Wiegedood - De Doden Hebben Het Goed
Chronique
Wiegedood De Doden Hebben Het Goed
La Belgique m'a toujours laissé un arrière-goût étrange. J'ai bien sûr apprécié le tempérament ouvert, sympathique et prompt à l'humour des Belges. Pour dire vrai, ils me semblent bien plus apte à vivre leur vie à bloc que nous les Français. Tout cela est un héritage d'un échange scolaire en terminale près de Namur, rempli de soirées débridées et de souvenirs de magnifiques villes. Mais d'un autre côté, j'ai toujours senti un fond de tristesse et de noirceur dans ce pays que l'on résume trop souvent à celui des friteries encamionnées. Comme si le Belge masquait sa tristesse dans son comportement. C'est cette chose que l'on retrouve dans la musique des groupes Belges en particulier Hardcore. Daggers, Rise And Fall ou la Church Of Ra sont de cet acabit. Et figurez-vous que concernant ces derniers, il y a une petite nouveauté...
La Church of Ra qui se met au Black Metal donc. Pas étonnant quand on connaît un peu le feeling naturellement noir de la clique flamande. Amenra, Hessian, Oathbreaker, vous avouerez qu'on a vu plus joyeux dans notre pauvre vie terrestre. J'étais donc franchement impatient de découvrir ce premier album de Wiegedood, entité formée par des membres ou ex-membres de Rise & Fall, Hessian, Oathbreaker et Amenra. C'est un projet qui suscitait l'intrigue dès son postulat de départ... Comment faire le lien entre un style Harsh et sale par essence et une ambiance grasse de cimetière post-deuil à la Belge ? Pas si simple à mettre en place car si les deux genres ont comme dénominateur commun la mélancolie, il était franchement facile de se vautrer en proposant simplement un Blackened Hardcore des plus classiques.
Chose que Wiegedood a consciencieusement évité sur « De Doden Hebben Het Goed » en allant bien plus loin que ça et en se servant d'influences un tantinet Post-Black. Vers quatre minutes et quarante secondes sur « Kwaad Bloed » par exemple, on sent tout l'impact de formations comme Krallice ou Deafheaven sur la musique des belges. Difficile durant les quatre morceaux de ne pas penser un seul instant à la scène américaine et à leurs envolées à base de leads entêtants et d'enchevêtrements mélodiques à deux guitares. C'est en premier lieu ce qui se remarque sur un morceau comme « Svanesang » véritablement parsemé de montées toute en finesse où on se laisse totalement happer par ce riffing si touchant.
Seulement, si « De Doden Hebben Het Goed » n'était qu'un disque de Post-Black, croyez-bien que je n'en ferais pas autant la louange. Le deuxième plus évident se trouvant ici, c'est un véritable hommage vibrant à la saleté. Vas-y que je pousse le potard de Treble à fond les bananes et que je rajoute une production de cave. On retrouve dans ce disque une feeling totalement True-Black, surtout par les sonorités crées, vraiment imbibées de grésillements typiques et de vocaux à l'arrachée. De là à dire que tout ça nous rappelle la fraîcheur de la Norvège, il n'y a qu'un pas... Le début du titre éponyme est d'ailleurs plutôt équivoque à ce niveau puisqu'il propose un mid-tempo à base de riffs somme toute assez traditionnels mais qui sont bien loin de faire tache ou de détonner avec l'esthétique pourtant assez moderne du disque.
Et ce n'est pas tout ! On notera aussi plusieurs accalmies à la guitares sèche / clean qui se payent de luxe d'apporter encore un bonus aux compositions. On se retrouve pendant ces quelques accalmies plongés dans une ambiance de Black Atmosphérique forestier. Judicieusement placées au beau milieu des morceaux les plus longs, elles apportent une dynamique des plus intéressantes. Alors qu'on était auparavant en pleine extase solaire, via ces mélodies puissantes, on se sent tout à coup comme apaisé, calmé par ces instants semblant suspendus au beau milieu de l’œil du cyclone. Tout ça me rappelle finalement un peu Life Is Strange, où l'on oscille entre ces visions de tempête déferlant à toute vitesse et ces retours à la vie paisible et tranquille d'une petite ville de l'Oregon.
On ne pourra pas non plus s'ôter de l'esprit la prédominance de l'héritage Church of Ra sur certains passages. Le tout premier riff de l'album donne un poil l'impression d'écouter un Amenra courant à toute allure et zigzaguant maladroitement entre les gouttes pour survivre au déluge. D'ailleurs cette inspiration du collectif pré-domine également – et évidemment, serait-on tentés de dire – sur l'artwork encore une fois fait de photos Nature & Découverte accompagnés de bouts de bois collés entre eux et sensés représenter une quelconque forme d'occultisme tristounet. Bon, je ne dis pas, c'est rigolo la Church Of Ra. Parfois un peu ridicule, mais rigolo. Une esthétique d'ailleurs représentée également dans le format du disque (quatre morceaux longs...), la construction (certaines mélodies étirées sur plusieurs minutes) et même sur le dernier titre - « Onder.Gann | Voznesenie » - et son « | » en forme de clin d’œil au « Nowena | 9.10 » d'Amenra. Très honnêtement, j'ai la flemme à blinde de faire une conclusion. Alors contentez-vous d'écouter ce disque qui vous le rendra bien.
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