C’est avec une nouvelle fois une édition sold-out que le Sylak Open Air, pour sa neuvième édition, a ouvert ses portes cette année On sent que le plus grand festival de Métal & assimilés a atteint un nouveau statut depuis 2-3 ans, faisant venir de plus en plus de grosses têtes d’affiches, et affichant complet plusieurs semaines à l’avance. Bien malin qui saura dire de quoi les prochaines éditions auront l’air, mais le fait est, et il est rassurant, que le Sylak se déroule depuis le départ au même endroit, à savoir la pelouse du stade de la charmante commune de Saint Maurice de Gourdans (01). Ce qui suppose une jauge identique aux années précédentes, à savoir environ 3000 personnes / jour (il me semble), même en étant sold out, et qui garantit une ambiance « familiale » et à taille humaine qui lui donne tout son charme. Ne changez rien sur cet aspect messieurs dames les organisateurs, ce serait dommage.
Fidèle aux années précédentes, une seule et unique scène se dresse sur le site, monopolisant l’attention de l’ensemble du public quand il n’est pas parti s’abriter à l’ombre des quelques arbres plantés ici et là (il fera chaud, très chaud, les 2 jours), s’hydrater au bar ou se balader au modeste mais accueillant Metal Market. Peu d’activités autres à se mettre sous la dent cette année, on regrettera l’absence du Photomaton qui permettait d’immortaliser sa venue au festival (et de montrer son cul en quadricolor, évidemment) ; par contre, les activités annexes comme le combat de Sumos (insupportable, sous une telle chaleur) ou le taureau mécanique (dangereux et peu utilisé anyway) ont bel et bien disparus depuis quelques éditions sans qu’on les regrettent. Parlons musique donc, j’arrive le Samedi assez tôt pour entendre la fin de HATE, sorte de BEHEMOTH-like (aux identiques origines Polonaises), dont le Black/Death somme tout assez mélodique aura conquis quelques festivaliers. C’est au final MONKEY3 qui me fait démarrer l’après-midi, mais une écoute de 10mn suffira à me faire passer au bar : le prog / psyché instru des Suisses est assez impénétrable pour un néophyte de mon genre, et avec une telle chaleur j’ai préféré aller retrouver quelques amis et m’hydrater que camper devant la scène à tenter de rentrer dans leur univers. J’essaierai d’attacher un peu plus d’attention à EYEHATEGOD, mais malheureusement là aussi je reste assez insensible à ce Sludge Metal issu sans surprise de Nouvelle-Orléans.
On vient chercher en festival très souvent des retrouvailles avec de vieilles connaissances musicales, ou des découvertes pouvant mener à une relation sérieuse. C’est le premier cas qui me relie à SOILWORK, qui sur les coups de 17h entame son set devant une fosse très correctement remplie. J’attendais avec impatience cet instant, ne les ayant point revu depuis plusieurs années : c’est avec l’intro du petit dernier « Verkligheten », suivi de près par « Arrival » que les Franco-Suédois font leur entrée. J’étais légèrement à droite de la scène, face à Sylvain Coudret, et petit ecueuil les balances semblaient avoir été faites à la va vite car il était quasi impossible de discerner ce que jouait le second guitariste… Dommage, car à le voir s’escrimer sur sa guitare, les solis du nouvel album méritaient mieux. Sylvain, en tout cas, était tout feu tout flamme, et visiblement ravi de jouer dans son pays d’origine. Bjorn Strid a fait d’immenses progrès depuis l’époque de « Chainheart Machine » (oui je sais, ma référence date un peu), et sa transformation de grogneur à chanteur, au sens noble du terme, est impressionnante. Je l’ai senti un peu moins investi dans ce set que les autres membres du groupe, et alors que SOILWORK enchainait les morceaux des 4 derniers albums, essentiellement mid tempo, une sorte de légère lassitude s’est installée. Au final, excepté « The Ride Majestic », issu du sublime « The Living Infinite » et « Stålfågel », single en béton armé du nouvel album, je n’ai pas été véritablement conquis par cette setlist et ce set… d’autant plus dommage qu’un coup d’œil sur de précédentes setlists indique qu’ils jouaient d’ordinaire au moins un titre de « A Preadator’s Portrait »…snif…
SOILWORK, c’était les retrouvailles ; la découverte ce sera DANKO JONES. Vous ne devriez pas voir ce groupe chroniqué prochainement dans nos colonnes, quoique nous avons déjà chroniqué bien d’autres Ovnis ; mais ce groupe Canadien de Rock énergique m’a conquis dès le premier riff. Les louanges devaient aller en grande partie auprès du chanteur/guitariste donnant son nom au combo, et dont la patate, l’envie et le plaisir manifeste de jouer au Sylak ont fait de leur show un excellent moment de l’après-midi. Contrairement à un SOILWORK en pilote automatique, les mecs de DANKO JONES, ayant peut être davantage à prouver sur un festoche de métal, ont tout donné, et pour cela merdi messieurs.
