Europa Blasphemia 2016 E.D.
Live report
Europa Blasphemia 2016 E.D. Abbath + Behemoth + Entombed A.D. + Inquisition
Le 12 Février 2016 à Pratteln, Suisse (KonzertFabrik)
Qu'est-ce qui m'a pris d'aller voir ça ? Une question franchement légitime au vu des notes que j'ai collé aux deux dernières sorties des têtes d'affiche du jour. Mais bon, la curiosité est un vilain défaut et j'avais toujours l'espoir d'une set-list axée sur Immortal pour Abbath et de quelques vieilleries de Behemoth qui font toujours plaisir. Et puis, de là à dire que je suis difficile, je ne pense pas puisque j'ai tout de même globalement apprécié « All Shall Fall » et « Evangelion ». De plus, j'attendais avec envie la prestation d'Inquisition qui avait bien mené sa barque l'année dernière pendant sa tournée avec Archgoat. Direction Pratteln donc, ses usines, son sex-shop sur trois étages et son pays : la Suisse. Cette foutue Suisse qui doit me haïr de tout son cœur vu le malin plaisir qu'elle prend à me donner des boutons à chacune de nos rencontres. Pas de nourriture à proximité, pas de parking non plus (heureusement, nous avons pu nous incruster dans le parking VIP un peu par hasard), un temps de cochon, un passage de frontière totalement hasardeux... Bref, de quoi pousser un « Ouf » de soulagement une fois arrivé à la Konzertfabrik.
Une salle qui impose franchement le respect puisqu'elle donne l'impression d'être une annexe du Nostromo (le vaisseau, pas le groupe...) avec ses gros tuyaux, sa hauteur de plafond gigantesque et ses éclairages très futuristes. Nous sommes franchement dans le haut du panier en matière de lieux de concerts, avec des consommations aux tarifs attractifs (bien que la transaction soit compliquée par l'échange Euro / Franc Suisse), un stand de merch' gigantesque et une capacité qui permet de loger un bon millier de spectateur. Allons-y donc pour le top départ de cette soirée « vieilles gloires ».
Inquisition :
Les deux américains débutent la soirée devant un parterre déjà correctement rempli et nous gratifient d'une set-list piochant un peu dans toute leur discographie (ce qui ne sera malheureusement pas le cas de tout le monde ce soir-là...). On ouvre donc sur « Force of the Floating Tomb » qui a toujours le mérite de bien débuter un live, même si sa mouture CD tirée du moyen « Obscure Verses for the Multiverse » me laisse un poil de marbre. Le duo déroule avec classe son Black Metal à la recette désormais bien connue de tous. Dagon occupe d'ailleurs un poil mieux la scène que l'année dernière en se montrant un peu plus dynamique et Incubus se donne toujours à cent pour cent. On aura droit au très bon « Ancient Monumental War Hymn » ou encore à un « Command of the Dark Crown » toujours aussi groovy et efficace. Malgré tout, je ferais encore une fois le même reproche à Inquisition qui gagnerait à embaucher un bassiste et un guitariste pour les concerts. Même si le duo gère son affaire, même s'ils sont habitués à cette formule guitare/batterie, je ne peux que baver devant l'hypothèse d'une mouture complète de cette formation. Un concert toutefois plus que correct qui nous laissera un goût positif en bouche et croyez-moi, ce sera bien le seul ce soir-là.
Entombed A.D. :
Depuis le temps que j'écris sur Thrashocore, vous devez maintenant savoir que le Death Metal et moi, ça fait deux. Même si quelques groupes du genre parviennent à attirer mon attention (Death, Portal, Gorguts 2.0, etc...), Entombed A.D n'en fait malheureusement pas partie. Molasson, pataud, nous assénant de riffs aussi nuls que ceux d'Obituary et pas franchement aidé par une fosse aussi molle que la première saison de Breaking Bad, le quintet nous « offrira » donc quarante-cinq minutes aussi intéressantes que le visionnage en boucle d'une vingtaine d'opening de One Piece. Ils sont bien gentils hein mais disons qu'il y a des saveurs Death Old-School comme ça dont on se passerait bien en 2016. Surtout que les bougres sont un peu hors-sujet dans cette affiche avec leurs compositions bas-du-front. C'est triste de vieillir quelque part et le vocaliste du groupe en est la parfaite illustration, avec son charisme aussi développé que celui de la porte de ma salle de bain. Il peine à haranguer une foule plus captivée par le bassiste de la formation qui ne sent plus pisser et profite de chaque instant pour nous démonter la taille incroyable du melon qui lui sert de trombine... Voilà, voilà, on va aller faire un petit tour dehors nous...
Abbath :
Moi, voir des guignolos dans le genre, ça me coure clairement sur le haricot. D'autant plus que l'autre zozo à trouvé malin d'incorporer un morceau de « I » dans sa set-list, et de se cantonner aux quelques tubes d'Immortal que sont « One By One », « All Shall Fall » et « Tyrants ». Seul point positif de la set-list, la présence de « Nebular Ravens Winter » qui sera cependant pénalisée par un son très mal égalisé. Un problème qui ruinera ce show puisqu'il est impossible de discerner les guitares complètement noyée dans ce gloubiboulga de grosse caisse et de basse imbuvable. Quant aux compositions, elle ne casse pas trois pattes à un canard dans la version studio, mais en live, on en vient à se dire que le canard serait capable de leur mettre une branlée...
L'ennui, l'ennui, l'ennui et un clown qui devient de plus au plus triste au fur et mesure que les minutes s'écoulent... Finalement, nous finirons le concert dehors... Au suivant !
Behemoth :
Si un jour, on m'avait dit que je compterais sur Behemoth pour sauver ma soirée, j'aurais bien rigolé. Seulement voilà, c'est ce qui s'est produit en ce Vendredi 12 Février 2016. J’espère que la bande à Nergal va rehausser le niveau et accessoirement je n'arrête pas de me répéter « Mais qu'est-ce que je fous là ? ». Mais j'attends patiemment, avec une minuscule lueur d'espoir dans mes yeux déjà presque fermés et...
Et soudain, c'est le drame...
Behemoth a décidé de jouer « The Satanist ». EN ENTIER...
Mais...
?!?
Pourquoi ?
Pour faire simple, j'ai aimé à divers degré toutes leurs sorties de « Satanica » à « Evangelion » et non, les mecs décident de jouer en entier l'album que je déteste dans leur setlist. Inutile de dire que tout ceci se pare d'une mise en scène bien fichue mais saucée d'orthodoxie au rabais, ce qui me fait encore plus rager. Tu peux la jouer théiste, tu peux la jouer ritualiste seulement les mecs ont passé leur carrière à déchirer des bibles, donc niveau cohérence, il y a problème. On dirait un retournement de satanisme à la Manuel Valls qui te retourne la laïcité...
Bon après, ce problème de setlist et de mise en scène à la mords-moi-le-noeud, c'est une chose mais ça aurait encore pu être un bon concert à ce stade si l'ingénieur du son avait fait son boulot. On se coltine donc une absence de back-voices (inaudibles), un Nergal excessivement mal réglé sur son chant (ce qui fait que sa voix ressemble à un tout petit moineau qui sort du nid) et des guitares à la limite du déchiffrable. Alors je sais bien qu'Adam Darski sort d'une leucémie et qu'il n'a peut-être plus le punch vocal d'antan mais si l'ingé-son n'était pas sourd comme un pot, on aurait probablement eu droit à un rendu correct, vu que le bonhomme avait tout de même l'air de bien se livrer.
Bref, je vais fumer quelques clopes en attendant que « The Satanist » fasse sa vie sans moi et je reviens pour le dernier morceau qui a le mérite d'avoir une outro sympathique et d'être le dernier... On apercevra un rayon de lumière sur le mini-set de rappel qui nous gratifiera d'un trio « Antichristian Phenomenon » / « Conquer All » / « Chant For Eschaton » bien foutu et faisant clairement plus d'effet que tout l'album exécuté précédemment. Une pilule franchement difficile à avaler, surtout qu'avec un show composé de morceaux classiques comme les trois derniers nous aurait apporté un léger sentiment positif.
Ainsi se termine donc cette soirée en forme d'échec où moi et mes compères auront beaucoup râlés mais aussi fait preuve d'un cynisme nécessaire à notre survie mentale. J'ai été voir des « vieilles gloires » et j'ai l'impression d'avoir fait Koh-Lanta. Vous avouerez que ce n'est pas normal et force est de constater une certaine unanimité chez mes compagnons de galère, ce qui prouve que ce n'est pas moi le problème... Un petit mot du public catastrophique puisqu'en plus d'être complètement con, façon « Jean-Claude-J'ai-Pas-De-Respect », m'aura fait regretter le public d'Archgoat par son comportement de foutus métalleux Hellfest... Maintenant, je vais essayer de me reconstruire moralement en écoutant Deathspell Omega. Et je vais aussi essayer de faire en sorte que cette prestation catastrophique devienne à coup sûr mon nouveau mètre-étalon des concerts merdiques...
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