Il y a quelques mois de cela, j’étais revenu en ces pages sur
« Lie », le premier EP du groupe français
M.PHERAL. Il est aujourd’hui plus que temps de s’intéresser à «
Soil », son seul et unique album paru en 1997 chez
Thunder Productions, label qui contenait alors quelques perles métalliques telles que
FORLORN EMOTION,
FUTURA,
KRISTENDOM, etc., soit un fervent souteneur de la scène hexagonale.
Avec cet LP,
M.PHERAL reprend les ingrédients qui avaient fait la force du EP mais choisit cependant de pousser davantage les frontières de l’expérimentation. A la fois plus
doom death du fait de la lourdeur systématique des tempos, du choix d’une production sourde et d’un chant caverneux (bien qu’audible et moins grave que sur la démo de 1994), bien entendu plus
indus / ambient avec des compositions telles que « Order » et « 6Pryne » ou encore la structure même de « Only Die Once » (le titre phare de cet album selon moi), mais également du fait d’opter pour un riffing monolithique, hypnotique, surmonté de cette voix neutre de toute émotion, toujours aussi unique dans le panorama musical actuel. On pensera évidemment encore un peu à
GODFLESH, également à
PORE, le projet
metal indus de
David Valli, guitariste de
DAVY JONES LOCKER mais, surtout, on se dira que l’originalité de
M.PHERAL est toujours là, même aussi longtemps après.
Selon moi, la vraie force des huit compositions ici présentes, c’est finalement leur parfaite intemporalité, pour ne pas dire atemporalité. En effet, je sais que le disque a vingt-cinq ans mais sa puissance, sa froideur, son dépouillement extrême allant juste à l’essentiel font qu’une écoute contemporaine est finalement bien moins datée que les débuts, aussi bons furent-ils, d’un
MINISTRY ou d’un
KMFDM. Et si je ne connaissais pas le groupe et que je le découvrais aujourd’hui, je serai bien en peine de le situer dans une période car les sons électroniques utilisés, de même que la production, ne s’inscrivent pas dans une mouvance qu’un test au carbone 14 permettrait d’identifier. C’est suffisamment rare pour le souligner, les évolutions technologiques ayant tendance à rendre très vite caduques les instrumentations synthétiques.
Sur cet os musical, les paroles ne mettent guère de viande. Simplifiées, épurées, elles ne sont au final qu’autant de slogans, d’hymnes crus à la déshumanisation : « Erase » bien sûr («
Rape my mind. Purify me. Rape my mind. Submission) mais aussi «
Suicide ever comes too late » dans « Irrational », «
Just obey » dans « Order » (cela pouvant faire écho au film « Invasion Los Angeles » de
John Carpenter) ou encore les rappels à l’ordre de « Subversion » («
We have to keep quiet. We have to stand on the line »). Bien entendu, ce désir de redescendre à une certaine pureté langagière est le parfait écho textuel à ce qu’est la musique proposée : une expression sobre, rèche, même si peu brutale au regard des canons actuels, qui cherchait déjà à l’époque une alternative à la course à la violence et à la rapidité qu’avait pu illustrer une formation telle que
MASSACRA et qui en avait elle aussi compris l’inanité au regard de ses albums
« Sick » (1994) puis «
Humanize Human » (1995) ou encore
MERCYLESS avec son album «
C.O.L.D. » (1996) alors que les mecs venaient tout juste de composer une pièce maîtresse du
death metal : «
Coloured Funeral » (1993).
Je comprends que l’intérêt de faire remonter à la surface un album tel que «
Soil » puisse sembler assez maigre. J’ai néanmoins tendance à penser qu’il faut aussi savoir se replonger dans son histoire, comprendre son héritage, son patrimoine culturel, afin de peut-être apporter un nouvel éclairage sur ce qui se fait aujourd’hui. Bien sûr, j’arrive encore à être estomaqué par de nouvelles formations mais c’est rarement comparable à ce que je pouvais ressentir dans les années 90 lors de l’achat de tels disques. Bien sûr, l’âge joue un rôle mais je crois surtout que la sur abondance de ces dernières années finit par être nuisible. Le cerveau est saturé de nouveautés, au bord de l’écœurement, et c’est dans cet état d’esprit qu’il me plaît de sonder le passé à la recherche de vieux souvenirs oubliés. Merci
M.PHERAL.
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