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Sylak Open Air 2013

Live report

Sylak Open Air 2013 Eyehategod + Agnostic Front + Mumakil + Mondo Generator + Valient Thorr + Cult Of Occult + Biohazard + The Amsterdam Red Light District + Sedative + Downset
Du 09 Août 2013 au 11 Août 2013 à St Maurice de Gourdans, France
Un festival de metal et styles associés à 30 minutes de Lyon ? Comment dire non ? En tout cas, ne comptez pas sur moi pour vous donner une réponse car c’est avec grand plaisir que j’ai participé à la déjà 3ème édition du Sylak Open Air à Saint-Maurice de Gourdans dans l’Ain. Fort de quelques gros coups lors des précédentes croisades (Napalm Death, Hatesphere, Benighted, Dagoba…), l’organisation avait cette année encore préparé une affiche aux petits oignons, avec différents accompagnements selon l’appétit de chacun : sauce grindcore, marinade de sludge, relevé de hardcore ou le plus classique jus au hard rock/stoner. Après le Hellfest, retrouver un festival à taille humaine est très plaisant. Ici pas d’interminables attentes au bar ou pour aller vidanger le surplus de liquide engendré par la consommation d’une certaine boisson maltée. De plus, la scène est ensoleillée mais les arbres à proximité permettent de garder un peu de fraîcheur pour prévenir les plus remuants danseurs d’un casque assuré. J’ai même eu l’occasion de tester la tente des secours et je dois dire que les coups de désinfectant m’ont été administrés avec le plus grand professionnalisme. Quant à la faune, elle est assez variée et c’est avec amusement que je vois beaucoup de parents avec leurs enfants, ce qui amènera quelques scènes cocasses durant le weekend. Comme souvent toutes les générations sont présentes, dont les plus vieilles attirées par la venue d’Elmer Food Beat j’imagine. L’ambiance est au beau fixe malgré des échauffourées entre crânes rasés – on sait tous desquels je parle – et chevelus devant le bar en fin de journée le dimanche. Cependant, ma grosse surprise est le camping que j’attendais envahi par une espèce sauvage estivale à la toison virant du bleu au vert, appelée Quetchua 2s, ce qui était loin d’être le cas. Un vrai plaisir alors de pouvoir tenir une discussion avec ses voisins sans être interrompus toutes les cinq secondes par une des rares élocutions dont sont capables les metalleux moyens – qui a dit gros cons ? – en mal d’alcool après la nuit tombée. Vous comprendrez évidemment que je parle de la tristement célèbre triplette "Apéro, Ta gueule et Paye ta chatte". Tant qu’à me faire emmerder par des gueulards, je préfère assister à une discussion du plus haut niveau philosophique comme par exemple un débat enflammé sur la véritable prononciation entre "pâté croûte ou pâté EN croûte". Je remercie donc ces Bernard Pivot de la franchouillardise pour ce fou rire qui raviva la flamme de mon petit cœur triste d’apprenti doomster après une soirée mousse/dj set bien morne le vendredi en ouverture du festival.

Samedi

CULT OF OCCULT (France)

Le nom des Lyonnais m’ayant beaucoup sifflé aux oreilles depuis quelques temps, notamment à cause de leur présence au Yellfest fin août, j’attendais avec curiosité de les voir sur scène pour savoir de quoi il en retourne côté son, car j’avais déjà ma petite idée côté attitude et ambiance au vue de leur patronyme. Effectivement, il ne m’aura pas fallu longtemps pour comprendre que j’étais dans le vrai : les quatre worshippers arrivent tout de noir vêtus et encapuchonnés, sans dire mot. On n’est pas trop là pour rigoler, encore moins quand ils commencent à jouer : du doom. Sismographe de rigueur pour prendre la mesure de la lourdeur dégagée par leur musique, mon copain Richter me dit trop. Trop, ça l’est mentalement pour bon nombre de spectateurs n’encaissant pas le premier titre In Vino Veritas, tiré du nouvel album du groupe, qui fuiront les garde à vous du majeur du chanteur accompagnant sa haine vocale. "I’m drunk, fuck you, I hate you"... Ils méritent bien une comparaison flatteuse avec un groupe parisien de vandales hooligans dont le nom m’échappe – K…elquechose – tellement ils nous chient allègrement dessus. Le duo basse/batterie plombe l’ambiance tandis que la guitare s’amuse à envoyer des droites en slow motion à répétition jusqu’à ce que le sang bouillonne dans le crâne avant d’être expulsé par un solo enfumé et hypnotique. Dix minutes se sont écoulées, une éternité dans ma tête. Coma et léthargie suivront, impossible d’en dire plus, la paralysie psychique m’ayant gagné.

