Au-Dessus - Mend
Chronique
Au-Dessus Mend (EP)
Si tout s’est enchaîné rapidement pour lui lors du début de sa carrière et qu’il a bénéficié d’un effet médiatique via le boulot effectué par son label, il faut bien avouer que l’on avait finit par oublier l’existence du quatuor Lituanien du fait d’une absence prolongée et d’un silence insistant. Car il s’est écoulé quasiment cinq années depuis la sortie du très bon
« End Of Chapter » - une éternité dans notre époque moderne faite d’immédiateté et de nouveauté permanente, et du coup ce retour va être à coup sûr décisif pour le groupe s’il veut de nouveau refaire parler de lui. Conscient de la longue attente auprès de ses fans celui-ci a du coup décidé de ne pas le faire attendre encore plus longtemps, et a opté pour un Ep histoire de prouver qu’il n’est pas mort et qu’il a encore des choses à dire dans un genre à la mode il y’a quelques temps, et dont l’attrait et la créativité semblent néanmoins se tarir. Ayant vu en son sein le batteur originel reprendre sa place la bande n’a pour le reste rien changé à ses habitudes musicales, continuant à creuser son sillon contre vents et marées et bénéficiant toujours du soutien inconditionnel des Acteurs de l’ombre, qui comme d’habitude va lui offrir une large exposition dans les médias qui ne peut que lui être bénéfique.
Car à l’instar de ses précédentes sorties celle-ci va être du même niveau, voyant même ses membres pousser plus loin encore leur musique côté technique tout en conservant leur style reconnaissable et accrocheur. En effet le retour du frappeur initial a eu pour conséquence de densifier le jeu et l’écriture de ses acolytes via de nombreuses cassures rythmiques au niveau des fûts, tout en voyant les riffs hypnotiques encercler tout cela pour offrir nombre d’ambiances tribales comme glaciales. Dès l’introduction (« Negation I ») on va voir que les gars n’ont pas changé leur fusil d’épaule vu qu’on y trouve autant des passages planants, solaires et apaisants avec d’autres plus lourds et inquiétants où les notes électriques déchirent un ciel orageux et instable. D’ailleurs dès que ce démarrage se clôt il s’enchaîne avec « Negation II » aux deux parties distinctes, la première déboulant sous forme de longs blasts au milieu des riffs glacés où la reverb’ créé de la densité supplémentaire (tout en gardant son côté instinctif), avant que la seconde moitié ne débarque et monte en technicité tout en amenant un côté rampant touffu et froid. Très classique dans leur façon d’être amenées les différentes ambiances vont se succéder et se mélanger tout du long des quatre nouveaux morceaux proposés ici, qui s’ils peuvent se ressembler de prime abord ont chacun une certaine personnalité et des plans reconnaissables pour bien les différencier. En effet si la violence est exacerbée de façon plus directe sur l’excellent et remuant « Lethargy » (qui propose en prime des parties en mid-tempo imparables au milieu des déferlantes explosives ou lourdes), tout comme sur l’oppressant et bridé « Epiphany » (où la vitesse est mise de côté au profit d’un côté massif encore plus marqué et la construction plus travaillée) et le tentaculaire « Alienation » (à la noirceur plus affirmée à l’instar de la luminosité), elle n'est pas continue et cette baisse de cadence régulière permet ainsi de bien les différencier et d’ajouter plus de force au grand-écart global, qui a été rarement aussi intense chez les Baltes. Car au fur et à mesure de l’avancée de ce disque on se rend compte que l’homogénéité et la variété y sont de plus en plus présentes, le summum étant atteint avec cette conclusion pleine d’espoir comme de haine… les deux sentiments cohabitant l’un à travers l’autre pour mieux se mélanger et ainsi offrir quelque chose qui regroupe à merveille ce que savent faire au mieux ses créateurs.
Continuant leur exploration autant cosmique que dans les tréfonds de l’âme humaine via leur Post-Black Atmosphérique et moderne, celui-ci laisse autant de temps à la lumière de se dévoiler qu’aux ténèbres d’envelopper l’auditeur vers un trou noir dont il ne ressortira pas indemne. Si les mecs continuent de privilégier une certaine lenteur au profit d’une violence débridée ils montrent surtout leur capacité à élever leur niveau de jeu et à profiter de toute leur expérience acquise, tant ils offrent ici l’œuvre la plus dense et réussie de leur carrière tout en étant également relativement compacte (vu que les morceaux sont dans l’ensemble plus courts que ce à quoi on était habitué auparavant, mais sans que cela ne nuise à leur attractivité). Du coup une fois encore on passe par toutes les émotions et les sentiments au cœur de cette expérience psychanalytique majestueuse mais jamais kitch et sans effets sonores indésirables, prouvant qu’AU-DESSUS n’est pas un feu de paille et semble bien parti pour durer encore un bon moment. En attendant un prochain long-format on appréciera sans problème cet enregistrement qui bien qu’il soit trop court a suffisamment d’arguments positifs pour qu’on y revienne fréquemment, tant à l’instar de ces prédécesseurs on y découvre de nouvelles choses et de nouvelles sensations à chacune des écoutes, signe d’une réussite indéniable et d’une certaine originalité sans bornes.
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