Redemption Denied - Where Dead Ends Meet
Chronique
Redemption Denied Where Dead Ends Meet
Une dizaine d’années, c’est le temps qu’il aura fallu à Redemption Denied pour passer à la vitesse supérieure et, pardonnez moi l’expression, se sortir enfin les doigts du cul. Une absence si longue que j’en avait même fini par oublier complètement l’existence de cette formation qui pourtant en 2013 avait su me faire passer un excellent moment en compagnie notamment de Backtrack et de Mad At The World… D’ailleurs ça n’a pas fait tilt tout de suite et c’est en retombant un peu par hasard sur le live report de cette soirée que ces souvenirs me sont revenus. Bref, après moult péripéties et probablement quelques changements de line-up, le groupe originaire de Belgique et des Pays-Bas est aujourd’hui de retour (un exploit lorsque l’on connait la longévité moyenne d’un groupe dans le milieu) avec la sortie de Where Dead Ends Meet, un premier album que plus personne n’attendait paru sous l’étendard du label allemand Isolation Records (Blind To Faith, Lifesick, Mortality Rate, Rise & Fall...).
Côté artwork, pas de surprise (surtout avec ces couleurs qui lui donne des airs de Born To Land Hard), on reste ici dans les thématiques environnementales, économiques et sociétales peu reluisantes abordées également par beaucoup d’autres groupes de Hardcore avant lui mais malheureusement toujours autant d’actualité. Une vision évidemment pessimiste de cette société dans laquelle nous vivons et qui va ici servir de catalyseur à toute cette rage qui émane de ces dix nouvelles compositions effectivement très remontées...
Car Redemption Denied semble en avoir très gros sur la patate et ne va pas se priver une seule seconde de nous le faire savoir. Marqué ainsi du sceau de la non-compromission, Where Dead Ends Meet ne va faire aucun quartier. Exécuté en moins de trente minutes, celui-ci ne s’embarrasse dès lors d’aucune fioriture si ce n’est lors de cette introduction très justement intitulée "Prelude (To The Apocalypse)" sur laquelle le groupe a choisi d’utiliser un sample de l’excellente série Chernobyl : "The truth doesn’t care about our needs or wants. It doesn’t care about our governments, our ideologies, our religions. It will lie in wait, for all time. And this, at last, is the gift of Chernobyl. Where I once would fear the cost of truth, now I only ask: What is the cost of lies?" ou bien encore sur "The Last Hour" avec un autre sample issu cette fois-ci de la première saison de True Detective. Bref, le ton est donné, nous ne sommes pas là pour rigoler...
Passé ces trente-huit secondes, Redemption Denied va rapidement mettre les choses aux clairs, dévoilant sans attendre ses intentions belliqueuses à travers des compositions particulièrement redoutables d’efficacité. Bien sur, n’importe qui ayant trainé ses guêtres au sein de la scène Hardcore depuis une trentaine d’années ne sera absolument pas surpris par ce genre de formule qui emprunte autant à All Out War qu’à Terror, Buried Alive, Hatebreed et même Stigmata. Néanmoins, cela n’empêche que c’est le souffle court et sur les rotules que l’on termine chaque nouvelle écoute (et je peux vous dire que vous allez les enchainer). De fait, le groupe livre avec Where Dead Ends Meet un Hardcore musclé et dénué de finesse qui entre franches accélérations menées tête baissée ("Testament" à 0:16, le très incisif "Beyond Salvation" qui dépasse de peu la minute, le début en fanfare de "Dying Breed", "Buried Alive" à 0:36, "Before The Fall"...), riffs ultra-Metal qui puent à mort le All Out War ("Testament" à 0:05, l’entame bien énervée de "Verdict", "The Last Hour", "Final Witness", "Another Victim"...), mosh-parts et autres ralentissements de déglingos qui donnent envie de tout défoncer autour de soi ("Testament" à 1:26, "Verdict" à 0:36, "The Last Hour" à 0:40 et 1:39, "Dying Breed" à 0:43, "Where Dead Ends Meet" à 0:54) coche toutes les cases que l’on est en droit d’attendre d’un disque de Hardcore de ce genre.
Servi en prime par une production particulièrement compacte et agressive ainsi qu’un chant extrêmement nerveux et vindicatif, ce premier album de Redemption Denied n’offre que très peu de temps mort et use donc à bon escient de tous les codes en vigueur dans le milieu depuis déjà belle lurette. Un parti-pris qui à défaut d’apporter un peu d'air frais va se révéler d’une efficacité sans faille au point de faire de Where Dead Ends Meet l’une des meilleures surprises dans le genre sortie cette année. Enfin, notons également la présence du discret Bjorn Dossche des regrettés Rise & Fall et actuel Chain Reaction (groupe d’ailleurs à surveiller de près) et de l’américain Tyler Mullen (Year Of The Knife) venus collaborer le temps de deux morceaux ("Testament" et "Dying Breed").
Un petit peu moins de dix ans après son dernier EP, Redemption Denied vient enfin refaire parler de lui et cela d’une manière tout à fait insoupçonnée. Non, le groupe n’a rien inventé et ses influences sautent aux yeux de manière assez évidentes. Pour autant, impossible de dissimuler le plaisir pris à l’écoute de ce brulot de Metal / Hardcore aussi jouissif qu’addictif et surtout terriblement efficace. Tout y est savamment amené, correctement dosé et redoutablement exécuté. Une leçon extrêmement musclée et virile qui ne devrait pas manquer de convaincre n’importe quel amateur de Hardcore bien ficelé. Une chose est sûre, ce premier album rejoint la liste des indispensables de 2022 sur lesquels on se reprochera en fin d’année à l’heure des bilans. En voilà donc un chouette retour aux affaires !
| AxGxB 26 Mai 2022 - 1164 lectures |
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