No Mercy Festival 2005

C'est vers 12h20 que j'arrive à la Loco, bien décidé à passer un grand après-midi métallique. Deux tour-bus sont garés devant la salle et quelques sauvages chevelus attendent déjà sagement. Les grandes portes sont ouvertes alors je rentre tranquillement puisque personne ne me dit le contraire. A l'intérieur je croise du beau monde: le batteur et le chanteur de Dew-Scented, Terry Butler, le bassiste de SFU, et surtout Karl Sanders, dont l'énormité me laisse douter de son espérance de vie. Mais alors que le mini fest ne doit démarrer que dans plus d'une heure, j'apprends déjà une très mauvaise nouvelle: une panne de car étant intervenue en Belgique, Wykked Wytch (bon eux je m'en branle) et Cataract ne pourront pas assurer leur set. C'est vraiment dommage car je venais notamment pour eux, "With Triumph Comes Loss" m'ayant mis une méchante claque. Tant pis, l'affiche reste malgré tout toujours alléchante.

Je ressors rapidement puis les "vraies" portes s'ouvrent vers 13h05, je me dirige tout droit vers la gauche de la scène, sur la partie surélevée, endroit stratégique que j'avais repéré au concert du Bernard Minet Live Band (:D). Mais je n'y reste pas longtemps puisqu'on nous fait remonter presque aussi sec en haut des escaliers, pour laisser certains retardataires installer le matériel. Ce n'est qu'une vingtaine de minutes plus tard qu'on peut enfin redescendre, je reprends ma précieuse place.

Pas de Wykked Wytch, c'est donc avec les blackeux belges d'Enthroned que démarrent les festivités. Ce n'est un secrèt pour personne je n'aime pas le black-métal et ce n'est pas avec une phrase d'intro qui dédicace le set à notre père à tous, Satan que je vais faire des efforts. Les voix blacks m'énervent déjà pas mal mais en français c'est carrément ridicule. En tout cas le son est assez net, une donnée qui me faisait un peu peur étant donnée la technicité de la majorité des groupes présents. Le pit commence déjà à s'agiter et je pressens que certains auront du mal à tenir tout l'après-midi. Ne me demandez pas ce que les Belges ont joué, j'en sais foutre rien. J'avoue quand même que ça aurait pû être pire et les 25 minutes du set passent relativement vite.

C'est ensuite les thrasheux allemands de Dew-Scented qui prennent le relai et là ça change tout, du putain de thrash deathisant qui démonte et chauffe un pit en moins de deux. Profitant d'un son très satisfaisant, nos amis d'outre-Rhin balancent leur musique sans fioritures et je ne peux résister à l'appel du pit. Je descends donc...pour remonter 10 minutes plus tard pour éviter une crise cardiaque prématurée. La fosse est en effet déchaînée. "Cities Of The Dead", "Locked In Motion", "Soul Poison", "Bitter Conflict", "New-Found Pain" et "Acts Of Rage" sont joués ainsi qu'un nouveau morceau de leur nouvel album, "Issue VI", "Turn To Ash" qui ne semble pas marquer une évolution majeure dans la musique des Teutons. Cette relative linéarité n'a heureusement pas le temps d'avoir d'impact sur nous puisqu'après seulement 25 minutes, le set se termine. Assurément une des réussites de la journée et le public ne s'y est pas trompé, réservant une ovation bien méritée aux thrashos.

Arrive alors un groupe que j'attendais tout particulièrement, comme beaucoup de monde je suppose, Dying Fetus. Je ne fus pas déçu tant les Américains dégagent une maîtrise aussi impressionante que leur technicité. Le son est à la hauteur et les blasts écrasent tout sur leur passage. Depuis quelques mois le groupe a changé de configuration puisque le coreux s'en est allé. C'est donc le basssite qui se charge des vocaux hardcore, pas vraiment hardcore du coup. Le set est ainsi malheureusement plus statique mais la foule parisienne, venue en nombre, ne s'en soucie guère, la guerre fait rage devant la scène. Je suis resté admiratif devant John Gallagher, chanteur et guitariste (un peu homme à tout faire) de son état, qui nous sort sa bonne voix surgutturale des familles tout en baladant ses doigts tentaculaires sur son manche (de sa guitare bien évidemment!). Et quel batteur aussi, ultra technique, ultra carrée rien à redire. On a le droit à "Pissing In The Mainstream", "Praise The Lord", "One Shot, One Kill", "Forced Elimination (pas sûr pour celle-là) "Kill Your Mother And Rape Your Dog", "Killing On Adrenaline", "Beaten Into Submission" parmi d'autres dont je ne me souviens plus. Un nouveau morceau nous a été offert, extrait du prochain album à venir pour seulement le début de l'année prochaine. Je peux affirmer sans trop me mouiller que ça promet. Petite déception, "Vengence Unleashed" n'a pas été jouée.
Parmi toutes ces louanges je voudrai quand même pousser un coup de gueule contre les mecs qui montent sur scène, y restent à 2 ou 3 pendant 20 secondes, qui se la racontent parce qu'ils sont tout contents d'être là et qui gâchent le set du groupe. Ces gens n'ont aucun respect pour les musiciens. Gallagher leur demandera d'ailleurs de monter plutôt sur les côtés car plusieurs fois son micro a été dérangé et le roadie n'arrêtait pas de remmetre le matos du devant de scène en place. Ce genre d'attitude m'énerve au plus haut point. Malgré tout Dying Fetus aura mis tout le monde d'accord et c'est ma deuxième claque de la soirée.

