Euro Tour 2013

Premier concert de l'année en ce dimanche 27 janvier grâce une fois encore à Garmonbozia. Une rentrée musicale placée sous le signe de la weed et de la déconnade avec une affiche qui promettait d'être fort sympathique. Au programme trois groupes avec tout d'abord les français de GENITAL GRINDER suivit ensuite par les américains de GHOUL et de CANNABIS CORPSE. Deux groupes pour lesquels je voue une affection toute particulière et que je n'avais encore jamais jusqu'à aujourd'hui. Trois groupes pour la promesse d'une soirée détendue placée sous le signe d'un Death Metal qui sent bon la parodie et la franche camaraderie.

GENITAL GRINDER débute les hostilités à l'heure puisque le groupe parisien prend possession des planches sur les coups de 19h40. Du groupe, j'en suis resté à leur premier album éponyme avec le souvenir d'un Grind/Death sympathique sur l'instant mais franchement pas inoubliable. Et puis surtout le souvenir d'un album à la pochette absolument horrible. Depuis, j'avoue ne pas avoir cherché à rattraper mon retard. Peut-être aurais-je du car j'avoue que la prestation du groupe m'a plutôt convaincu. Et si le Glazart est loin d'être totalement remplie (dimanche soir + football à la télévision + Glazart = affluence réduite), il y a quand même un beau parterre de gens massés devant la scène. J'aurai bien de la peine à vous nommer les différents titres que le groupe a pu interpréter hier soir mais ce que je peux vous dire c'est que le GENITAL GRINDER d'aujourd'hui (enfin d'hier) se rapproche désormais beaucoup plus d'un groupe de Death Metal que d'un groupe de Gore Grind/Death. Malgré quelques petites blagues balancées ici et là entre les titres, le groupe n'est pas là pour amuser la galerie et propose un set carré et très professionnel très certainement tourné sur son deuxième album intitulé Compulsing Severing Art ainsi que son récent split avec Como Muertos. Du coup, me voilà rapidement emporté par ce Death Metal à l'ancienne rappelant souvent Cannibal Corpse, donc pas forcément très original mais terriblement bien exécuté. Le chant de Seb est particulièrement efficace, offrant un growl puissant et profond qui pose les bases d'ambiances bien lourdes et accompagnées par une quantité de riffs inspirés et puissants. Du blast, du riff et un growl bien caverneux. Il n'en faudra pas plus pour convaincre le public et susciter quelques mouvement de foules. Avant de quitter la scène, GENITAL GRINDER nous offrira également une excellente reprise de Sepultura en reprenant le titre "Desperate Cry" et son fameux refrain: Creation Of Insane Rule - All We Hear: Desperate Cry. Parfait.

Les suivants à monter sur scène sont les américains de GHOUL pour ce qui sera sans aucune contestation possible la meilleure prestation de la soirée. J'attendais beaucoup de leur set et je dois dire que je n'ai absolument pas été déçu. Loin du classique rangers/cuir/jeans noir, les membres de GHOUL ont opté depuis leurs débuts pour un côté redneck totalement assumé. Chemises à carreaux, jeans troués, t-shirts en guenilles et de belles cagoules en toile de jute maculées de sang et de tâches dont il vaut mieux ne pas connaître la provenance.
C'est un Dracula au rabais qui vient nous introduire le groupe originaire de Creepsylvania. S'en suivra un défilé de personnages haut en couleur tout droit sortis des meilleures série B. On retrouvera ainsi sur scène un flic zombie venue rétablir l'ordre à coup de baguette de pain délivrés sur la tête du public qui n'en demandait pas tant, un pape venu prêcher la bonne parole avant d'être sauvagement assassiné par un sombre individu venu lui déchiqueter la carotide, un monstre à l'air demeuré tenant dans les mains un (faux) singe de cirque décapité, un prêtre vaudou accompagné de sa dinde (fausse également) qu'il sacrifiera aux yeux de tous avant d'en offrir le sang (alcoolisé) à la foule, un mangeur de bébé etc... Bref, un florilège du plus mauvais goût mais d'une force comique telle que la prestation de GHOUL s'en trouve complètement sublimée. Le groupe enchaîne les tubes, passant en revue l'intégralité de ses quatre albums avec notamment les titres "The Lunatic Hour", "Off With Their Heads", "The Mark Of Voodoo", "Blood Feast", "Splatterthrash", "Gutbucket Blues", "Maniaxe", "Graveyard Mosh/Ghoul" non sans manquer d'humour, jouant pleinement le jeu d'un groupe venu d'un pays qui n'existe pas au service de situations gore les plus farfelues. Bref, je ne crois pas avoir jamais autant sourit à un concert tout en headbanguant comme un demeuré. Très gros plaisir que ce show grand guignolesque de GHOUL qui n'a presque rien à envier à Gwar. D'un point de vu strictement musical, le groupe n'a évidemment pas inventé l'eau chaude, se contentant de nous servir un Death Metal à l'ancienne s'inspirant très largement de Carcass mais aussi d'Impaled avec qui il partage quelques liens de parentés. Bref, un Death Metal primaire débordant d'énergie et de groove aux accents Thrash irrésistibles. Ceux d'entre vous qui n'y étaient pas peuvent clairement s'en mordre les doigts.

