Death Profanation Fest Part II

Quoi de mieux que fêter le weekend pascal avec un concert de bon vieux death metal des familles?! C'est ce que proposait l'association nordiste Wolves Of The Underground fraîchement enterrée pour la toute première (et dernière donc) date parisienne de la "Lutecian sektion". Une affiche particulièrement intéressante puisqu'elle réunissait deux formations françaises qui montent et deux groupes européens bien underground qu'on est agréablement surpris de voir passer par Paris. Direction donc le Klub pour la deuxième fois de la semaine après Ketzer/Tribulation/Alchemyst/Venenum.

Bonne nouvelle, la soirée se fera dans la "grande" salle et non à la cave. Vu le peuple présent, heureusement j'ai envie de dire. Le Klub est en effet bien rempli, étonnant pour une affiche UG et avec la concurrence de Testament le même soir.

Le Death Profanation Fest II commence vers 19h30 avec les Provençaux d'AFFLICTION GATE. Troisième fois que je voyais le quintette en live mais première fois avec un vrai batteur (Laurent Michalak de Mercyless). Les prestations du groupe restaient de qualité même avec une boîte à rythmes mais il faut avouer qu'avec un humain derrière les fûts, ça prend tout de suite une autre dimension! Et du coup, ce fut clairement mon concert préféré des trois. Il faut dire que le son était en plus très correct, que l'ambiance décollait déjà avec pas mal de pogos devant la petite scène et surtout, que j'avais pu enfin me familiariser avec certaines compositions puisque j'avais reçu le dernier et très bon EP Shattered Ante Mortem Illusions pour chronique. Les trois morceaux, "Memories Of Battlefield", "Aftermath Curse" et "Raven... Never Again", seront d'ailleurs interprétés ce soir, aux côtés d'extraits du full-length Aeon Of Nox ("Knights Of Scorn", "The Worst Is Yet to Come"). Rien à redire sur la prestation de musiciens talentueux emmenés par un Herastratos, casquette vissée sur le crâne comme à son habitude, toujours aussi charismatique. Sans parler des riffs à l'ancienne affûtés et des leads mélodiques inspirées. Un vrai plaisir que d'entendre ce death metal old-school sombre, guerrier, épique et parfois mélancolique, qui a tout pour séduire les amateurs d'Asphyx, Bolt Thrower, Unleashed voire Incantation.

15-20 minutes plus tard, c'est au tour de FUNERAL WHORE d'enchaîner. On remarque tout de suite la jolie demoiselle à la guitare lead, Kellie, et le petit chanteur rasé, Roy, bien excité devant Affliction Gate. Au menu: du pur old-school Swedish death metal pas original pour un sou mais foutrement efficace. L'ambiance monte d'un cran et les pogos se font plus violents, avec même quelques slams. Roy viendra lui-même jouer des coudes avec les Parisiens en plein morceau! Les Néerlandais présentent principalement des morceaux de leur premier full-length sorti l'année dernière chez Chaos Records, Step Into Damnation ("Eternal Genocide", "Wasteland Of Corpses", "Camp Blood", "Step into Damnation", "Failure Of The Sacrifice". Et s'ils sont un peu trop génériques et répétitifs en CD, sur scène, ça déboîte sévère, pas le temps de s'ennuyer. Tchouka-tchouka thrashy, mid-tempos qui font bouger la tête toute seule, growls nerveux, leads mélodiques typiques du death scandinave, le tout servi par un bon son, le set de FUNERAL WHORE fut une belle boucherie.