En attendant Disbelief, je pars au stand de merchandising. Résultat, des t-shirts de Dying Fetus et Nile. Malheureusement pas de Six Feet Under car seulement dispo en XXL. Terry Butler, qui tenait le stand, me conseillera gentiment de faire de la muscu et je lui promis d'essayer.

Revenons à nos moutons, et à Disbelief par la même occasion. Première constatation, la fosse s'est bien vidée, les Allemands n'intéressent apparemment pas grand monde. Perso, j'étais curieux de voir ce que ça donnait après toutes les bonnes critiques que j'ai pu lire ici ou là, ou même là-bas. Eh bien j'ai été plutôt déçu, j'ai trouvé ça très vite lassant malgré un chanteur (tout droit sorti du paléolithique) très en voix et un son encore une fois très correct. Sur une affiche aussi brutale, Disbelief était un peu l'intru (aucun blasts, vous vous rendez compte!) et le public n'a pas suivi. Beaucoup de titres du dernier album 66Sick (enfin je crois...) dont "Rewind". Seul autre morceau dont j'ai entendu le titre, "Misery". De plus j'ai trouvé certaines parties rentre-dedans très similaires, ce qui n'a pas arrangé les choses. Les 40 minutes me parûrent donc bien longues et c'est avec soulagement que je vois le concert s'achever. Finalement Disbelief aura permis à la foule de se reposer, ce qui n'est pas un mal. Donc merci les gars!

Après ce long interlude bien ennuyant, passons aux tarés de Gorgoroth. L'ambiance est tout autre. Petit résumé sur le look des Norvégiens: corpsepaints sataniques, croix renversée et le must du must des accessoires à piques de partout. Chevilles, jambes, bras, avant bras, coudes, tout est couvert de piques pointues et attention pas des piques de pds non des piques d'au moins 20 centimètres parce qu'eux c'est des trves, 'font pas semblant. L'attitude va avec, les musiciens semblent tous possédés par le Malin. Mention spéciale au chanteur, qui toise le public et qui fait les "cornes" vers lui quand il ne hurle pas, et au guitariste chauve, qui remuait la tête par accoups comme un schizophrène et qui sortait par moment le bout de sa langue pour nous convaincre totalement de sa santé mentale défaillante. Manquait plus que les têtes de moutons empalées!
Quelque chose qui m'a fait marrer au début, c'est que les stage-divers se sont pris des coups de pieds au cul par les zikos. Mais ça s'est emballé par la suite et ça devenait assez violent. Un roadie chauve et tatoué venait balancer violemment les pauvres slammers qui atterrissaient sur scène. J'avoue que les slammers sont chiants et ont bien fait chier pendant le set de Dying Fetus mais pas la peine d'être aussi brutal. Peut-être que ça fait partie de l'attitude trve, hautaine et dédaigneuse?
En ce qui concerne le set en lui-même je n'ai évidemment pas aimer, sauf certains passages. Et puis il n'y a pas que le rouge pour les lights! J'ai le mérite de rester assez longtemps puis à un quart d'heure de la fin je me casse au bar prendre un coca frais (pas de bière en concert ça me donne envie de pisser!) puis un t-shirt de Dew-Scented.

Retour à ma place pour le grand Nile. Après quelques réglages, c'est parti pour une claque monumentale. Ce concert est l'occasion de présenter les deux nouveaux venus, à savoir le batteur George Kollias (Nightfall) et le petit jeunot de 19 piges, Joe Payne qui remplace Steve Tucker, annoncé à l'origine comme remplaçant de Jon Vesano sur la tournée européenne, vous suivez? Beaucoup avaient des appréhensions sur le niveau du Grec par rapport au monstre de technicité qu'était Laureano. Je n'ai jamais vu l'ancien à l'oeuvre mais Kollias a assuré parfaitement, sa prestation m'a laissé sans voix. On entendait très bien la batterie et les blasts ultra rapides m'ont vrillé la tête, j'ai adoré. Sans parler de la doube-pédale qui pillonnait à une vitesse incroyable! Quant au bassiste, il semblait faire partie du groupe depuis le début et avait l'air réellement content d'être là, souriant en voyant la réaction plus que positive du public. Son jeu fut complètement à la hauteur. Pour ce qui est de Toler-Wade et Sanders, ils ont envoyé les riffs aux BPMs supersoniques sans sciller mais c'est surtout au niveau des voix que j'ai été bluffé, encore plus que pour Dying Fetus. Je ne sais pas si leur voix était trafiquée mais c'était vraiment impressionnant. Mon Dieu ce chant d'outre-tombe de Sanders!!! Comme moi, la foule parisienne regarde avec admiration ce déluge sonore et finalement ne bouge pas trop, mais témoigne de sa joie à la fin de chaque morceau, qui sont des démonstrations de brutalité, de technicité et de maîtrise. Voici la playlist: "The Blessed Dead", "Ramses Bringer Of War", "Smashing The Antiu", "Sarcophagus", "Chapter For Transforming Into A Snake" et en dernier "Black Seeds Of Vengence". Le groupe nous a offert trois titres extraits du prochain brulôt, "Annihilation Of The Wicked": "Cast Down The Heretic", "Sacrifice Unto Sebek" et "Annihilation Of The Wicked". Si certains d'entre-vous avaient pu croire à un album moins brutal avec l'extrait "Lashed To The Slave Stick", oubliez ça! Quelle vitesse d'execution ("Cast Down The Heretic" est à 256 bpms)!
Contrairement à Gorgoroth, Nile ne vire pas à coups de pompe dans le cul les slammers. Dallas s'amuse même de certains comportements. Comme quoi il n'y a pas besoin d'avoir une attitude méprisante et même violente pour faire une musique brutale. Les mecs de Nile sont sympas et je préfère largement cette mentalité.
Toutes les bonnes choses ont une fin et après une heure de show, Nile se retire, triomphant, au son de l'énorme "Khetti Satha Shemsu". J'avoue commencer à peine la découverte de ce groupe et ce concert m'aura convaincu de démarrer les fouilles rapidement.

Il faut une bonne vingtaine de minutes pour que la tête d'affiche fasse son apparition, à savoir Six Feet Under. Pour l'occasion je suis descendu me placer devant la scène, toujours sur la gauche, pour pouvoir serrer la main d'un de mes chanteurs de death préféré, le sieur Barnes (oui je suis une vraie groupie mais j'ai réussi, non sans mal!). Heureusement pour mon cerveau déjà bien endommagé après 6 heures de lobotomie, SFU joue un death certes brutal mais beaucoup moins technique (pas de blasts), plus direct et très efficace.
Le jeu de scène de l'ex-Cannibal Corpse est excellent, très sympa: beaucoup de communication avec le public (et oui c'est pas Gorgoroth!) et une joie sincère d'être sur scène. Faut dire que le bonhomme a de la bouteille. Encore une preuve qu'on peut avoir une attitude de franche camaraderie même quand on fait de la musique extrême et qu'on parle de zombies et de cadavres (oui je me répète et alors!). J'ai malgré tout été moins impressionné par la voix de Barnes (qui pourtant me rend dingue sur CD) que par celles de Nile et Dyng Fetus, sauf sur les couinements aigus caractéristiques qui m'éclatent (faut voir la tronche qu'il tire quand il fait ça!). La performance des autres membres est très carrée, avec un guitariste qui retranscrit très bien les quelques soli des morceaux. Ont été joués: "Shadow Of the Reaper" du nouvel album (ainsi qu'un ou deux autres extraits), "Bonesaw", The Day The Dead Walked", "Victim Of The Paranoid", "War Is Coming", When Skin Turns Blue"...
Malheureusement j'étais un peu fatigué pour apprécier le set à sa juste valeur même si je fus loin d'être déçu. A l'approche de 21h, le groupe tire sa révérence et le rideau tombe sur le No Mercy 2005. Les 7 heures de concerts seront passées très (trop) vite. Je prends un bon bol d'air frais à la sortie puis je salue mes deux compagnons de souffrance Alexis et Cannibal JC. Et c'est avec le sentiment d'avoir vécu une très bonne journée que je me dirige vers le métro.