Une fois n’est pas coutume, entre boulot et obligations familiales, j’ai pris le temps de me rendre au Ferrailleur en ce mercredi soir frisquet. Il faut dire qu’une date comme celle-ci revêtirait presque un caractère inratable pour tout bon fan de brutalité mise en musique. Non sérieusement il faut dire qu’elle avait de la gueule cette affiche sans déconner : Defeated Sanity, Putrid Pile, Skinned, accompagnés des plus confidentiels Primordius et Cranial Engorgement. Je m’en serais voulu de ne pas avoir (pu) bouger mon cul !
C’est avec un peu de retard que j’arrive dans cette petite salle fort agréable qu’est Le Ferrailleur où les Californiens de
Cranial Engorgement terminent déjà leur avant-dernier titre. Juste le temps pour moi d’apprécier pendant quelques minutes leur brutal death aux penchants slammisants mené par un guitariste-frontman aux faux airs du regretté Jesse Pintado et semblant dégager un bon groove comme les deux ou trois extraits que j’avais pu écouter avant de venir me l’avaient laissé présager. Je me rattraperai au merch en faisant l’acquisition de leur premier album « Horrific Existence » qui sortira début janvier chez Gorehouse.
Le temps de me faire dédicacer les pochettes d’album par les gars de Defeated Sanity c’est ensuite au tour de
Primordius d’investir la scène. Originaire de Fort Worth le trio dont le deuxième effort « Genetic Devastation », que j’acquerrai après le set, vient tout juste de paraitre chez Nice To Eat You/Amputated Vein. Egalement estampillé du logo TXDM, j’avais écouté les deux extraits disponibles sur youtube, assez convaincants je dois avouer, dans une veine brutal death lorgnant aussi du côté slam et dégageant un bon groove. Cela sera confirmé ce soir avec un set bien brutal et faisant ressortir essentiellement l’aspect le plus lourd des Texans (beaucoup de gros ralentissements/slam parts), bien propice au défoulement dans le pit. Cette alliance de brutalité bien lourde et de groove n’est d’ailleurs pas sans rappeler Dying Fetus (dont le guitariste-chanteur Weston Wylie arbore un t-shirt) mais c’est pourtant d’une reprise de Devourment (TXDM oblige) que Primordius nous gratifiera en plein milieu d’un set fort agréable même si la musique des Américains ne déborde évidemment pas d’originalité.
Après quelques rafraichissements c’est
Skinned qui prendra le relais en attendant les deux têtes d’affiche. J’ai beau posséder deux CDs des natifs du Colorado (l’album « Morbid Tokens Of Perversion and Homicide » et l’EP « Contorsion Of Reality ») j’avoue qu’ils n’avaient pas quitté l’étagère depuis un petit moment, bien que je garde un plutôt bon souvenir dudit album, et je ne me suis pas vraiment penché sur ce qu’ils ont fait par la suite (deux albums : « Isolating The Gene » et « Create Malevolence »). Malgré une salle un peu clairsemée les Américains s’emploient à délivrer un set assez carré et bien brutal lui aussi mais moins axé slam, Skinned pratiquant un brutal death plus classique voire moderne (quelques passages saccadés, du chant hurlé). Une prestation plus vigoureuse peut-être que les précédentes mais qui manquait d’un petit quelque chose pour mettre la salle à feu. Sympa malgré tout.
Mais aussi sympathiques furent-ils et sans leur manquer de respect bien évidemment, ce n’était pas pour Cranial Engorgement, Primordius ni Skinned que j’avais bravé le froid en ce onze janvier mais essentiellement pour
Putrid Pile. Oui, j’ai beau être également très fan de Defeated Sanity, j’ai une sympathie toute particulière pour Shaun LaCanne et ce depuis ses débuts. Il est vrai que dès « Collection Of Butchery » je suis tombé sous le charme de ce brutal death aux accents grindisants, gore-isant, surtout irrésistiblement groovy et appuyé par une BAR, une fois n’est pas coutume, utilisée avec justesse et sans faire grincer des dents. C’est donc avec un immense plaisir que je me pose devant la scène, bière à la main, prêt à endurer les assauts du natif de Racine pour son deuxième passage seulement en France. Le dernier album en date, « Paraphiliac Perversions » continuant dans la lignée qualitative des précédents opus, c’est donc avec plaisir que nous nous mangerons dans les dents la très hardcore « Human Stress Reliever », « Punishment », « Whore Annihilation » ou encore « A Necrophiliac’s Pastime » (je n’aurais pas craché sur un petit « Death Décor »), sans oublier ce que l’on pourrait qualifier de classiques tels « Drenched In Gasoline » ou la mandale « Shit Body Painting ». Le tout est très en place (c’est plus facile quand on est tout seul me direz-vous) malgré les inévitables petits blancs entre chaque morceau et effectué avec une passion quasi palpable (Shaun est vraiment habité par ce qu’il fait). Les vocaux tantôt ultra gutturaux tantôt hurlés sont rendus à la perfection de même que le riffing au poil et bien plus complexe qu’on pourrait le croire au premier coup d’oreille et l’on se réjouira d’ailleurs d’un son globalement très bon toute la soirée. Les parties les plus groovy donnent toujours autant envie de se remuer le popotin sur le dancefloor, un vrai bonheur. Pour résumer : un grand moment de poésie emmené par un frontman fort sympathique avec qui j’ai pu discuter après le show, très content d’être là et de l’accueil du public nantais. Et pour finir un bon gros FUCK OFF à celui qui se croyait malin à balancer des
« gros porc » entre chaque titre. Blaireau.
