Après avoir visionné sur YouTube un best-of de Jean-Marie Le Pen et un autre de Jean-Marie Bigard choisis avec soin par mes camarades de chambrés (plutôt que d’aller voir The Beyond de Lucio Fulci proposé par Virus Cinema au sein même de la Black Stage - comme quoi on a vraiment le sens des priorités), je me décide à reprendre le chemin de Pumpehuset afin d’assister à ma première rencontre avec un groupe des environs...
DEIQUISITOR - 15h30-16h30 (Byhaven Stage) :
Le ciel est toujours un peu chargé en ce vendredi après-midi lorsque j’arrive sur place. Après la pluie d’hier lors du set de
GALVANIZER, j’espère que nous serons épargnés aujourd’hui puisque deux concerts se tiennent à nouveau sur la scène extérieure. C’est donc
DEIQUISITOR qui aura pour mission d’ouvrir les hostilités. En ce qui me concerne, si je ne me suis jamais intéressé au premier album des Danois, le second m’a quant à lui pas mal interpellé. J’étais donc plutôt curieux de voir ce que le groupe serait capable de nous proposer sur les planches de la Byhaven Stage. Malheureusement, je vais assez vite déchanter. En grande partie parce que le son n’est pas à la hauteur et va rendre le tout particulièrement plat et monolithique, sans aucune subtilité ni moment d’éclat. Aussi, même les morceaux de
Downfall Of The Apostates finissent par tomber à plat. Le groupe a beau faire preuve d’un certain enthousiasme, notamment le bassiste/chanteur, et nous offrir en prime un nouveau morceau mais cela ne suffit pas vraiment à me rendre plus enthousiaste. J’assiste à l’intégralité de leur prestation par acquis de conscience mais il est vrai que je m’attendais à bien mieux de leur part. D’ailleurs, il s’agit du moins bon set du festival en ce qui me concerne.
(AxGxB)
Le Death Metal frontal, aride et sans fioriture de
DEIQUISITOR aurait mérité un tube de Juvamine, une bonne dose d’assurance et sans doute une guitare supplémentaire. J’avais été plutôt emballée à l’écoute des deux albums du trio danois, empreints de rigidité et de froideur, mais je n’ai retrouvé en live ni leur son si caractéristique, ni leur glaciale et virile agressivité. C’est finalement, pour moi, la moins bonne prestation du week-end.
(ERZEWYN)
CADAVERIC INCUBATOR - 17h00-18h00 (Byhaven Stage) :
Révélé pour la plupart d’entre nous l’année dernière avec la sortie du sympathique
Sermons Of The Devouring Dead,
CADAVERIC INCUBATOR avait fait sur ma petite personne plutôt bonne impression. J’étais donc évidemment plutôt curieux à l’idée de les rencontrer sur scène pour la première fois. Venu de Finlande, le groupe qui traîne ses guêtres dans le milieu depuis bientôt quinze ans va nous proposer à la manière de
GALVANIZER un Death/Grind des plus virulents et vindicatifs. Mené par le menaçant Necroterror (ex-Slugathor), le groupe y va franco dès les premiers instants, bien décidé à imposer sa musique avec force et panache. D’ailleurs le son est plutôt de bonne facture ce qui permet d’apprécier à leur juste valeur ces compositions expéditives menées la rage au ventre. Ainsi, entre deux/trois t-shirts
DEMILICH lancés depuis l’étage du bureau du KTDF par un Antti Boman toujours aussi espiègle, les Finlandais vont nous faire un bon petit tour d’horizon de leur discographie exécutant aussi bien des morceaux de l’album susmentionné que des titres tirés de leurs splits plus récents en compagnie de Festerday et Axeslaughter. Efficace et ultra directe, la prestation de
CADAVERIC INCUBATOR aura vraisemblablement laissé une bonne impression à l’ensemble du public. On peut reprendre le chemin de la Black Stage tout à fait satisfait.