VALIENT THORR (USA)

Je ne connaissais pas ce groupe au potentiel charisme élevé, qui pratique un hard rock/stoner somme toute assez banal mais ô combien plaisant en live à l’heure de la digestion. Les poils, la barbe et les chemises à carreaux semblent être la norme dans cette scène et Valient Thorr ne déroge pas à règle, malgré que le chanteur présente la particularité de porter des espèces de bottes hautes de boxe, ce qui me le rend tout à fait sympathique. De plus le bonhomme est très communicatif et saute dans le public pour lancer le premier "rameur" du festival. Côté musique, je ne vous ferai pas l’affront de vous expliquer ce à quoi ressemble leur style, tout le monde connaît la recette : guitares ensoleillées aux relents sexuels et base rythmique basse/batterie pleine de groove qui ferait tortiller du boule n’importe quelle fan de cowboys. La prestation est enjouée, mais aussi jouée de façon carrée et avec le sourire. Que demande le peuple, au diable l’originalité !

MONDO GENERATOR (USA)

Comment est-ce possible ? Je veux dire, comment voulez-vous résister quand ce vaurien de Nick Oliveri fait ses balances sur « Allen’s Wrench » de son ancien groupe Kyuss ? Dès ce moment-là, mon cœur est déjà conquis et ce sentiment de plénitude engendré par la vue d’un musicien ayant joué dans deux groupes possédants une énorme influence sur moi, n’est que renforcé par la pléiade de tueries qui sont jouées, notamment « You Think I Ain’t Worth A Dollar… But I Feel Like A Millionaire » et « Quick To The Pointless » de QOTSA, ainsi que « Green Machine » de Kyuss en fin de set. On reste sur un stoner rock classique mais à fort potentiel tubesque donc. Malgré tout je reste sur ma faim car le temps de jeu est trop court, seulement une petite demi-heure et la communication avec le public quasi inexistante. En revanche, le point positif que j’en retire est l’énergie pure déployée par Oliveri et ses acolytes : un feeling punk sans fioritures, représenté par la voix over-the-top du barbu rasé et la dégaine de garagistes de la bande – shirt Clutch, trucker, baseball tee. Si ça ne vous donne pas envie de passer vos prochaines vacances sous le soleil de Palm Desert, c’est à n’y rien comprendre.

EYEHATEGOD (USA)

Voir un groupe aussi renommé que ces légendes du sludge estampillé NOLA dans un petit festival comme le Sylak est une opportunité à ne pas manquer. Par conséquent je m’approche au maximum de la scène pour pouvoir juger de l’état d’ébriété des mecs et profiter de la mélasse sonore produite par leurs mains pleines de trous de fix. Insidieusement, l’air de rien, par des chemins aux allures chaloupées, tordus mais amenant toujours à destination – comme les bayous dont ils sont issus –, la musique d’Eyehategod fait mouche. Hors de toute logique, même le riff le moins joyeux finit par te tirer un sourire, ou plutôt t’imposer un sourire de l’ange, tant au fond on aime se faire du mal pour se faire du bien. A témoin, j’appelle les diverses substances nocives brandies par la foule et les joints qui, en s’allumant, viennent apporter un peu de lumière dans la pénombre environnante et la brume naissante dans les esprits. Ce n’est pas un Mike Williams plus déchiré à la vodka que jamais, le regard vide, qui viendra me contredire au vu de cette expression béate tout autant que bête sur son visage lorsqu’il ramassera la boîte de Xanax qu’un génie lui a lancé sur scène. Inutile de préciser que le constat est le même pour les autres musiciens, avec une mention spéciale à Brian Patton qui devait vraiment trouver son retour sexy pour bloquer si bien dessus. Ah j’ai failli oublier, un peu plus tard Jimmy Bower ira pisser sur les pieds de Nashville Pussy, et ça c’est sludge.

