European Connexus Conjuration Tour
Live report
European Connexus Conjuration Tour Absu + Impiety + Necronomicon (Can)
Le 08 Avril 2012 à Paris, France (Glazart)
Garmonbozia, l'association qui porte le nom le plus classe du circuit (on reconnaîtra l'excellent clin d’œil au film Twin Peaks : Fire Walk With Me, du véritable pain-béni pour un fanatique intégriste comme moi), avait donné rendez-vous depuis un bon moment au public français pour faire profiter l'hexagone de la tournée d'ABSU, « European Connexus Conjuration Tour », qui voit actuellement les Américains défendre leur dernier opus Abzu, excellente cuvée de l'année dernière. La chronique de mon estimé collègue Häxan donnera un excellent aperçu de la qualité de ce disque. De mon côté, l'enthousiasme à l'idée d'entendre les tueries occultes présentes sur ce très bon disque combinées avec les classiques que tout le monde attend était à son comble lorsque je pénètre dans la capitale. Accompagnés des non moins légendaires Singapouriens d'IMPIETY, défendant un dernier opus déjà plus contestable (Ravage & Conquer), et des Québécois de NECRONOMICON, groupe de Black/Death qui tourne depuis 1991 (à ne surtout pas confondre avec le groupe culte de Thrash allemand), les Américains envahissaient le Glazart en ce 9 avril 2012 qui était aussi le jour du classico PSG – Marseille que beaucoup préféreront manquer avec raison pour assister à un concert de qualité.
Après quelques discussions intéressantes à l'extérieur, c'est pour moi l'occasion de découvrir NECRONOMICON qui ne m'a absolument pas emballé et n'a pas eu l'air, d'ailleurs, de passionner grand monde. Bon, d'accord, les québécois nous font profiter de leur accent savoureux entre des morceaux surfant sur la vague d'un Black/Death générique qui rappellera les délires modernes de BEHEMOTH, autrement dit absolument pas ma came... mais c'est bien la seule distraction qu'ils ont à offrir. Des riffs assez inintéressants et mille fois entendus dans ce registre si peu attrayant déjà côtoient des passages kitschouillous et dégoulinants au possible... les samples de chœurs féminins absolument dégueulasses auront rapidement raison de mes pauvres oreilles que j'économise avec raison pour les tueries qui vont suivre. L'occasion de se faire fister en bonne et due forme par les tarifs prohibitifs du Glazart, qui sert des espèces bières coupées à l'eau à 7€... absolument dégueulasses elles-aussi ! « Faites du bruit ! » : ça sera NEIN.
Bon, on s'en doutait déjà avant d'arriver sur les lieux du crime, c'est avec IMPIETY que les hostilités commencent réellement. Les Singapouriens jouent la carte de l'affectif en cueillant un public déjà conquis à sa cause avec un culte « Christfuckingchrist » de l'excellent album Kaos Command 696 balancé à la gueule d'une assemblée réceptive à une introduction toute en chœurs monastiques. Une partie de l'assistance rentre vigoureusement dans une fosse qui s'anime de plus en plus en suivant les coups de boutoir de la machine Dizazter qui font tout de même leur effet malgré un son extrêmement brouillon et quasiment inaudible : dommage qu'on ne puisse pas discerner grand chose au début de ce concert... reste que la fougue est là, à l'image d'un pit lancé dans les meilleures conditions possibles lorsque raisonne l'excellent « Dominator » de l'album du même nom. Le son s'améliore peu à peu, même s'il paraît toujours difficile de sonoriser correctement IMPIETY, notamment avec cette batterie triggée à mort qui a tendance à recouvrir les mandales assénées par Shyaithan à la basse et Nizam Azim, seul à la guitare. On pourra également regretter que cette configuration à trois ne permette pas de jouer des morceaux du très bon Terroreign de 2009 ou de l'énorme Paramount Evil de 2004, cette configuration minimaliste ne permettant sans doute pas de retranscrire les passages techniques à deux guitares plus que délicats de ces deux disques... la set list est donc davantage axée sur Kaos Command 696 et Dominator pour les vieux disques et surtout sur le dernier opus en date, Ravage & Conquer. Si la dernière offrande des Asiatiques sortie quelques jours avant ce concert est plutôt moyenne, essentiellement à cause d'un problème de production (la batterie triggée sonne trop synthétique et étouffe en grande partie la guitare de Nizam Azim et les hurlements de Shyaithan qui semble avoir perdu par ailleurs beaucoup de son charisme vocal sur ce disque), les titres qui en sont issus ressortent paradoxalement assez bien en live : « Legacy of Savagery » annoncé avec panache par un Shyaitan en forme vocalement est très bien exécuté notamment. Le rythme très entraînant d'un « Weaponized » (bon morceau par ailleurs) quelque peu gâché par le son moyen pourtant déchaînera bien les foules qui s'affronteront dans un pit qui s'intensifie de morceaux en morceaux avant le bouquet final constitué par deux derniers morceaux plus qu'efficaces : la reprise de BATHORY, « Sacrifice » qui souffre tout de même du jeu de batterie un peu trop écrasant de Dizazter pour un tel morceau et enfin l'apocalypse, la tuerie « Torment in Fire » en guise de conclusion. Malgré quelques longueurs, essentiellement dues aux quelques errances regrettables du dernier disque avec des morceaux trop longs et parfois trop indigestes, ce set de 45 minutes convient parfaitement à un groupe de la trempe d'IMPIETY, qui nous met ce qu'on est venu chercher : une bonne grosse droite ! Restons lucides tout de même : les prestations du groupe en live il y a quelques années devaient quand même être d'un autre niveau...
Set list :
« ChristfuckingChrist »
« Ravage and Conquer »
« Dominator »
« Weaponized »
« Advent of the Nuclear Baphomet »
« Legacy of Savagery »
« Sacrifice (Bathory cover) »
« Torment in Fire »
En bonus, une vidéo de très bonne qualité fournie par Garmonbozia pour illustrer ce bon moment, « Torment in Fire » :
Le meilleur restait donc à venir, après ce concert qui aura déchaîné les pulsions les plus primitives chez de nombreux membres d'un pit plutôt en forme ce soir. C'est à présent le charismatique Proscriptor, coiffé d'une couronne scintillante et accompagné de ses deux acolytes Ezezu et Vis Crom qui engloutissent la scène du Glazart pour une bonne heure de concert qui mettra tout le monde d'accord. ABSU en live, c'est grand, surtout quand le son suit. Un line-up là encore minimaliste pour un rendu optimal : les trois bonshommes, ensemble depuis 2009 (ils étaient d'ailleurs déjà passés par Paris avec PANTHEON I) et le bon disque qui signait leur retour Absu s'entendent à merveille et leur belle prestation technique ne s'en fait que mieux ressentir. L'alternance parfaite entre la voix d'Ezezu et celle de Proscriptor se combine avec une osmose parfaite entre nouveaux morceaux, notamment l'excellent « Abraxas Connexus » qui passe très bien la barrière du live, et anciens morceaux cultes, témoignage de la longue carrière des Américains, notamment « Highland Tyrant Attack », ode à l'efficacité au vue du rendu dans le public qui hurle son plaisir à l'annonce de ce grand moment de Black Metal, teinté du Thrash jouissif diffusé par ABSU depuis de longues années, la set list des Celtiques d'adoption est fort bien agencée. Je ne retiens par ma furie lorsque les énormes « Pillars of Mercy », annoncé par les cornemuses de l'intro du terrible Tara et « Manannan » retentissent dans cette belle salle, qui catalyse l'atmosphère atypique diffusée par des musiciens en grande forme par un éclairage pertinent et une atmosphère totalement adaptée. A l'image d'un Proscriptor déchaîné, hurlant des interludes excellentes entre les morceaux, et franchement impressionnant derrière ses fûts, la magie opère, pénétrant