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Ratt - Out Of The Cellar
Chronique
Ratt Out Of The Cellar
Une fois n’est pas coutume (même si cette chronique ne restera probablement pas orpheline bien longtemps), on va changer brièvement de registre pour s’intéresser à un genre fréquemment moqué et cela pour des raisons le plus souvent extra-musicales. Hard Rock, Heavy Metal, Glam Metal, Hair Metal, appelez-ça comme vous voulez, toujours est-il que derrière ces spandex moulants et colorés, ces permanentes volumineuses, ce maquillage chargé et ces silhouettes efféminées se cachent généralement de sacrés putains de musiciens qui en dehors d’accoutrements discutables n’ont absolument rien à envier à personne.
C’est le cas de Ratt, groupe californien dont les prémices remontent à la seconde moitié des années 70 à l’époque où le groupe se faisait encore appelé Mickey Ratt. Passé de San Diego à Los Angeles, la formation menée par Stephen Pearcy verra passer dans ses rangs plusieurs musiciens dont Jack E. Lee (futur Ozzy Osbourne) et Chris Hager (futur Rough Cutt). C’est à partir de 1981 que les choses vont se mettre véritablement en ordre de marche pour les Californiens, d’abord avec l’arrivée des guitaristes Robin Crosby et Warren DeMartini auxquels se joindront dès l’année suivante Juan Croucier (basse, ex-Dokken) et Bobby Blotzer (batterie). Après avoir figuré sur la compilation Metal Massacre Vol. I éditée en 1982 par un tout jeune label du nom de Metal Blade Records, le groupe signera avec Time Coast Music pour la sortie en juillet 1983 d’un premier EP éponyme. Fort d’un certain succès encore local, notamment du côté du Sunset Strip de Los Angeles (Rainbow Bar & Grill, The Roxy Theatre, Whisky A Go Go, The Troubadour, Gazzarri’s...), Ratt sera rapidement repéré par Atlantic Records qui s’empressera de les ajouter à son écurie. Vraisemblablement tout aussi pressé d’en découdre, Ratt sortira son premier album quelques mois plus tard, le 17 février 1984.
Intitulé Out Of The Cellar, celui-ci est considéré encore aujourd’hui comme le meilleur disque de Ratt. C’est en tout cas celui qui rencontrera le plus grand succès commercial puisqu’il s’écoulera à plus de trois millions d’exemplaires rien qu’aux États-Unis. Premier longue durée particulièrement sexy et cela pour plusieurs raisons évidentes, celui-ci doit probablement un petit peu de ce succès à la présence de l’actrice et modèle Tawny Kitaen (alors petite amie du guitariste Robin Crosby avant de tomber dans les bras de David Coverdale) ici dans une pose particulièrement langoureuse et suggestive. Néanmoins, limiter l’intérêt de ce premier album à cette seule photographie serait une grave erreur.
En effet, Out Of The Cellar a bien davantage à offrir qu’une simple illustration, aussi sexy soit-elle. À titre personnel, l’une des choses qui m’a tout de suite emballé chez Ratt est la voix de Stephen Pearcy. Un chant rugueux et un brin nasillard qui ne manque absolument pas de caractère et apporte un soupçon d’abrasivité supplémentaire et particulièrement bienvenu à un Hard Rock effectivement très "radiophonique". En tout cas, ces lignes de chant au côté « mauvais garçon / mauvais genre » constituent un atout majeur dans un genre où le chant, à quelques exceptions près, se fait habituellement plus lisse et charmeur.
Pour le reste, ce premier album s’inscrit dans un Hard Rock particulièrement classique mais néanmoins racé qui brille notamment par l’absence de mièvrerie et une approche chaloupée hyper sexy (peut-être même plus que Tawny Kitaen elle-même). En effet, loin d’être un foudre de guerre, Ratt s’émancipe le plus souvent dans la construction d’hymnes Glam (avec tous ces refrains fédérateurs qui vont avec) aux allures des plus modérées mais possédant là encore un petit côté « bad boy » particulièrement délicieux. Comment ne pas avoir envie de rouler des mécaniques et d’emballer la première meuf venue à l’écoute de tubes (du genre de ceux qui vous rentrent dans le crâne dès la première écoute et ne vous lâchent plus jamais) aussi bien ficelés que "Wanted Man", "You’re In Trouble", "Round And Round", "In Your Direction", "Lack Of Communication" ou "Scene Of The Crime" ? Non, décidément, les Californiens savent y faire et nous on se régale. Loin de s’en contenter, Ratt nous propose cependant quelques titres un poil plus rapides et dynamiques comme par exemple les excellents "She Wants Money" et "I’m Insane" ainsi que d’autres à l’inverse plus posés et aux allures de "Power Ballad" (sans y tomber tout à fait) comme avec le tout aussi convaincant "Back For More". Bref, un sex-appeal de tous les instants qui quatre décennies plus tard fonctionne encore à merveille.
Enfin, en grand amateur de solos, impossible de passer sous silence les prestations de messieurs Robin Crosby et Warren DeMartini qui ponctuent ici brillamment chaque titre. En plus de riffs ultra bonnards qui donnent envie de porter du cuir et de rouler cheveux au vent sur les routes ensoleillées de Californie, Out Of The Cellar compte nombre de bravades mélodiques de hautes volées qui raviront tous les amateurs de "air guitar" (inutiles de les citer puisque l’on en trouve sur chaque composition). Des instants forcément un brin démonstratifs mais qui rappellent avec un soupçon de nostalgie les excès d’une décennie qui en vu d’autres...
Instamment propulsé parmi les plus grosses figures du Sunset Strip et de l’effervescente scène Glam de Los Angeles, Ratt n’a certainement pas manqué son entrée dans le milieu grâce à ce premier album absolument imparable pour qui goute à ce genre de Hard Rock calibré pour les stations de radios et autres chaines de télévision passant en boucle les mêmes clips aujourd’hui un brin clichés mais synonymes à l’époque d’une certaines insouciance et d’un sens de la fête particulièrement débridé. Mettant en lumière un groupe doté d’un certain caractère et d’une patte bien à lui (en plus d’un talent tout à fait évident), Out Of The Cellar est encore quarante-et-un ans après sa sortie un incontournable du genre. Un disque ultra efficace, rempli de tubes Glam imparables et qui tout simplement met le sourire à quiconque pose ses oreilles dessus. Bref, un indémodable des années 80.
| | AxGxB 4 Novembre 2025 - 429 lectures |
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