La première fois que j’ai entendu du
M.PHERAL, c’était en 1995 sur la compilation emblématique
« Brutale Génération ». Me concernant, il y a deux compilations qui ont réellement compté et influencé mes goûts, elles sont sorties comme par magie la même année : celle suscitée et «
A fond qui tue ! #1 ». Je sais, le nom est totalement naze, j’avais commandé ce sampler gratuit avec je ne sais plus quel magazine (
Rage je crois) mais il contenait des pépites telles que
GRIM SKUNK,
RUMBLE MILITIA,
VOMITOSE,
SOULSTORM et j’en passe, ça mériterait vraiment une chronique et chronique il y aura d’ici peu.
Mais passons, sur «
Brutale Génération »
M.PHERAL interprétait un morceau (encore aujourd’hui) incroyable : « Words ». Bon, il y a un tas d’autres formations qui m’ont marqué sur ce double disque mais je trouvais tout particulièrement que cette musique dégageait une atmosphère complètement hallucinante, avec ce chant irréel et cette froideur toute industrielle mais dont je n’avais alors que peu connaissance, c’est à peine si je découvrais
MINISTRY. Aussi, lorsqu’en 1997 j’ai pu me procurer le premier (et unique) LP «
Soil » chez mon petit disquaire de province j’étais comme un dingue. D’ailleurs, j’écoute toujours cet album et je reviendrai dessus ultérieurement car, pour aujourd’hui, c’est bien l’EP «
Lie » qui m’intéresse. Pourquoi ? Tout simplement parce que « Words » y est présent et que je préfère commencer par le commencement (qui n’en n’est pas vraiment un puisqu’il y avait déjà eu une démo en 1994, nul n’est parfait).
Avec le recul, je me dis que le line up de
M.PHERAL était juste dingue :
Frédéric Houriez et
Franck Peiffer de
PUTRID OFFAL, accompagnés par
Ludovic Loez de
SUPURATION, ça pesait tellement à l’époque ! Mais même encore aujourd’hui ça pèse à mort putain ! Sauf qu’au milieu des années 90, en France, il était en train de se passer un truc. Les groupes géniaux jaillissaient de nulle part, dans tous les registres extrêmes (
black,
death,
hardcore,
industriel, plus expérimental comme les grands malades de
FISHERMAN) et il y avait une vraie touche, une sensibilité, une façon d’aborder la musique qui s’est, je trouve, peu à peu délitée pour coller à des canons plus internationaux, cette tendance se renversant depuis une dizaine d’années notamment par le biais du
black metal mais ça serait l’objet d’une dissertation dans laquelle je ne me lancerai pas maintenant.
Evidemment, je ne peux pas écouter «
Lie » aujourd’hui avec mes oreilles de dix-huit ans mais ça n’enlève rien ni au plaisir, ni à l’objectivité. En effet, les six compositions restent finalement très actuelles du fait que les différents styles qui les sous-tendent sont toujours présents : une base (et une basse) quasi
cold wave qui pourrait renvoyer à
THE CURE, sur le titre « L.I.E. » par exemple, ou encore au post-punk de
JOY DIVISION, une grosse dose d’influence
GODFLESH, incontournable à cette époque, cela accouplé à la sensibilité guitaristique de
Ludovic Loez et aux penchants
death metal des membres de
PUTRID OFFAL. Oui, sur le papier, ça a l’air dégueulasse mais, à l’écoute, c’est une autre dimension qui s’ouvre alors car, encore une fois, je ne pense pas qu’il y ait eu un autre moment dans l’histoire de la musique « dure » en France où autant de compositeurs de talents étaient réunis avec devant eux un horizon quasi vierge. En l’absence de réseaux sociaux pour s’inventer une vie et/ou du succès, en l’absence également de réels espoirs de pouvoir vivre de sa musique et, surtout, parce que l’on était finalement encore aux balbutiements du genre, les champs d’expérimentation semblaient dès lors illimités. D’où l’émergence d’un projet tel que
M.PHERAL mais je pourrais également citer
FORLORN EMOTION ou encore
PROTON BURST, le chant n’étant d’ailleurs pas sans m’évoquer celui de
Rémi Vaucher.
Bref, je sais bien que l’existence d’un EP tel que «
Lie » peut paraître comme totalement anecdotique aujourd’hui au regard du nombre colossal d’excellents disques qu’il faudrait avoir écouté au moins une fois dans sa vie mais, d’une, c’est selon moi l’une des pierres angulaires de la scène
metal hexagonale, de deux c’est l’expression évidente du potentiel créatif de nos musiciens de l’extrême et, de trois, c’est une occasion unique de se replonger dans le son et l’esprit du début des années 90, une période courte mais qui a paradoxalement engendré ce qui se fait encore de mieux de par chez nous.
Un seul et unique conseil : écoutez
M.PHERAL.
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