Matriphagy - Prelude To Evisceration
Chronique
Matriphagy Prelude To Evisceration (EP)
Formé en 2016 à Boston ("Let’s Go Celtics !"), Matriphagy semble malheureusement vouloir enchaîner les revers de line-up. Une situation encore bancale aujourd’hui et qui se traduit notamment par une bien maigre discographie. En effet, après un premier single paru courant 2017, le groupe poursuit son petit bout de chemin dès l’année suivante avec la sortie d’une modeste démo live. Il va alors s’en suivre quatre années de silence radio (à l’exception du single "Legacy Of Infidelity" mis en ligne en novembre 2019) jusqu’à la sortie en mars dernier de ce premier EP auto-produit intitulé Prelude To Evisceration.
Pour illustrer celui-ci, le groupe originaire du Massachusetts a fait appel aux services de l’illustrateur suédois Patrik Tegnander connu sous le nom de Chainsaw Design (Flesh Crusher, Sentient Horror, Gods Forsaken, Gravestone...) et qui pour l’occasion signe ici une oeuvre plutôt sympathique puisque celle-ci a su me mettre sur le chemin des Américains. Au programme de ce premier EP bouclé en vingt-cinq minutes et disponible uniquement sous forme dématérialisée, six titres d’un Death Metal à tendance brutale dont certaines racines semblent s’étirer jusque du côté de New-York, de Baltimore et même de la Floride.
En effet, Matriphagy n’a strictement rien inventé puisque son Death Metal à l’ancienne va rappeler ce qu’il se faisait aux Etats-Unis au début des années 90 en alliant technique, brutalité, lourdeur, groove et rapidité dans une formule qui évoque autant Malevolent Creation que Suffocation ou Dying Fetus.
Ainsi du premier on va retrouver chez le groupe de Boston cette urgence et ce côté particulièrement vif, que ce soit lors de ces accélérations soutenues conduites bien souvent à coups de blasts comme c’est le cas par exemple sur "Matriphagy" à 1:42, "Paroxysm" à 0:43 ou bien lors des entames en fanfare de "Skulking Monstrosity" et "Legacy Of Infidelity", à travers ce riffing technique et particulièrement incisif qui enchaîne les différents patterns à un rythme pour le moins marqué ou bien lors de certaines séquences vocales sur lesquelles, tel un certain Brett Hoffmann, les mots s’enchainent à une vitesse frôlant l’hystérie ("Matriphagy" à 1:45, les premières secondes de "The Epitome Of Disgust" et "Skulking Monstrosity", "Katabasis" à 0:22). Toujours dans l’esprit des Floridiens, ces nombreux solos et autres leads qui ponctuent chacun des six titres de ce EP. Une touche mélodique naturellement bienvenue puisque celle-ci amène du caractère et de la nuance tout en permettant de développer un panel d’atmosphères moins frontales.
Des deux autres, on va retrouver ce groove urbain à la sauce new-yorkaise ainsi qu’un petit peu de cette brutalité sauvage, que ce soit une fois encore à travers certaines accélérations ("Matriphagy" à 1:42, "The Epitome Of Disgust" à 0:28 avec ces riffs qui fusent et tricotent, "Skulking Monstrosity" à 0:54) et transitions ("The Epitome Of Disgust" à 2:22) ou bien à l’inverse lors de ralentissements à la fibre "core" évidentes qui risquent de rendre certains d’entre vous complètement débiles ("Matriphagy" à 2:13 et 4:03, "The Epitome Of Disgust" à 0:48 ou encore à 2:53, "Skulking Monstrosity" à 0:16 et 1:10, les premiers instants de "Legacy Of Infidelity" ou un peu plus loin à 1:54). Saluons également une certaine expertise technique qui, outre cette basse qui n’hésite jamais à prendre quelques libertés expressives, se confirme également par ces enchevêtrements de riffs tout à fait digestes ou bien encore ces nombreux et parfois inattendus changements de rythmes. Bref, ça joue et ça ne fait pas semblant.
Si les Américains de Matriphagy ne font aucun mystère de leurs influences, Prelude To Evisceration n’en demeure pas moins un premier EP particulièrement satisfaisant. Celui-ci passera t’il l’épreuve du temps ? Difficile à dire étant donné qu’il s’agit d’un format court sur lequel on a tout de même tendance à moins se pencher, préférant généralement les travaux de plus longue durée. Néanmoins, une chose est sûre, une fois lancée dans la lecture de celui-ci, il y a peu de chances pour que vous le regrettiez si les quelques groupes cités plus haut sont parmi ceux que vous appréciez. Il n’y a plus qu’à souhaiter que le groupe réussisse à stabiliser ses effectifs et ainsi avancer vers quelque chose d’un poil plus ambitieux, notamment en terme de chiffres (durée et nombre de titres).
| AxGxB 10 Juin 2022 - 919 lectures |
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