(A)
Les Finlandais de
CADAVERIC INCUBATOR qui n’ont sorti qu’un seul album,
Sermons Of The Devouring Dead, en 2017 m’ont fait forte impression, avec un Death/Grind de belle facture, très offensif et énergique. Les riffs sont aussi assassins que le regard de son guitariste/chanteur, répondant au doux nom de Necroterror, qui joue la provocation en arborant un t-shirt de MORTEM. Le son de la minuscule scène de Byhaven est excellent et restitue parfaitement chaque instrument, notamment cette basse vrombissante. J’ai particulièrement apprécié l’alternance et/ou la superposition des chants, un growl puissant et profond pour le guitariste, associé aux glapissements suraigus d’un bassiste très investi. Très bonne prestation, qui se terminera sous une légère averse – quand ce n’était pas les t-shirts de DEMILICH jetés par Antti Boman depuis le toit de la scène qui tombaient - à rapprocher de celle de leurs compatriotes de GALVANIZER, la maturité en plus.
(E)
ANTIVERSUM - 18h00-19h00 (Black Stage) :
Honneur à la Suisse cette fois-ci avec la venue d’
ANTIVERSUM, un autre groupe que je suis depuis ses débuts mais dont l’occasion d’assister à l’une de leur prestation ne m’avait encore jamais été donnée. Eh bien c’est aujourd’hui chose faite et je peux vous dire que cela en valait largement la peine. Prenant possession des planches dans un noir quasi-total, le groupe va choisir de rester dans cette obscurité pendant l’intégralité de son set. Seules quelques lumières bleutées vont venir apporter un peu de relief à une prestation particulièrement sobre. Je vous vois déjà bailler aux corneilles derrière votre écran. Et bien sachez qu’il n’en fût rien. Au contraire, loin de chercher à s’imposer par la force et la violence,
ANTIVERSUM va embarquer les spectateurs de la Black Stage dans ses pérégrinations spatiales à l’aide de riffs hypnotiques et de mid-tempo lancinants auxquels seront apposés un growl profond et impitoyable. Si visuellement il ne se passe pas grand-chose sur scène, je suis pourtant bel et bien transporté dans les méandres d’univers sombres et reculés où règne le chaos et la terreur. Une terreur sournoise et insidieuse que l’on devine plus que l’on ne voit et qui s’immisce en nous pour ne jamais plus nous lâcher. Beaucoup autour de moi semble fermer les yeux et baisser la tête, acceptant tristement leur sort et communiant comme il se doit avec les messies d’
ANTIVERSUM. Sobre en effet mais non moins redoutable.
(A)
Retour sur la Black Stage baignée de lumières bleues avec les Suisses d’
ANTIVERSUM proposant un Black/Death très pesant, dosant savamment plages ambiantes lourdes et passages plus bourrins aux blasts arrivant à point nommé. Je suis immédiatement plongée dans un océan de noirceur et de malfaisance grâce à ce chant d’outre-tombe bourré de réverbération et ces longs riffs de guitares traînantes, lancinantes. Restitution parfaite et immédiate, notamment en raison d’un très bon son, de l’atmosphère plombée de
Cosmos Comedenti. Les fans d’ALTARAGE, dont je fais partie, y auront assurément trouvé leur compte.
(E)
UNDERGANG - 19h00-20h00 (Main Stage) :
Après une prestation sympathique mais quelque peu entachée par un son relativement brouillon lors de l’édition 2016 du Netherlands Deathfest, je n’attendais rien de spécial de la part des Danois. Et bien qu’elle ne fût pas ma surprise à l’issu d’un set finalement rondement mené. Largement aidé par un son permettant d’appréhender chacun des instruments, David Mikkelsen et ses acolytes vont venir nous écraser la tronche grâce à ce Death Metal dégoulinant au groove toujours aussi insolent. Si les débuts du groupe étaient sympathiques mais tout de même un poil anecdotiques, je trouve que les Danois ont fait de sérieux progrès depuis leurs deux derniers albums. Du coup, je me laisse très vite attrapé par ces riffs chargés dont certains particulièrement entêtants ("Efter Obduktionen" en tête), ces changements de rythmes à se briser la nuque, ces séquences au groove particulièrement redoutable et ce growl d’un autre monde. Si le garçon ne paye pas forcément de mine, avec ce visage sympathique qu’il trimbalera un peu partout durant ces quatre jours de festival, celui-ci possède pourtant l’une des voix les plus profondes, capable de vous enterrer six pieds sous terre d’un simple "thank you" balancé en toute modestie entre chaque morceau. Si
Misantropologi est bien évidemment mis à l’honneur ("Efter Obduktionen", "Klynget Op I En Galge Af Egne Indvolde", "Sygelige Nydelser (Del I) Apotemnofili", "Sygelige Nydelser (Del II) Tafefili",
UNDERGANG ne va pas pour autant passer sous silence ses plus veilles sorties à commencer par son premier album dont le groupe nous offrira au moins deux morceaux : "Englemagersken" ainsi que "Indhentet Af Døden" en guise de conclusion. Pour ma part, mes cervicales ont été largement mises à contribution et je dois bien l’avouer, j’ai pris un sacré panard durant après de trois-quarts d’heure. A tel point que j’ai déjà dû réécouter
Misantropologi trois ou quatre fois depuis mon retour...
