chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
164 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Mork - Katedralen

Chronique

Mork Katedralen
Je me sens Moïse en ce moment. Pas tellement patriarche, prophète ou guide spirituel, mais définitivement errant au désert. Rien qui ne se dégage franchement à l’horizon musical, malgré les recherches inlassables. Quelques dunes amoncelées vite dépassées, un ou deux mirages attrayants rapidement évanouis, mais rien de réellement exaltant. Je cherche toujours mon Sinaï.

En attendant, Yahvé merci, il reste possible d’échapper au désert pour un moment. De petits édens émaillent toujours les plaines malingres du vide musical. Des sanctuaires sur lesquels le temps ne passe pas, s’abstient, se retient, s’éparpille. Des arpents ataviques, tabernacles d’un art mort-né, dont l’enterrement se célèbre perpétuellement sans jamais parvenir à l’enfouir pour de bon.

Mork représente l’un des plus fervents disciples du black metal norvégien, cadavre ambulant qui refuse le trépas, feignant plutôt ce dernier pour mieux prendre à revers une fois le dos tourné à la fosse. L’entité de Thomas Eriksen n’avait pourtant pas réussi à me convaincre sur ses quatre premiers albums. Quelque chose manquait. L’exercice de style s’avérait à peu près irréprochable, mais l’âme n’y gisait point. Et voici ce qui change, avec Katedralen. L’esprit vit. Et cela, pour peu qu’une partie de vous-même ait été irrémédiablement brûlée au souffre par les Grands Anciens de ce culte suranné, vous ne pouvez l’ignorer à l’écoute du tout premier morceau de l’album. « Dødsmarsjen » s’ouvre sur un orgue cérémoniel, puis fait fondre un riff on ne peut plus typique. Mais non pas typique au sens « déjà entendu », plutôt au sens « universel », réceptacle et véhicule de l’essence. Quelque chose entre Darkthrone et Taake. Une première piste parfaite, qui ne manque jamais de me harponner en plein dedans à chaque écoute.

La suite de l’album se déroule selon la plus pure tradition du genre. Certains pistes crachent des relents punks hantés, d’autres prennent le partis de ramper, de serpenter, ondulantes, sur des riffs presque doom aux vagues senteurs folk très isengardiennes, comme l’excellente « Arv », qui s’autorise même ces fameuses incartades de chant clair incantatoire en formes de chœurs sinistres qui ne manqueront pas de vous rappeler certains albums du début des années 1990. Le sortilège de Mork tient dans sa maîtrise totale de son sujet sur le plan musical, mais aussi et surtout par la grâce de la dévotion à sa chapelle ardente qui suinte, comme une précieuse essence tout au long de l’album. Il ne s’agit jamais de dérouler les codes, mais de pratiquer ce qui est vécu comme un culte. Et à force de prière, Maître Eriksen est même parvenu à invoquer certains des vieux spectres qui participèrent à la création du genre au moment de sa Genèse. Ainsi, Nocturno Culto s’invite sur la seconde piste de l’album, sans doute la plus punk du recueil. Dollk, chanteur de Kampfar, apparaît lui aussi sur la sixième piste. Plus surprenant, Eero Pöyry de Skepticisim se retrouve à deux reprises pour apporter sa science des claviers, en ouverture et fermeture d'album. Jolie réunion.

Mork brille particulièrement pas sa capacité à réunir en trois gros quarts d’heure tous les éléments particuliers qui constituaient le black metal norvégien d’origine. Les parties presque rock, les trémolos grandioses et atmosphériques, la mélancolie et la rage sale, les fiévreux appels au spirituels comme sur « Det Siste Gode I Meg » et les marches guerrières galvanisantes de « Født til å herske ». Chaque piste comporte sa propre personnalité, unique et bien marquée, mais ne se privera jamais de vous rappeler des ambiances proches de disques pré-datant celui-ci de plus de 25 ans. Ainsi, les noms de Gorgoroth, Satyricon, Taake, Ulver ou Urgehal apparaissent parfois fugacement, fantômes des lointains hivers passés. Morke a la foi, vous dis-je, et à ce titre, il peut, comme à la grande époque, se permettre à peu près tout ce qu’il veut, sans pour autant cesser d’être black metal. Ainsi, « Lysbæreren » donne dans une espèce de doom/heavy épique noirci de sulfureux trémolo, s’autorisant même quelque chose d’un rien orientalisant. Je tente même ici le terme « brahmanique », qui s’impose immédiatement à moi. Comme si Fenriz avec Isengard se piquait d’évoquer des transes offertes à Kali. Surprise, qu’il nous faut digérer lors des premières écoutes, mais particulièrement réussie.
Bien évidemment, Katedralen s’achève sur une longue piste de près de dix minutes en forme de paroxysme. « De fortapte sjelers katedral » démarre sur un riff épique, nuancé au fil de l’évolution du morceau, délayé par des passages plus sombres et pesants puis presque dissonants, le tout suivant une dynamique ascensionnelle. La ferveur monte, l’exaltation naît, l’émotion si particulière liée au black metal norvégien s’impose. L’essence vit. Un rien en-deçà de ce que l’on pouvait attendre d’un monument final cependant, mais indéniablement méritant malgré une seconde partie de piste moins éclatante.

A défaut de Sinaï et de buisson ardent, Mork s’impose comme le refuge parfait, le reliquaire rêvé. Pas de révélation doom ou heavy nichée entre les sables, mais toujours ce cher vieux black metal norvégien, qui fait fi de tout pour toujours s’immiscer là où on ne l’attendait plus. Une cathédrale aux murs épurés, aux voûtes si hautes qu’on n’en voit plus le croisement d’ogives, gardienne d’une atmosphère intouchable.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Mork
Black Metal
2021 - Peaceville Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines : (6)  8.22/10

plus d'infos sur
Mork
Mork
Black Metal - 2004 - Norvège
  

vidéos
Født til å herske
Født til å herske
Mork

Extrait de "Katedralen"
  

tracklist
01.   Dødsmarsjen  (04:57)
02.   Svartmalt  (04:19)
03.   Arv  (05:26)
04.   Evig intens smerte  (06:58)
05.   Det siste gode i meg  (05:11)
06.   Født til å herske  (06:33)
07.   Lysbæreren  (05:10)
08.   De fortapte sjelers katedral  (09:28)

Durée : 48 minutes

line up
parution
5 Mars 2021

voir aussi
Mork
Mork
Dypet

2023 - Peaceville Records
  

Essayez aussi
Lvx Hæresis
Lvx Hæresis
Descensŭs Spīrĭtŭs

2017 - Atavism Records
  
Tsjuder
Tsjuder
Antiliv

2015 - Season Of Mist
  
Vampyric Tyrant
Vampyric Tyrant
Das Schwert Der Sterne (Démo)

2021 - Mortal Rite Records
  
Kaevum
Kaevum
Kultur

2023 - Darker Than Black
  
Ultra Silvam
Ultra Silvam
The Spearwound Salvation

2019 - Shadow Records
  

Malevolent Creation
The Ten Commandments
Lire la chronique
Battlecreek
Maze of the Mind
Lire la chronique
Le DSBM, c'est RASOIR ou tu as ça dans les VEINES ?
Lire le podcast
Suicidal Angels
Profane Prayer
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique