Live Evil 2013 - 2ème Journée
Live report
Live Evil 2013 - 2ème Journée Midnight + Arkham Witch + Ranger + Zom + Condor + Ghast + Satanic Dystopia
Le 20 Octobre 2013 à Londres, Royaume-Uni (The Garage)
Après un pre-show intense et une première journée remarquable, le Live Evil se devait de finir en beauté en ce dimanche 20 octobre. Pour le temps on repassera par contre car, fidèle à sa réputation, Londres nous offre un déluge biblique à la sortie du métro. Par chance, la salle est à 50 mètres et j'évite de périr noyé sous les flots londoniens. Bien content que le festival soit indoor. Ça n'a certes pas le même parfum qu'en plein air, ça ne fait même pas très festival d'ailleurs, mais au moins on est à l'abri!
Une fois entré au Garage, on apprend que les concerts sont décalés de 20 minutes. Pas un problème, je monte à l'étage pour voir le merchandising, installé depuis la veille à l'endroit même où Deathhammer, Antichrist et Ranger nous avaient retourné le cerveau. Pas grand chose à se mettre sous la dent malheureusement (un des rares points négatifs du festival), je redescends donc pour assister au premier concert de ce deuxième et dernier jour.
SATANIC DYSTOPIA, en voilà un nom qui en jette. Et en parlant de jeter, le chanteur au look militaire à la Fidel Castro arrive sur scène en se renversant de la bière sur la tronche et en balançant la canette dans l'assistance. Personne ne se l'est prise dans la gueule vu que la fosse est encore quasi vide mais j'ai trouvé ça assez con. Une bonne attitude punk de trou du cul qui sied toutefois bien au genre pratiqué puisque le combo de Manchester s'étiquette "Northern Scum Black Thrashing Metal". C'est à peu près ça sauf que le côté black est assez limité et ne se ressent que sur quelques riffs. Le chant du frontman ne correspond en plus pas aux clichés du genre avec une sorte de grosse voix vaguement growlée qu'on aurait plus vu sur un truc core. Si son timbre ne m'inspire guère, le bonhomme met en tout cas l'ambiance et descendra même près des premiers rangs à la fin du show pour foutre un peu le bordel. Musicalement, SATANIC DYSTOPIA n'a rien inventé mais n'est pas du tout déplaisant avec des morceaux expéditifs bardés de riffs simples et entraînants et des rythmiques entre tchouka-tchouka, blastouille, d-beat et mid-tempo casse-nuque. Tous ces titres viennent évidemment de l'unique album du quatuor de Manchester qui vient de sortir, Double Denim Shotgun Massacre, entre autres "Bastard Squad 666", "Nuclear Nightmare" et "Satanic Dystopia". À surveiller.
Du vrai black metal, on va par contre en avoir avec GHAST et son excellent chanteur au timbre écorché vif. Difficile cependant de deviner le style à la vue de son look très années 1970, de sa moustache à la Dali et de sa guitare rétro. Le bassiste (un ex-Desecration) fait lui plus evil mais toujours sans corpse paint. Je n'avais jamais entendu les Gallois avant leur passage au Live Evil. N'étant pas fan de black à la base, je redoutais l'ennui. Mes doutes ont fini par se confirmer. Alors oui rien à redire sur le chant du guitariste qui y met toute sa rage/haine/dégoût you name it mais les morceaux tournent vite en rond, handicapés par des schémas ultra répétitifs. Les titres de GHAST, très longs (souvent plus de 7 minutes) se divisent en deux parties: d'abord une longue séquence rapide en tremolo sur un rythme binaire qui ne varie jamais (le batteur lui même avait l'air de s'ennuyer) puis le contraste avec un long passage lent et dissonant (le groupe est catalogué comme black/doom d'ailleurs). Soit le groupe finit là-dessus, soit il accélère de nouveau par la suite. GHAST pose ainsi une ambiance prenante car hypnotique et j'avoue m'être pris au jeu. Au début du moins car je me suis ensuite vite lassé. Trop répétitif, trop long et trop limité pour moi. Dommage car les musiciens possèdent un bon feeling et leurs morceaux dégagent vraiment quelque chose. Le public, pourtant plus fourni, n'a pas non plus eu l'air très intéressé malgré quelques applaudissements polis.
Il se réveillera vite avec CONDOR, auteur d'une des meilleures prestations du week-end. J'avais chroniqué le premier full-length éponyme des Norvégiens, sympathique mais sans ce petit plus qui fait les très bons albums, en précisant toutefois qu'en live, ce devait être une boucherie. Ma prédiction s'est donc révélée juste. Aucun mérite cela dit puisque tout le monde sait que le thrash est une des musiques les plus efficaces sur scène, que le groupe soit génial ou juste pas mal. Ce qui m'a surpris par contre, c'est l'âge des musiciens. Ils ont tous l'air d'avoir 16 ans, notamment le chanteur au visage poupin! Mais une fois lancé, CONDOR sonne plutôt comme un bon vieux groupe des années 1980, très similaire à leurs compatriotes de Deathhammer. Soit du thrash old-school à mort avec tchouka-tchouka à foison, chant à l'arrache qui part en couille et riffs d'un autre âge entre la scène allemande (Destruction) et la scène américaine (Slayer, Whiplash). Sans oublier les solos chaotico-mélodiques sans lequel le thrash ne serait rien. Répétitif et sans génie particulier mais en concert pendant 35 minutes, c'est assez jubilatoire avec un bon son et une ambiance excellente dans la foule (peu de pogos mais du headbang et de l'air guitar à tout va). "Blood Fever", "Chant of Madness", "Pagan Ritual", "The Possessor", "Rising Terror", tout l'album ou presque y passe. Seule reproche à faire aux Scandinaves, le manque de communication et de charisme. Le chanteur semble particulièrement timide et peu à l'aise avec la foule. La faute sans doute à l'inexpérience de la scène, notamment à l'étranger. Ce qui n'empêchera pas CONDOR de se mettre le public dans sa poche. Le final dantesque sur une reprise de "Invisible Force" de Destruction sur laquelle le guitariste de Deathhammer viendra récupérer la guitare du mec de CONDOR qui se chargera du coup du chant en imitant superbement Schmier, sera l'apothéose de ce show mémorable.
Viendront ensuite les ZOM d'Irlande. Un nom que l'on croise régulièrement dans l'underground depuis quelque temps. Je n'avais néanmoins jamais pris le temps d'écouter le groupe, m'attendant à du bestial occulte primitif sans grand intérêt. J'avais tort puisque la musique du trio se fait plus intéressante que je ne l'imaginais, sorte de blackened death thrashy occulte à la fois efficace et "ambiancé". On peine un peu à entendre les riffs sur les parties rapides mais on reconnaît qu'il y a du travail derrière et qu'il s'en dégage une atmosphère bien dark comme j'aime. J'apprécie également la diversité du jeu du batteur. Bref, sans trouver ça hallucinant, ZOM me paraît digne d'intérêt. J'aurais cependant pu accrocher davantage s'il n'y avait pas un gros problème au niveau du chant. Jamais entendu autant de réverb'! Il y en a tellement que le chant devient inaudible et irrite plus qu'autre chose. Tout ça pour faire über occulte! Pas besoin de ça pourtant pour en imposer. Choix dommageable qui a pour moi plombé la prestation sinon correcte de ZOM.
Il me tardait de retrouver RANGER après leur excellente prestation au pre-show vendredi. Je me demandais si les Finlandais allaient se montrer aussi bons dans une salle plus grande et moins bondée (un peu moins de monde que la veille), en prenant aussi en compte la fatigue qui commençait sérieusement à se faire sentir (surtout au niveau des pieds, j'ai dû m'asseoir plus d'une fois entre les groupes). La réponse ne s'est pas fait attendre puisque tout le monde est parti en headbang et air guitar furieux dès les premières notes! J'ai pris la même claque que vendredi tout en sachant à quoi m'attendre. Le défi était plus ardu mais RANGER l'a remporté sans problème. Le son étant moins brouillon, j'ai pu mieux entendre les riffs et les mélodies, clairement au-dessus de la moyenne. C'est sûr, on ne décernera pas aux Finlandais la palme de l'originalité, ils font même un peu posers mais qu'est-ce que c'est bon putain! Ils sont tout le temps à fond sans jamais provoquer l'ennui, ce qui démontre une qualité de composition et de riff supérieure ainsi qu'un feeling inné. Ça plus la bonne humeur et l'énergie que dégage le combo, comment voulez-vous ne pas adhérer totalement à son speed/thrash intense, même après les avoir vus il y a deux jours?! RANGER, c'est de la bonne! Du coup, je me suis pris un t-shirt "skull splitting metal" bien moche!