Tout comme le concert de NECROBLOOD, mais pas dans le bon sens. À mon avis, c'est à eux qu'on devait une bonne partie de l'affluence, le combo étant bien suivi dans l'underground et jouant en plus à la maison. J'avais déjà pu m'apercevoir de la popularité de NECROBLOOD l'année dernière aux Combustibles (avec Affliction Gate à nouveau). Et si j'avais toléré le show à l'époque, il est beaucoup moins bien passé ce soir sur les trois quarts d'heure qui m'ont paru une éternité. Le son, gavé de basse, est hyper brouillon. Puis le guitariste Exekvtion souffre de problèmes techniques dès le premier morceau, contraignant la formation à une pause non prévue. Mais ce ne sont pas les raisons pour lesquelles je n'ai pas adhéré. Le black/death (de plus en plus death toutefois) bestial et occulte de NECROBLOOD n'est tout simplement pas ma came. Trop monolithique, trop primitif, trop répétitif malgré une brutalité suffocante et une atmosphère bien evil. Je devais être un des rares à m'ennuyer par contre parce que la fosse était complètement déchaînée, ça tartinait de tous les côtés (et bim, un gros bleu à chacun de mes tibias en souvenir!). Et Roy de FUNERAL WHORE, toujours devant à chercher la confrontation, n'a semble-t-il pas été lessivé de son concert avec son groupe! Grosse ambiance donc qui fait plaisir à voir, c'est déjà ça!

J'ai d'abord eu de la peine pour PROFANAL, qui clôturait ce Death Profanation Fest deuxième du nom. En bons chauvins, les Parisiens ont déserté le navire après NECROBLOOD. Les Italiens, pourtant emmenés par une demoiselle toute mimi (Rosy de son prénom), ont ainsi commencé leur gig devant un parterre très clairsemé. Mais l'efficacité redoutable du combo a finalement fait revenir les gens. La salle se remplit ainsi petit à petit et l'ambiance finît par devenir électrique. Reprise des pogos et des slams, le tout dans une ambiance virile mais correcte. Et entassement de personnes sur la scène à la fin du dernier morceau (avant un ultime rappel sur "Rotten Bodies Surfn")! De vrais enfants ces death metalleux! Et devinez qui était encore là? Ce sacré Roy bien sûr! Côté musique, PROFANAL, comme ses collègues de FUNERAL WHORE (avec lesquels ils avaient sorti le split Two Morbid Ways To Die en 2011, suivi par un autre avec mes chouchous d'Obscure Infinity), n'ont pas inventé la machine à courber les bananes mais n'ont rien à apprendre en termes d'efficacité et de bûcheronnage. Et le son est redevenu audible après le magma sonore de NECROBLOOD! Le death metal des Transalpins défouraille à mort, privilégiant les dynamiques urgentes (tchouka-tchouka accéléré, d-beat) même si de la place est laissée aux mid-tempos casse-nuques. On sent PROFANAL principalement influencé par la veille scène suédoise, avec quelques tâches US poisseuses entre Incantation et Autopsy. Bref, tout ce qu'il faut pour passer un bon moment. Et n'allez surtout pas croire que la frontwoman dénote. Non seulement elle semble connaître son affaire (t-shirt Necrowretch, fuck yeah!) mais malgré son gabarit mini, la bella ragazza possède des cordes vocales à faire trembler tous les mâles, même si son growl a tendance à partir dans le yaourt (pas bien de manger le micro!), donnant parfois l'impression d'écouter du goregrind, surtout sur du d-beat! Moi en tout cas, ça m'impressionne toujours! Cerise sur le gâteau, PROFANAL n'a pas oublié d'où il venait et a décidé de rendre hommage à deux combos oubliés. On a donc eu le droit à deux reprises: "Spawn Of Flesh" (God Macabre) et "Mourning" (Nirvana 2002). Elle est pas belle la vie?

Pas trop mal des fois, c'est vrai. Car si j'ai encore dû me coucher tard (fin peu avant minuit) et n'ai pas accroché à NECROBLOOD, je n'ai rien d'autre à redire sur une soirée death metal bien sous tous rapports. Et tout ça pour seulement 10€! Merci donc à l'organisation d'avoir booké cette belle affiche UG et merci aux groupes d'avoir assuré. C'est que j'en arriverais presque à aimer le Klub maintenant!