Après une courte nuit de 2 heures et un bon vieux levé à 4h du matin, direction l’aéroport de Marignane et un vol pour Amsterdam avant de choper un train pour Tilburg. M’étant fait enlever une dent de sagesse une semaine avant, je déguste encore sévèrement de la mâchoire mais, comme le veut la tradition des festivals,
extreme conditions demand extreme responses !
DAY 1 : RIP Jeff
Ça fait du bien de revenir dans cette petite ville du sud de la Hollande deux ans après un Roadburn mémorable. Notre hôtel étant à 100 mètres de la salle, un gros calage se profile et on reprend place en terrasse au café Studio pour s’enfiler les premières Affligem du séjour, avant d’aller chercher nos bracelets pour partir en guerre car c’est bien de cela dont il s’agit : une guerre de 3 jours à laquelle nous allons assister mon acolyte Alexis et moi-même.
Le festival, qui fête ses 10 ans, est organisé sur 3 scènes, une grande (Main Stage), une moyenne (Green Room) et une toute petite, la Batcave, où l’on ne mettra jamais les pieds (aucun groupe, excepté SVART CROWN ne m’intéressait sur l’affiche). Comme c’est le premier jour, les concerts ne commencent qu’à 18h, ce qui laisse pas mal de temps pour siffler du houblon tout en profitant d’un soleil qui n’aura cessé de briller pendant 4 jours. Etant venu en terre batave 9 ou 10 fois, c’est bien la première fois que je ne me fais pas arroser !
Connaissant le 013 Poppodium, je reprends très vite mes habitudes en entrant dans la salle: il y a des comptoirs à boissons un peu partout et des distributeurs à jetons à foison, ce qui ne laisse aucune place pour une éventuelle gorge sèche. Certains murs sont recouverts de superbes affiches faites spécialement pour l’occasion par Costin Chioreanu, artiste ayant réalisé les pochettes d’albums de nombreux groupes comme GRAVE ou encore DARKTHRONE. "Ecstasy In Decay" passe en fond, les t-shirts de DEVOURMENT fourmillent de partout, il n’y a pas de doute à avoir, on est bien dans un festival de death et malheureusement, la mort a frappé la veille…
INIQUITY (Main Stage | 18h-18h40)
… et c’est le chanteur du combo Danois qui nous apprend la mauvaise nouvelle : la mort d’un Jeff dont nous n’arrivons pas à savoir qui c’est sur le moment. Je me mets à stresser : Jeff Loomis, Jeff Beck, Jeff Waters, Jeff Becerra ???… non bordel, c’est Jeff Hanneman qui a tiré sa révérence. Les hommages, mérités pour cette légende, ne cesseront de pleuvoir tout au long du fest. RIP Jeff.
Mais parlons death Metal maintenant. Je ne connaissais pas Ies Danois d’INIQUITY avant le Neurotic et ça m’a bien plu, même si l’originalité n’était pas de mise. On a eu à faire à du bon vieux death old school avec son lot de riffs canniboulesques alternant avec des breaks bien ralentis, presque doom. Le set, même si il n’est pas mémorable, fait office de bon warm up et comme je n’en attendais rien, j’en suis plutôt satisfait. Ils ne m’ont cependant pas donné envie plus que cela de me pencher sur leur carrière.
BODYFARM (Green Room | 18h40-19h10)
Changement de scène pour aller voir les locaux (ils sont d’Utrecht) de BODYFARM dans la Green Room, qui est très petite et rapidement étouffante. Peu importe, on tape l’incruste et ça en valait la peine car le groupe fait plaisir à voir sur scène avec son death plein de toupa-toupa à l’ancienne, ses passages crust mais également des phases de lourdeur bien pesantes. Leur son est bon, les compos de leur premier album "Malevolence", bien exécutées et on aura même droit à un morceau du futur album. J’avais déjà bien aimé leurs morceaux sur galette mais j’ai trouvé encore mieux la transition vers la scène. Un groupe à suivre.
DECAPITATED (Main Stage | 19h10-19h50)
Je n’ai pas écouté le dernier album en date des Polonais, l’ami Thomas Johansson me l’ayant fortement déconseillé, mais j’avais quand même envie de revoir DECAPITATED plus de 10 après une première en compagnie de VADER et KRISIUN. Par rapport aux deux premiers groupes, on sent toute de suite plus de professionnalisme et surtout plus de moyens. Je ne connaissais au final que très peu de titres, le dernier album ayant été privilégié essentiellement, mais leur set m’a bien botté grâce à un son impeccable, une bonne présence scénique et un public très réactif, la grande salle s’étant bien remplie entre temps. Ils finiront leur set par un morceau de "Organic Hallucinosis", "Day 69" si mes souvenirs sont bons, précédé d’un riff de "Dead Skin Mask" en hommage à qui vous savez.
