Si aujourd’hui dans la carrière d’un groupe, la sortie d’une première démo n’est plus vraiment une étape cruciale voir inévitable, cela n’a pas toujours été le cas. Dans les années 80 et 90, il fallait systématiquement en passer par là pour espérer attirer l’attention d’un label digne de ce nom, signer un contrat (même bancal) et enfin partir en tournée afin de faire vivre sa musique et circuler son nom. Si Chuck Schuldiner et Death tiennent probablement pour toujours la première place du podium avec pas moins de vingt-cinq démos parues entre 1984 et la sortie de
Scream Bloody Gore en 1987, les Autrichiens de Disharmonic Orchestra qui font évidemment petits bras se défendent néanmoins plutôt bien avec quatre démos, un split et un EP sur une période s’étalant sur à peu près dix-huit mois seulement.
Éditée par le label italien F.O.A.D. Records (Attomica, Gammacide, Insect Warfare, Poison, Protector, Raw Power...),
Repulsive Overtones? 1988-1989 se propose de réunir l’intégralité de ces premiers enregistrements sous la forme d’une compilation particulièrement généreuse. Outre tout un tas de photos et autres flyers d’époque particulièrement appréciables, celle-ci regroupe pas moins de quarante trois titres pour plus d’une heure quarante de Death / Grind déjà marqué par un brin de cette forte personnalité que l’on retrouvera plus tard sur l’excellent
Expositionsprophylaxe. Présentée de manière faussement antéchronologique, l’auditeur ayant un petit peu de temps devant lui pourra donc y apprécier et (re)découvrir les quelques titres du split en compagnie de Pungent Stench (1989) auxquels succéderont ceux du EP
Successive Substitution (1989), des démos
Requiem For The Forest (1988),
The Unequalled Visual Response Mechanism (1988) et
Rehearsal (1988) et enfin pour terminer ceux d’un enregistrement de 1988 resté jusque-là inédit et intitulé
Private Rehearsal Tape. Bref, il y a de quoi faire...
Naturellement, étant donné le nombre de morceaux proposés tout au long de ces dix huit mois, difficile de ne pas tomber dans la redite. On trouve ainsi quelques doublons parmi ces quarante-trois titres comme par exemple "Compulsorily Screaming", "Chili Fart", "Antithesis", "Distorded Mind", "I'm Your Admirer" ou bien encore "Unjustified Resolutions". Un constat souvent inévitable avec ce genre de compilation mais qui ne justifie pas que l’on crie au scandale dans la mesure où chaque version diffère l’une de l’autre par sa production ou par certains détails de composition et d’interprétation.
Plus surprenant, la qualité globale des différents enregistrements qui pour certains portent bien évidemment quelques stigmates de leur époque et de leurs conditions (notamment en ce qui concerne les titres issus des démos
Rehearsal et
Private Rehearsal Tape) mais qui de manière générale s’avèrent particulièrement satisfaisants compte tenu de leur grand âge et des moyens alors à disposition. De fait, parvenir jusqu’au bout de ces quarante-trois titres n’est pas aussi compliqué et éprouvant qu’il n’y paraît de prime abord (surtout en comparaison d’autres compilations du même genre où il n’est pas rare de faire la mou à l’écoute de quelques démos au son particulièrement discutable).
Aussi, que ce soit les amateurs de Disharmonic Orchestra de la première heure, les quelques collectionneurs invétérés qui se doivent évidemment de tout posséder et autres archéologues de la scène à qui rien n’échappe, tout le monde trouvera ici son compte. Sur le premier CD de cette compilation qui constitue évidemment la principale pièce de choix de
Repulsive Overtones? 1988-1989, on retrouve dans les grandes lignes ce Death / Grind chaloupé et un brin foutraque qui doit autant à Napalm Death et Carbonized qu’à la musique Jazz et au Punk / Hardcore. Certes, la formule paraît peut-être un poil moins engageante que sur l’excellent
Expositionsprophylaxe avec des passages effectivement plus bancals ou moins pertinents et convaincants mais pour autant tous les éléments constitutifs à l’identité des Autrichiens sont déjà bien en place. De ce riffing abrasif, simple et efficace à ces fulgurances explosives menées tête dans le guidon en passant par ces quelques ralentissements lourds et/ou groovy et bien évidemment ce jeu de batterie hyper dynamique aux influences Jazz flagrantes, difficile de ne pas se montrer enthousiaste si on possède effectivement un minimum d’intérêt pour les premiers albums du groupe.
Cependant, passée les quatorze titres de la démo
Requiem For The Forest parue en juillet 1988, les choses tendent tout de même à relever davantage de l’anecdote historique. Aussi, outre la qualité de ces divers enregistrements qui forcément trahit leurs statuts de simples démos, il faut également bien reconnaitre que ces nombreuses compositions s’avèrent qualitativement moins intéressantes. Certes, on y entend déjà ce que sera le Disharmonic Orchestra des trois années à venir (1989 - 1992) mais dans des versions néanmoins plus dépouillées et approximatives. Évidemment, ce n’est pas vers ces titres que l’on se dirigera en premier à l’écoute de
Repulsive Overtones? 1988-1989 (et cela le label l’a bien compris en présentant ces enregistrements dans cet ordre) mais cela permet comme souvent de bien se rendre compte des influences premières de Disharmonic Orchestra, de la progression de ces jeunes autrichiens pendant une période pourtant relativement courte et aussi de leur productivité sans faille.
Comme toujours avec ce genre de sortie particulièrement généreuse couvrant les premières années d’un groupe, on trouve ici à boire et à manger avec des titres particulièrement convaincantes (ceux issus du split avec Pungent Stench, du EP
Successive Substitution ou de la démo
Requiem For The Forest) et d’autres forcément un petit peu moins (le reste). Pour autant,
Repulsive Overtones? 1988-1989 s’impose sans mal comme une sortie indispensable pour tous les amateurs de Death / Grind, qu’ils cherchent à comprendre le développement de ce genre en Europe, à faire des économies face à des prix exorbitants (88 euros minimum pour le split, une trentaine pour le EP) et plus vraisemblablement à posséder sur un seul et même format tout un tas de compositions de qualité. Bref, merci à F.O.A.D. Records pour cette sortie inestimable qui en dépit de titres à l’intérêt parfois variable se révèle être malgré tout du véritable pain béni pour tous ces gens qui aiment porter un regard qu’il soit critique ou nostalgique sur les premières heures d’un groupe qu’ils portent en haute estime.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène