Doomed Gatherings III - Jour 2
Live report
Doomed Gatherings III - Jour 2 Conan + Crowbar + Hang The Bastard + Mammoth Weed Wizard Bastard + Samothrace + Throw Me In The Crater + Toner Low + Trouble
Le 15 Mai 2016 à Paris, France (Glazart)
Après un Samedi plutôt satisfaisant, j'étais impatient d'entamer cette seconde journée des Doomed Gatherings, et en particulier de revoir Trouble qui m'avait séduit il y a deux ans. Mais avant que les Américains n'entrent en scène, de nombreuses formations doivent se produire, et on commence par…
Throw Me In The Crater, qui nous vient tout droit des Pays-Bas. Et si leur nom m'a échappé durant l'intégralité du festival, il en sera de même pour leurs compositions qui entrent par une oreille pour immédiatement ressortir de l'autre. En gros, mise à part une influence Down marquée et des passages plus pesants qui me feraient presque adhérer à leur show, difficile de retenir quoi que ce soit du concert des Néerlandais. Leur jeu de scène déchaîné et les vocaux enragés du chanteur m'ont en soi fait plus d'effet que leurs titres, ce qui n'est pas franchement un signe positif. Peut mieux faire.
« Jamais content AtomicSchnitzel, t'es allé à ce festival uniquement pour râler ou quoi? ». Oui, car le doom rend aigri. Et si, tout naturellement, je n'attendais strictement rien de la prestation des Gallois de Mammoth Weed Wizard Bastard (ce nom, sérieusement), les premières notes vont me faire ravaler immédiatement les préjugés. C'est gras, c'est lourd, c'est doom, et on prend de véritables claques enfumées riffs après riffs. Le tout porté en premier lieu par une très jeune chanteuse / bassiste au look sage et adolescent avec un col Claudine et une voix hyper fluette et juvénile, contrastant avec la musique qui assène des coups de massue au public. Comme si Undersmile se cachait derrière les murs de fumée d'Electric Wizard, desquels s'échappe un doux son angélique qui vous attire. De ce fait, l'ambiance en devient carrément hypnotique et on se laisse aller au gré de la prestation sans opposer aucune résistance. La longueur des pistes n'est en rien un obstacle à l'immersion, bien au contraire, leur durée permet au quatuor de tisser sa toile autour de l'auditoire pour mieux l'attraper et le prendre par surprise. L'une des plus grosses surprises de ce festival, et une formation à surveiller de toute urgence! Un envoûtement qu'on aurait bien goûté plus longtemps.
Pour succéder à cette baffe inattendue, place à Hang The Bastard qui interprète l'un de ses derniers concerts avant sa séparation définitive. Et c'est le retour du son pourri, à croire que ce sera une malédiction pour les groupes Anglais. Difficile ainsi de comprendre réellement les compositions du groupe, qui ont l'air bien vener s'il en est, mais qui me font le même effet que celles de la première formation de la journée : aussitôt écoutées, aussitôt oubliées. Aigri un jour, aigri toujours, je sais. Bon, à leur décharge, les musiciens avaient l'air surexcités et sans doute voulaient-ils offrir un dernier concert de qualité en territoire hexagonal. Pour le coup, c'est plutôt raté pour moi, mais j'espère que les fans présents ont apprécié ce show d'adieu.
Une journée en dent de scie, donc, avec une excellente prestation pour deux en demi-teinte. La logique voudrait donc que celle de Samothrace soit convaincante et confirme tout le bien que je pense déjà de cette formation américaine. Bingo, ce sera le cas, même si là encore des problèmes de son entacheront la performance sur quelques aspects, notamment au niveau de la guitare. Heureusement pour moi, déjà acquis à leur cause, leurs titres passeront comme une lettre à la poste et l'ambiance doom du quatuor m'immergera complètement, au point de me faire oublier la présence des autres festivaliers. Une différence de taille subsiste cependant entre leurs morceaux en format physique et leur interprétation scénique : la place de la batterie. Celle-ci se montre bien plus présente sur les planches, quasi centrale dans la performance et l'excellent jeu du batteur impressionne par sa précision. Peu loquasse, la formation enchaîne les morceaux tout en assurant une communication minimale avec la foule. L'élément me frappant le plus dans cette prestation de Samothrace, c'est l'intensité des montées en puissance façonnées par le groupe. Toujours justement dosées, toujours d'une puissance vous prenant aux tripes, elles ne sont jamais gâchées par la moindre longueur. Et si le chant est loin de s'avérer primordial, les vocaux âpres et écorchés de Bryan Spinks complètent le tableau à la perfection. L'une de mes performances favorites du week-end, qui s'avérera aussi jouissive à Nantes quelques jours plus tard. A ne pas manquer s'ils passent non loin de chez vous.
