Carnal Savagery - Into The Abysmal Void
Chronique
Carnal Savagery Into The Abysmal Void
Après la publication de deux albums durant l’année 2022 et le départ dans la foulée de sa paire de guitaristes originelle CARNAL SAVAGERY a profité de 2023 pour légèrement lever le pied, vu que c’est la première fois depuis sa création qu’il ne publie rien durant une année civile. Cependant il est loin d’être resté inactif car pendant cette période le duo restant (devenu depuis un trio) a refait un passage par la case studio, pour y enregistrer son cinquième opus depuis 2020 qui va continuer le travail déjà entamé sur les précédents avec classicisme et précision. Si on a toujours pu reprocher au combo de pratiquer une musique totalement balisée et légèrement répétitive sur la durée, on ne peut nier en revanche que tout y est très professionnel et exécuté avec une grosse envie d’en découdre et de continuer à faire vivre un certain noble héritage de son pays, et qui continue d’inspirer des cohortes de jeunes loups très motivés. Du coup il n’est pas surprenant que l’on retrouve sur ce « Into The Abysmal Void » les mêmes points positifs et défauts que sur ses prédécesseurs, vu que le rendu final ne changera pas d’un iota la position du groupe au sein de l’échelon du Swedeath, mais cela est sûrement le cadet de ses soucis.
Pourtant force est de reconnaître que celui-ci signe aujourd’hui le meilleur disque de sa carrière tant l’ensemble y est plus couillu et inspiré que tout ce qu’on a pu entendre jusque-là, et si effectivement quelques moments plus passe-partout sont présents l’ensemble est globalement de très bonne tenue... et il n’y a qu’à écouter l’ouverture intitulée « Defleshing Bones » pour s’en laisser convaincre. Totalement débridé et rudimentaire dans son exécution cette première composition ne fait aucun quartier et ne laisse pas de survivants en cours de route, vu qu’ici tout est basé sur une grosse vitesse permanente qui joue l’alternance avec des passages mid-tempo bien remuants et entraînants. Offrant un vrai visage presque semblable à la conclusion intitulée « Buried Alive », ces deux morceaux montrent le meilleur de ses auteurs qui sans faire de chichis arrivent à rester cohérents et attractifs sur la durée, grâce notamment au fait que ça ne s’éternise nullement en n’allant jamais au-delà des quatre minutes. Du coup après ce démarrage en trombe idéal pour se défouler la bande va ensuite varier régulièrement son propos en n’hésitant pas à s’alourdir, mais là où auparavant elle avait tendance à ronronner elle réussit désormais à captiver sans jamais accélérer... preuve en est l’écrasant « Morbid Death » à la lourdeur intense et d'une obscurité totale. Gardant leur écriture simplissime et leur exécution basique les gars réussissent néanmoins à être opaques sans en être ennuyeux, et cela est encore flagrant sur l’impeccable « Column Of Maggots » qui reste bien bridé tout en offrant quelques passages écrasants qui passent comme une lettre à la poste.
Au milieu de tout cela on va avoir l’embarras du choix rythmiquement entre les denses et variés « Stench Of Burnt Decay », « Choked To Death » ou encore « Raped In A Coffin » qui jouent le grand-écart de manière très agréable et entraînante, et se placent intelligemment avant l’arrivée de « Limb By Limb » qui va rafraîchir l’atmosphère de par ce vent glacial qu’il va faire souffler tant ça va s’obscurcir de par ce tempo ultra-pesant qui lorgne vers le Doom. Portée par une ambiance pachydermique et la sensation d’étouffement constante cette plage est sans conteste la plus opaque et suffocante de cette galette (aux côtés de « Into The Abysmal Void » qui fait presque office de copier-coller)... et ce malgré une explosion de violence assez courte sans pour autant donner la sensation de se recycler, ou s’étirer inutilement en longueur... signe de se qualité générale. Et à contrario de cela l’ultra-court « The Revenant » va jouer sur le côté le plus radical des scandinaves qui balancent ici leurs influences Punk pour une rythmique à fond la caisse et au groove de dingo, au résultat parfait pour faire du dégât en pogo comme en headbanging et prouver qu’ils conservent leur force de frappe et leur cohérence quel que soit la rythmique employée, mais toujours avec cette solidité impeccable.
Et effectivement une fois arrivé au bout de cette demi-heure expédiée en un rien de temps il faut bien avouer qu’on a particulièrement apprécié ce qui vient d’être proposé, et l’on ne pensait pas que cela arriverait un jour de la part des nordiques. Equilibré et homogène sans perdre en densité ce nouveau chapitre montre en tout cas qu’il ne faut jamais renoncer et que tout peut arriver un jour, preuve ici avec enfin un rendu à la hauteur de ce qu’on attendait depuis quelques années. Alors oui tout cela ne fera pas avancer d’un iota le schmilblick et le genre en particulier mais on s’en moque totalement, vu que même si ça reste très loin des ténors locaux et d’une partie de toute cette nouvelle vague inspirée ça conserve quand même une vraie efficacité qui confirme que les mecs ont bien fait de prendre un peu plus leur temps en matière d’inspiration. Un choix à réitérer à l’avenir vu que les planètes semblent désormais bien alignées pour l’entité qui a de quoi faire mal en festival comme en première partie des grosses cylindrées, qui mettra le public dans sa poche à la fois bien chaud et excité par ces gaillards de Gothenburg qui font le métier comme il faut avec toute leur expérience acquise notamment en commun à l’époque où ils jouaient ensemble dans DIVINE SOULS. On aura donc compris que si on veut écouter du bon HM-2 sans prétentions mais avec un vrai savoir-faire on peut facilement jeter les deux oreilles sur cet enregistrement, qui a de quoi procurer d’agréables sensations au plus grand nombre qu’il soit exigeant ou pas.
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