Le rythme redescend de plusieurs crans pour ARKHAM WITCH. Ce qui n'empêchera pas les Anglais de délivrer une prestation tout à fait convaincante. Sans rien connaître de la discographie du groupe, j'ai apprécié le show, tout comme le public qui lui a réservé un accueil chaleureux (pas mal de fans présents dans la salle). Je m'attendais à du heavy/doom un peu trop mollasson et avais donc peur de m'ennuyer mais il n'en a rien été, bien au contraire. Si effectivement ARKHAM WITCH n'accélère jamais vraiment, sa musique, pas très éloignée d'un Grand Magus, est suffisamment dynamique, avec des bons gros mid-tempos efficaces et des lignes de chant catchies, viriles et fédératrices du frontman qui n'a pas vraiment le look typique du chanteur de heavy (imaginez Frank Mullen ou John Gallagher chanter du heavy!) mais assure comme un chef, pour que la tête bouge toute seule. La formation a semble-t-il misé sur ses morceaux les plus directs et a bien fait, d'autant que le son est massif. Autre bon point, ARKHAM WITCH compte dans ses rangs la seule musicienne du Live Evil derrière les fûts, elle qui n'a pas non plus démérité même si on a vu plus complexe que les parties de batterie des compositions des Britanniques. Clairement une des bonnes surprises du fest en tout cas, même si ça manquait de solos!
Mine de rien, on approche déjà la fin du week-end. Il n'est que 21h passées quand MIDNIGHT entre en scène. Un trio aux visages voilés comme il est de bon ton chez les groupes de black/death occulte ces derniers temps. Pas de ça ici toutefois. MIDNIGHT, c'est sale, bête et méchant mais ça reste du heavy metal qui doit tout ou presque à Motörhead. Et la musique des Américains est tellement efficace que même en en ayant plein les bottes, on ne peut s'empêcher de remuer. L'attrait du mal! Ah ces riffs d'une simplicité incroyable mais pourtant tellement jouissifs! Ah ce chant écorché de dépravé! À l'inverse des avis négatifs sur les prestations d'Athenar et ses potes que j'avais pu lire, notamment au niveau de la mise en place approximative, j'ai trouvé que le combo jouait plutôt juste (les solos m'ont paru correctement joués), tout en gardant cette patte dirty et raw qui fait le charme des compositions de MIDNIGHT. Le groupe est en plus loin d'être statique et froid: le gratteux de session arpente la scène en long en large et en travers et le frontman communique même un peu avec les spectateurs. Et le groupe d'enchaîner les tueries telles que "All Hail Hell", "Black Rock'n'Roll", "White Hot Fire", "Endless Slut" ou encore un "Satanic Royalty" royal! Rien de mieux pour mettre l'ambiance! Le MIDNIGHT show finira par contre bien plus tôt que prévu. 40 minutes et puis s'en va alors que le temps de jeu annoncé était de 1h30! Un peu juste pour une tête d'affiche. Mais d'un côté, la musique des Américains étant tout de même assez rébarbative, je me serais peut-être ennuyé si la durée avait été respectée. Là, pas une seconde d'ennui, que du bonheur!
Histoire de jouer les prolongations, je reste quelques temps dans la salle à la fin du set de MIDNIGHT pour une dernière mousse et bavarder avec quelques connaissances étrangères. Mais il faut bien se rendre à l'évidence. Le Live Evil, c'est déjà terminé! Snif! Je trouvais le dimanche déséquilibré par rapport au samedi, finalement c'était tout aussi bonard, même si personne n'a su égaler SATAN. Une ambiance excellente et pas prise de tête, une affiche variée top moumoute pour qui aime le bon UG, un son très correct (sauf lors du pre-show mais il a eu d'autres qualités), vraiment un festival que je conseille. Les plus courageux avaient même pu continuer la fête lors des afters de vendredi et samedi qui ont dû être bien rudes. On remerciera donc l'organisation exemplaire de Marek Steven, les groupes (surtout SATAN, BEASTMILK, RANGER, MIDNIGHT, CONDOR, ARKAM WITCH et VAMPIRE en ce qui me concerne) et ce cher Fenriz pour son bon goût légendaire.
| Keyser 30 Octobre 2013 - 916 lectures |
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citer | Je ne comprends pas non plus pourquoi Zom fout autant de réverb' sur la voix. C'est assez dégueulasse alors que musicalement ça tient plutôt bien la route. Merci pour le report en tout cas |
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30/10/2013 15:24