(A)
Les voilà les incontournables de l’étape ! Changement de registre sur la Main Stage avec le très attendu combo danois,
UNDERGANG, qui a acquis en quelques années un statut de valeur sûre et est devenu le porte-étendard d’un Death Metal nouvelle génération alors que paradoxalement, le groupe se revendique clairement old-school. C’est sans doute cela le talent, l’assimilation et le dépoussiérage d’un genre qui se trouvait en perte de vitesse pour lui redonner tout son lustre d’antan. Les spots rouges sont braqués sur David Torturdød et sa bande, qui ont décidé de nous faire monter dans une machine à remonter le temps, en commençant par des titres issus de
Misantropologi pour progressivement aller puiser dans la discographie plus ancienne du groupe, moins aboutie, plus cradingue, ce qui m’a donné la sensation d’une montée en puissance inarrêtable. Sens du riff incomparable, basse tantôt dégoulinante tantôt bovine, éructations putrides, batterie assassine, ce son, reconnaissable à des kilomètres, je ne trouve pas d’autre mot que rouleau compresseur pour qualifier les performances de ce groupe qui vit, respire, transpire, pue le Death Metal. Le son aurait pu être meilleur, notamment au niveau du growl si guttural du maître de cérémonie, mais on a connu bien pire les deux premiers jours. C’est toujours le pied total, même si je garderai un souvenir plus vivace de mon dépucelage underganguien au Netherlands Death Fest en 2016, qu’aucune prestation ne semble pouvoir égaler.
(E)
MEFITIC - 20h00-21h00 (Black Stage) :
MEFITIC fait partie de ces groupes à l’affiche que je n’avais encore jamais eu la chance de voir sur scène. Vêtus de guenilles complètement déchirées et souillées, les Italiens font leur entrée dans une atmosphère post-apocalyptique qui leur va plutôt bien. Si le visage des guitaristes et du batteur sont visibles de tous ou presque (hein ERZEWYN), celui du bassiste/chanteur est caché par une grande capuche qui lui tombe sur les yeux. Le jeu de lumière étant ce qu’il est (du rouge, beaucoup de rouge et encore du rouge), il restera ainsi caché pendant l’intégralité du set. Un set à l’image de leurs tenues, apocalyptique. Pour ce concert particulier, le groupe a choisi d’exécuter l’intégralité de son unique album intitulé
Woes Of Mortal Devotion. Une décision qui me va plutôt bien puisque pour être honnête, je ne connais rien de ce que le groupe a pu faire avant. Actifs depuis 2004, les Italiens comptent en effet une série de splits, de EP et de démos sortis avant ce premier et pour le moment unique essai longue durée. Adepte d’un Black/Death guerrier et impitoyable,
MEFITIC dont la formule n’est pas si éloignée que ça d’un certain Wrathprayer, va délivrer la bonne parole pendant quarante-cinq minutes particulièrement intenses. Le son est bon, les musiciens parfaitement préparés, le jeu de scène sobre mais tranchant. Que demander de plus ? Difficile en tout cas de rester de marbre face à ces brûlots que sont "Grievous Subsidence", "Noxious Epiclesis", "The Tomb Of Amaleq" ou le bien nommé "Pain". Après cette débauche de violence malsaine, le groupe termine son set par un "The Swirling Columns Of Staleness" écrasant, finissant ainsi de nous achever dans la douleur.
(A)
Je sais que je les ai vus les Italiens de
MEFITIC, j’étais là, dans cette salle, où encore une fois, je n’ai fait qu’entr’apercevoir le haut des capuches d’un ou des musicien(s). L’impossibilité de voir la scène (pas facile d’être à peine plus grande qu’une poule à genoux), la fatigue qui se fait déjà ressentir, les excellents sets qui précèdent, dont il est parfois difficile de s’extirper mentalement, ont certainement contribué au fait que je n’ai pas de souvenir précis de leur prestation. Je me rappelle juste que j’en suis sortie en me disant « ben, ma foi, c’était pas mal du tout ». Je m’excuse de l’inutilité de cette contribution.
