça, Death Angel nous a fait vivre ce soir une expérience tout a fait remarquable qu'il me tarde de renouveler.

C'est sur la mélodieuse intro en acoustique de "The Ballad Of Leonard And Charles" que les maîtres de Exodus font leur entrée devant un public déjà largement à leurs pieds. Je ne suis pas un inconditionnel de la fin de la discographie du groupe mais je n'ai pu que m'incliner devant une mise en bouche aussi classe que celle çi avec cette montée en puissance monstrueuse : chapeau bas ! Quelques arpèges plus tard et l'imposant Rob Dukes nous hurle déjà dessus. Fort d'un public chauffé à blanc par Death Angel et d'effets de lumière tout à fait adaptés, le groupe enchaîne sur un "Beyond The Pale" écrasant toujours issus du dernier Exhibit B : The Human Condition. Autant dire que si jusqu'ici l'ambiance était plus que bonne, il aura fallu moins de deux titres aux américains pour la rendre aussi transpirante et énorme que leur charismatique vocaliste. Face à une telle énergie, tout débat stérile sur qui a été, est, ou sera le meilleur chanteur du groupe s'avère inutile tant l'incroyable talent du frontman ici présent ne peut que laisser bouche bée, faisant absolument tout ce qu'il veut du public. Gary Holt semble quant à lui on ne peut plus content d'être ici et fait réellement plaisir à voir tandis que Lee Altus impressionne toujours autant lors de ses solos récurrents qu'il réalise avec une facilité déconcertante. A quoi bon dire que le jeu de scène est tout simplement hallucinant, que les cultissimes "A Lesson In Violence" et bien sur l'incontournable "Bonded By Blood" font vingt cinq ans après toujours autant d'effet, que les plus récents "Deathamphetamine" et "Blacklist" ont le don de transformer l'Elysée Montmartre en un terrible champ de bataille ? C'est bien de Exodus dont il s'agit ! Le brutal enchaînement "War Is My Sheppard" et "The Toxic Waltz" en laissera d'ailleurs beaucoup au sol. Un nouveau titre issu du légendaire Bonded By Blood : "Strike Of The Beast" histoire d'enfoncer le clou ainsi que de réaliser un des wall of death les plus monstrueux de la soirée et le set s'achève déjà sur le tout nouveau "Good Riddance". Kreator est sérieusement à plaindre d'avoir à passer derrière le rouleau compresseur qu'est Exodus qui nous laisse plus qu'achevé après une heure intense d'un thrash from bay area incroyablement écrasant et jouissif.

Il est plus de vingt et une heure lorsque toutes les lumières de l'Elysée Montmartre s'éteignent pour laisser apparaître en fond de scène un écran qui nous montre pendant une dixaine de minutes des images backstages de cette date, le tout sur "The Man Comes Around" de Johnny Cash. Une entrée en matière bien étrange et surtout bien trop longue qui ne servira qu'à agacer les plus impatients des fans. Mais lorsque le show démarre enfin sur le très bon doublet "The Patriarch" / "Violent Revolution", le ton est immédiatement donné. C'est à dire un set qui sans être mauvais manque réellement de pèche, et ce particulièrement après la presta' de Exodus ; un set où la qualité des effets pyrotechniques (lumières, fumée, écran, etc.) compense un jeu de scène loin d'être aussi hargneux qu'il n'a pu le être par le passé. Kreator dispose toutefois d'un répertoire de titres cultes qui suffisent à mettre le public dans tout ses états et à faire passer un bon moment à tous. Effectivement le groupe aura le bon sens de fêter son second album sur une setlist principalement axée sur ses débuts avec les imparables "Terrible Certainly", "Betrayer" ou "When The Sun Burns", sans occulter cependant les récents mais bien efficace "Hordes Of Chaos" ou "Destroy What Destroys You". Mille Petrozza communique sans cesse avec le public, l'invitant à maintes reprises à des circle-pits violents, tandis que le second guitariste Sami Yli-Sirniö se fait plus discret sur le côté gauche de la scène. Quant à l'infatigable Ventor, il porte comme toujours avec brio le combo grâce à son martelage de fûts violent. Le temps d'un "Endless Pain" incroyablement old school, d'un "People Of The Lie" énervé et nous voici déjà au moment le plus attendu de ce concert : « do you take pleasure to kill ? » nous hurle le frontman, je pense que la réponse à été unanimement positive puisque ce morceau a tout simplement été le plus intense de tout le set, achevant les derniers braves qui tenaient encore sur leurs pattes. Après plus d'une heure de sauvagerie ô combien réjouissante, le groupe quitte la scène laissant un public certes exténué mais en demandant toujours plus. Mille Petrozza et sa bande ne se font évidemment pas prier bien longtemps avant de revenir pour une série de rappels explosifs qui commence par un impitoyable doublet issu de leur second album "Choir Of The Damned" et "The Pestilence". Un "Flag Of Hate" et un "Tormentor" tout deux issus du pionnier Endless Pain ainsi qu'un circle pit d'anthologie plus tard et Kreator nous abandonne déjà sur l'outro "Black Pearl" après (à vue de nez) presque deux épuisantes heures de concert. Malgré les déceptions citées plus haut, c'est donc à l'aide d'une setlist en béton que les Allemands ont su mettre tout le monde d'accord laissant toutefois un souvenir moins impérissable qu'a pu le faire Exodus. Une soirée tout de même d'exception et au line-up plus qu'impressionnant qui restera je pense gravée un bon moment dans la mémoire des chanceux présents. Malgré un Suicidal Angels plus qu'en demi teinte, le set survitaminé de Death Angel, l'effet poids lourd en pleine poire de Exodus et enfin le clairement imparfait mais pourtant mémorable show de Kreator, tout est là pour laisser une tête douloureuse, pleine d'autant d'acouphènes que de bons souvenirs qui vous font sortir de la salle le sourire aux lèvres.
Le Thrashfest était définitivement LA date à ne pas rater en cette fin d'année 2010.

« My only pleasure is to hear many cries from those tortured by my steel ! »

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