Night Hag - Phantasmal Scourge
Chronique
Night Hag Phantasmal Scourge
Peut-être n’avez vous encore jamais entendu parler des Américains de Night Hag ? À cela, aucun souci, puisque nous sommes là pour vous mettre sur le droit chemin (et parfois vous éviter également quelques déconvenues).
Formé en 2010 à Virginia Beach et séparé une première fois en 2012 pendant quelques mois seulement, le groupe formé par Samuel Fox (basse, chant), Joe Arida (guitare) et Jon Ransom (batterie, chant) n’en est pas vraiment à son premier coup d’essai puisqu’il justifie d’une discographie relativement conséquente avec la sortie de trois démos, un EP, un live et un split en compagnie des Allemands de Cryptic Brood. À cela il faut désormais ajouter la parution en début d’année d’un premier album intitulé Phantasmal Scourge qui, comme moi, devrait en mettre plus d’un dans les pattes du trio.
C’est sur le label Rotted Life Records, pourvoyeurs de sorties de qualité (Coagulate, Coffin Rot, Exaugurate, Godusar, Noxis, Pustilence, Vrenth...) qu’est paru celui-ci. Un disque particulièrement alléchant et cela dès le premier regard. En effet, si l’artwork signé des mains expertes de Form Terror Growth (Frozen Soul, Mortiferum, Blood Spore, Vivisect...) a déjà largement de quoi séduire, j’ai à titre personnel bien du mal à résister à tous ces groupes arborant ce genre de logos composés d’éléments souvent organiques (ici un boyau juteux, un oeil et ses nerfs optiques, quelques bouts de colonne vertébrale, etc). Bref, comme souvent, il ne m’en a pas fallu davantage pour me laisser tenter et comme souvent je m’en félicite encore.
Composé de neuf titres (dont deux reprises, une de Mortician ("Ghost House") et une de Necrophagia ("Embalmed Yet I Breathe")) pour une durée imposante de plus de cinquante-cinq minutes, Phantasmal Scourge n’est pas le genre d’album que l’on lance à la légère en faisant la vaisselle ou le temps d’une petite course à l’extérieur... Son format allongé et ses compositions pour le moins pesantes et étirées demandent en effet un certain effort ainsi qu’un minimum de disponibilité pour êtres appréciés à leurs justes valeurs. Car si vous vous posiez encore la question à ce stade de votre lecture, c’est dans le registre d’un Death / Doom putride et sinistre que verse le trio américain.
En effet, Phantasmal Scourge scelle d’une certaine manière la rencontre entre le Death Metal cradingue et déglingué d’Autopsy et le Death / Doom glacial et abrasif de Winter. Aussi, vous l’aurez compris, Night Hag n’entend pas bouleverser quoi que ce soit avec une formule qui d’un titre à l’autre ne va en effet pas beaucoup évoluer (même en ce qui concerne ces deux très reprises - au demeurant relativement fidèles aux versions originales (les sampels en moins) - évoquées brièvement ci-dessus). Effectivement, le trio américain va généralement prendre tout son temps, déroulant à un train de sénateur son Death / Doom purulent et maladif à coups de riffs plombés et sinistres, de frappes parcimonieuses mais néanmoins implacables et de leads malfaisants auxquels vont naturellement succéder de franches accélérations qui vont notamment permettre de dynamiser l’ensemble et ainsi sortir l’auditeur de cette torpeur justement induite par ce rythme lent et mortifère. Bien entendu, on note quelques variations comme par exemple les entames particulièrement musclées de "Degradation Of A Putrid Soul", "Witching Hour Violation" ou bien encore "Embalmed Yet I Breathe" mais d’une manière générale, les choses sont exactement comme je viens de le décrire.
Ainsi, plutôt que d’offrir un album direct et bas du front dont les ambiances s’articulent autour de ressentis souvent différents (démonstration de force, violence exacerbée, chaos ambiant, explosion de rage et de haine dans tous les sens...), Night Hag a fait le choix d’un disque aux ambiances poisseuses et beaucoup plus sournoises. Un disque malveillant qui s’immisce en nous insidieusement par le biais de ces riffs faisandés, de ce rythme lent et léthargique, de ces leads démoniaques mais également à travers cette dualité vocale (tâche partagée ici entre Jon Ransom et Samuel Fox) bien sentie avec d’un côté ce growl profond tout ce qu’il y a de plus classique (et efficace) et de l’autre cette voix arrachée nettement plus dérangée qui, justement, va apporter un peu de folie et de caractère supplémentaire à une recette sans grande surprise.
Après plus de dix ans de carrière, Night Hag s’est donc enfin décidé à passer aux choses sérieuses avec la sortie de Phantasmal Scourge, un premier album qui a priori ne devrait absolument rien changer à votre quotidien ni encore moins bouleverser le petit monde du Death Metal mais qui cependant ne devrait pas manquer de ravir les amateurs de Death / Doom cradingue et abrasif. Servi par une production rugueuse et naturelle qui a le bon goût de ne jamais trop en faire et de rester à sa place, ce premier album déroule toute une ribambelle d’éléments qui n’ont effectivement rien de neuf mais que le trio à su agencer de manière à rendre l’écoute particulièrement plaisante et au final extrêmement convaincante. Bref, vous l’aurez compris, si vous n’êtes pas spécialement exigeant sur la notion d’originalité mais néanmoins disposé à vous prendre une bonne dose de Death / Doom putride et abrasif, ce premier album devrait tout à fait être en mesure de faire l’affaire.
| AxGxB 29 Mars 2022 - 1063 lectures |
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