Le Sylak c’est aussi une prog très orientée Hardcore. Pas de surprise donc de retrouver MADBALL, 2 ou 3 ans après leur précédent passage. Fidèle à eux-mêmes, et devant un public acquis à sa cause à la vue du nombre de TS « NYHC » portés, c’est avec une belle énergie typique du style que les New Yorkais ont attaqué la scène. Clairement, gros show efficace et direct, sans grandes surprises mais indéniablement efficace et nécessaire à l’approche de l’heure de l’apéro. Freddy Cricien parcoure la scène de long en large en éructant les paroles engagées du combo, et nous remerciera plusieurs fois de l’enthousiasme manifeste du public. N’ayant pas l’habitude de jouer sur des scènes si éloignées du public, de son propre aveu, il ira même au contact du public sur 2 titres (cf photo) pour serrer quelques poignées de main en plein morceau. Chapeau les gars.
Jetez moi des tomates ou des canettes de bières vides au visage, mais je ne m’étalerai pas sur BLACK FLAG, malgré l’aspect culte/légendaire du combo. Ce n’est absolument pas ma came, et si j’ai beaucoup de respect pour Greg Ginn, ses 65 ans et sa carrière musicale, le guitariste et ses acolytes ne m’ont pas vraiment conquis..
J’étais par contre au premier rang pour revoir HYPOCRISY, un de mes groupes de cœur. J’avais vu la bande à Peter il y a quelques mois à peine au Ninkasi KAO, avec un son exécrable et un public amorphe, bref la cata. J’espèrais, alors que les groupes précédents avaient été gâtés, avoir enfin une bonne baffe de Swedish Death Metal en cette soirée, alors que la nuit était tombée. Spoiler alert : ça a été le cas (cool). Y’a pas à dire, ça change tout d’avoir un public déchainé, un son massif, et un contexte d’open air avec la nuit tombée, pour apprécier un set… la setlist était identique à la virgule près au précédent concert au Ninkasi, et qui plus est raccourcie.. mais qu’importe, entendre le sample d’intro de « Fractured Millenium » m’a fait sauter de joie, et le hurlement de Peter m’a foutu des frissons…et c’était parti pour une heure de set plutôt hyper violent, notamment dans la fosse où j’ai pris un nombre incalculable de slammeurs dans la gueule et rendu quelques coups. Le medley « Pleasure of Molestation / Osculum Obscenum / Penetralia » a été un grand moment de furie dans le pit d’ailleurs..Petite surprise au passage avec un "Carved Up" sorti de nul part et que je n'avais plus entendu live depuis longtemps. Miam. Sinon, Peter fera référence au nouvel album dont la sortie est imminente, et à leur retour prochain en Europe (un Wacken 2020 a été annoncé le lendemain), mais pas de petite gâterie comme un nouveau morceau malheureusement.. qu’importe, alors que « The Final Chapter » et son classique « Scream for me, i’ll SCREAM for you » fout le frisson à une grande partie du public, avant un classique mais épique rappel sur "Roswell 47". Grosse ambiance au final aussi bien sur scène que dans le pit, et très nettement la plus belle date de la journée à mon sens.
Il est proche de minuit quand APOCALYPTICA prend possession de la scène. Je voulais absolument les voir, par pure curiosité: les 4 violoncellistes sont au contact du public, accompagné d'un batteur (surprise par rapport à ce que j'imaginais), qui me semble vite indispensable à la nécessite de donner de la puissance aux morceaux. En effet, si le concept est profondément original et bien réalisé, il manque quelque chose d'organique, basse ou guitare, pour donner le côté heavy de la musique que nous aimons. Evidemment que c'est contraire au concept mais cela fait retomber le soufflé assez vite, alors pourtant que le groupe ce soir là fétait les 20 ans de son 1er album de cover de METALLICA et ne nous fera que les hits des Américains. En tout cas, à défaut de folie douce dans la fosse, le public chantonnera le refrain de "Master of Puppets" notamment mais sans grande conviction ais-je trouvé. Bravo en tout cas à eux, mais APOCALYPTICA restera ce que j'imaginais : une curiosité.
Le lendemain, je loupe de peu SEVERE TORTURE (exceptionnel, selon beaucoup..) et arrive pour SLAPSHOT dont j'aurais écouté d'une oreille inattentive le set sans être particulièrement mobilisé.. Par contre, inimaginable de rater NOSTROMO, récemment reformé, et dont l'album "Ecce Lex" avait marqué mes jeunes années. Et j'ai particulièrement bien fait, car les Suisses ont réalisé un set énorme, tout simplement. Leur son était colossal (j'aimerais connaitre le matos du guitariste...), le chanteur sautillait d'un bout de la scène à l'autre, et bien que le public soit encore un peu calme à cette heure ci de l'après midi le groupe aura droit à un accueil digne de son set. J'aurais qui plus est droit à mon "Sunset Motel" peu avant la fin du concert, lequel est indéniablement mon titre préféré, et un putain de titre tout court. J'irai sans hésitation revoir NOSTROMO, à la vue de cette prestation.
