Hatemonger - The Vile Maxim
Chronique
Hatemonger The Vile Maxim (EP)
On l’a déjà dit et répété mais s’il y’a bien une chose positive à retenir de ses foutus confinements à tire-larigot et totalement excessifs c’est l’incroyable créativité artistique qui en ont découlé, tant on ne compte plus le nombre de formations qui se sont créées durant cette période afin de s’occuper et de crier au monde entier toute sa frustration. C’est ce qui s’est passé pour ce nouveau venu au sein de la scène de Chicago fondé par un vieux briscard de l’underground local, et rejoint dans la foulée par deux membres des excellents BEAR MACE qui ont eu l’idée et l’envie d’élargir leur spectre musical en allant faire un tour du côté de la Suède. S’il est possible que les vigoureux hivers de l’Illinois ont pu influencer le trio (devenu quatuor une fois le passage en studio terminé) et lui faire penser aux conditions hivernales de la Scandinavie, le résultat n’a quant à lui franchement rien à envier au pays de DISMEMBER, ENTOMBED et autres grands habitués de la pédale HM-2. En effet durant vingt-deux minutes les trois acolytes vont nous renvoyer vers l’époque bénie du Swedeath, où l’on se fait transporter entre Stockholm et Göteborg à grands coups de riffs grassouillets et de caisse claire menée tambour battant, pour un rendu impeccable qui montre une vraie maîtrise technique autant que dans l’écriture. Si la vitesse reste largement prédominante les gars ne vont jamais hésiter à relâcher leur étreinte et alourdir leurs compositions pour les rendre encore plus débordantes d’humidité et d’obscurité, un choix qui va s’avérer payant et dont on va s’apercevoir d’entrée sur l’excellent, puissant et court « Perpetual War ».
En effet dès les premiers instants de cette compo d’ouverture (et certainement la plus radicale proposée sur cet Ep) on s’aperçoit que ceux-ci ne sont pas là pour rigoler tant l’énergie déployée y est conséquente, et où est balancé en alternance blasts furibards et parties rapides déchaînées qui donnent l’envie de tout envoyer valdinguer. Aidée par une production brute de décoffrage et naturelle cette boule de nerf survitaminée ne ralentit qu’à sa toute fin histoire de permettre à l’auditeur de reprendre son souffle avant l’arrivée du dense et long « Death Age ». S’étirant de façon plus consistante pour mieux gagner en profondeur cette plage va montrer ici toute la palette de jeu des Américains qui misent autant sur la rapidité que les passages plus lourds et massifs qui ne cessent de s’entremêler l’un après l’autre, tout en étant immédiatement accrocheurs et faciles d’écoute. Car s’il est vrai que tout cela est très classique dans l’esprit ça peut être aussi relativement prévisible, un défaut inévitable et récurrent dans un style si calibré que celui-ci mais qui est largement compensé par la fluidité qui règne en permanence sur ce disque, et par son côté sans prétentions et addictif.
Que ce soit via le varié et enlevé « Famine Driven Thirst » ou le remuant « Plague For Days » (à l’obscurité totale et à la graisse encore plus imposante) l’ensemble reste là-encore constant et implacable, aidé en cela par une violence intense et une homogénéité sans failles tant la hargne qui s’en dégage fait office de coup de poing dans la gueule absolument salvateur. D’ailleurs cette force de frappe qui sent bon le Punk s’entend sur la conclusion intitulée « Disinformation Campaign » de par son riffing encore plus primitif et sa rythmique à fond les ballons, qui voit l’apport au démarrage d’une ambiance tribale parfaite pour monter en pression, avant que le tout n’explose totalement à la face de l’auditeur qui n’attendait que cela pour se défouler. Servant de parfait exutoire et permettant de mettre le cerveau en veille le temps d’en arriver au bout, ce cinq titres ultra-efficace ne réinventera rien mais ravira les amateurs du genre toujours en quête de nouveaux noms à découvrir, et confirme s’il y’avait besoin que c’est désormais hors de son pays natal que ce Death typiquement local a le vent en poupe et qu’il est le plus inspiré (il n’y a qu’à voir la récente découverte des Hongrois de MOLIS SEPULCRUM pour en être convaincu). En attendant de voir si tout cela restera aussi efficace au format supérieur (il faudra sans doute à la bande oser un peu plus et être moins scolaire… au risque d’être relativement redondant) on se délectera de cette sortie impeccable et sans fausses notes, qui prouve une nouvelle fois le talent de découvreur hors pair de son label toujours à l’affût de combos talentueux et de gros son qui fait du bien par où ça passe.
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