Ce sont les enfumés du bulbe de CANNABIS CORPSE qui viennent clôturer la soirée. Première surprise, ils ne sont que trois. Après vérifications faites sur Metal Archives, il s'avère en effet qu'il y a eu quelques changements de line-up ces derniers mois puisque Nick "Nikropolis" Poulos (guitare) et Andy "Weedgrinder" Horn (chant) ont tous les deux quittés le navire. C'est désormais Philip "Landphil" Hall qui se charge du chant (en plus de la basse) épaulé par Brent Legion à la guitare et HallHammer à la batterie. Alors que le public semble plus clairsemé, le groupe originaire de Richmond en Virginie entame son set mais connait très rapidement un petit problème technique qui vient malheureusement raccourcir le premier morceau de la setlist. Mais quelques minutes seulement suffisent pour comprendre qu'il sera bien difficile de passer après un GHOUL aussi magistral et théâtral. Clairement, il aurait mieux valu pour CANNABIS CORPSE de passer en second sur l'affiche et ainsi laisser GHOUL clôturer la soirée. Car sans avoir été mauvaise, la prestation de CANNABIS CORPSE a clairement manqué d'intensité et de puissance. Autant le groupe réussit à m'accrocher sur CD avec son Death Metal qui n'est ni plus ni moins qu'un énorme pastiche de Cannibal Corpse et Morbid Angel, autant je suis passablement déçu de leur prestation. Malgré tout, on retrouve quand même quelques tubes comme les excellents "Mummified In Bong Water", "Chronolith", "Addicted To Hash In A Tin", "Skull Full Of Bong Hits", "Where The Kind Lives" qui ne manque pas de groove avec en plus de bons riffs, quelques breaks fait pour mettre à rude épreuve vos cervicales. Malgré tout, l'impression générale dégagée en ce dimanche soir par le groupe fût loin d'être totalement positive. Un public clairsemé, un manque de puissance évident, une communication relativement limitée malgré les quelques tentatives de Philip "Landphil" Hall, des compositions simples et sans grande originalité (ce qui pourtant ne m'a jamais dérangé) font que j'ai malheureusement finit par décrocher à quelques minutes de la fin.

Je n'en attendais pas autant de GHOUL et j'en attendais sûrement davantage de CANNABIS CORPSE. L'un dans l'autre, le constat s'équilibre d'autant qu'à l'inverse je n'attendais rien en particulier de GENITAL GRINDER. Comme prévue, cette soirée fût une franche réussite, principalement grâce à la prestation incroyable de GHOUL, à la fois comique, énergique et terriblement jouissive. Je suis cependant moins enthousiaste face à CANNABIS CORPSE (malgré un set largement acceptable) que j'espère revoir un jour avec un second guitariste. Quant à GENITAL GRINDER, très bonne surprise puisque le groupe à fait montre d'une efficacité redoutable et particulièrement convaincante. J'ai encore quelques lacunes à corriger on dirait.