Mais qui est ce grand Norvégien tout palot, qui installe lui même son pédalier sur la scène du Sylak? IHSAHN, la légende d'EMPEROR, rien que ça...Habillé de manière très classique et sans les artifices du Black Metal, c'est donc IHSAHN et ses coéquipiers qui entament leur set, devant un public un peu septique. Il est vrai que le Black/Prog (à défaut d'une étiquette plus adéquate..) des Norvégiens, que je découvrais aussi pour ma part, n'est pas vraiment adapté à un milieu d'après midi, avec un soleil éclatant... Cela m'a ouvert les chakras sur l'intérêt d'aller plus en profondeur découvrir le groupe (des albums à conseiller?), mais définitivement pas le bon moment ni ambiance pour les découvrir que ce jour là.
Dois-je vraiment m'étendre sur SICK OF IT ALL? Excepté dire que c'était à nouveau la guerre, un set fantastique, une énerge de dingue, similaire à leur prestation quelques mois plus tôt au Ninkasi KAO? Je les voyais pour la 2e fois à quelques mois d'intervalle, et bien que tout soit identique (setlist, jeu de scène...), il est impossible de ne pas se laisser convaincre par l'énergie et la bonne humeur des New Yorkais. Dans le pit, je participerai à quelques circle pits plutot bien violents, et me suis fait noyé de très nombreux slammeurs, certainement le record du festival. Pour une raison inconnue, le son sera coupé sur scène quelques minutes, le groupe semble aussi surpris que nous et comble le vide, avant que tout ne reprenne comme si de rien n'était quelques minutes plus tard: on oubliera vite cet incident et on profitera jusqu'à "Sratch the Surface" et autres "Uprising Nation" arrivant en fin de set de ce moment de folie furieuse.
La nuit est tombée alors qu'ELUVEITIE et ses très nombreux musiciens/ciennes montent sur scène. Je ne connais que peu le groupe mais suis plutot bon public pour ce type de métal dansant, foklorique, bal à musette, etc... et j'ai passé un agréable moment en leur compagnie. La belle énergie que mettaient les musiciens a joué pour beaucoup, même si toute l'attitude du groupe semble un peu téléphoné, dans le sens "chorégraphié". Le moindre headbang d'une des musiciennes, le fait qu'elle se mette en retrait à ce moment précis du morceau, ressemble beaucoup à une machine très bien huilée et donc avec un peu moins de spontanéité et d'âme que je n'aimerai. Mais qu'importe, le show est de qualité, et on aura même droit à une version metal de "j'entends le loup, le renard et la belette" de je ne sais quel groupe.
Sans surprise, TESTAMENT délivrera un show exceptionnel avec un son dantesque là aussi. A l'image d'un SICK OF IT ALL, ce genre de groupe Américain ne deçoit jamais mais la recette est toujours la même. Ce qui fera de ce show un momen d'anthologie c'est quand même la setlist, avec un paquet, un énorme paquet, d'oldies, de pépites, jugez plutot: "D.N.R." (qui ouvre l'album "The Gathering" avec sieur Lombardo), "Over the Wall", "Practice What You Preach", HOLY SHIT "Into the Pit", et même "Disciples of the Watch" que je n'avais plus entendu là non plus depuis moultes années. Je ne peux vous qualifier l'état de la fosse car je m'étais éloigné le temps d'acheter à manger, mais ça semblait bouger un peu..! Bref, grosse patate, avec des musiciens hyper en place et une setlist à la hauteur de l'évenement, rien à redire.
Je ne pourrais pas finir cette review sur une longue description du set de MESHUGGAH car j'ai du m'éclipser, il était pas loin de minuit et je travaillais tôt le lendemain. Qui plus est, je ne suis pas un grand fan des Suédois... Je laisse à d'autres le soin de vous décrire plus en détail ce set.
Il me reste à clore cette review en remerciant une nouvelle fois l'équipe du SYLAK, l'orga et ses bénévoles, pour cette nouvelle édition (bientot la 10e) du meilleur festival de la région. Une prog toujours aussi éclectique et qui mélange tellement de genres qu'il est parfois difficile de trouver des enchainements de groupes plus audacieux qu'ici!! Vivement l'année prochaine, et gardez le site du stade de Saint Maurice, il est parfait...
2 COMMENTAIRE(S)
14/08/2019 23:30
Et pour Ihsahn j ai adoré mais c est vrai avec un soleil plombant je pense que le set aurait été encore plus majestueux en pleine nuit !
Pur folie pour sick of it all et testament, et pareil j ais pas vu le set complet de messhuggah je bossé le lendemain ! Ce festival est énorme en terme de groupe , ptite déception d avoir loupé hypocrisy la veille !
Verdict l année prochaine je ne l ouperais pas le samedi
14/08/2019 23:23