(E)
NECROS CHRISTOS - 21h00-22h00 (Main Stage) :
Allez, après cette énième punition d’un week-end qui n’est d’ailleurs pas encore terminé, direction la Main Stage pour ce qui sera déjà mon sixième concert de
NECROS CHRISTOS. Si certain n’apprécient pas la formule, j’ai toujours été très client de leur Death Metal ritualiste à grand renfort d’encens, de bougies, de boubous africains et de lunettes de soleil. Pour l’occasion, les Allemands ont largement simplifié leur univers puisque rien de tout ça n’apparaît sur scène, Mors Dalos Ra préférant la jouer cette fois-ci beaucoup plus sobre. D’ailleurs, il n’y aura que bien peu d’interludes de type "Temple..." ou "Gate..." puisque si je ne dis pas de bêtise, je me souviens n’avoir entendu que "Temple I : The Enlightened Will Shine Like The Zohar Of The Sky" en guise d’introduction. Une introduction normalement suivie par "I Am Christ", premier morceau issu de
Domedon Doxomedon, le nouvel album de
NECROS CHRISTOS paru il y a quelques semaines seulement. Vont ensuite s’enchaîner d’autres extraits tels que "Tombstone Chapel" et "He Doth Mourn In Hell". Et comme toujours avec les Allemands, je suis sous le charme d’entrée de jeu. Le son est excellent, les riffs massifs et imposants, l’atmosphère sombre et religieuse et puis les musiciens ont une classe folle. Tout de noir vêtus, ces derniers ne font rien d’autre que jouer et d’exécuter à la perfection leur art noir et incantatoire mais je ne sais pas, il y a quelque chose chez
NECROS CHRISTOS qui force le respect, probablement cette personnalité si forte et si particulière, cette spiritualité, ces riffs parpaings… Mais entre les titres du dernier album, le groupe va également se fendre de quelques classiques avec notamment "Va Koram Do Rex Satan" dont beaucoup reprendront le refrain ainsi que l’excellent "Necromantique Nun". Au final,
NECROS CHRISTOS nous aura servi près d’une heure de set pendant lequel je n’aurai pas vu le temps passer. Si ça ce n’est pas le signe d’un bon moment passé alors je ne sais pas ce que c’est.
(A)
Pour le coup, mon coup de pompe pendant MEFITIC m’a peut-être aidée à reprendre du poil de la bête et me rendre totalement disponible mentalement pour le set de
NECROS CHRISTOS. Les Allemands ne m’ont jamais déçue et les revoir une troisième fois n’était pas pour me déplaire. Mors Dalos Ra a troqué la tunique brodée contre une simple veste denim. Qu’importe, je reste sous le charme du bonhomme à la voix rocailleuse et envoûtante (tiens, il ne serait pas en train de se warrioriser avec ses ugh ?), charismatique, distingué, et à sa musique à laquelle il a su transposer les mêmes qualités. Une belle entrée en matière sur I Am Christ, issu de
Domedon Doxomedon, l’œuvre testamentaire du groupe, puisque ce triple album de près de deux heures a été annoncé comme le dernier. Près d’une heure de set avec un son parfait composé de titres plus savoureux les uns que les autres, avec en point d’orgue, des incontournables tels que
Necromantique Nun ou
Black Bone Crucifix. Ma dose de Black/Death racé, mature, majestueux et subtilement orientalisant. Inoubliable ! Espérons que NECROS CHRISTOS offrira à ses fans, dont je suis, encore quelques concerts de cette qualité. En tout cas, celui-ci est tout en haut d’un classement, pourtant difficile à établir. J’en frissonne encore.
