Feral / Crawl - Made As Those Who Are No Longer Alive
Chronique
Feral / Crawl Made As Those Who Are No Longer Alive (Split-CD)
Désormais une valeur-sûre au sein de la nouvelle scène Swedeath de son pays FERAL a toujours aimé multiplier les sorties sous les formats les plus divers, et alors que son nouvel album est attendu d’ici la fin de l’année le quintet a décidé de revenir après presque cinq ans de silence sous la forme d’un Split avec deux nouveaux titres où s’agrège ses compatriotes de CRAWL. Si ceux-ci évoluent dans un registre bien plus primitif et cradingue ils vont permettre de mettre en exergue les deux facettes du gros son dégoulinant typique de leur royaume, et ainsi offrir un peu plus de onze minutes expédiées tambour battant qui vont défouler comme il se doit avec une qualité impeccable, à l’écriture balisée au possible mais totalement accrocheuse. Après avoir pratiqué cet exercice commun en 2014 avec REVEL IN FLESH, la formation menée par David Nilsson retente ici l’expérience avec le même succès avec cet autre combo signé au sein de la même écurie, qui vont avoir droit eux-aussi à deux morceaux afin de montrer qui est le patron local dans ce registre Boss HM-2.
S’il est indéniable que l’entité de Skellefteå est parmi ce qui se fait de mieux localement à l’heure actuelle elle va ici le prouver directement via « From The Ancient Tombs » particulièrement remuant et sautillant, grâce notamment à des influences Punk très marquées et une écriture tout en simplicité et efficacité. Car si sa musique a toujours été calibrée pour la scène nul doute que cette plage va y faire un carton, vu que ça reste bien calé sur un mid-tempo implacable et hypnotique et porté par du riff ultra-simple mais efficace, qui lui donne ainsi un côté presque accessible et légèrement mélodique. Donnant la sensation directe de vouloir secouer la tête comme pour partir dans un bon gros pogo des familles cette ouverture montre une facette peu entendue chez ses créateurs mais totalement réussie, d’autant plus qu’elle ne fait pas tâche dans son rendu et son genre de prédilection... sans pour autant s’en éloigner totalement. Après ce départ plus posé que d’habitude ceux-ci vont ensuite retrouver leurs bonnes habitudes avec le violent et débridé « Released From The Bondage Of The Earth » où ça va clairement monter d’un cran niveau intensité, car là ça va jouer principalement sur la vitesse quasiment continue avec force et classicisme, où aucune concession n’est de mise. Typique de ce que le groupe nous a offert sur les excellents « Where Dead Dreams Dwell » et
« Flesh For Funerals Eternal » cette seconde composition nous le montre au meilleur de sa forme, et on ne peut qu’être impatient et rassuré sur le prochain opus qui risque de faire très mal tant la brutalité et la radicalité font ici des merveilles, mais sans jamais lever le pied pour garder cette virulence instinctive et primale.
D’ailleurs si l’on veut rester dans une musique primitive et bas du front le quatuor basé à Kalmar va se révéler être idéal, vu qu’il ne s’embarrasse d’aucune futilité aussi bien technique qu’au niveau de la durée expéditive au possible. Car depuis ses débuts en 2014 celui-ci nous offre des moments musicaux rudimentaires et expédiés la plupart du temps en moins de trois minutes chrono, où la rapidité est presque permanente et portée par un jeu de batterie simplissime et du riff minimaliste qui sent à fond les inspirations Crust dégoulinantes de haine et de noirceur. En effet la musique proposée ici est particulièrement putride et obscure d’où nulle lueur n’émerge de ce néant puant et humide, comme va le démontrer « Where The Dead Flesh Whispers » qui malgré son temps d’exécution réduit au strict minimum trouve le moyen d’offrir un bon condensé rythmique entre lenteur rampante et vitesse explosive calé entre du mid-tempo imparable. Sale et sentant autant l’humidité que la pisse ce premier inédit montre une vraie rugosité qui va encore s’accentuer sur « Vanity » encore plus court que précédemment et qui joue sur le grand-écart habituel mené à cent à l’heure et lourdeur conséquente, avec en prime un côté ballonné encore plus proéminent pour un résultat qui sonne comme un bordel organisé. En effet sous aspects rugueux et amateur les gars maîtrisent leur sujet avec cette dose de je-m’en-foutisme qui sied parfaitement au contenu proposé.
Si au final le duel a dévoilé deux facettes opposées celles-ci s’agglomèrent parfaitement l’une dans l’autre et se révèlent totalement complémentaires, prouvant que le style continue d’être en perpétuel renouveau sans trahir ce qui (a) fait son succès et sa touche si reconnaissable. Sans être indispensable ce disque a quand même de belles choses offrir (en attendant d’en entendre plus sur un format plus long de la part des deux noms), même si tout ça aura un goût trop peu... preuve donc de l’impatience d’entendre du nouveau son de leur part qui sera attendu et espéré prochainement. Tout cela ravira à coup sûr les vieux amateurs comme les novices qui prendront une bonne dose de graisse et de décibels, confirmant que la bonne bouffe et la bonne musique sont des ingrédients indispensables dans la vie qu’elle soit belle ou plus difficile.
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