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Doomed Gatherings III - Jour 1

Live report

Doomed Gatherings III - Jour 1 Bathsheba + Demonic Death Judge + Egypt + Mantar + NNRA + Ramesses + Toner Low
Le 14 Mai 2016 à Paris, France (Glazart)
C'est déjà la troisième édition du festival Doomed Gatherings à Paris, et pour cette cuvée 2016, le line-up est plus qu'alléchant : Crowbar, Trouble, Ramesses, Elder ou encore Samothrace, de quoi attirer les passionnés du genre. Si bien des formations se regrouperont sous cette bannière « doom » durant cet événement, la diversité des ambiances et des prestations proposées permettent de profiter pleinement de chaque concert. Pour l'occasion, le Glaz'art a d'ailleurs aménagé une plage avec sable, transat et sonos, une configuration au goût de plus d'un festivalier.

L'ouverture du festival est confiée aux Belges de Bathsheba. Formation encore récente et n'ayant à son compteur qu'un EP, celle-ci est composée de musiciens ayant déjà une certaine expérience de la scène, officiant ou ayant participé à des groupes tels Sardonis, Torturerama ou encore Serpentcult. Bien que le combo soit encore jeune, sa musique affiche déjà une certaine maturité, dans un registre doom qui me fait parfois penser aux excellents The Wounded Kings. Mais si la filiation à ce genre est évidente, Bathsheba brouille les pistes en incorporant des éléments tirés du black metal afin de dynamiser leur propos. Et je ne peux que regretter que cette voie ne soit pas plus explorée par les Flamands, quitte à délaisser certaines traces de doom. Le mélange est réellement intéressant et permettrait au quatuor de se démarquer avec aisance des nombreuses formations évoluant dans le milieu. Quoi qu'il en soit, les titres restent globalement accrocheurs et on se retrouve bien vite happé dans l'ambiance sombre du groupe. La chanteuse Michelle Nocon s'avère impeccable dans son rôle de frontwoman, tant dans son chant clair que dans les parties extrêmes, et si sa voix est sous-mixée au début de la prestation, elle se fera plus audible au fur et à mesure du set. Pour une entrée en matière, en voilà une des plus plaisantes, et on attendra l'album du combo avec impatience pour juger des pièces présentées en format physique. Un début prometteur qui augure du bon pour la suite des évènements.

Le groupe suivant m'intriguait particulièrement : NNRA, combo français fraîchement arrivé sur le terrain, se produisant pour la première fois lors du Doomed Gatherings. Et si toutes les conditions étaient réunies pour me plaire sur le papier, je n'ai malheureusement pas réussi à être convaincu par la prestation du groupe. Les titres proposés me donnaient la triste impression de taper dans le vide : montant en puissance pour ne jamais atteindre d'apogée, laissant une impression frustrante d'inachevé. Je n'ai pourtant rien à redire des musiciens composant le projet, tous très professionnels, expérimentés et investis dans la performance, semblant nettement plus happés par leurs propres compositions que je ne l'ai été. Mais à aucun moment je n'ai pu ressentir la moindre ambiance planer sur le Glaz'art. Là où je m'attendais à être immergé, je suis resté à quai, observant le spectacle de façon distante. Les moments plus intenses manquaient d'un final percutant qui aurait laissé une trace mémorable de la prestation. On retiendra, à la place, une expérience qui aurait pu être séduisante, mais qui aura manqué de me toucher. Dommage.

Changement de plateau et voilà qu'il est temps d'accueillir les Finlandais de Demonic Death Judge, qui officient dans un registre bien différent de leurs confrères ayant joué précédemment. Pensez donc à une base sludge sur laquelle se greffe de multiples influences, aussi bien blues que hardcore, black ou stoner, et la débauche d'énergie présentée par ces énergumènes faisait plaisir à voir. Seulement, au risque de passer pour un grognon qui n'apprécie rien, je n'ai pas réussi à adhérer aux compositions des fougueux finlandais. Sympathique au début, la prestation va rapidement commencer à me lasser. Le chant, correct mais très générique ne m'a pas permis d'être transporté dans l'ambiance et je termine par quitter la salle au bout d'une trentaine de minutes sans trop de regrets. Quand ça veut pas, ça veut pas.

Si les deux précédents groupes m'ont laissé froid, Egypt va rapidement mettre fin à ce climat glacial en réchauffant considérablement l'atmosphère de la salle. Les Américains ont une réputation scénique qui leur est favorable, et vont prouver que celle-ci n'est pas usurpée en délivrant une prestation impeccable. Leur stoner nous plonge en plein désert, et cette aridité se retrouve également dans la voix rugueuse d'un Aaron Esterby très à l'aise derrière le micro. Parents d'un rejeton nommé Endless Flight sorti l'année passée, le trio lui laissera une place d'honneur dans la setlist. Et si le disque dégage déjà une atmosphère prenante, force est de constater que celle-ci est parfaitement retranscrite en concert. Malheureusement, les aléas du festival contraindront Egypt à écourter sa performance, à la suite d'un gros retard au niveau du running-order. Une situation qui semble contrarier les musiciens, n'ayant pu jouer sur l'ensemble de la durée qui leur était impartie. Dommage, car on tenait là l'une des meilleures prestations de la journée, et peut-être même du Doomed Gatherings.

Bien qu'excellente, la performance d'Egypt n'était pas la plus vigoureuse de la journée. Cette ambiance aride, presque pesante, va rapidement être balayée par une débauche d'énergie du duo survolté qu'est Mantar. Et les deux hommes ne manquent ni d'entrain, ni de talent : littéralement possédés par leur musique et s'agitant frénétiquement sans qu'aucun signe de fatigue n'apparaisse, les musiciens vont offrir au public parisien une prestation digne de ce nom, alliant une attitude presque punk et une partition carrée et propre. Cet entrain affiché par les Allemands n'est en aucun cas une façade pour masquer une quelconque vacuité question compos. Au contraire, les influences brassées par le duo permettent au groupe de se forger une véritable personnalité, dans un mélange de sludge, de black taillé pour la scène. C'est d'ailleurs de là que viendra le défaut principal de la prestation, à vrai dire. Les pistes sont entraînantes et emportent l'adhésion sans grandes difficultés mais le combo joue sur cette dynamique durant l'intégralité de son set. Par conséquent, si certains titres restent en tête des heures après le concert du groupe, d'autres passent à la trappe quasi-immédiatement. Rien de bien dérangeant, car les moments de faiblesse seront rares et le temps de jeu accordé au groupe défilera bien trop vite. Quand les deux Allemands tirent leur révérence, c'est à peine si on a vu le temps passer.

Au Doomed Gatherings, on aime jouer sur les contrastes. Mais il fallait bien que le nom du festival soit raccord avec la musique. Alors on range l'énergie au placard, une fois de plus, pour accueillir comme il se doit LA prestation placée sous le signe de la pesanteur : celle de Toner Low. Forts de trois disques, les Néerlandais auront d'ailleurs l'opportunité d'interpréter en intégralité chacun de ces albums durant les trois jours. C'est donc le premier album du trio (+ un chanteur d'une utilité discutable intervenant à de rares occasions) que le groupe jouera et autant le dire : c'est lourd. Très, très lourd, avec une influence Dopesmoker de Sleep très prononcée dans le son et les compositions, ce qui n'est pas pour me déplaire. Les parties lourdes seront d'ailleurs le point fort de Toner Low, celles-ci assénant de véritables coups de massue sur la tronche et plongeant dans un état presque cathartique. On se laisse aller en fermant les yeux au gré des assauts du trio néerlandais. Chaque membre est d'ailleurs très concentré à la tâche, en particulier le guitariste Daan, regardant sans cesse son instrument, un casque vissé sur ses oreilles. Son attitude contraste avec celle de la bassiste Miranda, possédée par sa partition. J'aurais presque adoré cette prestation si un détail ne m'avait pas gêné, à savoir des moments presque vides. Quand le combo ne martèle pas sur son auditoire à coup de riffs, il se fait plus atmosphérique, et je dois dire que ces instants étaient souvent trop longs, et ennuyeux. J'étais déjà mitigé concernant le format physique à cause de cet aspect, je retrouve ce même sentiment quant à leur prestation. Dommage. Toujours est-il que Toner Low a offert un show de qualité, et qu'on en goûtera à nouveau avec plaisir les jours suivants (#spoil).

Quoi de mieux pour clôturer cette journée qu'une formation comprenant des anciens membres d'Electric Wizard? La tâche est ainsi confiée à Ramesses, que j'attendais de pied ferme. Une attente qui sera à la hauteur de ma déception devant ce concert. Parce qu'on tenait possiblement ce qui restera pour moi la pire prestation du premier jour. Si jusqu'ici, le son était de bonne qualité, il deviendra soudainement médiocre, rendant difficile l'appréciation des morceaux joués par le groupe. Difficile de distinguer réellement des éléments marquants surnageant de cette masse informe, si ce n'est les pains de Greening derrière les fûts. Entre cet élément perturbateur et l'impression que tous les titres se ressemblent sans faire preuve de véritables variations, l'ennui pointe vite le bout de son nez. Seuls les morceaux issus de l'album Take the Curse réussissent à retenir mon attention. Une bien triste façon de terminer un premier jour de festival, et un show que je préfère rayer de ma mémoire pour garder une image correcte de Ramesses.

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Juin 2016
  

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Bathsheba
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Doom Metal - 2013 † 2018 - Belgique
  
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Demonic Death Judge
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Egypt
2003 † 2018 - Etats-Unis
  
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2012 - Allemagne
  
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NNRA
2016 - France
  
Ramesses
Ramesses
Cold Doom / Death - 2003 † 2021 - Royaume-Uni
  
Toner Low
Toner Low
1998 - Pays-Bas
  

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