L’idée d’une blitzkrieg est de mener un assaut rapide et implacable afin d’assoir sa supériorité sur l’ennemi de manière aussi brève que définitive. Bref, lui en coller une bonne de façon tout à fait inattendue et surtout ne pas lui laisser l’opportunité de se relever pour riposter.
C’est probablement cette notion de guerre éclair qu’avait en tête Argonui et Myst lorsqu’un tout petit peu plus d’un an après la parution de leur premier EP éponyme, les deux garçons signaient un retour pour le moins surprenant avec la sortie d’une nouvelle offrande prête à confirmer tout le bien que l’on pensait déjà du duo américano-finlandais. Intitulé
Prussian Blood, ce second EP s’inscrit bien évidemment dans la continuité de son prédécesseur puisque de cet artwork en noir et blanc sur lequel figure un officier allemand en tenue d’apparat aux thèmes abordés (la première guerre mondiale racontée du point de vue allemand) en passant par les divers formats proposés (d’abord numérique puis cassette et enfin CD) ou bien encore les différents labels impliqués (Death Kvlt Productions devenu Death Prayer Records), tout ici rappelle les débuts particulièrement convaincants de Somme.
Un mimétisme que le groupe a même poussé encore plus loin puisqu’à vrai dire
Prussian Blood est construit exactement à l’identique de son prédécesseur. En effet, celui-ci s’ouvre sur "Forwards, Ever Forwards", une introduction instrumentale beaucoup moins tendue et pesante que celle offerte sur
Somme mais qui, avec ce bataillon en marche et ces talons de bottes qui résonnent à l’unisson, laisse deviner un affrontement imminent et le début d’hostilités pour le moins sanglantes et meurtrières...
Passé ce premier morceau introductif qui va nous replonger dans le bain de cette première guerre mondiale, le déroulé des autres titres va également suivre peu ou prou le même chemin que ceux proposés sur la précédente réalisation du duo américano-finlandais. En effet, "Iron Kingdom", "Sieg Oder Tod!" et "Prussian Blood" vont à leur tour jouer la carte d’un Black Metal particulièrement bas du front dont les quelques subtilités et autres variations rythmiques vont apporter à ces assauts primitifs et rudimentaires un soupçon de nuances bien sentis. Servi par la même production grésillante, lointaine et décharnée (il est à noter tout de même que les quelques remarques évoquées dans la chronique précédente ont ici été revues et corrigées à commencer par ces cymbales que l’on discerne désormais plus distinctement), la musique de Somme va se concentrer une fois de plus sur l’essentiel : des riffs froids et conquérants dont les mélodies portent en elles ces atmosphères tantôt belliqueuses et fières tantôt désabusées et défaitistes, une batterie haletante calée en mode blast-beats même si, comme on l’a vu, Argonui ne va pas manquer d’y amener dans un souci de dynamique et de variété quelques subtils changements de rythmes, enfin ce chant arraché et gorgé de haine qui ne laisse aucun doute planer sur les intentions belliqueuses de Somme. Une formule simple et éculée mais qui a depuis longtemps fait ses preuve et que le groupe maitrise ici à la perfection.
Comme sur "Siegfriedstellung", "The August Sun" voit le Black Metal du duo baisser en intensité au profit d’une formule plus modérée et entêtante. Un titre mid-tempo sur lequel les mélodies vont se montrer également beaucoup plus résignées (cette courte transition acoustique entamée à 3:40 sur fond de discours allemand est d’ailleurs là pour en attester). Ainsi par ce long morceau de près de six minutes, Somme vient rompre avec cette approche particulièrement frontale qui caractérise les premières compositions de ce EP. Ce qui, à l’identique de son prédécesseur, permet d’apporter davantage de profondeur et de relief au Black Metal du duo américano-finlandais.
Pour conclure ces vingt minutes, Somme nous offre le titre "Song Of Prussia", une conclusion instrumentale sur fond de claviers aux sonorités aristocratiques évoquant la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Un hymne fier et dramatique évoquant la grandeur de cet empire finalement balayé par les guerres, les révolutions et une situation économique devenue compliquée face aux grandes colonies...
Si la formule proposée par Somme sur ce deuxième essai courte durée reste exactement la même (et quand je dis "exactement" c’est au poil près), le résultat est lui tout aussi concluant. Certes le duo n’invente rien et sa formule fait directement référence à ce que la seconde vague scandinave a su proposer de meilleur. Pour autant, il n’y a aucune raison valable de bouder son plaisir ici. Chaque titre, que ce soit cette introduction, cette conclusion ainsi que tous les autres morceaux présentés tout au long de ces vingt minutes ont pour eu les arguments pour convaincre : des riffs faméliques et conquérants, une intensité absolument redoutable ainsi qu’un minimum de relief pour ne pas perdre l’auditeur en cours de route et lui apporter autre chose que du blast et des riffs répétés ad nauseam... Une somme d’éléments convaincants pour un résultat une fois encore tout ce qu’il y a de plus probant.
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