Interemo - Buried In Rotten Remains
Chronique
Interemo Buried In Rotten Remains
Cela a déjà été signalé à plusieurs reprises mais il y’a en ce moment en Suède une précocité assez incroyable du côté de sa nouvelle scène, où nombre de jeunes loups affamés de reconnaissance et de célébrité tentent d’émerger pour s’en partager les lauriers. Si on avait vu récemment débarquer SARCATOR et ETERNAL EVIL il va falloir aussi compter avec INTEREMO qui est sans doute en train de battre tous les records en matière d’âge, car son leader Milo Galaczy Svensson vient à peine de fêter ses dix-sept ans et qu’avec son acolyte et cofondateur Harry Björck ils signent un premier album remarquable de spontanéité et d’énergie. Si du côté des bassistes il semble encore difficile de trouver un membre à plein-temps (le poste ayant encore changé de main depuis l’enregistrement), pour le reste cela n’a pas d’influence sur la musique du trio qui a déjà tout compris de ses aînés (tant ici on ne trouve pas trace de manque d’expérience ou d’erreurs de jeunesse), et du coup réussit son examen de passage qui rend un hommage fier et appuyé aux vétérans du Swedeath de son pays. Si au sein de celui-ci le style perdure toujours par quelques vieux briscards très inspirés (notamment FERAL) c’est vraiment au sein de la nouvelle génération qu’il trouve encore ses lettres de noblesses, et l’entité de Malmö ne va pas y être étrangère tant avec ses morceaux courts et son écriture simple et directe elle va balancer la purée en continu sans jamais relâcher la pression - aidée en cela par une production grasse et crue qui donne le sentiment d’avoir été enregistrée en live.
Car dès les premières secondes du simple et efficace « Twisted And Abused » on va se rendre compte que les gars ne sont pas là pour rigoler, et que malgré sa simplicité de façade leur musique se révèle immédiatement addictive et particulièrement remuante... idéale donc pour se défouler, et ce même si les cervicales vont être tout du long à rude épreuve. D’ailleurs régulièrement ceux-ci ne vont pas hésiter à rajouter un soupçon de pression supplémentaire histoire de les martyriser encore plus, preuve en est via « Severed » tout en alternance et très rampant où la vitesse côtoie des relents Doom dégoulinants d’humidité et porté par une lenteur mise plus en avant... un constat partagé sur le tout aussi réussi « Necromaniac » à l’obscurité renforcée et au sentiment de froideur exacerbé. Néanmoins si ça sait lever le pied quand il faut la majeure partie du temps reste menée à cent à l’heure et cela va s’intensifier même au fur et à mesure que l’on avance dans l’écoute de ce disque, décidemment intense et violent dont l’accroche ne cesse de gagner en force. Preuve en est le groove pachydermique du crade et remuant « Stupid As It Sounds » qui est sûrement sans doute la compo la plus opaque et jouissive de cette galette (avec l’excellent « Madman » au mid-tempo implacable), tant ça charge de tous les côtés en jouant sur les variations multiples mais sans y perdre en fluidité. Ce point va d’ailleurs trouver son paroxysme sur « Mass Extinction » où ça ne s’arrête pas une seconde et se montre parfait pour un bon gros pogo, à l’instar de « Wicked Assault » aux accents Crust encore plus présents et qui brise sans souci les cervicales les plus récalcitrantes, tant le grand-écart y est massif et imposant. Et tout ça c’était sans compter sur le Punk « Death Reigns » joué à fond la caisse et à la construction encore plus primaire qui déboîte et défoule parfaitement sans se poser de questions, comme le rudimentaire « Decapitation » et ses six (!) secondes pleines de cris et de blasts qui résonnent comme un clin d’œil au fameux « You Suffer » de NAPALM DEATH.
Se clôturant sur le long et extrêmement massif « Rotten Corpse » où ça ralentit tel un camion et complété par un solo mélodique inquiétant (avant que la rapidité n’explose à nouveau de toutes parts) ce long-format dévoile un groupe incontestablement à suivre dans le futur, et qui a tout pour s’offrir une carrière à la hauteur de ses ambitions. Sous ses airs de musique simple et redondante celle proposée par la formation se révèle bien plus variée et subtile que de prime abord, tant on est littéralement happé par sa puissance et son souffle ravageur et qu’on n’a qu’une envie de fait c’est de se lâcher complètement et de prendre ces dix missiles balistiques dans la tronche. Si on dit souvent que la valeur n’attend pas le nombre des années c’est encore plus le cas au sein de l’actuelle pouponnière du royaume du roi Carl XVI Gustaf qui fait preuve d’une incroyable maturité artistique, et dont INTEREMO est un des fers de lance tant les trois loustics ont déjà tout assimilé dans la manière de faire sonner le célèbre genre local décidemment indémodable et en constant renouvellement. Sacrée découverte en tout cas qui a tout pour se démarquer de la rude concurrence et l’on ne peut que souhaiter que les jeunots continuent sur cette lancée tant leur potentiel semble immense, et l’on a hâte d’entendre la suite de leurs aventures. Ceux-ci réussissant le tour de force de nous faire voyager à une époque où ils n’étaient même pas nés, et où nombre de leurs compatriotes historiques étaient en fin de cycle voir carrément sur le déclin... mais qui prouve que les ENTOMBED, DISMEMBER et consorts peuvent dormir tranquille, la relève est déjà là et même plus impressionnante qu’on ne le croit.
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