Si Samothrace s'est aventuré sur les territoires européens, c'est pour assurer la première partie de Conan que l'on ne présente plus. Or, surprise, pas de trace du trio anglais à l'affiche. Non, la formation supposée se produire après, c'est Altered Beast, vestige oublié du doom, récemment reformé… selon l'organisation du Doomed Gatherings. Car, en réalité, il s'agit tout simplement de Conan qui s'est caché sous un faux nom. Un Conan se retrouvant d'ailleurs dans une configuration particulière, Chris Fielding étant absent et se voyant ainsi remplacé par Renata Castagna à la basse, celle-ci s'étant déjà produite avec Samothrace en tant que guitariste. Les Anglais reprennent donc leurs bonnes vieilles habitudes, en délivrant un stoner/doom lourd et puissant, toujours avec ce même son étouffant et écrasant tout sur son passage. La voix de Jon Davis est toujours la même, à la fois aiguë et guerrière, le frontman paraissant déterminé et habité par sa musique. Le changement principal viendra de la setlist, comprenant cette fois-ci de nombreuses pistes extraites du nouvel album Revengeance, et les vocaux graves de la bassiste Renata pour seconder le chant de Jon. Si le premier point est positif, les morceaux du nouveau disque s'avérant tout aussi jouissifs que les anciens, la voix de la chanteuse / bassiste peinera à me convaincre par son aspect monotone et sa fausseté récurrente. De plus, des modifications ont été apportées tant dans le look que le jeu de scène des Anglais : exit les capuches, adieu la communication inexistante, place aux visages découverts, aux grands sourires et aux paroles entre les titres. On aime ou pas, mais leur ancienne configuration apportait un charme qui fait défaut désormais. Ce point relève cependant du détail, et la prestation m'aura réellement convaincu : Conan a frappé fort, et confirme tout le bien que je pensais d'eux. Assurément un groupe de scène.
Toner Low, acte II. La prestation de la veille m'a laissé un souvenir positif des Néerlandais, et ce son à la Dopesmoker de Sleep m'a trotté dans l'esprit pendant toute la soirée d'hier. Cependant, les moments de vide m'auront laissé sur ma faim, tout comme sur album. J'avais néanmoins des craintes avant le concert, Toner Low II m'ayant moins plu que son prédécesseur. Et ces frayeurs se confirmeront sur scène. Encore une fois, rien de véritablement mauvais, et encore moins de passages à vide, par ailleurs, que lors de la prestation de la veille. Mais l'ensemble du set ne m'a pas marqué outre mesure. Les instants de pesanteur semblent moins efficaces, comme atténués, et si les musiciens sont toujours aussi efficaces à leur poste (mention spéciale au batteur), je n'arrive pas à m'imprégner de l'ambiance instaurée par le trio. Tant pis pour cette fois. Heureusement, le lendemain, ce sera Toner Low III, mon petit favori, qui sera interprété. (#spoiler)
Cette excellente seconde journée me faisait de l’œil pour une raison en particulier, et celle-ci s'appelle Trouble. Ayant pu assister à une prestation du groupe il y a deux ans en compagnie des excellents Jess and the Ancient Ones, j'ai été littéralement soufflé par la maîtrise et l'intensité du show des Américains. Et ces vétérans, avec plus de trente années d'activité au compteur, vont montrer toute l'étendue de leur talent et de leur expérience en cette soirée. Dès l'ouverture « The Tempter », Trouble mettra tout le monde d'accord tant le titre fait des miracles sur scène. Que ce soit l'attitude des musiciens visiblement très heureux d'être là, et en particulier de Kyle Thomas venant régulièrement au contact du public, mais aussi et surtout par la justesse de l'interprétation, on sait par avance grâce à tout ça que la performance ne décevra pas. L'énergie dégagée par le show des Américains est différente de celle de Mantar la veille mais possède cette même faculté communicatrice. Et si l'adhésion est déjà complète, le quintette va se lancer dans une reprise de « Supernaut » de Black Sabbath parfaitement réussie, et notamment sur le plan vocal où Kyle impressionne, s'appropriant complètement le titre. Une dizaine de pistes seront jouées, et le temps défilera à la vitesse de la lumière. Trouble est venu, et repart victorieux : de très loin l'une des prestations les plus réussies du festival.
Il est déjà temps de clôturer cette journée, et pour cette tâche, c'est Crowbar qui s'y colle. Cependant, contraint de partir avant la fin pour ne pas rater le RER, je ne pourrais pas voir le concert dans son intégralité. Toujours est-il que la petite moitié à laquelle j'ai assisté était des plus convaincantes, les Américains ayant notamment interprété « The Lasting Dose » et « To Build a Mountain », faisant de moi un homme heureux. Et la qualité de la prestation me fait amèrement regretter de devoir m'éclipser après sept titres. D'autant plus qu'il s'agissait potentiellement de la meilleure performance de Crowbar à laquelle j'ai pu assister jusqu'ici. Plus qu'à espérer avoir droit à une séance de rattrapage un jour ou l'autre.
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