Morgal - Nightmare Lord
Chronique
Morgal Nightmare Lord
Ce n’est un secret pour personne que de constater l’incroyable densité et qualité générale de la scène Black venue de Finlande, tant celle-ci malgré les années qui passent et une concurrence de plus en plus exacerbée continue d’être une des meilleures (si ce n’est la meilleure) à l’heure actuelle au niveau international, et ce malgré à peine plus de cinq millions et demi d’habitants. Si ses ténors sont toujours actifs et conservent leur attractivité légendaire ceux-ci sont régulièrement talonnés par nombre de jeunes loups particulièrement énervés, et qui ont tout repris de leurs aînés que ce soit dans l’écriture, l’attitude et la thématique globale. Si jusqu’à présent MORGAL était resté relativement méconnu malgré notamment trois Ep forts réussis sortis depuis 2014, nul doute que le trio de Mikkeli en Savonie-du-Sud (et mené par les frères Wallgren) va passer de l’ombre à la lumière avec ce premier opus sulfureux et inspiré qui va mettre tout le monde d’accord, de par sa violence débridée mais aussi un certain sens de la mélodie. En effet si ça va tabasser de façon majoritaire les trois acolytes n’en oublient pas quand il le faut de lever le pied, et aussi de proposer d’autres influences qui s’intègrent facilement et avec qualité au sein de ces sept longues compos qui tournent toujours aux alentours des cinq minutes.
Néanmoins le démarrage de cet album se fait de façon très brute et bas du front via le bourrin et énervé « Golden Sun Of Satan » qui mise de façon continue sur l’alternance entre blasts furibards et parties rapides endiablées, où la double intervient régulièrement à fond la caisse. Cependant dès la plage suivante cela va se densifier, car « Death Vortex » va voir l’ajout d’un riffing plus lourd aux accents Heavy prononcés tout comme avec des relents Thrash au niveau de la guitare, qui se mêlent facilement au milieu des déferlantes de vitesse et du chant possédé et haineux à souhait. Ce schéma va d’ailleurs se retrouver dans la foulée sur la boule de nerfs intitulée « Extermination / Death Penetration » aux ambiances mid-tempo plus affirmées et remuantes comme il faut, avant que du son inspiré par la scène Allemande des 80’s ne retentisse, affirmant encore plus le côté rétro de la musique des Finlandais ainsi que l’ajout bénéfique de notes mélodiques discrètes mais efficaces, qui densifient un peu tout cela. D’ailleurs ce léger basculement musical vers les meilleures formations d’outre-Rhin se confirme un peu plus loin sur le tout aussi excellent « Nightmare Lord » qui voit l’ajout de passages rampants propices au headbanging particulièrement réussis et accrocheurs, et notamment sa conclusion au ralenti où un lead mélodieux du plus bel effet retentit de fort belle manière, même si l’on regrettera cette fin en fade-out frustrante tant on aurait aimé que ça continue encore un peu plus longtemps.
Cependant ce point sera finalement la seule faute de goût de ce long-format, tant le reste proposé va être du même acabit qu’entendu précédemment vu que ça va être notamment épique et guerrier, comme via le remuant et ultra-efficace « Gateways Of Flesh & Blood » où l’équilibre des forces est de mise, à l’instar du tentaculaire « Mortifer ». Si son démarrage avec ces doux arpèges coupants (qui amènent un peu de douceur dans ce monde de brutes) va surprendre la suite va être un récital de tout ce que sait faire la bande, où le chaos et la destruction se mêlent à des passages plus posés et agréables servant ainsi de transition avant le retour à la guerre totale, vu que ça agresse et hurle de tous les côtés en proposant deux parties bien distinctes qui accentuent ce sentiment oppressant. Et si tout cela ne suffisait pas on peut aussi retrouver un peu de BLACK SABBATH sur l’introduction du combattif et enlevé « Flaming Mouth Of Baphomet » ainsi qu’un soupçon de DESTRÖYER 666 quand ça accélère bien qu’on soit loin des longues lignes droites de l’outback Australien, mais plutôt proche de la conduite de Juha Kankkunen et Marcus Grönholm sur les pistes de leur rallye national. Mélangeant là-encore les genres avec une facilité déconcertante la bande réussit là-encore à ne pas tomber dans le trop-plein d’un côté ou de l’autre, mais à garder intact son équilibre et sa fluidité jusqu’au bout de ce morceau comme de cette galette.
Car pour un coup d’essai c’est pratiquement un coup de maître réussi par les nordiques, et ce même si l’on pourra reprocher un aspect parfois un peu linéaire et interchangeable d’une plage à l’autre, mais cela ne nuit pas à l’homogénéité générale. Aidé en cela par une production très froide où la guitare coupante et la caisse claire très sèche amènent un supplément d’ambiance maléfique et de dureté, ce disque qui enchaîne les déferlantes et uppercuts par tous les bouts est certes encore un peu juste pour marquer l’année de son empreinte. Cependant le potentiel de ses géniteurs étant plus que prometteur nul doute qu’avec un soupçon d’expérience supplémentaire ceux-ci pourront bientôt titiller les ARCHGOAT, HORNA, SARGEIST et autres maîtres locaux diaboliques qu’on ne présente plus et qui font perdurer une certaine vision du diable et de ses légions au sein du pays des mille lacs.
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