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Gloson - The Rift

Chronique

Gloson The Rift
Sans faire de bruit et malgré une notoriété toute relative le quatuor basé à Halmstad est doucement en train de se faire une discographie de grande qualité et qui s’améliore lors de chacune de ses sorties, tout en prenant son temps pour les peaufiner à chaque fois. C’est encore cela qui s’est produit ici vu qu’il lui a fallu cinq ans pour donner un successeur à l’excellent « Grimen » - et même trois si l’on compte le court Ep « Mara », dont les deux extraits dévoilés confirmaient tout le talent des Suédois en matière de Metal atmosphérique et riche en relents Sludge et Doom les plus divers. Si le combo n’a pas changé son fusil d’épaule il a revanche clairement pris du galon vu qu’il n’hésite pas à hausser son niveau de jeu et proposer une musique plus ambitieuse et à la durée plus conséquente, sans pour autant y perdre son âme ni son style rugueux et désespéré. Aidé en cela par une production massive et puissante (qui permet néanmoins de bien mettre en valeur chacun des instruments), ce second album des Scandinaves est incontestablement leur œuvre la plus aboutie et ne va nullement laisser indifférent tout en demandant du temps, de la patience et de l’attention pour être totalement assimilée.

Mais une fois de plus on va être d’entrée totalement happé par l’ambiance créée par l’entité car avec le redoutable « Stygian And Aberrant » on se retrouve directement plongé dans une froideur extrême à la lourdeur tout aussi imposante, aidée par un rendu massif et écrasant. Montrant un mélange équitable entre la noirceur la plus opaque et un retour à la luminosité (via une montée en pression progressive aux accents tribaux et hypnotiques), tout ceci évite ainsi la monotonie et crée une densité imparable où le bridage reste la règle. Jouant toujours sur les atmosphères éthérées autant que plaintives la bande offre une exploration réjouissante des tréfonds de l’âme humaine, où la peur suinte de partout mais où l’espoir d’un renouveau apaisant n’est jamais bien loin, comme sur le tout aussi réussi « Windbearer » qui s’enchaîne juste après. Reprenant les mêmes éléments qu’entendus auparavant cette plage montre aussi un dynamisme supérieur de par cette batterie tout en cassures rythmiques, et où s’y superpose de doux arpèges qui amènent un supplément d’homogénéité donnant ainsi l’impression d’une cocotte-minute prête à exploser, tant la pression y est grande et que l’on suffoque sous le poids de cette lourdeur intensive. Si de prime abord on peut avoir la sensation que la construction générale et que les plans sont relativement semblables ceux-ci sont néanmoins suffisamment homogènes pour ne pas donner l’impression de se répéter, un point de vue conforté par le tout aussi réussi « Impetus » au soleil plus présent, notamment par ses voix claires apaisantes qui sonnent comme un appel au repos et au relâchement. Et bien que la trame générale reste là-encore assez identique aux deux précédents morceaux on n’en tient pas rigueur notamment car l’électricité y est supérieure, et que l’on se surprend à partir dans un long voyage vers l’inconnu et l’irréel.

Si cette première moitié d’opus a pu donner la sensation d’être une légère redite et de garder la même base en permanence, la seconde partie va grimper au fur et à mesure en intensité comme en qualité d’écriture (qui va se faire plus alambiquée mais sans pour autant être indigeste). En effet débutant par « Tirsa Vassals » le dynamisme global y est exacerbé via des moments propices au headbanging qui restent de façon pratiquement continue, tout cela au milieu de passages calmes et riches en atmosphères brumeuses et nuageuses au milieu des ténèbres aux accents rampants et à la graisse débordante. Si cette composition s’éloigne du schéma précédemment proposé elle reste néanmoins dans la même lignée tout en conservant la patte si caractéristique des gars, tout cela avant que les deux pièces-maîtresses ne viennent surgir du néant pour offrir une musique encore plus barrée mais toujours aussi cohérente. Preuve en est pour commencer avec le nocturne « Cerberus IV (Exodus) » où l’on peut entendre des notes spatiales calmes et apaisantes, qui servent de transition parfaite au milieu des instants encore plus barrés et dissonants collés avec d’autres plaintifs et contemplatifs, où les influences graisseuses prennent toute leur ampleur au milieu de ces cris et notes gelées. D’ailleurs cela ira plus loin encore avec la conclusion intitulée « Ultraviolet » aux accents religieux affirmés et accentués, vu qu’ici on nage presque en plein ésotérisme de par là-encore les voix discrètement chuchotées comme pour mieux imprégner l’âme de l’auditeur, via des riffs où la luminosité explose à plein après la nuit et les cauchemars. Et bien que ça reste encore basé sur le travail des sens et sur une réflexion dans les tréfonds du cerveau l’ensemble reste d’une fluidité impressionnante, malgré son écriture alambiquée qui peut rebuter de prime abord tout comme son quasiment quart-d’heure qui défile sans coup férir, et dont on ne voit poindre aucun essoufflement.

Car c’est vraiment cela qui prédomine une fois arrivé au bout d’une galette de très haute tenue qui va hanter un bon moment tant le rendu y semble inaccessible, même si tout cela reste néanmoins suffisamment direct et propre pour qu’on y accroche assez rapidement. Gagnant en force et intensité à chaque écoute elle prouve tout le sérieux de ses géniteurs qui signent purement et simplement leur meilleur enregistrement à ce jour, montrant que leur récente signature chez Indie Recordings n’est pas du tout usurpée et que le label a toujours le nez creux pour enrichir son catalogue. Grandissant leur panel d’influences sans se renier les vétérans locaux font désormais partie des grands noms de par leur originalité certaine et leur capacité à se surpasser lors de chacun de leurs passages en studio. En espérant désormais qu’ils bénéficient de la notoriété qu’ils sont en droit d’avoir et qu’ils vont enfin sortir de l’underground où ils sont coincés depuis leurs débuts en commun, car ils le méritent tellement tant leur ambition et leur musicalité semblent sans limites et procurent un plaisir auditif intégral.

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Gloson
Atmospheric Sludge/Post-Metal
2022 - Indie Recordings
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Gloson
Gloson
Atmospheric Sludge/Post-Metal - 2014 - Suède
  

tracklist
01.   Stygian and Aberrant
02.   Windbearer
03.   Impetus
04.   Tirsa Vassals
05.   Cerberus IV (Exodus)
06.   Ultraviolet

Durée : 58 minutes

line up
parution
18 Mars 2022

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