Fondé à l’origine comme un simple projet parallèle mené par des membres de AMENRA et OATHBREAKER, WIEGEDOOD semble aujourd’hui prendre une ampleur de plus en plus importante tant celui-ci devient demandé et jouit d’un succès et d’une notoriété qui ne cesse de s’amplifier. Il faut dire que le trio a réussi le tour de force en seulement quatre ans de sortir deux albums particulièrement addictifs où l’on ressentait à la fois la tristesse et le manque de l’ami disparu (en l’occurrence Florent Pevée décédé en 2013 dans des circonstances tragiques), l’humidité et la grisaille de la Belgique pendant l’automne (comme l’a si bien chanté Jacques Brel) tout en étant conjugué à une ambiance ténébreuse mais pas encore trop opaque. Car la musique du combo bien que propice au deuil révèle aussi un goût pour la mélancolie et le romantisme, comme pour sembler dire que malgré la mort la vie doit reprendre ses droits et qu’à l’instar de la nature elle renaitra toujours quelque part sous une autre forme.
Visiblement décidé à tourner la page, comme pour passer à une nouvelle étape de leur vie, le groupe livre aujourd’hui le dernier volet de sa trilogie et reprend les mêmes éléments qui ont fait sa réputation, à la fois musicaux comme visuels. En effet on est encore en présence de quatre morceaux longs tout en conservant le même type de pochette que vu précédemment, via leur fameux logo de bois installé dans le lieu de naissance ou de résidence d’un des membres. Cette fois-ci il a été posé à Sint-Eloois Winkel, village natal du chanteur-guitariste Levy Seynaeve près de Courtrai, où ce fameux ciel encombré est toujours là, à cheval entre le brouillard et la pluie, donnant une impression désespérante de tristesse absolue (et n’étant pas sans rappeler l’ambiance décalée du film « Calvaire » de Fabrice du Welz sorti en 2004). Du coup si rien ne change ou presque il y’a eu quand même une évolution majeure, celle de la signature chez Century Media, preuve s’il fallait encore le démontrer que la bande a pris une véritable ampleur. Nul doute en tout cas qu’avec sa large distribution et son catalogue pléthorique le label allemand était un de ceux qu’il fallait aux belges pour mener à bien leur conquête du monde, tout en tournant un chapitre de son existence.
Après un premier épisode
(« De Doden Hebben Het Goed ») qui posait les bases et plaçait la barre déjà très haut, c’est avec son énormissime successeur (sobrement appelé « De Doden Hebben Het Goed II ») que ceux-ci ont entamé leur périple à travers le monde, multipliant les concerts et entamant au passage un virage légèrement plus mélodique. Cependant avec une musique si éthérée, dépouillée et répétitive il est facile de tomber dans la redondance si on ne fait pas attention et doucement les flamands y arrivent, du coup il semble fort judicieux que cette troisième partie soit la dernière. Attention on est très loin du ratage mais force est de constater qu’une certaine routine s’est installée, que les mêmes plans ont tendance à avoir été déjà entendus par le passé et qu’ils captivent également un peu moins qu’auparavant. Cependant malgré cela l’œuvre reste de très haut niveau et surtout se maintient au sommet de la pyramide de la nouvelle génération Post-Black ou d’obédience atmosphérique, même s’il est évident que les gars vont avoir intérêt à se renouveler dans un avenir proche, ou à se faire plus désirer, au risque de voir leur aura se ternir.
Pourtant passer à côté de ce nouvel opus sera une grosse erreur, car le glacial et classique « Prowl » montre dès le départ une machine de guerre dont l’entrain ne va que rarement faiblir en intensité, vu qu’ici ça va blaster quasiment en continu, et que seuls quelques courts instants en mid-tempo (conjugués à un court break) vont venir calmer ce début fracassant, qui se révèle malgré tout sans surprise et plus hermétique que ce qu’on a pu connaître auparavant. Mais avec « Doodskalm » la densité et la variété sont de mise, vu qu’après un démarrage pied au plancher où les blasts et les roulements de batterie se succèdent, c’est ensuite un tempo rapide qui prend place et montre une facette épique qui donne envie d’aller au combat contre ses ennemis, tout y ajoutant un soupçon d’ambiance remuante par des riffs bien troussés. Si cette première moitié donne l’occasion de sortir l’épée la seconde elle va constater les dégâts, car après un break où les notes douces retentissent cela va repartir doucement sur un rythme lent et venteux où l’intensité du combat retombe et où l’on se rend compte de ce qui vient de se passer. Bénéficiant d’une maîtrise parfaite de bout en bout il n’y a rien à redire sur la qualité totale de cette compo, tout comme sur celle du morceau-titre (et pièce majeure) qui lui succède. Pendant douze minutes on retrouve l’harmonie et l’ambiance funeste qui fait le charme de cette entité, et où tout va être mis en valeur, la douceur comme la furie, qui vont faire ainsi passer l’auditeur par tous les états. Si au départ la mélancolie va être à l’honneur via des notes délicates qui vont servir d’introduction, progressivement l’ensemble va monter en pression avant là-encore de se faire entraînante et remuante pendant un bon moment, puis de nouveau de retomber pour revenir à la tendresse entendue au tout début et reconstruire un schéma similaire ensuite. En effet les bribes guerrières entendues précédemment vont se remettre en route tout en proposant une atmosphérique plus aérienne qui va trouver son paroxysme sur la fin, via des blasts furibards qui se mêlent aux nuages et au vent, comme pour signaler que la violence des éléments reste inamovible. Si cette sublime compo fait preuve d’une qualité d’écriture remarquable, « Parool » va elle se montrer un peu décevante tant elle fait preuve de linéarité, malgré un souffle glacial qui ne cesse pas tout du long conjugué aux passages ultra-rapides qui règnent en maître, juste suppléés durant de courts instants par des parties de doubles un peu massives, qui évitent ainsi l’écueil de la redondance. Même si ça reste très bien composé et hyper accrocheur, c’est quand même en dessous du reste de cet album, et de ce qui a été proposé par ses géniteurs dans un passé proche.
Moins riche en émotions et plus primitif à la fois dans son style comme dans sa production, ce volume trois sonne la fin d’un cycle et le probable début d’une nouvelle ère pour le combo, qui montre qu’il est bel et bien installé sur son trône pour encore sans doute longtemps. A lui cependant d’éviter de s’installer dans un certain confort qui lui serait préjudiciable, même s’il n’y a rien de grave pour l’instant, tant il survole la concurrence malgré cette légère baisse d’attractivité. Si bien des groupes se contenteraient volontiers d’une œuvre pareille à la densité sans égal, pour WIEGEDOOD cela est parfois un peu léger tant on connait son potentiel incroyable qui a déjà retenti précédemment, et qu’on retrouve largement ici, juste en quantité moindre qu’auparavant, d’où cette légère déception qui s’estompera quand même bien vite au fil des écoutes.
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