l'assistance avec une classe propre aux Américains : tout leur talent explose à la gueule des fans de toujours comme des récents convertis. Les vieux titres comme « Swords and Leather » n'ont pas pris une ride et sonnent merveilleusement bien en live, de même que le titre d'ouverture « Apzu », très bien rendu par Vis Crom à la guitare qui retravaille à travers des arpèges ravageurs les magnifiques chœurs féminins de la version studio, affirmant immédiatement l'ambiance mystique propre à ABSU, pour le meilleur effet possible. Les autres titres de The Sun of Tiphareth qui suivront sonneront tout aussi bien (à l'image de l'emblématique reprise de MORBID SCREAM « The Coming of War » balancée en fin de set qui ravagera la fosse). Les nouveaux titres ne déméritent pas, ABSU piochant habilement dans son répertoire récent, à l'image du ravageur « Night Fire Canonization » qui déchaînera à nouveau une foule captivée par tant d'aisance de la part d'un line up efficace au possible. Les fiers porteurs de la bannière « Mythological Occult Metal » finissent leur concert en trombe avec l'excellent « Never Blow Out the Eastern Candle » qui achèvera un public déjà laminé par toutes ces perles balancées par un groupe en grande forme qui aura disséminé son Black Metal avec le plus grand talent. Frustré par l'absence de rappel, le public sort doucement du Glazart pour ce qui aura été un concert formidable, dominé de la tête et des épaules par l'atmosphère surpuissante instaurée par les tyrans ABSU.
Set list :
« Apzu »
« Feis mor tir n'a nog (Across the North Sea to Visnech) »
« Earth Ripper »
« Night Fire Canonization »
« Swords and Leather »
« Abraxas Connexus »
« Tara (Intro) »
« Pillars of Mercy »
« Manannan »
« Highland Tyrant Attack »
« The Coming of War »
« Never Blow Out the Eastern Candle »
Vous en voulez encore ? Double bonus avec ces vidéos excellentes fournies par Garmonbozia pour illustrer ce concert !
« Highland Tyrant Attack »
« Abraxas Connexus »
Excellente expérience que cette première montée à Paname pour un concert de Black Metal, moi qui était plus habitué aux environs lyonnais, au Sud ou à la Lorraine pour les concerts de ce type : outre un très bon cadre avec une salle telle que le Glazart, l'organisation, malgré un retard tout à fait négligeable sur le planning initial, a été irréprochable et les erreurs de son ont été rapidement corrigées. J'espère que Garmonbozia est rentré dans ses frais avec une telle date, le contraire serait scandaleux ! On pourra juste regretter les prix prohibitifs d'un merchandising on ne peut plus minimaliste (20€ le CD, 10€ le badge, non mais on est où là?) ainsi que des boissons... mais bon, « on est à Paris », me disent les bons amis que j'ai là-haut et que j'ai revu avec plaisir durant cet excellent moment. Nul doute qu'ils se reconnaîtront facilement. Espérons que les nombreux concerts qui vont suivre celui-ci, notamment AGALLOCH, NACHTMYSTIUM et bien sûr le Black Metal is Rising à venir en juillet... se passeront aussi bien que ce grand moment de Black Metal que nous ont conjointement offert ABSU et IMPIETY, alliance de forces on ne peut plus attractive qui aura tenu toutes ses promesses.
| Voay 11 Avril 2012 - 1556 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Impiety c'était clairement plus efficace et limpide quand ils étaient encore 4, là c'était juste...sympa sans réel plus.
Quand a Absu...je sais pas, autant le live que j'ai pu voir d'eux au Party San m'avait clairement emballé, autant là... il manquait un léger truc.
Bilan mitigé en ce qui me concerne |
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1 COMMENTAIRE(S)
12/04/2012 03:55
Quand a Absu...je sais pas, autant le live que j'ai pu voir d'eux au Party San m'avait clairement emballé, autant là... il manquait un léger truc.
Bilan mitigé en ce qui me concerne