Pas intéressé par STRONG INTENTION, MORBID SAINT et PUTRIDITY. Pause bières, kebab et clopes
DEVOURMENT (Main Stage | 21h30-22h10)
Voilà le premier groupe que j’attendais fermement et ce, pour deux raisons, la première étant que je ne les avais jamais vus et la seconde concernant le degré de violence qu’ils étaient capables d’apporter sur scène, après deux derniers albums totalement différents de ce qui me plaisait chez les texans sur "Butcher The Weak" et "Molesting The Decapitated". Bon, autant être franc immédiatement, j’ai morflé et putain, qu’est-ce que c’était bon ! Une violence inouïe, un sens du groove (on se comprend j’espère) imparable… bref un véritable rouleau compresseur ! La fosse est mortelle avec un circle pit ininterrompu qui fait plaisir à voir sur des morceaux comme "Babykiller", "Autoerotic Asphyxiation" (RIP David Carradine !) ou encore "Legalize Homicide" du dernier album "Conceived In Sewage". Le délire fut encore plus accentué lorsque le bassiste enfila un masque de cheval provocant chez moi un fou rire assez incontrôlable. Sur le coup, je me suis dit qu’il n’y aurait pas plus violent sur les 3 jours mais "Unfathomable Ruination" me fera réviser mon jugement plus tard. On y reviendra…
VADER (Green Room | 22h10-22h40)
VADER devait jouer en premier sur la main stage mais un changement de running order la veille fait qu’ils ont fini dans la Green Room. J’étais donc inquiet sur la capacité de cette salle à pouvoir les accueillir et mes doutes étaient bel et bien fondés : les gars de la sécurité filtraient à l’entrée pour éviter un mouvement de foule incontrôlable mais même avec cela, c’était suffocant et ingérable. J’ai réussi à me caler en fond de salle après pas mal d’efforts et après avoir croisé un mec avec le visage ouvert et plein de sang, ambiance… Au final, je n’ai pu entendre que 3-4 morceaux, dont l’excellent "Back To The Blind", puis je me suis résigné à quitter la salle avant d’être trop énervé et d’avoir envie de distribuer de la mandale aux kids déjà insupportables, bien trop nombreux pour une si petite surface. Pas mal de regrets car les Polonais étaient en forme et le son vraiment bon. Mais peu importe, la suite me redonnera la pêche instantanément : je croise les mecs d’IMMOLATION, je me prends une pression et surtout, arrivé dans la main stage, je vois le logo de DEATH en fond…
DEATH TO ALL (Main Stage | 22h40-00h10)
La grande salle est pleine, tout le monde semble déjà à fond et le set proposé par Matt Harvey (EXHUMED, guitare/chant), Scott Clendenin (Basse), Gene Hoglan (Batterie), Bobby Koelble (Guitare) et Shannon Hamm (Guitare, j’avoue que je ne suis pas sûr que ce soit lui et je n’ai pas trouvé de confirmation) restera gravé dans ma mémoire à jamais. Contrairement à certaines dates dont j’avais pris connaissance sur le net et où ne figuraient que des titres des 4 premiers albums (surtout de "Human"), nous avons eu droit ici à un véritable best of retraçant l’ensemble de la carrière des légendes du death metal.
Matez moi donc cette setlist : "Leprosy", "Zombie Ritual", "Living Monstrosity", "Flattening Of Emotions", "Suicide Machine", "Lack Of Comprehension", "Overactive Imagination", "The Philosopher", "Trapped In A Corner", "Zero Tolerance", "Crystal Mountain", "Symbolic", "Bite The Pain", "Flesh And The Power It Holds" et "Pull The Plug" en rappel.
Le public est à fond et reprend majoritairement ces classiques du metal, que ce soit par la voix ou en mimant un instrument ; j’ai mixé les deux, j’étais comme un gosse tout en étant conscient que je ne voyais quand même pas DEATH mais DEATH TO ALL …
… Car non, DEATH TO ALL n’est pas DEATH. Sans Chuck Schuldiner, ce n’est pas possible. Mais ce n’est pas non plus qu’un simple tribute band vu les membres qui le composent (Gene Hoglan, phénoménal). Et au final, entendre ces morceaux en live, c’était tellement inespéré que voilà quoi ! J’en pardonne du coup bien volontiers aux quelques soli moins bien exécutés (n’est pas Chuck qui veut) car dans l’ensemble, c’était quand même de haute volée.
L’ombre de Chuck a plané tout le long du set au-dessus de nos têtes et l’émotion était à son apogée. Grandiose. J’ai peur à cet instant de ne pas être concentré pour OBSCURA mais en fait non, je vais me reprendre une bonne petite baffe avant d’aller me pieuter…
OBSCURA (Green Room| 00h10-00h50)
… car les Allemands m’ont littéralement scié ! Visiblement très contents d’être au Neurotic pour la troisième fois, le combo de Steffen Kummerer et Christian Muenzner nous a délivré un set terrible, plein d’énergie et époustouflant de technicité. Le fait d’être à moins de deux mètres de la scène face à ces monstres de virtuosité m’en a bouché le rectum et entendre des titres comme "The Anticosmic Overload", "Incarnated", l’excellent instrumental "Orbital Elements" ou encore des titres tirés de "Omnivium" comme "Vortex Omnivium" aura fini d’achever un premier jour parfait.
Trop crevé pour aller boire une énième mousse, c’est l’heure de rentrer à l’hôtel, de croiser Matt Harvey dans l’ascenseur, de lui dire que DEATH TO ALL c’était awesome et d’aller pioncer les pieds en compote et la tête déjà pleine de bons souvenirs.
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