Mais évidemment beaucoup de gens avaient fait le déplacement essentiellement pour se faire tartiner la gueule par
Defeated Sanity et ils n’auront probablement pas été déçus. Encensés en ces pages par mon collègue Keyser, les Allemands présentent il est vrai une discographie qui s’apparente à un quasi sans-faute (je mets à part « Prelude To The Tragedy » que je ne connais pas) et trônent au sommet du brutal death européen (voire mondial) depuis maintenant plusieurs années. Chaque écoute d’un de leurs albums me fait l’effet d’une énorme chape de plomb qui s’abat sur vous et j’étais curieux de savoir ce qu’il en était en live. Il me faudra extrêmement peu de temps pour m’en rendre compte : c’est tout aussi intense ! Fort d’une nouvelle sortie toute aussi ambitieuse qu’audacieuse (le double EP/full length « Disposal Of The Dead/Dharmata »), le groupe débutera son set en nous proposant l’intégralité de la première partie de l’opus, « Disposal Of The Dead », soit la facette ‘’classique’’ de Defeated Sanity. Le son reste plutôt bon heureusement car il faut avouer que déjà sur album la musique des teutons se révèle parfois difficile à appréhender tant elle est riche et dense alors en live avec un son pourri je n’ose même pas imaginer ce qui peut vite tourner à la bouillie sonore. La guitare est ici bien imposante et grasse, nous infligeant cette chape de plomb que j’évoquais plus haut appuyée en cela par la basse extrêmement bien audible de Jacob Schmidt et les growls bien grassouillets du nouveau frontman Josh Welshman qui remplit totalement le job autant vocalement que scéniquement arpentant la scène d’un pas pachydermique lors des breaks slammisants, n’hésitant pas à descendre dans la fosse et à slammer . Raaaaah ces passages d’une lourdeur extrême sont sacrément jouissifs en live il faut l’avouer, cassage de nuque et coup de poing-marteau inévitable ! A côté de ça évidemment Defeated Sanity déroule avec une précise maestria son brutal death alliant technicité, lourdeur et groove, toujours emmené par un Lille Gruber impressionnant de maitrise (pieds nus s’il vous plait). Ca tape extrêmement fort mais toujours juste, c’est suffisamment varié pour ne jamais s’ennuyer, bref ça tabasse et le public ne s’y trompe pas car même partiellement remplie la fosse fera l’objet de nombreux stage diving (certains plus hasardeux que d’autres…) et autres pogos. Le groupe reviendra bien sûr sur les sorties précédentes avec des titres tels que « Martyrium », « Coerced Into Idolatry », « Psalms of the Moribund », « Engulfed in Excruciation », « Carnal Deliverance », « Hideously Disembodied » (n’hésitez pas à me corriger si je me trompe). Après un set comme celui-là je ne peux que définitivement partager les éloges envers un groupe d’une intensité incroyable autant sur CD que sur scène.
C’est donc totalement satisfait de cette soirée que je me retourne vers mon chez moi. Comme prévu Defeated Sanity a mis tout le monde d’accord et Putrid Pile a fait le job tel que je l’attendais. Qui plus est les premières parties n’ont pas démérité (il me reste à poser une oreille sur les deux efforts de Cranial Engorgement et Primordius pour mefaire un avis plus étoffé), le tout dans une ambiance familiale très agréable. C’est ce que j’appelle une bonne soirée !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo