Drug Honkey - Ghost In The Fire
Chronique
Drug Honkey Ghost In The Fire
Selon l’été auquel vous avez droit, il y a Harmonicraft de Torche et… Ghost In The Fire de Drug Honkey. Le premier ayant déjà fait l’objet d’un lobbying en ces pages, le tour est au nouvel album des Drogués, un quatrième essai parfaitement adapté à ceux subissant leurs journées dans une atmosphère de rendement sous canicule aux effets aussi tranquillisants qu’usants, les heures passées sous halogènes hallucinatoires obligeant à serpenter dans l’attente de pouvoir rafraichir un cerveau endolori par la chaleur. Avachis du travail en juillet, dévitalisées des réunions d’août, ceci est pour vous !
Mais avant de plonger plus avant dans ce qui n’est pas franchement un cours de natation, un rapide rappel s’impose. Malgré une discographie débutant en 2002 avec Drug Honkey, le groupe de Chicago n’a vraiment percé qu’en 2011 avec une réédition de Death Dub l'envoyant en première ligne pour défendre les sorties du regretté label Diabolical Conquest (dissous après la sortie de Ghost In The Fire). Il faut dire que Drug Honkey n’est pas fait pour plaire aux masses, son mix de doom/death et rythmiques industrielles/dub prouvant que deux styles négatifs en terme de popularité ne donne pas forcement du positif mais plutôt une musique sans concession, abrutissante et difficile d’accès (même après moult écoutes, Death Dub reste difficile à s’enquiller).
Il s’agissait donc de voir si le sursaut d’intérêt concernant la formation provenait d’autre chose qu’une curiosité passagère. La réponse apparait bien vite, au travers de cinquante-et-une minutes présentant un doom/death/dub différent des précédentes rencontres avec les Ricains : plus vicieux, plus marquant tout en devenant plus facile d’écoute, Ghost In The Fire prouve que l’accouplement des sons évanescents de l’indus sous tranxène aux guitares primitives du doom versant grumeleux peut se décliner autrement que par un passage en force. Ainsi, si Death Dub évoquait Winter reprenant du Godflesh, son successeur fait penser à un Fleshpress en pleine sudation, la déshydratation lui faisant miroiter les mirages d’Esoteric (particulièrement sur « Dead Days (Heroin III) ») et Scorn (dont on retrouve une – brillante – reprise avec « Twitcher »). Direct et impalpable comme les plus ardents pics de pollution, l’ensemble sort rarement d’une torpeur aux frontières du psyché (pas pour rien que Blake Judd de Nachtmystium est tombé sous le charme au point de se fendre d’un featuring d’écorché sur « Weight Of The World ») bien que la bien nommée « Saturate/Annihilate » permet de conclure dans une exaltation dévoilée, les hurlements de Paul Gillis s’y faisant plus grognards.
Tout en conservant les éléments qui ont fait la réussite de Death Dub (basse surmixée, effets en tous genre, guitares crépitantes, montée dans l’assaut jusqu’à atteindre les hautes fumées du Electric Wizard le plus étalé…), Ghost In The Fire ne repose pas uniquement sur la lancinance dub pour amadouer d’épaisseur trouble. Il joue de fatigue viscérale et corrosion apaisante par une batterie glougloutant son faible rituel et des compositions linéaires telles de l’Ulcerate patinant dès qu’il décide de dépasser les 20 BPM. C’est la principale qualité et le défaut majeur de ce quatrième jet manquant de la dimension addictive que le patronyme Drug Honkey laisse suggérer, sa monotonie poussée à l’extrême le classant dans la catégorie des pourvoyeurs de sensations fortes s’écoutant dans la lutte et sous certaines conditions.
En résumé, un gros huit sur dix pour un disque dépendant du contexte mais laissant longtemps son empreinte. En effet, c’est lors des nuits sans repos où le costume du salarié laisse une empreinte moite ineffaçable, les nuits où on se sent tiré à quatre épingles quelques soit l’habit, que Ghost In The Fire prend son sens. On le lance et dodeline hébété dans un chez soi devenu fournaise, brasillant de points paraissant foule floutée par la sueur, un climat rutilant marquant sa violence sur nos visages fondus par l’abattement, apathiques. Le titre de l’œuvre est bien un avertissement.
| lkea 20 Août 2012 - 2293 lectures |
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