Dimanche

MUMAKIL (Suisse)

Décidément le groupe le plus drôle du festival. Pas besoin de costumes à deux francs pour ça, il suffit d’avoir un front man taquin et prêt à balancer sur n’importe quel sujet. La première chose que j’entends en arrivant à la scène étant "Allez, c’est l’heure de la torgnole", le concert s’annonçait à la fois brutal et bonne ambiance. Effectivement, brutal il l’a été, les Suisses faisant honneur au t-shirt de leurs potes Blockheads porté par Tom le chanteur. Les titres s’enchaînent sans que l’on réussisse à saisir le sens de toute cette violence et sont exécutés de manière clinique, tranchante, sans que rien ne dépasse, grindcore oblige. Ayant recruté il y a un an de ça le talentueux batteur français Kevin Foley, je peux vous dire que le niveau est encore monté d’un cran. Quant au chant, il est absolument monstrueux, Tom est capable d’alterner squeal et growl plus graves sans perdre en puissance et sa corpulence en impose d’autant plus sur les planches. Pour le côté bonne ambiance, nous sommes là aussi servis car les membres prennent le temps de déconner entre eux et avec le public entre les morceaux – ceux-ci ne dépassant guère la minute trente –, petit florilège : "la prochaine est dédicacée aux punks, on les aime pas… ils sont cons", "ça fait plaisir de boire de la bière un dimanche après-midi, ça devrait toujours se passer comme ça un dimanche après-midi", "nous les Suisses on est lents, mais que entre les morceaux". Une dédicace absurde à Benighted plus tard – qui fera bien rire Julien le chanteur présent dudit groupe et chez qui officie aussi Foley –, un spectateur lance d’une ironie très sérieuse "Bof je préfère Blockheads !", ce à quoi le groupe répondra "T’as raison", plein d’autodérision. Mais je crois que ce qui m’a le plus marqué à ce concert extra musicalement, reste l’échange entre les Helvètes quand vient le moment d’un titre que le batteur semble avoir oublié… Tom balance alors à haute voix son camarade et ajoute une de mes désormais expressions favorites "C’est le tiers-monde du metal ce groupe !". En conclusion, s’il y a bien un groupe de grind que je vous conseille fortement d’aller voir, c’est bien cette bande de gros éléphants de la Terre du Milieu.

AGNOSTIC FRONT (USA)

C’est sur « L’Estasi Dell’ Oro », la bande son du célèbre « Le Bon, La Brute Et Le Truand » d’Ennio Morricone que les New Yorkais font patienter la foule venue en masse pour prendre un bon coup de rangers en travers de la face. Quand le moment de dégainer le six coups arrive, les légendes du NYHC ne se démontent pas malgré un âge certain et nous offrent sûrement le concert le plus remuant du Sylak 2013. Roger Miret et Vinnie Stigma sont en grande forme et haranguent constamment le public, appelant au circle pit et autres démonstrations de virilité qui feront lâcher mon arcade gauche après une rencontre malencontreuse avec un poing ou un crâne, que sais-je. Cette énergie s’explique grâce à la très bonne balance du son qui envoie sévèrement, avec une batterie dont la grosse caisse et la caisse claire claquent comme une paire d’éperons sur les flancs d’un cheval au galop, c’est-à-dire tout à fait la vitesse à laquelle les mecs jouent. Nous avons droit à tous les meilleurs titres du groupe comme « The Eliminator », ou les plus rassembleurs « For My Family », « My Life My Way » et bien sûr « Gotta Go » dont tout le monde reprend les mythiques premières lignes "From the East Coast to the West Coast, gotta gotta gotta go… Two sounds of a revolution, gotta gotta gotta go". Je vous parlais de la présence de nombreuses familles en introduction, et bien le concert d’Agnostic Front a donné lieu à l’un des plus beaux moments du festival pour moi. En effet, le groupe a invité quelques jeunes enfants à profiter du spectacle depuis le côté de la scène, puis en plein milieu du set, voyant un père faire slammer un de ses deux fils sur toute la longueur de la scène, les pas si méchants tough guys décident de les faire monter tous les deux sur scène, accompagnés du plus jeune frère. Roger Miret porte alors les deux gamins comme s’ils étaient les siens et le papa vient l’embrasser en guise de remerciement, ainsi que ses fils et Vinnie Stigma agenouillé à côté d’eux, ce qui le fera rire aux éclats. Une très bonne leçon donnée à tous les ignorants qui pensent que le hardcore n’est que machisme et concours de bite, comme le disent si bien Agnostic Front "For my family for my friends, for those that we’ve lost I sing", le hardcore est aussi synonyme de camaraderie, d’amour et de soutien mutuel. Enfin, comme pour mieux rassembler un public déjà complètement éreinté mais néanmoins sous le charme, ces increvables concluent leur set par une reprise, et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de « Blitzkrieg Bop » des Ramones… "Hey ho ! Let’s go !" ça vous dit bien quelque chose n’est-ce pas ?

Je glisse un petit mot au sujet de plusieurs groupes sur qui je n’ai pas plus à écrire que ça mais qui m’ont tout de même convaincu sur différents aspects le dimanche.

THE AMSTERDAM RED LIGHT DISTRICT (France) : bien que je ne sois pas fan de leur hardcore très punk mélodique, j’ai pu observer une folle énergie scénique de la part de ces jeunes lyonnais qui savent se mettre le public en poche. Le guitariste est monté sur ressorts et même des saignements du nez abondants ne l’empêchent pas de montrer son enthousiasme.

BIOHAZARD & DOWNSET (USA) : je ne connaissais que de nom les deux groupes et j’ai été agréablement surpris par le groove puissant dégagé par leur fusion hardcore/metal/hip-hop. Les mecs de Biohazard étaient vraiment déchaînés et se sont bien fait pardonner les quarante minutes de retard pour conclure le festival en beauté.

SEDATIVE (France) : malgré l’heure peu arrangeante de midi, les Français ont bien botté des culs avec leur death/grind ultra efficace. Je pense surtout au chanteur avec un coffre impressionnant et au batteur, ce qui me conforte dans mon idée que souvent, dans les "petits" groupes c’est le joueur de tambour le plus intéressant et innovant.

Je retiens de cette édition 2013 du Sylak une très bonne organisation malgré une jeune existence, tous les groupes ont bénéficié d’un son correct et les retards quasi inexistants à part pour le dernier concert de Biohazard. C’est très plaisant d’avoir accès à une affiche de qualité si proche de chez soi et j’espère que cela continuera dans le futur. Certains diront qu’il faudrait peut-être prendre le parti de spécialiser le choix des groupes, je ne suis ni totalement pour ni totalement contre dans la mesure où chaque style cette année était représenté par des groupes de qualité reconnue. Un peu plus de choix pour la restauration pourrait être une amélioration cependant. Bref, je remercie l’organisation de m’avoir permis de voir Eyehategod au moins une fois dans ma vie, peu de temps avant le décès du batteur Joey LaCaze, et d’avoir pu rattraper le set d’Agnostic Front que j’avais entraperçu de très loin derrière les tentes des sound tables de la Warzone au Hellfest. J’espère à l’année prochaine donc !

6 COMMENTAIRE(S)

KPM citer
KPM
28/09/2013 12:21
Mouai, t'as peut-être raison. Meilleur contact avec le public vu le nombre de touristes et de gamins qu'il y avait.
Invité citer
Cuac Mrohc
28/09/2013 09:53
Tu as raison : et vu qu'ils ne sont pas chroniqués sur Thrasho, aucune raison de parler de la meilleure prestation de la journée au niveau patate et au niveau contact avec le public.
KPM citer
KPM
28/09/2013 07:39
Morc Huacrc a écrit : Et les Banane ?? Nom d'un ptit zombie ?

Désolé, il ne manquerait plus que je parle d'un groupe que j'ai trouvé un peu ridicule sous tout leur attirail/maquillage.
Invité citer
Morc Huacrc
23/09/2013 20:07
Et les Banane ?? Nom d'un ptit zombie ?
KPM citer
KPM
21/09/2013 22:24
Euh, tu parles d'Elmer Food Beat, parce que si ça c'est une tête d'affiche... Et Nashville Pussy, quelle grosse blague, tous les jours je mets un Valient Thorr au dessus. Franchement déçu par rapport à ce qu'on m'avait vendu, ça vaut pas un bon stoner pour tracer la route en camion.
Invité citer
Crom
21/09/2013 13:32
Etrange d'avoir oublié les deux têtes d'affiche du samedi..

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