(E)
SCOLEX - 22h00-23h00 (Black Stage) :
Alors que je descends tranquillement les escaliers qui mènent de la Main Stage à la Black Stage, je suis tout de suite interpellé par les riffs que les Américains de
SCOLEX font alors tourner. Et oui timing serré et surtout respect des horaires font que le groupe est déjà à pied d’œuvre sur la scène de la Black Stage. Bon, les choses viennent juste de commencer mais du coup, pas le temps de traîner qu’il faut déjà enchaîner. Et pour une surprise, voilà une bonne surprise. En mauvaise élève que je suis,
SCOLEX faisait partie des quelques groupes que je ne connaissais pas et sur lequel je n’avais pas daigné poser une oreille avant ce samedi soir... Monumentale erreur comme dirait Jack Slater même si le kif n’en a probablement été que plus grand. Composé autour du duo Erika Osterhout (Necrosic, Trepanation) et Justin Green, le groupe est épaulé en live par Chad Gailey (Necrot, Mortuous), Sonny Reinhardt (Necrot, Saviours) et Paul Riedl (Blood Incantation, Spectral Voice...). Un line-up de choix pour un set à l’énergie incroyable. Et si d’autres connaissaient probablement le groupe avant de mettre les pieds dans la salle, je ne suis par contre pas le seul clampin à m’agiter vu la réaction du public qui, pour le coup, se montre particulièrement actif. Il faut dire que sur scène
SCOLEX ne fait pas semblant avec pour commencer ces putains de gros riffs balancés par Riedl et Sonny Reinhardt. Ça roule et ça déroule, le tout appuyé par la basse massive et saturée d’Erika Osterhout et les assauts sans filtres du jeune Chad Gailey. Oh la la, quelle branlée ! Avec un EP à son actif (sorti en 2013) ainsi qu’un split à venir en compagnie de Mortuous, les Américains vont passer en revue l’intégralité de leur répertoire et notamment les excellents "Dweller Of The Twilight Void" et "Infinite Monolith" dont les riffs me restent encore en tête aujourd’hui. Sur scène, on sent que les gars sont contents d’être là, notamment Erika qui saluera régulièrement le public et Justin qui le remerciera à son tour chaleureusement. Oui, c’est aussi pour ça que j’apprécie me rendre à des concerts, pour ce genre de découvertes sorties de nulle part et qui en trois riffs, te mettent littéralement à genoux.
(A)
SCOLEX…SCOLEX… Je devais encore être dans les vapeurs ensorcelantes de NECROS CHRISTOS, car je subis le même sort que pendant MEFITIC. J’y étais, promis-juré-craché, j’ai aimé, c’est certain, j’étais plutôt enthousiaste à l’issue du set, mais je préfère être honnête, je n’ai pas de souvenir précis…Promis, je ne bois pas non plus.
(E)
DEMILICH - 23h00-00h00 (Main Stage) :
Après m’être remis de mes émotions et avoir cherché en vain à mettre la main sur un disque de
SCOLEX, me voilà de retour à l’étage pour le set des Finlandais de
DEMILICH que j’attendais évidemment de pied ferme. Après une prestation royale au Wolf Throne 2015 (en dépit d’une soirée compliquée niveau son) et ce concert au Netherlands Deathfest 2017 lors duquel Antti devra se contenter de chanter, alors privé de l’usage de sa main, j’étais tout de même relativement confiant sur la suite des événements. Et comme je le pressentais, cette troisième rencontre fût probablement l’une des meilleures. Déjà parce que le son était clairement beaucoup plus imposant qu’au Wolf Throne et ensuite parce qu’Antti Boman a cette fois-ci retrouvé l’usage de sa main pour le meilleur et rien que le meilleur. Pour le reste, on trouve une setlist relativement identique avec notamment deux de mes titres favoris de
DEMILICH, "The Sixteenth Six-Tooth Son Of Fourteen Four-Regional Dimensions (Still Unnamed)" et "(Within) The Chamber Of Whispering Eyes" à côté d’autres morceaux évidemment tout aussi bonnards tels que "When The Sun Drank The Weight Of Water", "The Echo" ou bien encore "And You'll Remain... (In Pieces In Nothingness)". Si le public est à fond, moi je ne réponds plus de rien devenant alors complètement débile sous le coup de ces riffs tordus et syncopés à vous donner mal au crâne, de ces changements de rythmes improbables et des blagues d’un Antti Boman toujours aussi prolixe mais sympathique. Une heure de show qui encore une fois ne semble avoir duré que quelques minutes. Je reprendrais bien une petite rasade...
