Wiegedood - There’s Always Blood At The End Of The Road
Chronique
Wiegedood There’s Always Blood At The End Of The Road
Il aura mis du temps à voir le jour ce quatrième opus du trio de Gand, pourtant d’habitude si rapide pour enchaîner les sorties et concerts avec une précision chirurgicale et de métronome, car après avoir enquillé ces trois premiers disques en à peine trois années d’existence il lui aura fallu quatre ans pour accoucher de cet enregistrement au nom aussi long que mystérieux. Car celui-ci marque la fin d’une ère et le début d’une nouvelle vu que le groupe en a terminé de sa trilogie
« De Doden Hebben Het Goed », et il était temps d’ailleurs vu que ce dernier chapitre marquait un essoufflement notable dans l’inspiration et l’on sentait qu’il était temps pour ses créateurs de passer à autre chose. Du coup terminé les albums avec seulement quatre morceaux et aux durées à rallonge et place à des compositions plus courtes et directes où la patte des Belges se retrouve quand même largement, bien que celle-ci laisse régulièrement place à de nouvelles ambiances et influences qui vont surprendre de prime abord, mais être finalement raccord à ce à quoi ils nous habitué jusqu’à il y’a peu. Néanmoins la transition annoncée va se faire progressivement car le début de cette galette va se montrer dans la droite ligne des précédentes sans pour autant arriver à les égaler, et du coup tout cela va commencer de façon poussive faisant craindre quant au rendu global de celle-ci.
En effet commençant par l’instrumental « FN SCAR 16 » celui-ci va se contenter de tabasser en continu tout en donnant la sensation que ses créateurs répètent tranquillement leurs gammes, malgré un léger côté Post-Metal pas dégueulasse mais dont le contenu malgré sa courte durée se montre vite répétitif et ennuyeux, à l’instar de « And In Old Salamano’s Room, The Dog Whimpered Softly ». Reprenant grosso-modo les mêmes choses entendues juste avant l’ensemble varie cependant au niveau des rythmiques qui n'hésitent pas à ralentir la cadence, afin d’offrir un visage rampant proche de ce qui a fait le son de la formation. Cependant même si ça joue le grand-écart et que ça montre une facette tribale et hypnotique intéressante, celle-ci tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et de fait créé un rendu général ambigu qui montre de l’idée et de l’audace sans pour autant accrocher totalement vu que ça sonne un peu trop déséquilibré pour captiver en continu. Du coup on se demande vraiment à quoi jouent les Flamands tant on a l’impression qu’ils sont un peu le cul entre deux chaises, ne sachant pas réellement sur quel pied danser ni comment ajuster leur musique… d’ailleurs ça n’est pas avec « Noblesse Oblige Richesse Oblige » (en Français dans le texte) que l’on va trouver des raisons d’espérer, même si du mieux se fait entendre. Car jouant là-encore sur l’alternance des rythmes où brutalité et lenteur se mettent au premier plan on est là-encore plongé dans les différents volumes sortis antérieurement par les gars, où notamment les riffs coupants joués dans le vide sidéral retentissent joyeusement pour un plaisir non-dissimulé même s’il manque toujours le petit plus pour adhérer véritablement.
Mais ce léger sursaut entendu ici est paradoxalement le signe tant attendu pour lancer véritablement ce cru 2022, car après être passé par tous les sentiments et redouté un échec en règle ce « There’s Always Blood At The End Of The Road » va trouver sa vitesse de croisière et ne plus jamais la lâcher. Preuve en est l’excellent « Until It Is Not » particulièrement inspiré et aux accents épiques accrocheurs à souhait, qui donnent clairement envie d’en découvre avec son entrain communicatif et entêtant ainsi que ses riffs déchirés totalement jouissifs. Retrouvant tout l’éclat de ses anciens chapitres l’entité signe ici son vrai retour en force à la fois sombre et lumineux, toujours teinté d’un certain espoir et de renouveau au milieu du chaos, ce qui fait plaisir à entendre et montre qu’elle a toujours l’art et la manière de faire sonner sa musique si caractéristique. D’ailleurs celle-ci va continuer dans la foulée via le très bon « Now Will Always Be » qui malgré sa durée excessive nous envoie en plein cosmos à la froideur totale où ses arpèges doux résonnant dans le vide sidéral, avant que l’auditeur ne soit entraîné par de longues boucles planantes au désespoir et à la haine palpable. Retrouvant ses galons de qualité supérieure la bande va offrir une courte respiration acoustique sur le doux et délicat interlude intitulé « Wade » qui va calmer les esprits, avant le brutal et tempétueux « Nuages » (au nom totalement raccord). Ici rien n’émerge hormis le chaos via du tabassage fort et violent qui s’étire à tire-larigot avant que quelques passages au mid-tempo propice au headbanging ne cherchent à échapper à l’opacité générale, jusqu’à l’arrivée de parties très lentes à la fois psychédéliques et désarticulées qui se montrent osées tant la sortie de route est facile sur ce genre de choses… et hélas c’est ce qui se passe ici. Car si jusque-là tout se passait à merveille sur cette composition cette fin différente du reste n’amène rien du tout et au contraire casse la dynamique en se faisant pompeuse et à l’intérêt limité, et l’on regrette que les trois acolytes ne soient pas restés en terrain calibré où ça excellait jusqu’à présent. Heureusement ce faux-pas sera le dernier de ce long-format qui va se terminer d’excellente façon, en premier lieu avec le suffocant « Theft And Begging » à la pression comme une marmite prête à exploser et à la température qui ne cesse de grimper, avant que tout n’explose dans une ribambelle de blasts d’où émerge un solo de folie et où l’on retrouve le combo qui fait plaisir à entendre tant ici il se surpasse.
Se clôturant par un « Carousel » froid et occulte (où la voix envoûtée peut faire penser à une prière ou à des incantations) qui remet la facette radicale au premier plan, mais à la qualité d’écriture impeccable et faisant un peu office de compilation de tout ce qui fait le charme de ses géniteurs, tout cela met un point final aux hostilités de bien meilleure façon qu’elles n’avaient commencé. Gardant la virulence et la rapidité de façon majoritaire ce disque se montre bien plus varié que les précédents mais aussi moins homogène, vu que l’on passe par tous les sentiments. S’il trouve sa vitesse de croisière après un départ difficile et en trompe-l’œil il ne fera pas tâche avec le cycle terminé, même s’il aura néanmoins plus de mal à garder son efficacité dans le temps (malgré quelques plages redoutables), vu que ça fait preuve de folie de façon trop irrégulière et disparate tout en se montrant étonnement prévisible. Nul doute en tout cas qu’on appréciera quand même ce retour attendu à défaut d’y revenir aussi fréquemment que ce qui a été produit dans un passé proche, tant le groupe dans sa volonté de vouloir bien-faire en a un peu oublié ce qui faisait son style reconnaissable entre mille. Semblant aujourd’hui hésiter entre ces deux facettes intéressantes mais qui ont du mal à cohabiter l’une avec l’autre de façon durable, on peut heureusement supposer que cela sera rapidement résolu dans un futur proche, vu le grand talent de chacun des membres qui ont toujours plusieurs cordes à leurs arcs et ont su toujours rebondir dans chacun de leurs différents projets respectifs.
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