Necrom - All Paths Are Left Here...
Chronique
Necrom All Paths Are Left Here...
Il y’a parfois des disques dont la date de sortie peut être vue comme un signe divin ou du destin (c’est selon), on ne compte plus effectivement ceux qui ont été publiés soit après la séparation pure et simple de ses créateurs ou le décès de l’un d’entre eux. Sauf que parmi ces possibilités on n’avait pas eu le cas d’une entrée en guerre et c’est cela qui rend aujourd’hui l’arrivée du premier album de NECROM si particulière, vu que sous ce nom qui sent bon le Death Suédois bien rétro et graisseux se cache un quatuor originaire de Kharkiv… en Ukraine. Du coup il est évident que cet opus prend une saveur spéciale de par le contexte national comme par la violence qui s’en dégage vu que les membres de l’entité ne sont pas là pour rigoler, il faut dire qu’on y retrouve en son sein toute une belle brochette de vieux briscards locaux dont la réputation n’est plus à faire. Car si le line-up a pas mal bougé depuis sa création en 2018 il a vu défiler autour de son fameux leader Varggoth (NOKTURNAL MORTUM)… Roman Saenko (DRUDKH, HATE FOREST) et Khaoth (KHORS) - remplacés depuis par Astargh (ex-camarade au sein de sa formation phare) et Lev Kurgansky (HORROR GOD). Autant dire que tout cela a fière allure sur le papier, et le moins que l’on puisse dire c’est que le rendu va être à la hauteur des espoirs engagés. Si tous ces mouvements ont été une des causes de la longue attente de ce long-format elle aura eu le mérite de voir les compositions être peaufinées à l’extrême et offrir ainsi presque trois quart-d’heure de gros son HM-2, où l’on retrouve pour l’occasion trois titres tirés de l’Ep de 2019 être réenregistrés avec les membres actuels.
Ceux-ci ont d’ailleurs gagné en puissance et en graisse sans y perdre en attractivité (ça sent l’hommage permanent aux deux premières livraisons culte d’ENTOMBED), tant leur diversité rythmique se montre toujours ultra-efficace et a permis aux musiciens de se faire la main et trouver exactement leur style du côté de l’écriture. On va en effet entendre sur les plages inédites une continuité dans la droite ligne de celles plus anciennes, difficile effectivement de ne pas avoir une suite à « Food For Worms » dans le tout aussi varié « Fathers Will Feasts », qui reprend le même schéma entre des passages enlevés rapides d’obédience Punk-Crust situés au début et à la fin avant que ne se greffe en son centre des parties rampantes au groove imposant, et qui suinte l’humidité par tous les pores. Cet effet de mimétisme va continuer ensuite sur le long et froid « Dagon » assez ressemblant à « The Oldest Horror », où ça n’hésite pas à ralentir pour renforcer le côté inquiétant via l’apport de nappes de claviers glaciales et obscures où retentissent les cloches sonnant le glas, pour un résultat global assez dense où tout le panel de jeu des Slaves est mis en avant. D’ailleurs tout du long l’homogénéité va être de mise tant ce tank musical ne va souffrir d’aucun moment de faiblesse, surtout en étant d’un dynamisme à toute épreuve porté par un groove contagieux qui donne autant l’envie de headbanger que se dandiner. Là-encore cela était prévisible vu que « The Light Has Never Been Here » ouvrait la voie reprise dorénavant par « The City The Old Ones Built » par une alternance généreuse entre passages rapides échevelés et mid-tempo ravageur, dont le côté instinctif et direct font mal aux cervicales même les plus solides.
Néanmoins les gars ne se sont pas uniquement contentés de reprendre ce qu’ils avaient déjà fait par le passé, vu qu’ils ont poussé leur coordination un peu plus loin sans pour autant s’éloigner de leur base Scandinave, et cela marche aussi bien quand ils poussent l’explosivité à son paroxysme autant que quand ils la brident au maximum. Car avec le très court et frontal « Tomahawk Of Bone » l’heure n’est pas à la négociation ni à la réflexion vu que ça joue vite et fort de façon continue et sans jamais ralentir, aidé en cela par une radicalité exacerbée et une primitivité redoutable car là techniquement c’est rudimentaire au possible et défoule comme il faut. Si le rendu est imparable celui offert sur « Templars Are Coming » et « The Woods Of Weird West » l’est tout autant, même si ici nulle trace d’accélérations ou excès de vitesse vu que c’est le bridage en règle qui est à l’honneur, afin d’alourdir une musique qui va clairement augmenter côté suffocation et obscurité. Point de violence exacerbée ici celle-ci étant contenu comme une cocotte-minute prête à exploser, qui démontre que sans en faire des caisses ni traînant en longueurs les vétérans locaux gardent leur force de frappe même en ralentissant la cadence. Cela permet ainsi de mettre la putridité et la noirceur encore plus en avant… à l’instar de ce son de claviers angoissant typiquement 80’s de « Walls Have Hands » qui sent bon les œuvres du regretté Wes Craven et des fameux « Contes de la crypte ».
Oubliant les intro et outro qui ne servent qu’à faire du remplissage cet enregistrement sans surprises se montre néanmoins particulièrement habile et sans concessions, ne faiblissant à aucun moment et gardant son accroche de la première à la dernière seconde. Si l’on pourra pinailler sur le fait qu’il est difficile de retenir un plan plus qu’un autre il fait peu de doutes qu’on passera un très bon moment à écouter cet ensemble cohérent et sans fautes de goût, qui ravira les fans de bon son à l’ancienne sans aucune prétention hormis celle faire passer un bon moment et de se vider la tête. Autant dire que vu la période troublée que traverse leur pays la musique proposée par les gars arrivera sans peine à donner encore plus de motivation et d’envie à leurs courageux compatriotes, avec cette boule guerrière remplie d’énergie qui nous renvoie vers les grandes heures du royaume de Suède - dont les couleurs jaune et bleu sont d’ailleurs les mêmes que celle du drapeau ukrainien. Tout sauf un hasard sans doute et un symbole de résistance héroïque au propre comme au figuré, qu’il convient de saluer et d’encourager avec force et panache.
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