(A)
Antti Boman pistait Paul Riedl de BLOOD INCANTATION depuis le matin pour partager le « calumet de la paix ». Le bonhomme nous a habitués à se présenter sur scène dans un état allant de « un peu » à « complètement torché », j’étais donc un peu inquiète lorsqu’a débuté le set de
DEMILICH. Mes appréhensions s’envolent rapidement. Antti Boman cultive sa verve et bavarde toujours autant, mais la prestation des Finlandais à Copenhague est certainement la meilleure qu’il m’ait été donnée de voir. Le son est excellent, les musiciens prennent un plaisir évident pendant près d’une heure et le public semble conquis au regard de l’accueil chaleureux qu’il leur est réservé. Toutes les subtilités techniques et la complexité des compositions tordues, déstructurées de
Nespithe (leur unique album sorti il y a quand même 25 ans) et autres joyeusetés sont aisément perceptibles pour nous offrir sur un plateau un set abouti, finement ciselé et étonnamment sobre dans tous les sens du terme. Comme quoi, il n’est pas inutile de revoir un groupe plusieurs fois, certains sont encore capables de nous scotcher, performance après performance. Organisation du concours du t-shirt moche avec BLOOD INCANTATION, remporté haut la main par DEMILICH, avec de ravissants modèles où leur logo est placardé sur des fonds unis du rose bonbon au vert pomme en passant par le jaune poussin, preuve d’un certain sens de l’humour et de l’auto-dérision.
(E)
NECROT - 00h00-01h00 (Black Stage) :
Les Américains de
NECROT sont déjà sur scène lorsque je descends les marches pour rejoindre la Black Stage. Fort d’un premier album que j’ai trouvé sympathique mais pas forcément mémorable, je me pose encore la question de savoir si ou non je vais prendre l’air quelques minutes quitte à louper le début, quitte à ce que cela dure finalement plus longtemps. Et bien
NECROT choisira pour moi puisqu’après avoir débriefer rapidement du set de
DEMILICH, j’entends une petite voix dans ma tête me dire quelque chose comme : « mais putain, c’est que ça défonce en fait ». Et oui, putain que ça défonce. Désolé pour cet abus de gros mots mais j’ai pris dans la tronche une encore plus grosse claque que
SCOLEX ! Le groupe est mené par une grande tige frisée qui n’est pas sans rappeler un certain Dan Lilker. Même chevelure, même instrument de prédilection, même énergie communicatrice avec en sus cette capacité à mener de front un concert comme il se doit. En fait, j’ai eu l’impression pendant quarante minutes de me prendre dans la tronche une sorte de Bolt Thrower shooté au speed ou à la coke. Et comme vous connaissez probablement tous mon amour infaillible pour le groupe de Coventry, je vous laisse imaginer mon état d’excitation face à ces titres absolument redoutables. Aussi, je redécouvre sous un autre jour les morceaux de
Blood Offerings que je n’avais pas trouvé spécialement marquants lors de ma précédente et unique écoute. Quelle erreur ! Hargneux à souhait, Luca Indrio (Acephalix, Vastum…) impose son charisme à la face de la Black Stage, soutenu par les riffs rouleau-compresseur de Sonny Reinhardt (tiens, tiens) et les frappes impitoyables de Chad Gailey (tiens, tiens bis). Je vous la fait courte car il est finalement inutile d’épiloguer plus longtemps mais ce concert était absolument mortel, brut, violent et agressif. Du Death Metal old school dans sa forme la plus la plus animale, un mélange de riffs qui tuent et de rythmiques toutes aussi assassines. Ce festival m’épuise...
(A)
Parce que c’est quand même plus facile et même parfois très plaisant d’être acrimonieux plutôt que gentil, je vais endosser le rôle de la méchante et ne pas trop complimenter la performance de
NECROT. Efficace, mais pas dément, agréable, mais pas très original, intéressant mais pas inoubliable, les Américains auraient remporté auprès de moi un franc succès il y a 25 ans, mais aujourd’hui, ça fait pschitt. A l’écoute de
The Blood, premier titre de
Blood Offerings, j’avais pourtant bien accroché, mais la suite se laisse écouter assez passivement. Globalement, l’effort est porté sur les intros, et j’ai ressenti exactement la même chose lors de leur prestation live. Le danger à avoir une affiche de ce calibre, c’est de faire passer des groupes comme NECROT, qui versent dans le classicisme, pour un énième groupe quelconque, ce qu’il n’est peut-être pas.
(E)
INCANTATION - 01h00-02h00 (Main Stage) :
D’autant qu’il est déjà une heure du matin et que je n’ai qu’une envie, m’asseoir et me reposer le dos qui commence à me faire bien mal (nique sa mère la vieillesse). Mais il est hors de question de faire l’affront aux patrons du Death Metal de les écouter assis depuis le fond de la salle. D’ailleurs, John McEntee va s’étonner à deux ou trois reprises de la relative mollesse du public qui, il est vrai, ne fait pas beaucoup d’effort pour montrer son enthousiasme pendant les morceaux (les applaudissements sont cependant fournis entre chaque titre). Il faut dire aussi qu’
INCANTATION a fait le choix d’une setlist orientée Doom. Difficile dans ces conditions de lâcher prise et d’exprimer son animalité le temps de quelques bourrasques sonores dont les Américains ont le secret. Toujours est-il que si on les appelle les patrons du Death Metal ce n’est pas pour rien. Le groupe qui, rappelons-le, est quand même en activité depuis bientôt trente ans continue d’en imposer sérieusement. Bien entendu, les regards sont principalement portés sur John McEntee (ce growl sérieux…), ses cheveux et sa longue barbe grise (les quelques photos disponibles sur Facebook avec son chapeau lui donne un petit air de Gandalf, en moins sympa quand même) mais entre le bassiste qui se balade sur son manche comme sur le corps d’une femme et Sonny Lombardozzi ultra appliqué et aux mimiques qui m’ont bien fait sourire, il y a largement de quoi faire. Je ne parle pas du batteur volontairement parce qu’entre la fumée et les éclairages, ce dernier m’est presque invisible. Pris alors à revers alors que beaucoup attendaient comme moi un set un peu plus véloce, nous ne faisons clairement pas la fine bouche pour autant (quoi qu’en dise poliment John McEntee en avançant que la scène du début des années 90 lui semblait bien différente, sous-entendu bien plus énervée). Si le rythme est effectivement plus proche des groupes jouant le lendemain à l’occasion du Gloomy Sunday,
INCANTATION nous a réservé malgré tout une belle setlist avec notamment "Abolishment Of Immaculate Serenity", "Ibex Moon", "Christening The Afterbirth", "A Once Holy Throne", "Rites Of The Locust", "Profound Loathing" et quelques autres tirés de
Vanquish in Vengeance ou de
Profane Nexus. Impérial du début jusqu’à la fin,
INCANTATION aura montré en l’espace d’une heure qu’il était encore et toujours le meilleur groupe du genre. Un règne qui en dépit d’albums peut-être un peu moins inspirés ces dernières années n’est jamais plus évident que sur scène lorsque le groupe exprime fièrement son art sombre et blasphématoire.
(A)
Les vétérans américains d’
INCANTATION font certainement figure de cacochymes au regard de leur longue carrière, ponctuée de onze albums, en comparaison avec la grande majorité des formations de l’affiche. Ils ont dû en user des planches à arpenter infatigablement les scènes des petites salles offrant une exposition, certes confidentielle, mais exposition quand même, au Metal extrême depuis toutes ces années. Qu’importe, la passion de John McEntee n’a jamais faibli et le bonhomme a continué inlassablement à mener sa barque à l’ombre de plus gros groupes US à la notoriété plus large. Tout cela pour réaffirmer le plus grand respect et la plus grande admiration que j’éprouve pour eux. Je conservais un souvenir tenace de leurs prestations au Klub en 2016 et au BRUTAL ASSAULT 2017, où j’avais fait le choix cornélien de ne pas assister à leur second set doom le même week-end. Bien mal m’en avait pris, mais c’est parti pour une séance de rattrapage qui me comble de joie, avec un florilège de titres plus lourds et puissants les uns que les autres, puisés dans les meilleurs opus de leur large discographie. Ce set aurait d’ailleurs eu toute sa place le lendemain pour la célébration du Gloomy Sunday. J’ai du mal à quitter des yeux ce vieux briscard de John McEntee, mais lorsque mon regard se pose sur le bassiste, je reste médusée devant les gestes tentaculaires de sa main droite (il joue sans médiator et utilise ses cinq doigts, le bougre !). L’orientation doom de la setlist consolide le caractère souverain d’un groupe qui a délivré avec sincérité une performance référence dont les maîtres mots seraient : densité, assurance et savoir-faire. Chapeau bas, messieurs.
(E)
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo