Diabolizer - Khalkedonian Death
Chronique
Diabolizer Khalkedonian Death
Retour en 2021 pour un album que j'attendais depuis longtemps. Depuis l'EP Apokalypse de 2016 qui m'avait fait découvrir Diabolizer. Un de ces nombreux combos de qualité que nous offre ces derniers temps la Turquie mais qui n'avait pas encore eu le droit à un article ici-bas. Et comme souvent, c'est du quartier stambouliote de Kadıköy que nous vient le groupe formé en 2012. On retrouve donc sans surprise des têtes connues officiant dans d'autres formations déjà évoquées en termes élogieux : les guitaristes Mustafa Gürcalioğlu (Decaying Purity, Engulfed, Hyperdontia, ex-Burial Invocation) et Can Yakay Darbaz (Burial Invocation, Engulfed), le bassiste Malik Çamlıca (Decaying Purity, Hyperdontia, Septage, ex-Burial Invocation et Hellsodomy) et le batteur Engin Güngör (Burial Invocation, Engulfed), épaulés du chanteur Ali "Abomination Demonseed" de Godslaying Hellblast et ex-Sacrocurse. Ce qui nous fait quatre (ex-)membres de Burial Invocation, trois de Engulfed et deux de Hyperdontia et Decaying Purity. Difficile dès lors d'imaginer que ce premier long-format Khalkedonian Death paru chez Everlasting Spew Records s'avère autre chose qu'une tuerie. Surtout illustré de la sorte par cette pochette cthulhuienne magnifique du légendaire Jon Zig.
Pas de mauvaise surprise en effet, Khalkedonian Death botte des derrières à la chaîne. D'autant qu'en dépit de l'extrême consanguinité du line-up, Diabolizer trouve parfaitement sa place dans cette scène en nous proposant autre chose qu'un copier-coller des autres entités dans lesquelles évoluent les artistes. On a bien sûr toujours à faire à du death metal mais Diabolizer arrive à jouer entre les lignes. Sombre mais pas aussi noir qu'Engulfed, brutal mais moins mononeuronal que Decaying Purity, varié mais loin des frontières progressives de Burial Invocation, salissant mais moins gras et evil que Hyperdontia. Diabolizer se positionne ainsi plutôt dans le death metal de la première décennie des années 2000, des trucs fort sympathiques comme Severe Torture, Vomitory ou encore Purgatory. Alléchant, non ?!
La bave aux lèvres apparaît dès l'excellent titre d'ouverture "Dawn of Obliteration", très représentatif de ce qui sera proposé tout au long des trois quarts d'heure de l'œuvre avec plus ou moins le même ratio entre les différents éléments. Quel plaisir d'entendre cette production parfaite pour le style, ni trop synthétique ni trop crado, en particulier un son de batterie exemplaire qui donne la puissance de feu nécessaire à la musique des Turcs pour exprimer toute son efficacité (miam ce son claquant de caisse claire, un régal !). Déjà un très bon point pour ce Khalkedonian Death qui outre cet emballage affriolant des plus adéquats va nous offrir tout un tas de gourmandises que n'importe quel fan de death metal qui se respecte ne peut ignorer. Ça bourre joyeusement du côté du batteur super cool qui ne fait pas semblant, enchaînant à l'aise blast-beats à foison et rythmiques thrashies, entrecoupés de descentes de toms et de roulements véloces. Quant au riffing, si Diabolizer ne réinvente rien avec ces tremolos plus ou moins sombres, ces plans thrashy ou ces harmoniques sifflées, il se révèle de grande qualité. D'autant que le duo de gratteux incorpore pas mal de solos (ça shredde bien sur "Cloaked in an Aura of Madness" à partir de la quatrième minute !) et autres leads qui viennent sublimer les morceaux.
D'ailleurs, malgré le quotient de brutalité élevé, Diabolizer ne fait pas que foncer dans le tas. Pas plus mal sur quarante-six minutes qui auraient pu s'avérer un peu longues sans cela. Mine de rien, les Turcs varient plutôt bien le jeu sur des morceaux assez longs de plus de cinq minutes en moyenne, avec un pic à 7'21 sur "Mayhemic Darkness & Possessed Visions" sur lequel le combo prend le plus de temps pour planter le décor. Eh oui, Khalkedonian Death propose aussi de l'ambiance via des ralentissements et des leads mélodiques voire des arpèges et autres sons clairs ("Maelstroms of Abhorrence" à 2'10, "Dawn of obliteration" à 2'26, "Spearfuck the Throes of Treason" à 0'48, début de "Perishing in His Oceans of Blood", etc.). Une atmosphère sombre et menaçante très classique pour du death metal mais là encore bien foutue. On croisera aussi des mid-tempos headbangants, ceux-ci plus dans un but d'efficacité basée sur la rythmique. Objectif atteint sauf sur quelques motifs un peu trop sautillants qui me font légèrement froncer les sourcils ("Maelstroms of Abhorrence" à 2'01, "Bringers of Khalkedonian Death" à 1'42 et 3'06, "Spearfuck the Throes of Treason" à 1'51 et surtout "Mayhemic Darkness & Possessed Visions" à 3'30).
Une des rares fautes de goût de Diabolizer. On pourrait également trouver le chant growlé générique malgré pas mal de shrieks qui donnent quelques couleurs blackened à la musique des Ottomans. Cela dit, il fait le job. Pas de quoi diminuer l'enthousiasme généré par ce premier long-format du quintette qui remplit son contrat de fort belle manière en nous proposant un peu de tout ce qui fait le charme du death metal. Brutalité (blast-beats!), riffing solide, mélodies, ambiance, niveau technique tout à fait satisfaisant, vrais morceaux composés intelligemment et même une basse à son aise même s'il faudra le casque pour l'entendre dans des conditions optimales. Une bonne grosse branlée que ce Khalkedonian Death qui ne déçoit pas le moins du monde. Diabolizer s'était pourtant montré ambitieux sur plus de trois quarts d'heure, limite extrême en général à éviter de dépasser pour le style. Il s'est toutefois donné les moyens de ses ambitions grâce à un talent d'écriture au-dessus de la moyenne, un riffing nickel et une variété bienvenue qui fait que l'on ne s'ennuie jamais pendant l'écoute. Même après plus d'une dizaine de passages dans les esgourdes, l'opus conserve son intérêt et sa pertinence. Clairement un des meilleurs albums de death metal de l'année dernière qu'il aurait été dommage de ne pas évoquer ici. Une nouvelle bonne pioche pour le label italien Everlasting Spew Records qui n'en finit pas de monter et une énième preuve de la bonne santé de la scène extrême turque.
| Keyser 12 Novembre 2022 - 969 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo