Après le succès de sa première édition au début de l’année, qui avait permis de voir MORTIS MUTILATI et MOONREICH à la Péniche Antipode, Noir Hexagone enchaîne avec un « Paris is Black ! Akt.02 ». L’association, qui a pour objectif de promouvoir le Black Metal français, nous propose cette fois GALIBOT et BOVARY, toujours au même endroit.
GALIBOT
Sosthène nous avait présenté les Ch’timis (dont le nom de groupe était celui donné aux enfants employés dans les mines du Nord) en fin d’année dernière, à l’occasion de la sortie de leur 6 titres
Euch'mau noir (« le chat noir », ou « le diable noir » au sens figuré, en patois ch’ti). Entre temps, le trio a accueilli Julian à la guitare et Robin derrière les fûts, ce qui permet depuis mars au désormais quintet de donner des concerts, et de venir jouer ce soir pour la première fois à Paris. La thématique reste la condition humaine au sein du bassin minier et ceci est illustré avant même que les Nordistes ne fassent leur apparition, grâce aux reproductions miniatures de deux châssis à molettes (tours sur lesquelles passaient les câbles d'extraction) servant d’objets scéniques. Puis, la venue sur les planches des artistes confirme cette volonté de nous plonger dans leur univers, puisqu’ils surgissent de la pénombre en bleu de travail, le visage noirci de traces de houille (une alternative au sens habituel du
corpse paint). Quant à la
setlist, elle reprend quasiment tous les titres de l’EP (seul « Terre d'euch mau » manque), avec en prime « Schlamms » (issu de la démo) ainsi que deux autres qui doivent être des nouveaux : « Baptise terre » & « Pénitent ». La mise en scène est très vivante, via des musiciens actifs qui changent souvent de place, des guitaristes en soutien vocal à la chanteuse, et un petit cérémonial qu’effectue cette dernière. On voit en effet Diffamie s’avancer vers le public en portant un seau de charbon. Elle s’agenouille, pose le bac et en sort un vêtement clair qu’elle revêt, avant de redonner vie à son personnage. Je me fais la réflexion que ses poses et certains de ses mouvements énergiques pourraient se rapprocher de ce qu’on observe dans le Metalcore. Quant au guitariste rythmique, la façon dont il se tient, se déplace, manipule et monte son instrument vers le ciel n’évoque pas tellement le Black Metal non plus, peut-être plus le Punk-Rock. Ce commentaire en écho à celui de la chronique de Sosthène dans laquelle il se demandait dans quelle mesure
GALIBOT pouvait être qualifié de Black Metal. Je le rejoins sur le fait que les caractéristiques musicales du genre y sont objectivement présentes, et je peux maintenant ajouter que pour autant, on ne ressent pas en
live d’aura maléfique, haineuse ou dépressive. Quoi qu’il en soit, c’est entraînant, ça
headbangue derrière moi et l’audience, satisfaite, se fait entendre. La représentation d’une demi-heure est appréciée, et on peut s’attendre à voir la troupe revenir prochainement, car nous avons appris qu’un enregistrement futur à défendre était prévu pour 2026 (chez
Les Acteurs De L’Ombre, qui vont en outre rééditer
Euch'mau noir).
BOVARY
On passe de la fougue aux lamentations avec ce combo de Black dépressif et mélancolique qui sent bon le cuir, les clous et les chaînes. L’entité maintenant majoritairement masculine (seule subsiste Petri Ravn du
line up initial de trois demoiselles) visite pour notre bonheur la capitale pour la troisième fois. C’est l’occasion de poursuivre la promotion de
Par amour du vide, véritable coup de cœur de Sakrifiss en 2023, avec une nouvelle équipe. L’attirail réglementaire (pics, cuir noir, ceinture cartouchière, rangers, etc.) est de sortie pour accompagner les riffs acérés et les voix déchirantes de Petri Ravn et d’Étrange Garçon (tous les deux aux guitares et au chant). Ces derniers, ainsi que le bassiste, se déplacent de temps à autre sur scène, ce qui permet de maintenir l’attention visuelle, sans toutefois affecter l’ambiance qui se veut plus planante que véloce. Mis à part « ...Et je ne serai plus là pour l'attendre », tiré de la deuxième démo
Sur ce mur trop souillé, les morceaux que nous entendons sont ceux de l’album (joués dans l’ordre), cette affirmation nécessite néanmoins quelques précisions. Tout d’abord, « Celui ou celle » est réalisé dans sa version instrumentale car « Il n’y a plus personne pour la chanter » nous dit-on. Je sais qu’Isidore de Palsuie du projet Dungeon synth / Dark ambient
SYNDÉRÈSE avait pu la psalmodier lors d’un concert de 2019 à Grenoble, mais je n’ai pas plus d’explications au sujet de l’allusion. Ensuite, après nous avoir informés que le
set allait se terminer par « Bonheur léthargique », Étrange Garçon nous a réservé une première bonne surprise pendant la dernière partie de cette composition. En effet, il pose sa guitare et descend à notre contact avec un micro qu’il tend à une jeune femme, qui n’est autre que Diffamie, la chanteuse de
GALIBOT, présente dans les premiers rangs. S’ensuit alors un duo aussi intense qu’inattendu dont on se souviendra, à la suite duquel le guitariste récupère son instrument pour revenir parmi nous, et jouer à même le sol, d’abord assis, puis carrément allongé. La seconde surprise se révèle double car le groupe a en fait encore prévu un titre pour la fin du programme. Et ce dernier n’est pas la reprise de « Mon amie la rose » comme on aurait pu s’y attendre (parce qu’il s’agit de la dernière piste de l’album), mais celle d’« Amsterdam », un autre classique de chanson francophone. À nouveau, Étrange Garçon l’interprète au plus proche de ses fans et évidemment, nombreux sont ceux à connaître par cœur les paroles de l’hymne de Jacques Brel. Il se produit alors un moment de communion magique et inoubliable avec les membres de
BOVARY pour finir la soirée en beauté. Enfin, les cris et applaudissements retentissent pour remercier la formation qui, à son tour, exprime toute sa reconnaissance à Stéphane de Noir Hexagone, et à toute l’organisation, pour avoir rendu cet événement possible.
Quel spectacle ! On aimerait en vivre plus souvent des vendredis soirs comme celui-là. Et les Parisiens avaient flairé le filon en se ruant sur les préventes pour en faire une date rapidement sold out. Il n’y a plus qu’à patienter pour un troisième acte de Noir Hexagone : on va être aux aguets :-)
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