Carnal Savagery - Fiendish
Chronique
Carnal Savagery Fiendish
Bien qu’ayant vu nombre de ses figures historiques raccrocher les gants ou perdre progressivement en qualité le Swedeath n’a jamais disparu des radars et continue d’être propagé sur la planète, autant par des jeunes loups aux dents longues que par des vétérans de l’underground qui souhaitent se faire plaisir et proposer une musique simple, directe et sans prise de tête. C’est ce à quoi s’active ce quatuor fondé à Gothenburg en 2017 qui comporte en son sein des vieux briscards locaux ayant fait leurs armes dans nombre de formations aux styles totalement différents les uns des autres, et qui a ici unit ses forces pour perpétuer l’héritage des grands anciens. Un an à peine après un premier opus celui-ci est déjà de retour avec un successeur qui ne change pas d’un iota son fusil d’épaule, en reprenant la même formule éculée qui a fait ses preuves, même si à l’instar de son prédécesseur ça ne marquera pas l’histoire du genre, la faute à une exécution trop classique et standard et surtout une durée bien trop excessive. Si ce point était déjà présent sur le premier jet ici les mecs ont carrément été plus loin en offrant carrément cinquante-deux minutes de musique, certes agréables mais qui donnent la désagréable impression de n’être qu’un vaste copier-coller sur la longueur.
Cependant la première moitié de cet album va montrer de biens bonnes choses, notamment avec le morceau d’ouverture intitulé « Shredded Flesh », qui se révèle être probablement un des meilleurs de ce disque. Ici aucune prise de tête et l’alternance est de mise tant l’ensemble des tempos sont mis en avant et offrent ainsi un résultat équilibré et puissant où les passages les plus enlevés côtoient ceux plus remuants et les autres plus lents, tout en offrant un son grassouillet et froid. Sans rien renouveler cette compo se montre ultra-efficace et énergique et ce bon ressenti va être conforté avec la suivante (« Reborn Dead ») qui reprend ces mêmes ingrédients, tout en y ajoutant une facette remuante encore plus présente, de par un sens du riff agréable et accrocheur. Si les mecs utilisent la vitesse pour gagner en agressivité celle-ci s’éclipse néanmoins fréquemment (voire même un peu trop d’ailleurs) pour laisser place à des rythmiques plus massives et sombres, à l’instar de la doublette « Embalmed Corpses » / « In Death I Thrive » au groove imposant et qui montre une facette plus rampante et pas dégueulasse pour un sou. Si ces deux plages comportent quelques courtes accélérations le bridage va être ici la règle et ainsi renforcer le sentiment d’oppression qui émerge à chaque note, tant la basse y est écrasante à l’instar de la batterie (aux résonnances néanmoins légèrement synthétiques). Et afin de terminer dignement cette moitié le très bon et lourd « Dead Rotten Meat » (qui reprend grosso-modo les mêmes éléments qu’auparavant) se faire entendre pour le meilleur, ainsi que le frontal et énervé « Maggot Infested Flesh » où le tempo s’agite de nouveau et offre un excellent solo pour finir de convaincre les réticents.
Néanmoins à partir de ce moment-là les choses vont commencer à perdre un peu en intérêt, car la sobriété de l’écriture va devenir un problème tant on va avoir la sensation d’avoir toujours les mêmes riffs et plans au programme, complétés par une certaine baisse de régime générale qui va également remettre sur le devant de la scène les excès de temps déjà évoqués auparavant. Car il est incontestable qu’étant amputé de 2-3 compositions ce long-format aurait été plus compact et digeste, et parmi ce qui aurait pu passer à la trappe nul doute que « Exhumed », « Veil Of Death », et « Morgue Of The Mutilated » y auraient eu toute leur place. En effet outre le fait que ça ne décolle jamais et que l’encéphalogramme reste désespérément plat, la rythmique reste en mode lenteur continue et presque Doom sur certains passages, sans que l’ensemble n’arrive à y faire émerger quelque chose d’intéressant ou marquant. Du coup c’est répétitif et sans idées à l’instar de « Gluttony » mollasson et ennuyeux, mais qui est lui sauvé par son passage central où l’explosivité revient enfin, qui offre en plus quelques bribes de headbanging qui font du bien et que l’on pensait ne plus revoir de sitôt. Celles-ci vont revenir à la charge dans la foulée sur les deux ultimes titres de cette sortie, à savoir « Grotesque Macabre » plus équilibré et qui donne envie de taper du pied, comme « Vermin » réussi à tous points de vue et qui confirme qu’en densifiant son propos l’entité est de suite plus intéressante.
Si le fait d’abuser des passages au ralenti est relativement préjudiciable on est également étonné du nombre de fade-out présents (preuve qu’hélas ils existent encore), et des leads relativement discrets et rares, qui amènent pourtant un vrai supplément d’âme quand ils rugissent. Du coup bien que démarrant sur les chapeaux de roue le disque est plombé par sa seconde partie plus quelconque voire même plus ou moins ratée, qui fait ainsi baisser l’attention générale. C’est donc tout à fait le genre d’enregistrement qui s’écoute distraitement et sans sourciller, mais dont on a la sensation d’avoir fait le tour au bout d’un petit quart-d’heure, voire même moins. Il y’a encore pas mal de boulot à fournir à l’entité pour arriver à être un nom qui compte, vu qu’ici elle reste encore cantonnée dans la deuxième division du genre et on ne voit pas vraiment à l’heure actuelle comment elle pourrait espérer grimper d’un cran. Peut-être devra t’elle moins se presser pour délivrer son troisième volet et ainsi affiner un peu plus sa musique, tant sans être totalement raté ça reste trop bancal et scolaire pour pouvoir captiver au-delà du cercle restreint des fans purs et durs du style, et surtout pas trop regardants vu que ça sera oublié en moins de deux.
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